Liens entre alimentation, microbiote, MICI : bases physiopathologiques et implications thérapeutiques

2020 ◽  
Vol 14 (2) ◽  
pp. 80-87
Author(s):  
R. Enaud ◽  
C. Tétard ◽  
T. Lamireau

Même si la physiopathologie des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) fait encore l’objet de nombreuses études, il est admis qu’elle implique une interaction inadaptée entre le microbiote intestinal et le système immunitaire digestif. L’incidence croissante des MICI durant les dernières décennies, en lien avec l’occidentalisation du mode de vie, souligne le rôle des facteurs environnementaux dans cette interaction. Ces facteurs seraient notamment impliqués dans les perturbations du microbiote intestinal ou dysbioses, maintenant bien décrites dans les MICI. Parmi ces facteurs, l’alimentation suscite beaucoup d’intérêt. Symbole de nos changements de mode de vie, elle a un impact bien démontré sur la composition du microbiote, dès la naissance puis tout au long de la vie. Des études épidémiologiques ont permis de montrer des associations entre l’alimentation et le risque de survenue de MICI. Certains de ces liens ont également pu être mis en évidence chez l’animal ou en culture cellulaire, renforçant l’hypothèse d’une relation étroite entre l’alimentation, le microbiote et l’inflammation intestinale. L’alimentation bénéficie également d’une attention croissante ces dernières années dans la prise en charge des MICI. Au-delà de l’utilisation de la nutrition entérale exclusive dans la maladie de Crohn pédiatrique, dont l’efficacité est maintenant bien démontrée, de nouvelles approches émergent. Parmi elles, des régimes d’exclusion spécifiques pourraient constituer les prochaines avancées majeures dans la prise en charge de MICI au cours des prochaines années.

2015 ◽  
Vol 2 (1) ◽  
pp. 45-49
Author(s):  
Ghania Belaaloui ◽  

La maladie de Crohn (MC) est une maladie inflammatoire chronique et multifactorielle. L’étiopathogénie de la maladie fait intervenir un état de dysbiose intestinale avec une altération de la perméabilité de la barrière épithéliale, ce qui entraîne une rupture de d’homéostasie intestinale et une réponse immunitaire aberrante. Ceci aboutit à un état inflammatoire chronique de l’intestin. La MC se développe chez des sujets génétiquement prédisposés, après exposition à certains facteurs environnementaux tels que le tabac et les facteurs modifiants le microbiote intestinal (comme le régime alimentaire et les antibiotiques). L’effet de l’environnement sur développement de la maladie semble se jouer via les modifications épigénétiques. L’étude de ces modifications a permis, non seulement une plus grande compréhension du mécanisme de la maladie, mais également l’ouverture de la voie d’utilisation de ces modifications épigénétiques pour développer des moyens de dépistage et de diagnostic. L’espoir d’une thérapie épigénétique est né récemment avec l’utilisation prometteuse des microRNA dans le traitement de colites provoquées chez des modèles expérimentaux murins.


2020 ◽  
Vol 14 (2) ◽  
pp. 74-79
Author(s):  
P. Rivière

Le microbiote intestinal est un terme désignant l’ensemble des micro-organismes présents dans la lumière digestive. Depuis quelques années, son étude connaît un essor considérable grâce au développement de la génomique. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique sont des pathologies apparues au fur et à mesure de l’occidentalisation du mode de vie. Le microbiote intestinal étant un acteur majeur de la physiologie intestinale et sensible aux modifications environnementales, l’hypothèse d’un rôle pivot du microbiote intestinal dans la pathogénie des MICI s’est donc imposée. Le microbiote intestinal des patients atteints d’une MICI se caractérise par des différences de composition et d’activité métabolique par rapport aux sujets sains. Une dysbiose, c’est-à-dire un déséquilibre entre les bactéries pro-inflammatoires et anti-inflammatoires, est observée, associée à une perte de la diversité et à une activité fonctionnelle modifiée. Néanmoins, le rôle causal du microbiote dans la pathogénie des MICI n’est pas clairement élucidé. Pour l’instant, cette analyse du microbiote n’a pas d’intérêt en pratique clinique à l’échelon individuel. Néanmoins, dans les années à venir, il pourrait servir de biomarqueur pour prédire l’évolution de la maladie ou la réponse au traitement. Les applications thérapeutiques sont encore au stade de l’essai clinique mais que ce soit via l’alimentation ou la transplantation de microbiote fécal, des prises en charge ayant comme cible le microbiote devraient voir le jour dans les prochaines années pour les patients atteints d’une MICI.


Endoscopy ◽  
2005 ◽  
Vol 37 (03) ◽  
Author(s):  
O Patron ◽  
S Sacher-Huvelin ◽  
A Bourreille ◽  
M Le Rhun ◽  
F Vavasseur ◽  
...  

2019 ◽  
Vol 13 (4) ◽  
pp. 205-210
Author(s):  
S. Sironneau ◽  
D. Bouchard

L’imagerie par résonance magnétique s’est imposée en 2019 comme la technique de référence dans l’exploration des fistules anales de la maladie de Crohn, en complément de l’examen clinique. La technique est simple, non invasive et apporte des renseignements essentiels dans la prise en charge de ces lésions, tant pour guider le drainage chirurgical initial des suppurations anopérinéales complexes que dans le suivi pour évaluer la réponse au traitement médicochirurgical.


2008 ◽  
Vol 33 (6) ◽  
pp. 1257-1258
Author(s):  
Jean-Philippe Chaput

La mondialisation des marchés impose une pression accrue envers la performance, la productivité et la profitabilité des entreprises. Cette nouvelle réalité se traduit, entre autres, par une accentuation du travail du savoir ainsi que par une diminution du temps passé au lit. De plus, l’activité physique peut être considérée à juste titre comme une composante du mode de vie qui a été malheureusement laissée de côté et qui doit être minimalement réinsérée dans les activités de tous les jours. En effet, l’activité physique est porteuse d’une stimulation corporelle qui affecte significativement le bilan d’énergie et qui favorise sa bonne régulation. De leur côté, le travail mental et le manque de sommeil ont le potentiel de favoriser le surpoids. En effet, les résultats présentés dans cette thèse montrent que le manque de sommeil est prédicteur du surpoids et du gain de poids à long terme et est associé au diabète de type 2 chez les adultes. De plus, nous avons observé que le travail mental est déstabilisant pour l’homéostasie hormonale et peut être considéré comme un stimulus aux propriétés hyperphagiantes. Or, le manque de sommeil et le travail du savoir, deux modalités qui sont l’apanage du monde moderne, soulèvent de nombreuses questions face à notre compréhension de l’étiologie de l’obésité. En effet, leurs caractéristiques biologiques propres nous amènent non seulement à redéfinir la notion de sédentarité, mais à reconsidérer nos valeurs sociétales dans un contexte où l’aspect pécunier a primauté sur la santé. En outre, nos recherches ont montré que la perte pondérale dépassant 10 % du poids initial a le potentiel d’affecter négativement la santé mentale, compliquant ainsi la prise en charge de l’obésité. À la lumière de ces recherches doctorales, il apparaît évident que l’obésité est une condition complexe de par son caractère multifactoriel qui complique sa prévention et son traitement. De plus, la notion « d’équilibre » semble être une des clefs du succès, alors qu’une dominance de facteurs « obésogènes » caractérise le quotidien des individus, altérant ainsi la bonne régulation du bilan d’énergie. Cette nouvelle réalité peut également faire en sorte que le gain de graisse devienne nécessaire afin de maintenir l’homéostasie psychobiologique dans pareil contexte, considérant que le gain de graisse a le potentiel de restaurer l’équilibre hormonal qui a été déstabilisé par les stimuli de l’ère moderne.


2020 ◽  
Vol 36 (3) ◽  
pp. 231-234
Author(s):  
Sylvie Babajko ◽  
Géraldine Lescaille ◽  
Loredana Radoï ◽  
Ai Thu Bui ◽  
Vanessa Baaroun ◽  
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La cavité buccale est l’une des voies majeures des contaminations environnementales connues pour être impliquées dans de nombreuses maladies chroniques via l’alimentation, les médications ou même la respiration. D’autres facteurs peuvent également influer sur l’environnement oral, certains endogènes, comme le microbiote, les variations hormonales, la salive, d’autres exogènes, comme les biomatériaux dentaires et les agents pathogènes. Cette synthèse fait le point sur l’état des connaissances, les questions et controverses sur les facteurs environnementaux courants au contact de la sphère orale impliqués dans les maladies de la cavité orale diagnostiquées chez l’adulte telles que les cancers des voies aéro-digestives supérieures, les ostéonécroses des mâchoires, et les parodontites, ces dernières pouvant d’ailleurs être directement liées à des pathologies systémiques comme les accidents vasculaires cérébraux, la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Crohn notamment. La caractérisation des impacts environnementaux sur le microbiote oral, la salive, l’émail dentaire peut servir de marqueur pronostic précoce des maladies diagnostiquées ultérieurement, en lien avec ces expositions.


2009 ◽  
Vol 38 (9) ◽  
pp. e11-e14
Author(s):  
Heykal Bedioui ◽  
Leila Mouelhi ◽  
Mohamed Jouini ◽  
Kaies Nouira ◽  
Taoufik Najjar ◽  
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2013 ◽  
Vol 48 ◽  
pp. S142
Author(s):  
M. Vallée ◽  
E. Vastel ◽  
M. Musikas ◽  
C. Poignavant ◽  
M.A. Piquet ◽  
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