L’axe intestin–cerveau : les pistes actuelles

2021 ◽  
Author(s):  
P. Piguet

L’intestin est un système complexe qui joue un rôle fondamental dans l’absorption et la distribution des nutriments nécessaires aux différents organes d’un organisme, comme par exemple le glucose pour le cerveau. Finement régulé par le système nerveux, le système digestif abrite également un acteur qui joue un rôle crucial : la flore intestinale — ancien terme désignant le « microbiote » — qui pèse autant que le cerveau lui-même. Comme le tractus gastrointestinal est également exposé à des risques d’invasion par des agents pathogènes, un quatrième intervenant joue un rôle clé : le système immunitaire. Ce dernier exerce une surveillance étroite du tractus gastro-intestinal et joue un rôle important dans les interactions entre l’intestin et le cerveau, pour le meilleur ou pour le pire…Qu’il s’agisse de l’intestin ou du cerveau, ces deux organes sont relativement isolés du reste du corps par des barrières dont le bon fonctionnement est vital, prémunissant l’organisme et sa commande centrale cérébrale de mécanismes infectieux qui pourraient lui être fatals. Et pourtant… Des voies les relient, qui participent au dialogue entre — mais aussi à la vulnérabilité de — ces différents protagonistes de différentes façons. Le paysage physiologique humain est donc un amalgame complexe de cellules humaines mais également de cellules bactériennes qui collaborent étroitement au contrôle de la santé humaine. Non seulement le microbiote est capable de digérer certains nutriments qui ne peuvent pas être dégradés par le tractus gastro-intestinal lui-même, mais un nombre croissant d’études scientifiques suggèrent un lien entre la fonction gastrointestinale et la fonction cérébrale — et par là même une association avec certaines maladies neurologiques et psychiatriques. Ainsi, on soupçonne que l’axe intestin–cerveau est impliqué dans un certain nombre de maladies psychiatriques ou neuro-immunes chez l’enfant et l’adulte. De plus, il a été suggéré que les troubles intestinaux constituent un « facteur de risque » pour le développement de troubles neurologiques. Enfin, et non des moindres, le stress régule la composition et l’activité de la flore intestinale, une propriété qui pourrait même affecter la santé psychiatrique à travers les générations. Le concept d’« axe intestin–cerveau » propose qu’il existe un dialogue constant entre l’intestin et le cerveau. Le microbiote peut aujourd’hui être considéré comme l’acteur majeur d’un écosystème au sein duquel la nature des échanges pourrait conditionner l’équilibre neurologique et psychiatrique de l’être humain.

2003 ◽  
Vol 197 (2) ◽  
pp. 81-88 ◽  
Author(s):  
Robert Dantzer ◽  
Emmanuelle E. Wollman

2020 ◽  
Vol 36 (3) ◽  
pp. 243-252
Author(s):  
Franck Talmont ◽  
Anastassia Hatzoglou ◽  
Olivier Cuvillier

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie du système nerveux central à composante inflammatoire, très invalidante qui atteint généralement de jeunes adultes (20 à 40 ans). Cette maladie se caractérise par la destruction progressive, par les cellules du système immunitaire, de la gaine de myéline des axones, ce qui aboutit à une dégénérescence neuronale. Les lymphocytes T et B sont les acteurs principaux de cette maladie qui peut être rémittente ou progressive. Parmi les médicaments utilisés dans le cadre de son traitement, le fingolimod, un immunosuppresseur dont les cibles sont les récepteurs de la sphingosine 1-phosphate, administré par voie orale, agit en empêchant les lymphocytes de quitter le thymus et les ganglions lymphatiques, et de rejoindre les foyers inflammatoires cérébraux. Une recherche intense pour développer des traitements et des médicaments curatifs est actuellement en cours et d’autres immunosuppresseurs interagissant avec les récepteurs de sphingosine 1-phosphate sont en cours de développement.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 38-39
Author(s):  
H. Nabi

Le stress (psychologique) est de plus en plus considéré comme un facteur de risque important et potentiellement modifiable de maladies cardiovasculaires. Le stress peut intervenir à différentes étapes du processus de développement de ces maladies : de l’exposition aux facteurs de risque cardiovasculaires (sédentarité, hypertension, tabagisme, etc.) à la manifestation préclinique et à l’issue de la maladie (récurrence d’évènements et mortalité) en passant par le développement à long terme de l’athérosclérose. Le concept de stress a beaucoup évolué au cours du XXe siècle et il est généralement admis aujourd’hui qu’un état de stress survient « lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ». Même si plusieurs travaux ont montré que des situations de stress aigu (catastrophes naturelles par exemple) peuvent agir comme un déclencheur d’évènements cardiaques chez des personnes atteintes d’athérosclérose, c’est sur l’impact du stress chronique sur ce risque que se concentre l’essentiel de la recherche de type épidémiologique. Le stress au travail, qui a fait l’objet de plusieurs conceptualisations (modèles de Karasek et de Siegrist), constitue l’un des modèles de stress chronique le plus étudié, avec la mise en évidence d’augmentation du risque de maladie coronarienne variant de 30 à 60 % chez les personnes exposées à ce stress. Parmi les mécanismes pathophysiologiques privilégiés pour expliquer l’effet de stress sur le risque cardiovasculaire figurent les dysfonctionnements du système nerveux autonome (p.ex. hausse de la presse artérielle, baisse de la variabilité du rythme cardiaque), endocrinien (p.ex. sécrétion importante de cortisol) et immunitaire (p.ex. sécrétion importante de cytokines). Bien que l’importance de la prise en charge du stress ait été soulignée dans les directives européennes en matière de prévention des maladies cardiovasculaires, son application en clinique semble assez limitée.


2021 ◽  
Vol 37 (1) ◽  
pp. 68-76
Author(s):  
Quentin Muller ◽  
François Berthod ◽  
Vincent Flacher

Le système immunitaire et le système nerveux sensoriel sont responsables de la perception du danger, sous des formes distinctes mais complémentaires. Ces dernières années, les interactions neuro-immunes se sont imposées comme un axe de recherche important en dermatologie pour comprendre la cicatrisation, la dermatite atopique ou le psoriasis. Nous présentons ici une sélection de modèles tridimensionnels in vitro reproduisant la structure de la peau et intégrant une fonction immunitaire ou sensorielle. Les évolutions futures de ces modèles permettront d’obtenir une vision aussi complète que possible des influences réciproques entre système immunitaire et système nerveux sensoriel.


2001 ◽  
Vol 14 (4) ◽  
pp. 231-246 ◽  
Author(s):  
I. CREVIEU-GABRIEL ◽  
M. NACIRI

Depuis quelques années, les travaux sur l’utilisation de l’alimentation comme aide au contrôle des coccidioses ont été repris par plusieurs équipes après avoir été abandonnés avec l’introduction et le développement des anticoccidiens. L’alimentation peut intervenir aussi bien par ses constituants que par son mode de présentation, soit directement sur le développement parasitaire soit en renforçant les défenses de l’hôte ou en aidant à la guérison. Des produits naturels à action médicinale peuvent aussi avoir des effets bénéfiques.Ainsi, les acides gras n-3 ou l’artémisine agissent directement sur les coccidies en inhibant leur développement. Au contraire, les acides gras essentiels ou les vitamines B favorisent leur développement. L’incorporation de graines entières de céréales, en modifiant la physiologie digestive, entraîne des différences de développement des coccidies. Une teneur élevée de l’aliment en protéines, en induisant une augmentation des sécrétions pancréatiques, favorise la multiplication des parasites. En outre, certains composants alimentaires (fibres, produits lactés) agiraient en modifiant la flore intestinale. Les vitamines A, C ou K ou la bétaïne peuvent aider à la guérison en modifiant les effets néfastes causés par Eimeria sur la muqueuse intestinale. Enfin, certains composants alimentaires, comme les acides gras n-3, le sélénium, les vitamines C et E, le gamma-tocophérol ou le curcumin, et le mode d’alimentation, comme la restriction alimentaire, agissent sur le système immunitaire, modulant ainsi indirectement le développement parasitaire.


2018 ◽  
Vol 34 (5) ◽  
pp. 432-438 ◽  
Author(s):  
Guilhaume Debroas ◽  
Guillaume Hoeffel ◽  
Ana Reynders ◽  
Sophie Ugolini

Lors d’une infection, notre capacité à éliminer les pathogènes dépend essentiellement de notre système immunitaire. Des études récentes révèlent cependant un rôle du système nerveux dans la régulation des processus infectieux et inflammatoires. Des interactions fonctionnelles bidirectionnelles s’établissent entre systèmes nerveux et immunitaire pour préserver l’intégrité des tissus. La peau constitue l’une des premières lignes de défense contre les menaces extérieures et présente un système neuro-immun particulièrement développé. En cas de lésion cutanée, des neurones impliqués dans la perception douloureuse sont activés et modulent la fonction et le recrutement des cellules immunitaires au sein du tissu. Nous illustrons ici l’importance de ces régulations neuro-immunes à travers différents exemples de pathologies cutanées.


2020 ◽  
Vol 14 (2) ◽  
pp. 80-87
Author(s):  
R. Enaud ◽  
C. Tétard ◽  
T. Lamireau

Même si la physiopathologie des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) fait encore l’objet de nombreuses études, il est admis qu’elle implique une interaction inadaptée entre le microbiote intestinal et le système immunitaire digestif. L’incidence croissante des MICI durant les dernières décennies, en lien avec l’occidentalisation du mode de vie, souligne le rôle des facteurs environnementaux dans cette interaction. Ces facteurs seraient notamment impliqués dans les perturbations du microbiote intestinal ou dysbioses, maintenant bien décrites dans les MICI. Parmi ces facteurs, l’alimentation suscite beaucoup d’intérêt. Symbole de nos changements de mode de vie, elle a un impact bien démontré sur la composition du microbiote, dès la naissance puis tout au long de la vie. Des études épidémiologiques ont permis de montrer des associations entre l’alimentation et le risque de survenue de MICI. Certains de ces liens ont également pu être mis en évidence chez l’animal ou en culture cellulaire, renforçant l’hypothèse d’une relation étroite entre l’alimentation, le microbiote et l’inflammation intestinale. L’alimentation bénéficie également d’une attention croissante ces dernières années dans la prise en charge des MICI. Au-delà de l’utilisation de la nutrition entérale exclusive dans la maladie de Crohn pédiatrique, dont l’efficacité est maintenant bien démontrée, de nouvelles approches émergent. Parmi elles, des régimes d’exclusion spécifiques pourraient constituer les prochaines avancées majeures dans la prise en charge de MICI au cours des prochaines années.


1904 ◽  
Vol 11 (1) ◽  
pp. 366-389
Author(s):  
Léon Fredericq
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