Madagascar et la Francophonie : Un pas de deux mouvementé

Author(s):  
Philippe L’Hôte

Les relations entre les Malgaches et le français, entre Madagascar et la Francophonie sont pour le moins erratiques. Elles ont toutes les apparences d’une relation passionnelle, entre attirance et répulsion. Mais si la composante affective et symbolique n’est pas absente, les intérêts économiques des élites malgaches semblent être déterminants. Alors que Madagascar adhère à toutes les institutions francophones et que Tananarive a vu la naissance de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le pays est aussi l’un des rares à avoir cherché à bannir le français en impulsant un processus de malgachisation qui a rapidement montré ses limites. Cet épisode de l’histoire malgache s’est fait au nom de la lutte contre le paternalisme et le néocolonialisme, comme une affirmation de l’identité nationale. Mais, si Madagascar présente la spécificité, liée à son insularité, de disposer d’un substrat linguistique commun mobilisable vis-à-vis de l’extérieur et principalement de l’ancienne puissance coloniale, il existe de nombreuses variantes dialectales qui recouvrent des « irrédentismes » régionaux. Ceux-ci empêchent le sentiment national d’être pleinement structurant dans la vie politique malgache. Différentes approches, anthropologiques, historiques ou économiques témoignent du poids d’une culture politique fondée sur la parenté, d’une forme de mission céleste en matière de légitimation du pouvoir et d’une problématique de la « terre des ancêtres » qui bloquent toute tentative de construction d’un État-nation sur le modèle occidental. Force est de constater que les caractéristiques des élites malgaches, faiblement structurées sur le plan idéologique et mues essentiellement par des logiques néo-patrimoniales, expliquent en grande partie le paradoxe malgache, qui est le seul pays colonisé n’ayant pas connu la guerre à s’être appauvri depuis l’indépendance. À bien des égards, les crises politiques récurrentes peuvent même être interprétées comme des rivalités d’entrepreneurs. Le caractère incontournable du recours au français dans un tel contexte trouve son pendant dans les relations internationales et notamment dans la relation à la Francophonie. Les relents de francophobie latente dans la population, qui voit dans l’ancienne puissance coloniale la cause de tous les problèmes et de toutes les crises politiques, peuvent ponctuellement être mobilisés dans la perspective de négociations, comme pour les « Îles éparses ». In fine, les positions des dirigeants malgaches à l’égard de la Francophonie se caractérisent par un pragmatisme visant à préserver les opportunités d’avantages économiques inhérents à la participation à une grande institution internationale. Au demeurant, on peut relativiser la spécificité malgache en constatant que la Francophonie est devenue elle-même un instrument à visée principalement économique, dont le discours sur les valeurs est devenu largement incantatoire, si tant est qu’il n’ait jamais eu d’autre fonction que légitimatrice.

Pôle Sud ◽  
2003 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 131-153 ◽  
Author(s):  
Pierangelo Isernia
Keyword(s):  

2016 ◽  
Vol 72 ◽  
pp. 62-71 ◽  
Author(s):  
P. Chabanet ◽  
L. Bigot ◽  
J.-B. Nicet ◽  
P. Durville ◽  
L. Massé ◽  
...  

Revista Trace ◽  
2018 ◽  
pp. 50
Author(s):  
Philippe Schaffhauser

A lo largo de sus 20 años de existencia, de 1942 a 1964, el programa Bracero se tradujo en la firma de 4 646 199 contratos de trabajo e involucró a cerca de 1.5 millones de trabajadores; los que inicialmente fueron empleados en la construcción de vías férreas y en la agricultura, y después de la Segunda Guerra Mundial, sólo en el sector agrícola. Este movimiento también es cuestión de generaciones y una historia de géneros. Dicha articulación hace de esta lucha social “un asunto de familia” que se desarrolla principalmente en el medio rural mexicano, cuyo vector principal de expresión es la comunidad a su alrededor. El tema del bracero refleja también la actualidad de la cultura política mexicana, ya que recoge experiencias colectivas e individuales heredadas de los movimientos sociales de la segunda mitad del siglo pasado.Abstract: Throughout 20 years, from 1942 to 1964, the Mexican Farm Labor Program represented the signature of about 4 464 199 contracts for 1.5 million of workers who were initially employed in the construction of railways and in agriculture and after the World War II only in the agricultural sector. This movement is also a question of generations and of gender history. This articulation makes this social struggle «a family affair» that is taking place principally in the mexican rural context for what the main expression vector is the community and its surrounding area. The theme bracero also reflects today « mexican political culture » because it includes collective and individual experiences of social movements inherited from the second half of the last century.Résumé : Au cours de ses vingt-deux ans d’existence, de 1942 à 1964, le programme Bracero s’est traduit par la signature de 4 646 199 contrats de travail pour environ 1.5 million de travailleurs. Ceux-ci furent d’abord employés pour la construction des chemins de fer et pour l’agriculture puis, après la Seconde Guerre mondiale, seulement pour l’agriculture. Ce mouvement est aussi une question de générations et d’histoire du genre. Cette articulation fait de cette lutte sociale « une affaire de famille » qui se déroule principalement dans le milieu rural mexicain dont le vecteur d’expression principal est la communauté et ses environs. Le sujet bracero reflète aussi ce qu’on le pourrait appeler l’actualité de la « culture politique mexicaine » issue des expériences collectives et individuelles héritées des mouvements sociaux de la seconde moitié du siècle dernier.


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