scholarly journals De la prise en charge à la décolonisation : un regard rétrospectif sur cinq décennies d’éducation postsecondaire autochtone au Québec

Author(s):  
Jean-Luc Ratel ◽  
Marco Bacon ◽  
Annie Pilote

À l’aube de la parution de la Maîtrise indienne de l’éducation indienne (1972), la poursuite d’études postsecondaires chez les Autochtones du Québec demeurait un phénomène encore récent et méconnu. Dans le contexte de prise en charge par les communautés autochtones de leurs propres services, la demande en diplômés autochtones postsecondaires s’est nettement accrue et a donné lieu à des programmes et services destinés spécifiquement aux Autochtones. On pense notamment au projet d’« amérindianisation » de l’éducation à l’UQAC en 1971, et à la création du Collège Manitou, en 1973, commetournants. La spécificité linguistique québécoise s’est d’ailleurs tôt fait sentir, ajoutant à la dimension bilingue initiale (avec le passage d’une langue autochtone à une langue allochtone) celle propre à la dualité linguistique francophone et anglophone d’un système d’enseignement issu de l’histoire coloniale.Cet article s’appuie sur une recension des écrits concernant l’éducation postsecondaire autochtone au Québec de 1972 à 2021. Nous articulons notre analyse autour des changements qui se sont opérés au fil des dernières décennies concernant les programmes destinés aux Autochtones, les services offerts par les établissements, ainsi que les enjeux impliquant les parcours des étudiants autour de l’identité autochtone, du racisme systémique et de la discrimination. Nous constatons qu’en dépit des efforts soutenus d’un nombre croissant d’établissements, les Autochtones connaissent des entraves à la poursuite d’études postsecondaires encore bien présentes. Nous concluons avec une réflexion sur l’université et le cégep comme institutions, leur modèle de développement et leur rôle dans la décolonisation de l’éducation et la démocratisation scolaire.

2019 ◽  
Author(s):  
Andrea Lutz
Keyword(s):  

Dans le cadre de cet article, j’étudie le vécu des enfants qui suivent un programme thérapeutique pour la prise en charge de l’obésité. J’analyse les données d’une recherche ethnographique que j’ai conduit dans le cadre d’un camp thérapeutique pour enfants en excès pondéral, impliquant des observations participantes et des entretiens avec les enfants. En travaillant à partir de la notion foucaldienne de biopouvoir, j’essaie de montrer comment les thérapies de l’obésité mettent en place des mécanismes de contrôle et de surveillance autour du corps des enfants. Je m’intéresse à comprendre quels rapports de pouvoir s’expriment dans le cadre des thérapies de l’obésité, aussi bien entre adultes et enfants qu’entre enfants. Les résultats de l’étude révèlent que les thérapies de l’obésité tendent à normaliser la subjectivité de l’ensemble des enfants, tout en reproduisant également des inégalités entre enfants, basées sur l’âge, le genre, le milieu social et l’origine culturelle. De plus, il émerge de cette recherche que le biopouvoir donne lieu à des formes de résistance et de négociation de la part des enfants, qui jouent un rôle actif dans la définition des thérapies.


2021 ◽  
Author(s):  
D. Annequin

Les médicaments de la douleur font l’objet de craintes souvent majeures. Le protoxyde d’azote associé à 50 % d’oxygène (MEOPA) est le produit de référence pour la douleur provoquée par les soins en pédiatrie. Le mésusage des cartouches de protoxyde d’azote pur à visée récréative peut avoir des effets indésirables majeurs lors d’expositions très prolongées ; il ne doit pas être confondu avec le MEOPA à usage médical dont le rapport bénéfice/risque est très rassurant. L’usage massif des opiacés essentiellement aux États-Unis pour des douleurs chroniques a donné lieu à une catastrophe sanitaire. Ces produits demeurent les produits de référence pour traiter les douleurs aiguës et intenses, et le risque de mésusage y est exceptionnel quand ils sont utilisés sur des durées courtes avec un suivi clinique. En revanche, un risque réel existe lors de l’utilisation prolongée de ces médicaments dans la douleur chronique non cancéreuse ; cette dernière nécessite une véritable prise en charge pluridisciplinaire permettant d’éviter au maximum les médicaments antalgiques. En France, la peur de l’utilisation des AINS est ancienne et en grande partie infondée. Elle s’est exprimée récemment par des avis officiels erronés recommandant d’éviter l’ibuprofène lors de la première vague de la SARS-CoV-2. Le paracétamol a au contraire en France une image de sécurité surévaluée auprès des médecins et du public. Nos connaissances sur les risques liés aux médicaments de la douleur se sont enrichies ces dernières années. Si la vigilance des professionnels doit être continue, elle ne doit pas se transformer en suspicion. Les bonnes pratiques doivent être mieux diffusées notamment sur la prise en charge de la douleur chronique. L’amplification par les médias et les réseaux sociaux qui ne soulignent que les effets indésirables, voire les décès, occultent tous les bénéfices majeurs apportés par ces produits qui restent dans la grande majorité des cas des produits de référence. À l’inverse, les conséquences dramatiques (sanitaires et humaines) peuvent encore s’observer massivement dans les pays pauvres qui n’ont quasiment aucun accès aux médicaments de la douleur.


2017 ◽  
Vol 29 (2) ◽  
pp. 87-104
Author(s):  
Carolina De Rosis

L’auteure étudie les mobilités sociales engendrées par des dispositifs sociosanitaires de prévention et de prise en charge du VIH/sida parmi des femmes séropositives socialement marginalisées résidant dans la ville de Gondär, au nord-ouest de l’Éthiopie. Assujetties à un pouvoir de plus en plus orienté vers la prise en considération des individus se situant aux marges de la société pour faciliter leur autonomisation (empowerment), ces femmes entament des processus de construction identitaire au sein desquels leurs statuts sociaux sont le résultat d’arrangements et de compromis entre des rôles féminins traditionnels et les nouvelles formes de militantisme et de visibilité sociale auxquelles la lutte contre le VIH/sida a donné lieu.


2005 ◽  
Vol 4 (1) ◽  
pp. 129-173 ◽  
Author(s):  
Marie-Pierre Bousquet
Keyword(s):  

Résumé L’article part de deux constats, établis à l’aide de données ethnographiques en terrain algonquin et corroborés par la littérature ethnologique. D’une part, les Algonquins ne veulent plus que leur image publique soit associée à l’abus de psychotropes ; d’autre part, l’identité algonquine repose sur l’appartenance à une communauté, qui implique pour ses membres des droits et devoirs et qui attend d’eux un dévouement à la collectivité. Les études sur les Amérindiens, sur leurs villages et leurs réseaux urbains, sont fondées sur l’idée que les communautés trouvent leur légitimation tant dans le partage d’un ethos (des valeurs et des traits culturels) que dans les relations de parenté qui existent entre ses membres, relations qui sont aussi des liens sociaux. L’article veut montrer que la prise en charge des problèmes qui affectent les communautés algonquines a donné lieu à l’émergence d’un nouveau lien social, qui remet parfois en question les contraintes requises par la parenté. Pour ce faire, je présente une vision historique de l’origine des problèmes, qui inclut les points de vue algonquins, et j’explique comment les différents recours thérapeutiques ont permis de redéfinir le système de valeurs sociales et les codes comportementaux.


Sens public ◽  
2017 ◽  
Author(s):  
Eric de Thoisy
Keyword(s):  

Au milieu du siècle dernier, une période fondatrice de relations entre architecture et informatique a donné lieu à la production d’espaces déracinés, conçus pour permettre le mouvement des usagers et leur apprentissage dans le monde. Mais quelques décennies plus tard, d’autres propositions architecturales semblent reposer la question de la transmission et de l’autochtonie. Pour saisir ce que nous dit la reformulation numérique de ces enjeux, il faut observer que le déplacement de l’architecture vers l’architecture informatique est surtout le déplacement d’une responsabilité : celle de la prise en charge de la mémoire, qui, dans ce glissement, quitte le champ de la visibilité. Avons-nous dès lors à penser une nouvelle responsabilité architecturale ?


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 60-61
Author(s):  
A. Pham-Scottez

Le concept de trouble de la personnalité borderline à l’adolescence donne lieu depuis de nombreuses années à de multiples débats et controverses, tant sur le plan théorique que dans la pratique clinique quotidienne. Partant de ce constat, 10 équipes européennes francophones (France, Suisse, Belgique), spécialisées dans la prise en charge du trouble borderline, se sont rassemblées pour créer le réseau européen de recherche sur la personnalité borderline (EUR-NET-BPD). L’objectif principal de cette étude était d’identifier les caractéristiques psychopathologiques spécifiques au trouble borderline chez l’adolescent (structuration de la personnalité, tempérament, impulsivité, mécanismes de défense, modalités d’attachement, expression émotionnelle, comorbidités…). Les objectifs secondaires de l’étude comprenaient l’étude de la place, du rôle et de la fonction de la dépression, la validation d’un outil de dépistage du trouble borderline, la caractérisation de facteurs étiopathogéniques, la mesure de l’impact des prises en charge chez les adolescents borderline. Un total de 85 adolescents de 15 à 19 ans (âge moyen 16,3 ans) borderline (diagnostic SIDP-IV) et 84 témoins non borderline appariés pour l’âge et le sexe ont été recrutés dans cette étude longitudinale multicentrique. Les critères borderline les plus fréquents chez les patients étaient les TS et automutilations, l’humeur instable, l’impulsivité et les colères inappropriées. Les principaux troubles de l’axe I vie entière retrouvés comprenaient les troubles de l’humeur (EDM : 71 %, dysthymie : 11 %, ED non spécifié : 6 %), les troubles alimentaires (anorexie : 40 %, boulimie : 33 %), le THADA (17 %), les troubles des conduites (18,8 %), le trouble oppositionnel avec provocation (31 %), les troubles liés à l’utilisation d’alcool ou de drogues et le PTSD (20 %). Les troubles de la personnalité les plus comorbides avec le trouble borderline étaient les personnalités obsessionnelle (35 %), antisociale (22 %), évitante (21 %), dépendante (12 %) et paranoïaque (10 %). Ces résultats seront comparés à ceux de la littérature internationale et commentés.


2018 ◽  
Vol 17 (132) ◽  
pp. 16-19
Author(s):  
Laurence Foix-L’hélias ◽  
Pascal Boileau
Keyword(s):  

2016 ◽  
Vol 200 (6) ◽  
pp. 1101-1113
Author(s):  
Jean-Marc Léger ◽  
Bahram Haghi ◽  
Raquel Guimarães-Costa

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