scholarly journals L'adoption, l'Église et l'État : les origines tumultueuses d'une institution légale

2005 ◽  
Vol 38 (4) ◽  
pp. 769-804
Author(s):  
Dominique Goubau ◽  
Claire O’Neill

L'adoption contemporaine connaît une remise en question dans la plupart des pays occidentaux. Outil privilégié de protection de la jeunesse ou mécanisme de substitution de la filiation, penchant entre ces deux pôles, l'adoption a connu des changements importants dans un contexte de dénatalité et d'internationalisation des rapports sociaux. À l'heure où certains s'interrogent sur l'essence même de cette institution, le présent article remonte aux origines de l'adoption légale au Québec afin de mettre en lumière les débats idéologiques qui ont, à l'époque, opposé l'Église et l'État sur la question. Notre étude illustre, une fois de plus, que ce sont généralement les enfants qui font les frais des querelles d'adultes et elle tend, incidemment, à dégager de cette analyse historique certains éléments de réflexion utiles aux débats sur l'avenir de l'adoption.

2002 ◽  
Vol 12 (1) ◽  
pp. 155-168
Author(s):  
Paul BÉLANGER

Résumé Le présent article, tiré d'une thèse de doctorat, vise à décrire la double signification des pratiques de contre-école qui se sont développées dans les zones libérées durant la lutte armée en Guinée-Bissau de 1963 à 1973. Double signification à titre de riposte idéologique et de rupture face à la reproduction des rapports sociaux de domination. L'hypothèse de base de la thèse de l'auteur est que la contre-école, réalité abstraite des pratiques idéologiques autonomes des classes dominées, constitue un lieu heuristique d'analyse mettant en transparence l'école dans le jeu des rapports de classes.


Groupwork ◽  
2020 ◽  
Vol 29 (1) ◽  
pp. 108-125
Author(s):  
Dominic Bizot ◽  
Mathieu Bisson ◽  
Philippe Roy ◽  
Virginie Attard

Le présent article est le résultat d’une recherche visant à présenter des parcours d’hommes ayant participé à des groupes pour pères dans le contexte des bouleversements que les familles occidentales ont connus au cours des dernières décennies. L’objectif de cette recherche était d’identifier les motivations des pères à s’engager dans un processus de réflexion et d’action au sein d’un groupe, d’en apprendre plus sur leur expérience tout au long de ce processus, de comprendre ce qui a changé dans leur vision de la masculinité et de la paternité, puis de connaître la manière dont ils actualisent leur projet de vie au regard d’éventuels changements. Des entrevues semi-dirigées ont été menées auprès de onze pères impliqués dans huit groupes de soutien au Québec. Les résultats révèlent que les rapports sociaux (par exemple, la relation avec la conjointe ou l’ex-conjointe, avec les enfants, avec les femmes et avec les autres hommes en général) s’en trouvent modifiés, voire améliorés. En outre, la reconstruction des rapports à soi-même et aux autres semble être à la fois le principal défi de ces hommes et la source de leur plus grande satisfaction.This article aims to understand the journeys of men who participated in fathers’ groups in the context of the upheavals that the Western family has experienced in recent decades. It is based on the results of a study that aimed to identify the motivations of fathers who engaged in a process of reflection and action within these support groups; to examine their experience of this process, to understand what has changed in their vision of masculinity and fatherhood through this experience; and explore how they update their life plans in the light of possible changes. Semi-structured interviews were conducted with eleven fathers involved in eight different groups in Quebec. The findings reveal that social relationships, including relationships with partners, or ex-partners, children, women, and other men in general, evolved and in some cases improved. In addition, the reconstruction of relationships with oneself and others seems to be both the main challenge as well as the greatest satisfaction of these men.


2013 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 185-223 ◽  
Author(s):  
Amélie Champagne ◽  
Romaine Malenfant ◽  
Guy Bellemare ◽  
Louise Briand

Plusieurs publications, ces dernières décennies, s’intéressent aux difficultés importantes qui accompagnent l’insertion professionnelle des jeunes. En effet, il appert que les difficultés d’insertion dans le secteur privé soient importantes, notamment pour les jeunes sans diplôme et possédant peu ou pas d’expérience du marché du travail. Mais qu’en est-il en ce qui concerne le secteur de l’économie socialeƒ? Les valeurs et les objectifs de développement de ces entreprises favoriseraient-ils une expérience d’intégration au marché du travail positive pour les jeunes peu scolarisés? Le présent article se centre sur les pratiques de gestion de la main-d’oeuvre jeune du point de vue de ces derniers et de celui de leurs employeurs. Deux recherches sont mises en dialogue afin de préciser et de comparer les dimensions qui exercent un rôle significatif dans la consolidation ou la rupture du lien d’emploi des jeunes. Le paradigme du don est également mobilisé dans l’analyse des rapports sociaux qui semblent caractériser les entreprises d’économie sociale.


2002 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 37-56 ◽  
Author(s):  
Céline LE BOURDAIS ◽  
Pierre J. HAMEL ◽  
Paul BERNARD

Résumé S'intéressant à l'analyse de la position des femmes dans l'ensemble des rapports sociaux, la sociologie féministe a imposé la reconnaissance des tâches domestiques en tant que "travail" réel, alors que le marxisme les considérait comme un reliquat du passé et le fonctionnalisme comme une vocation naturelle des femmes. En intégrant cet apport de la sociologie féministe, le présent article étudie comment les couples québécois se répartissent ce travail, compte tenu de variables comme la charge familiale et le statut d'emploi de chacun des conjoints. Les données proviennent d'un sondage qui a rejoint en 1986 environ 1 300 couples. Les indices y sont nombreux du fait que le travail domestique demeure essentiellement une affaire de femmes, à laquelle l'homme ne fait qu'épisodiquement une contribution significative. On peut penser que cette division du travail risque peu de changer tant que les femmes tendront à être reléguées, sur le marché de l'emploi, dans des positions professionnelles inférieures à celles des hommes.


2006 ◽  
Vol 6 (1) ◽  
pp. 25-43 ◽  
Author(s):  
Celia Rojas-Viger

Résumé La féminisation de la migration est une des caractéristiques de la mondialisation contemporaine. Elle concerne l’ensemble des sociétés, dont le Canada et le Québec. Ce phénomène touche les différents groupes ethniques, l’ensemble des classes sociales, les non-professionnels comme les professionnels. Cependant, il existe très peu d’études documentant le processus d’insertion et les conditions de vie des femmes scolarisées, possédant déjà à leur arrivée une formation universitaire. Pourtant, l’admission des premières Latino-Américaines, présentant un niveau scolaire élevé, en tant qu’immigrantes canadiennes date de 1968. Afin de combler ce vide, le présent article se propose, à partir de deux recherches ethnographiques, de présenter ces femmes, leurs conditions sociales et les défis qu’elles doivent affronter, tant durant leur réinsertion académique en milieu universitaire qu’après l’obtention de leurs diplômes, pour s’insérer sur le marché du travail. Nous nous intéresserons plus particulièrement à la société pluriethnique montréalaise dans laquelle l’ethnicisation des rapports sociaux prévaut.


Author(s):  
Eve Pouliot ◽  
Marie-Christine Saint-Jacques

Résumé Depuis quelques années, les auteurs de plusieurs disciplines affirment que l’engagement paternel doit être facilité par l’accès à des services sociaux adaptés aux besoins des pères. Bien que le rôle du père soit de plus en plus démystifié, les chercheurs et les cliniciens sont toutefois loin d'être tous convaincus de l'utilité de sa présence dans l'intervention. Étant donné les enjeux inhérents au contexte de la protection de la jeunesse, le présent article est consacré à la question suivante : « Dans quelle mesure les intervenants impliquent les pères dans les pratiques en protection de la jeunesse? ». Afin de répondre à cette question, cet article brosse d’abord un tableau des connaissances empiriques sur la question de l’intervention auprès des pères, tout en insistant sur la spécificité du contexte de la protection de la jeunesse. Ensuite, les résultats obtenus à la suite d’une recherche menée auprès de 229 intervenants qui travaillent dans un contexte de protection de la jeunesse sont présentés et discutés.


2005 ◽  
Vol 37 (4) ◽  
pp. 971-994 ◽  
Author(s):  
Anne Fournier

Le présent article constitue une réflexion sur la représentation d'un enfant par un avocat dans le contexte de l'application de la Loi sur la protection de la jeunesse. L'auteure entend notamment souligner les difficultés d'application de quelques principes et droits prévus par la loi. L'auteure discute de la représentation de l'enfant au stade de l'intervention sociale et judiciaire. Dans ce dernier cas, il est essentiellement traité de l'accessibilité au système judiciaire et du mandat de l'avocat de l'enfant dans un régime contradictoire. Certaines limites liées à l'exercice du mandat de l'avocat de l'enfant âgé de moins de 14 ans sont également portées à l'attention du lecteur.


Author(s):  
Mathilde Bigo

Cadre de la recherche :Les résultats exposés dans le présent article sont le fruit d’une recherche doctorale réalisée à l’université Rennes 2 et dont la thèse a été soutenue en 2015.Objectifs :Cet article interroge, dans une perspective genrée, les mobilités résidentielles des femmes âgées, en différenciant les mobilités qui se déroulent avant la mise en retraite de celles intervenant après la retraite.Méthodologie :En s’appuyant sur un échantillon de 21 femmes âgées de 62 à 91 ans habitant des communes littorales en région Bretagne, des analyses ont été effectuées concernant les évènements qui constituent des transitions dans le parcours de vie, pour comprendre les causes données aux mobilités résidentielles : temps libre, veuvage, maladie.Résultats :La mise en retraite est, pour certaines, l’occasion de renégocier les rapports de pouvoir au sein du couple, lorsque la vie maritale avait imposé de suivre les mobilités du conjoint. Pour d’autres femmes, seules, la mobilité résidentielle de retraite est une mobilité dépourvue de contraintes salariales et familiales. Pour autant, la mobilité résidentielle n’est pas toujours choisie. Elle peut, au contraire, être forcée par le manque de ressources financières lors du veuvage, par le besoin de se rapprocher des services, ou encore par un nécessaire réaménagement de l’architecture intérieure du logement.Conclusions :L’analyse des mobilités résidentielles des femmes à la retraite révèle que les rapports sociaux de sexe sont prégnants dans les modalités de choix résidentiel et que les caractéristiques de la ville, en plus de celles du bord de mer, sont largement structurantes dans le choix de résidence.Contribution :En croisant les problématiques liées au genre et à l’avancée en âge, et en les inscrivant spatialement, cette recherche en géographie sociale met l’accent sur la façon dont le nouvel espace de vie, à l’heure de la vieillesse, peut devenir ressource voire possibilité d’émancipation.


2011 ◽  
Vol 23 (1) ◽  
pp. 99-113 ◽  
Author(s):  
Christiane Guay ◽  
Sébastien Grammond

Le présent article vise à déterminer dans quelle mesure le processus d’adoption de la « loi 125 » (modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse du Québec) a permis de tenir compte du point de vue autochtone. Deux organismes autochtones ont présenté des mémoires à la commission parlementaire chargée d’étudier ce projet de loi. Ils ont dénoncé la méconnaissance des réalités autochtones par les acteurs du système des services sociaux et les effets néfastes du « projet de vie à long terme », pierre angulaire de la « loi 125 », sur les communautés autochtones. Ils ont aussi réclamé une plus grande autonomie des peuples autochtones dans la gestion de leurs services de protection de la jeunesse. Or, les députés, sans nier l’existence d’un problème, n’en comprenaient pas vraiment la nature, les causes et les conséquences. Ils se sont contentés d’affirmer qu’il faudrait faire preuve de « flexibilité » dans l’application de la loi aux Autochtones, tout en se montrant méfiants à l’égard des affirmations de la différence autochtone dans les méthodes d’intervention sociale et de la revendication d’une plus grande autonomie. En définitive, le projet de loi n’a pas été modifié pour tenir compte des préoccupations des Autochtones. L’obligation de l’État de consulter les peuples autochtones avant d’adopter des mesures législatives qui les affectent n’a pas été respectée.


Criminologie ◽  
2009 ◽  
Vol 42 (2) ◽  
pp. 83-100 ◽  
Author(s):  
Véronique Strimelle ◽  
Françoise Vanhamme

Résumé Qu’est-ce qu’un trouble, un conflit ? Comment les définit-on ? Comment y réagit-on ? Ces questions, qui composent la trame du présent article, s’insèrent dans nos travaux actuels qui explorent l’hypothèse de l’existence d’un modèle de justice actif dans nos rapports sociaux, mais caché par le discours dominant de la justice pénale : le modèle vindicatoire. Nous y discuterons plus particulièrement des questions soulevées par la rencontre entre les deux modèles de régulation, pénal et vindicatoire, et sur la façon dont ces deux modèles de régulation pourraient se côtoyer. Pour ce faire, nous nous intéresserons aux modes de régulation des troubles chez les Autochtones du Québec. Tout en mettant d’abord en lumière les principes de leur définition d’un trouble et de ses modes de régulation, nous essayerons d’en montrer la facette vindicatoire pour ensuite décrire comment s’est effectuée la rencontre des modèles de régulation autochtone avec le système de justice pénale. Nous dégageons enfin différentes pistes de réflexion quant à la survie et l’adaptation d’un tel modèle dans le contexte juridico-pénal occidental.


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