scholarly journals Les institutions du marché du travail et les inégalités inter-catégorielles : une comparaison France-Canada

Author(s):  
Samir Amine

L’évolution des inégalités, au détriment de la main d’oeuvre non qualifiée, est certainement l’une des tendances les plus préoccupantes parmi celles auxquelles ont à faire face les grandes économies occidentales. Néanmoins, cette dégradation ne s’est pas traduite de la même façon dans tous les pays. En effet, dans les pays anglo-saxons, les écarts de revenus se sont accentués tandis que dans les pays de tradition beveridgienne, on parle des inégalités en termes d’accès à l’emploi. L’objet de cet article est, d’une part, de proposer une réflexion sur les causes et les explications de cette évolution défavorable aux catégories les moins formées. D’autre part, dans le cadre d’une comparaison France-Canada, nous allons étudier l’interaction entre les politiques publiques sur le marché du travail et la forme des inégalités présente dans chacun des deux pays. Dans cette perspective, nous comparons les effets de trois régulations publiques, à savoir les allocations chômage, le salaire minimum et l’impôt négatif, sur les performances de l’économie et plus particulièrement sur l’emploi et la formation des salaires.

2013 ◽  
pp. 197-213 ◽  
Author(s):  
Morgane Kuehni ◽  
Magdalena Rosende ◽  
Céline Schoeni

S’appuyant sur les données statistiques recueillies dans le cadre d’une recherche sur l’égalité entre les hommes et les femmes séniors en Suisse, l’article propose une analyse de la seconde partie de carrière sous l’angle de la division sexuelle du travail. Les taux élevés d’emploi des deux sexes dans ce pays tendent à masquer les inégalités de genre en matière d’insertion professionnelle, d’accès à la retraite et de cumul de charges de travail professionnelle et domestique. Fortement structurés par un « régime de genre traditionnel », les politiques publiques et le marché du travail concourent à allonger la durée de vie active des femmes afin qu’elles puissent assurer leur subsistance économique.


2008 ◽  
pp. 21-32 ◽  
Author(s):  
Oumaya Hidri

Résumé La relation entre corps et emploi constitue un enjeu explicite pour les politiques publiques, notamment à travers la législation en matière de discrimination. Ainsi, depuis le 16 novembre 2001, « aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement […] en raison […] de son apparence physique ». Cet article s’intéresse aux ouvrages de préconisation à l’usage des chercheurs d’emploi, censés faciliter leurs accès ou leur retour au marché du travail. Comment parviennent-ils à assurer leur activité de conseils au regard du cadre législatif antidiscriminatoire français ? Comment traitent-ils du corps des candidats sans nuire à la crédibilité du processus de recrutement ? Quelles normes corporelles véhiculent-ils ? Cet article répond à ces questions en s’appuyant sur l’analyse de contenu de 31 manuels.


2014 ◽  
Vol 8 (2) ◽  
pp. 35-60
Author(s):  
Carole Yerochewski2 ◽  
Francis Fortier3

La construction des statistiques de travailleur pauvre tient pour acquis que les ménages mettent en commun leurs revenus et perpétue une vision du monde du travail reposant sur la norme de l’emploi à temps plein et permanent. Partant du concept de revenu d’activité proposé par S. Ponthieux (2009), cet article met en lumière les impacts du choix d’une définition de travailleur sur la représentation statistique de la pauvreté en emploi : les femmes constituent la majeure partie des travailleurs pauvres et leur pourcentage parmi les ménages de travailleurs pauvres progresse. Leur insertion sur le marché du travail s’avère ainsi très inégale, et cette inégalité est renforcée par des politiques publiques qui s’appuient sur la division genrée et racialisée du travail pour réduire ses coûts de main-d’oeuvre.


2002 ◽  
Vol 28 (1) ◽  
pp. 63-71 ◽  
Author(s):  
Jean-Louis LAVILLE

Résumé La synergie entre l'État et le marché caractéristique de la période d'expansion dite des " trente glorieuses " a consacré l'emploi salarié comme un facteur essentiel d'intégration sociale. Pour cette raison, la déstabilisation de la condition salariale qui se manifeste par les problèmes devenus structurels (chômage, exclusion, précarité...) et qui touche particulièrement les jeunes pose des problèmes inédits de cohésion sociale. Le caractère inadapté des remèdes expérimentés massivement jusqu'ici devient patent. En effet, la plupart des mesures prises depuis deux décennies en matière de formation et d'insertion ont eu pour objet d'améliorer " l'employabilité ", alors même que le volume d'emplois disponibles sur le marché du travail demeure insuffisant. Devant la gravité de la situation ainsi engendrée, il devient nécessaire d'envisager d'autres modalités d'action collective, et en particulier d'autres articulations entre politiques publiques et société civile. Plutôt que d'enfermer les jeunes dans des itinéraires subis en se focalisant sur les emplois offerts par les entreprises et administrations, pourquoi ne pas s'intéresser à la légitimation de pratiques micro-collectives qui permettent de combiner inscription dans l'espace public, création d'emploi et engagement bénévole ?


2014 ◽  
Vol 57 (161) ◽  
pp. 277-298
Author(s):  
Julie Gobert

Résumé Dans un but de développement économique des territoires, les pouvoirs publics sont amenés, en France, à favoriser le « capital mobilité » des individus pour leur donner le moyen d’accéder au marché du travail et à un ensemble de ressources et de services. Toutefois, il est également nécessaire de réguler les problèmes liés à l’automobilité et aux nuisances environnementales qui lui sont inhérentes. Les politiques publiques de transport ont de ce fait évolué : la notion de « droit à la mobilité » se dissout peu à peu au profit d’objectifs plus complexes de développement durable. Ce dilemme entre enjeux économiques, sociaux et environnementaux pose la question des inégalités environnementales, particulièrement quand il s’agit de mettre en place une zone à basse émission sur les grandes agglomérations, comme cela est prévu dans la loi du Grenelle II sous le nom de zone d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA). Au regard d’une enquête de terrain menée sur une intercommunalité de Seine-Saint-Denis, en amont de la mise en place d’une ZAPA, nous avons cherché à mieux connaître l’impact d’une telle mesure et les possibles répercussions en termes d’inégalités.


2013 ◽  
Vol 45 (1) ◽  
pp. 203-228 ◽  
Author(s):  
Stéphane Moulin ◽  
Arnaud Dupray ◽  
Raphaëlle D’Amour

À partir d’une comparaison de l’enquête Génération 98 en France et de l’enquête de suivi auprès des diplômés au Canada, nous proposons une quantification des bifurcations professionnelles en début de vie active. Nous montrons que les bifurcations professionnelles des diplômés sortants du postsecondaire sont près d’1½ fois plus nombreuses au Canada qu’en France. Cette différence s’explique par des réorientations professionnelles plus fréquentes sur le marché du travail canadien que français, tandis que la capacité des formations à prédire les destinées professionnelles reste similaire dans les deux pays. L’analyse des ingrédients nationaux de ces bifurcations tend à montrer que les politiques publiques canadiennes conduisent à davantage de réorientations professionnelles que les politiques françaises, en favorisant le retour aux études et en creux compte tenu de statuts d’emploi proposés aux jeunes diplômés relativement moins protecteurs qu’en France. En sens inverse, les formations pour devenir enseignants et le passage par le doctorat accroissent les chances de bifurquer en France alors qu’ils les réduisent au Canada. Enfin, certains diplômés français réussissent à tirer parti de leur période de chômage pour entreprendre une réorientation professionnelle.


2011 ◽  
Vol 65 (4) ◽  
pp. 562-583 ◽  
Author(s):  
Kamel Béji ◽  
Anaïs Pellerin

Aussi bien le Canada que le Québec ont connu durant les deux dernières décennies une croissance des flux migratoires afin de faire face notamment au vieillissement de la population active et à la pénurie de main-d’oeuvre. Depuis les accords Gagnon-Tremblay-McDougall, le Québec a adopté une politique d’immigration économique où la plupart des personnes sélectionnées ont un profil jeune, un niveau de qualification élevé et parlent le français ou l’anglais. Malgré la hausse du nombre d’immigrants, on observe une intégration professionnelle plus difficile pour les nouveaux arrivants. Plusieurs études et rapports gouvernementaux associent les difficultés d’intégration socioprofessionnelle principalement aux barrières linguistiques, à la non-reconnaissance des acquis et des compétences, aux pratiques discriminatoires et au manque de réseaux sociaux. Ces études évoquent souvent l’importance pour les nouveaux arrivants d’avoir une information pertinente les aidant à intégrer le plus rapidement possible le marché du travail en adéquation avec leurs attentes. L’objectif de cet article est alors d’asseoir une réflexion sur la nature, le rôle et l’impact des flux informationnels véhiculés par les différents réseaux sociaux sur l’intégration socioprofessionnelle des nouveaux arrivants. L’article tente de répondre à un certain nombre de questions : Quelles informations sont indispensables au succès de l’intégration socioprofessionnelle ? Quels sont les facteurs qui peuvent accentuer les lacunes informationnelles ? Comment les flux informationnels véhiculés par ces différents réseaux influencent-ils le processus d’intégration socioprofessionnelle des immigrants ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous décrivons d’abord les principales difficultés rencontrées par les nouveaux arrivants au Québec. Ensuite, nous analysons les flux informationnels qui orientent le processus d’intégration sociale et professionnelle des immigrants et repensons le rôle que jouent les réseaux sociaux dans la diffusion des informations. En conclusion, nous suggérons des pistes de recherche en matière de politiques publiques d’immigration et d’intégration.


2009 ◽  
pp. 49-60
Author(s):  
Nathalie Burnay

Résumé L’objectif de cet article est de montrer combien les politiques publiques déployées dans les années 1980 en Belgique ont permis aux chômeurs de plus de 50 ans de quitter la spirale infernale de la négation de soi et du repli identitaire occasionnée par leur situation de chômage. La création du statut de « chômeur âgé » en 1986 correspondait en effet à une forme de reconnaissance collective d’une quasi-impossibilité de regagner le marché du travail. Cependant, ces politiques volontaristes de départs anticipés ne semblent plus être d’actualité. L’Union européenne insiste sur un relèvement des taux d’emploi, notamment pour lutter contre le vieillissement de la population, relèvement nécessaire au maintien de la pérennité des systèmes de pension et des soins de santé. La politique belge fait également volte-face en la matière. Ainsi, depuis 1999, de nombreuses réformes ont été menées de manière à durcir les conditions d’accès aux départs anticipés du marché du travail. Ce changement de mode de régulation conduit alors à une rupture de l’équilibre existant entre les pouvoirs publics, les chômeurs âgés et les employeurs.


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