scholarly journals L’éthique allemande et l’esprit européen

Eurostudia ◽  
2011 ◽  
Vol 5 (2) ◽  
Author(s):  
Jean-François Jamet

La crise de l’euro du premier semestre 2010 a suscité un débat très vif en Europe sur le rôle stabilisateur ou déstabilisateur qu’y a joué l’Allemagne. D’un côté, les marchés financiers perçoivent l’Allemagne comme un pôle de stabilité en raison de ses performances économiques. A l’opposé, de nombreux observateurs ont dénoncé les tergiversations allemandes qui ont précédé la création du Fonds de stabilité financière et le plan d’assistance à la Grèce. La chancelière Angela Merkel a été accusée d’agir de façon irresponsable, c’est-à-dire de mettre en péril l’existence même de l’euro pour des motifs de politique interne (l’opposition de la presse et d’une partie importante de l’opinion publique au plan d’assistance à la Grèce dans un contexte électoral), avant de se résigner au dernier moment et à contrecoeur devant l’insistance de ses partenaires et le risque d’un krach boursier. Ce débat intervient dans un contexte de crise qui a révélé d’importantes divergences, économiques et politiques, au sein de la zone euro. Des divergences économiques d’abord mais aussi des divergences sur la politique à mener face à la crise. L’objet de cet article est de revenir sur la position allemande dans la crise grecque afin d’examiner ce qu’elle révèle du rapport de l’Allemagne à l’Union économique et monétaire (UEM). Il analyse les fondements de l’ « éthique » économique allemande et la façon dont elle s’est exprimée pendant la crise. Puis il examine le difficile positionnement de l’Allemagne, entre “normalisation” de sa politique économique européenne – qui reflète désormais les enjeux de politiques internes comme dans les autres États membres – et tentative de prendre le leadership de la réforme de la gouvernance économique européenne.

Author(s):  
Isabelle Cassiers

Les résistances au projet de contrat de solidarité entre générations révèlent un malaise. Ce malaise semble toucher des questions bien plus vastes que celle des prépensions : n’est-ce pas l’évolution globale des relations entre le citoyen, l’État et l’économie qui inquiète une large fraction de la population ? Cette évolution comporte en effet un basculement : on quitte une logique d’État providence, on consolide celle d’un État social actif. Quels sont les causes et les enjeux de telles transformations ? Une prise de recul est salutaire. L’État providence, institué après la deuxième guerre mondiale, reposait sur un accord de solidarité sociale, sur un compromis entre travail et capital. Ce compromis, qui portait sur la gestion de la croissance économique et sur le partage de ses fruits, actait la primauté du politique sur l’économique. La concertation sociale, la sécurité sociale, l’extension des biens collectifs et les politiques économiques de soutien de la demande ont contribué, pendant vingt-cinq ans, à nourrir et à stabiliser une croissance vigoureuse et à étendre les mécanismes de solidarité sociale. La crise économique des années 1970 a mis les États-providence sous pression. Les redressements des années 1980 ont été opérés dans un contexte politique et doctrinal en nette rupture par rapport aux compromis sociaux antérieurs et ont conduit à des mutations dans les règles du jeu économique. Depuis les années 1990, la globalisation financière semble devenir la composante dominante d’un nouveau mode de régulation et restreindre le champ d’intervention des pouvoirs publics. Si la notion d’État social actif – inspirée de la troisième voie de Tony Blair - sous-tend les réorientations récentes de la politique sociale belge et européenne, il y a lieu de se demander en quel endroit l’État est actif et quels sont les points où il a renoncé à l’être. En considérant la globalisation financière comme une donnée, en acceptant comme inéluctable ou souhaitable la passivité dans certains registres de la politique économique, en concevant l’activation de la politique sociale comme une mise en conformité des personnes vis-à-vis des exigences du marché, l’État social actif ne contribue-t-il pas à consacrer la primauté de l’économique sur le politique ?


1962 ◽  
Vol 17 (1) ◽  
pp. 153-158
Author(s):  
Robert Schnerb
Keyword(s):  
A Priori ◽  

Désirant — sans plus tarder — rendre compte des deux premiers tomes entre lesquels Paul Leuilliot a distribué la matière de ses thèses, nous disions qu'il est délicat de porter un jugement sur un fragment d'œuvre et qu'il faut en posséder la totalité pour être vraiment en mesure de se faire une opinion raisonnée. Rappelons que l'auteur a consacré à la Première Restauration et à la période des Cent jours en Alsace un volume à part qui représente sa petite thèse et constitue, dans son esprit, comme un vaste préambule « événementiel ». Démarche qui, fatalement, l'a conduit à extraire d'abord de son dossier sur la Seconde Restauration tout ce qui peut se rapporter à la vie politique, celle-ci étant considérée comme susceptible de lui fournir le cadre de sa thèse principale, étant entendu que ces « essais d'histoire politique, économique et religieuse » concernent un « début du XIXe siècle » qui, en fait, va, pour la France, de la chute de Napoléon à celle de Charles X. Et nous nous permettions de remarquer qu'ainsi délimité par la chronologie, le sujet ne laisse pas transpirer son originalité, puisque rien ne convie a priori, s'agissant de l'histoire proprement alsacienne, à faire choix de telles dates;


RECIIS ◽  
2021 ◽  
Vol 15 (2) ◽  
Author(s):  
Carlos Pernisa Júnior
Keyword(s):  
De Se ◽  

A atuação de líderes de diversos países pode ser determinante no enfrentamento de uma pandemia, como a de Covid-19. De acordo com suas posturas, entrevistas e discursos, há maneiras diferentes de se encarar a crise de saúde e suas consequências em cada local afetado. Com o intuito de demonstrar como isso vem ocorrendo de modo mais efetivo, este artigo pretende analisar posturas, entrevistas e discursos de presidentes e primeiros-ministros ou chanceleres. Para um recorte que permita verificar melhor como alguns chefes de governo influenciam suas nações, foram escolhidos como exemplos Jacinda Ardern, da Nova Zelândia; Jair Bolsonaro, do Brasil; Angela Merkel, da Alemanha; e Donald Trump, dos Estados Unidos. A análise vai abranger um período específico do início da pandemia, levando em conta os meses de janeiro até abril de 2020.


Author(s):  
Isabelle Cassiers

Les résistances au projet de contrat de solidarité entre générations révèlent un malaise. Ce malaise semble toucher des questions bien plus vastes que celle des prépensions : n’est-ce pas l’évolution globale des relations entre le citoyen, l’État et l’économie qui inquiète une large fraction de la population ? Cette évolution comporte en effet un basculement : on quitte une logique d’État providence, on consolide celle d’un État social actif. Quels sont les causes et les enjeux de telles transformations ? Une prise de recul est salutaire. L’État providence, institué après la deuxième guerre mondiale, reposait sur un accord de solidarité sociale, sur un compromis entre travail et capital. Ce compromis, qui portait sur la gestion de la croissance économique et sur le partage de ses fruits, actait la primauté du politique sur l’économique. La concertation sociale, la sécurité sociale, l’extension des biens collectifs et les politiques économiques de soutien de la demande ont contribué, pendant vingt-cinq ans, à nourrir et à stabiliser une croissance vigoureuse et à étendre les mécanismes de solidarité sociale. La crise économique des années 1970 a mis les États-providence sous pression. Les redressements des années 1980 ont été opérés dans un contexte politique et doctrinal en nette rupture par rapport aux compromis sociaux antérieurs et ont conduit à des mutations dans les règles du jeu économique. Depuis les années 1990, la globalisation financière semble devenir la composante dominante d’un nouveau mode de régulation et restreindre le champ d’intervention des pouvoirs publics. Si la notion d’État social actif – inspirée de la troisième voie de Tony Blair - sous-tend les réorientations récentes de la politique sociale belge et européenne, il y a lieu de se demander en quel endroit l’État est actif et quels sont les points où il a renoncé à l’être. En considérant la globalisation financière comme une donnée, en acceptant comme inéluctable ou souhaitable la passivité dans certains registres de la politique économique, en concevant l’activation de la politique sociale comme une mise en conformité des personnes vis-à-vis des exigences du marché, l’État social actif ne contribue-t-il pas à consacrer la primauté de l’économique sur le politique ?


2011 ◽  
Vol 7 (1 / 2) ◽  
Author(s):  
Simon Enoch

The release of Naomi Klein’s Shock Doctrine has popularized the notion that neoliberalism has relied on the rhetoric of crisis and emergency to persuade citizens to accept its economic dictates. How then does one “sell” the neoliberal vision when there can be no recourse to crisis rhetoric, particularly to a population steeped in a social democratic political culture? It is this question that this essay attempts to resolve by investigating the discourse of the “New Saskatchewan” that has been a favourite and recurrent meme of the Saskatchewan Party since the 2003 electoral campaign. This paper will argue that rather than relying on the rhetoric of crisis, the “New Saskatchewan” puts forward a discourse of prosperity that promises to unleash the full economic potential of the province through neoliberal economic policy. Moreover, the “New Saskatchewan” (NS) discourse has been specifically tailored to advance this neoliberal project in Saskatchewan by taking special care to address the local specificities unique to the politics of the province, while drawing upon historical narratives and themes that have been emblematic of Saskatchewan political history. La parution du livre The Shock Doctrine par Naomi Klein a popularisé l’idée que le néolibéralisme dépend d’une rhétorique de crise et d’urgence afin de persuader les citoyens d’accepter ses préceptes économiques. Comment peut-on vendre la vision néolibérale lorsqu’on ne peut pas recourir à une rhétorique de crise, en particulier vis-à-vis d’une population imprégnée d’une culture politique social-démocrate? Cet article s’adresse à cette question en examinant le discours de la Nouvelle Saskatchewan qui a été un mème favori et récurrent du parti Saskatchewanais depuis la campagne électorale de 2003. Cet article soutient que, plutôt que de se baser sur une rhétorique de crise, la Nouvelle Saskatchewan propose un discours de prospérité en promettant de déclencher le potentiel économique de la province par l’entremise d’une politique économique néo-libérale. Qui plus est, le discours de la Nouvelle Saskatchewan (NS) a été spécifiquement ajusté pour avancer le projet néo-libéral en Saskatchewan en abordant le caractère unique de la politique de la province, tout en puisant dans les récits historiques et thèmes qui ont été emblématiques de l’histoire politique de la Saskatchewan.


Author(s):  
Dorval Brunelle

Depuis les années 1970, la situation économique et sociale n’a cessé de se dégrader aux États-Unis. On invoque souvent à ce sujet l’endettement du pays, le déficit budgétaire de même que la balance commerciale défavorable. Crise de croissance et problèmes de modernisation industrielle semblent reliés. Or cette situation et les mesures de redressement qu’elle commande n’ont pas le même impact pour tous les groupes sociaux. Et à ce sujet le reaganisme est forcément en cause. Après avoir situé la politique de Reagan dans son contexte historique, l’auteur nous présente rapidement le contenu idéologique de sa politique économique de même que ses principales réalisations. Alors que les retraités de l’État et de l’armée ainsi que les personnes âgées obtenaient certains avantages, une couche importante de la population américaine perdait du terrain, les paiements de transfert aux pauvres ayant été réduits. Comment évaluer les choix politiques de Reagan ? L’impasse dans laquelle se trouvaient déjà les États-Unis lorsque le président Reagan a été élu n’a vraisemblablement pas été dénouée par le recours à une économie politique de l’offre. La marge de manoeuvre qui reste au futur président et à tout le pays semble maintenant à toutes fins pratiques inexistante.


1984 ◽  
Vol 6 (1) ◽  
pp. 207-217
Author(s):  
Jacques Le Cacheux
Keyword(s):  

Rares sont, dans les annales récentes des Etats-Unis, les présidents sortants qui, à  la veille de se représenter devant leurs électeurs, ont pu vanter les bienfaits de leur politique économique d’une manière plus convaincante que l’actuel président. La reprise économique de 1983 a déjà  effacé, par sa vigueur, les séquelles de la récession et, si la politique économique menée depuis plus de trois ans s’est engagée sur un sentier potentiellement explosif, les hypothèques qu’elle laisse peser sur la croissance future ne sont, pour l’heure, que virtuelles.


2021 ◽  
Vol N° 238 (4) ◽  
pp. 10-22
Author(s):  
Henrik Uterwedde

Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document