scholarly journals Continuités et mutations de la régulation paritaire en France

2016 ◽  
Vol 9 (1) ◽  
pp. 94-115
Author(s):  
Michèle Tallard ◽  
Catherine Vincent

Les institutions paritaires peuvent être analysées comme des formes spécifiques de relations entre les organisations patronales et syndicales dont l’objet est la gestion d’éléments de la relation salariale déléguée par l’État, ce dernier gardant un rôle plus ou moins important de contrôle. L’objectif de cet article est d’analyser les mutations dans les formes d’engagement des organisations patronales dans la gouvernance des institutions paritaires de la protection sociale et de la formation professionnelle. Ces mutations, qui trouvent leur origine dans les transformations du système productif (montée des activités de service au détriment des activités industrielles), dans celles du marché du travail (précarisation, individualisation…) ainsi que dans les reconfigurations de l’État-providence, ébranlent les institutions paritaires. L’analyse part d’une réinterprétation dans le contexte français des analyses de Streeck (1991), pour réévaluer, à l’aune des logiques d’influence et de cohésion, les formes de construction historique de la stratégie patronale de la régulation paritaire – au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour la protection sociale et au tournant des années 1970 pour la formation professionnelle continue. L’articulation de ces deux logiques éclaire également les transformations de la conception du paritarisme portée par le patronat. Toutefois, ce renouvellement stratégique est insuffisant pour protéger la régulation paritaire de l’intervention étatique qui cherche à en faire un appendice de l’action étatique.

2009 ◽  
Vol 10 (1) ◽  
pp. 49-65
Author(s):  
Diane Vanasse

RÉSUMÉ Avant de mettre en place un système permanent d’enquête sur l’évolution des carrières de ses diplômés, l’École des Hautes Études Commerciales juge utile de faire le point sur celles des diplômés du passé. L’analyse de données d’enquête montre qu’à leur entrée sur le marché du travail, les bacheliers et les licenciés, de 1941 à 1980, se dirigent essentiellement vers le secteur privé. En excluant les cabinets d’experts-comptables où 50%, en moyenne, des diplômés entrent à titre de stagiaires afin de compléter leur formation professionnelle, les secteurs d’activité économique qui embauchent le plus de finissants sont le secteur manufacturier, le secteur financier ainsi que le secteur commercial. Le genre de postes auxquels accèdent les diplômés des H.É.C. a changé au cours de la période étudiée : le diplômé est employé de plus en plus comme analyste en divers domaines de la gestion, comme conseiller en administration, alors qu’autrefois, il s’insérait plus souvent dans la hiérarchie de direction de l’entreprise.


Author(s):  
Mathieu Lefebvre ◽  
Sergio Perelman ◽  
Pierre Pestieau

Depuis quelques années, il est admis qu’il y a lieu de s’inquiéter pour l’avenir de l’État providence. Des menaces croissantes pèsent en effet sur son fonctionnement. Elles ont pour noms vieillissement, concurrence fiscale, changements familiaux et segmentation du marché du travail. Pour toutes ces raisons, les États providences européens ont besoin de réformes, réformes qui permettraient une meilleure adéquation entre leurs structures et la réalité socio-économique actuelle, très différente de celle qui prévalait après la seconde guerre mondiale, lorsque les grands programmes de protection sociale ont été créés. Avant de procéder à toute réforme, il est nécessaire de se rappeler quels sont les objectifs de la protection sociale. En effet, pour juger de sa performance, il importe de savoir comment ces objectifs ont été atteints. Ces objectifs sont essentiellement de deux ordres : assurer une bonne protection contre les grands risques de la vie (le chômage, la maladie, l’invalidité, l’absence de qualification) et réduire au mieux les inégalités sociales et la pauvreté. Dans ce numéro de Regards économiques, nous proposons une mesure et un classement de la performance de la protection sociale des 27 pays membres de l’UE ainsi que des régions belges. On retrouve les suspects habituels dans le peloton de tête, à savoir les Pays Nordiques et les Pays-Bas. Parmi les derniers entrants, la Tchéquie et la Slovénie se comportent également très bien. Malgré les différences de performances observées entre les pays, une analyse de l’évolution dans le temps montre que les pays à la traine tendent à rattraper leur retard par rapport aux Etat les plus performants, ce qui semble indiquer l’absence de dumping social. Quant à la Belgique, elle se retrouve au milieu du classement des 27 pays. Ce n’est guère glorieux surtout par rapport à la réputation que notre pays pouvait avoir il y a deux décennies. Ce qui est intéressant, c’est de distinguer les deux principales régions belges. La Flandre se retrouve tout en haut du classement alors que la Wallonie est classée parmi les derniers.


2000 ◽  
Vol 22 (2) ◽  
pp. 343-355
Author(s):  
Nicole Mosconi

Les femmes ont aujourd’hui plus de chances que les hommes de sortir du système scolaire avec une formation générale. Mais la segmentation du marché du travail entre emplois masculins valorisés et emplois féminins dévalorisés se répercute au niveau du système de formation initiale dans une forte ségrégation des garçons et des filles entre filières et cursus différents (littéraires et tertiaires pour les filles, scientifiques et techniques industriels pour les garçons). La poussée de la scolarisation féminine tend à introduire une division verticale dans le groupe des filles entre celles qui ont un niveau égal ou supérieur au baccalauréat et celles qui ont un niveau inférieur. La manière dont s’organisent les différences de formation professionnelle et d’insertion entre les sexes renvoie aux rapports sociaux de sexe qui sont structurés comme un système de division et de domination entre groupes de sexe.


2009 ◽  
Vol 34 (3) ◽  
pp. 689-709 ◽  
Author(s):  
Marcelle Hardy ◽  
Louise Ménard

Résumé Cet article traite des effets des stages pour les élèves de quatre programmes professionnels offerts en alternance travail-études en s’appuyant sur les témoignages des élèves, de leurs enseignants et de leurs tuteurs en entreprise. Les expériences de stage sont d’abord regroupées dans le modèle traditionnel ou le modèle expérientiel de la typologie de l’expérience de travail. Ensuite, les effets se différencient en six catégories : apprentissages à l’école et en entreprise, préparation au marché du travail, socialisation professionnelle, apprentissage technique, développement personnel et orientation professionnelle. La discussion et la conclusion permettent de dégager quelques conditions stimulant ou limitant l’apprentissage des élèves.


Author(s):  
Pierre Desmarez ◽  
Isaac W. Domb

Les programmes de création directe d’emplois par le secteur public sont nés de la crise, c’est-à-dire de la restructuration du capitalisme. Même si cette orientation n’est pas toujours explicite, ces mesures concernent tout particulièrement les jeunes. Le tout récent « Programme de promotion de l’emploi dans le secteur non marchand » représente une institutionnalisation du programme précédent, le « Cadre spécial temporaire ». Comme ce dernier, le nouveau programme est censé contribuer à la réalisation de « tâches d’intérêt collectif » et s’adresse à une population de chômeurs complets indemnisés. Cette institutionnalisation d’un circuit de travail parallèle pourrait être annonciatrice d’une « dualisation » rigide du secteur public mais aussi, à terme, de la société toute entière. Simultanément, les contraintes imposées à la rencontre entre offre et demande de travail et le type d’emploi proposés par le Programme de promotion de l’emploi font que, par sa politique, l’État lui-même participe au mouvement de remise en cause de la forme qu’a pris le rapport salarial dominant depuis la fin de la seconde guerre mondiale, en favorisant la flexibilité des facteurs et prix sur le marché du travail.


Author(s):  
Gautier Attanasi ◽  
Vincent Bodart ◽  
François Courtoy ◽  
Sébastien Fontenay ◽  
Nathan Lachapelle ◽  
...  

L’éclatement de l’épidémie de coronavirus en début d’année a mis brutalement à l’arrêt l’activité économique d’un grand nombre de pays. Le choc économique est particulièrement sévère pour la Belgique, dont l’activité économique devrait enregistrer en première partie de cette année son recul le plus important depuis la seconde guerre mondiale. A la faveur de la levée des mesures de confinement prises pour enrayer la propagation du virus, l’activité économique a commencé progressivement à reprendre dans de nombreux pays, en ce compris la Belgique et les autres pays européens. Les résultats des dernières enquêtes de conjoncture témoignent de cette reprise. Ainsi, après avoir très lourdement chuté en avril, la confiance des entreprises et des ménages belges a commencé à se redresser en mai, et elle a continué à se raffermir en juin.  La poursuite de la reprise économique en cours durant la seconde partie de l’année et en 2021 dépendra étroitement de l’évolution de la situation sanitaire. Il est ici fait l’hypothèse que, à l’avenir, la propagation du virus pourra être contrôlée sans que cela nécessite l’instauration d’une nouvelle période de confinement généralisé. Sous cette hypothèse, l’activité économique devrait rebondir fortement en seconde partie de cette année, avant de retrouver des rythmes trimestriels de croissance plus conventionnels en 2021. Malgré la reprise attendue, l’activité économique en Belgique se situerait fin 2021 en dessous du niveau auquel elle se serait située sans la crise. Bien que courte, la récession actuelle devrait laisser des cicatrices profondes, notamment en termes d’emploi et de chômage, qui limiteront les capacités de redémarrage de l’économie. Selon ce scénario, l’économie belge devrait se contracter de près de 10 % en 2020. Elle afficherait à nouveau une croissance positive en 2021, de 7,5 % en base annuelle. Malgré la mise en place de dispositifs de chômage temporaire, le choc économique provoqué par la crise épidémique devrait avoir un lourd impact sur la situation du marché du travail.   Résumé des prévisions pour la Belgique • L’économie belge devrait se contracter de 9,9 % en 2020. Elle retrouverait une croissance positive, de 7,5 %, en 2021.• L’emploi diminuerait, en termes nets, de 106.000 unités en 2020. En 2021, il augmenterait de 32.000 unités.• Le nombre de demandeurs d’emploi augmenterait de 132.800 unités en 2020. En 2021, il diminuerait de 4.700 unités.• L’inflation générale des prix à la consommation s’élèverait à 0,9 % en 2020 et 1,7 % en 2021.• Le déficit budgétaire des administrations publiques atteindrait 11,5 % du PIB en 2020 et 6,6 % en 2021.


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