scholarly journals Éthique et justice climatique : entre motivations morales et amorales

2017 ◽  
Vol 11 (2-3) ◽  
pp. 4-27
Author(s):  
Pierre André ◽  
Michel Bourban

Dans un contexte d’urgence, les philosophes ne peuvent plus se contenter d’élaborer des théories idéales de la justice climatique fondées sur des motivations purement morales. Il est désormais nécessaire d’envisager des approches non idéales. Nous proposons ici de prendre au sérieux le problème de la motivation à l’action et nous mettons en avant certains motifs prudentiels pour lutter contre le changement climatique, en vue non pas de remplacer, mais de renforcer les motivations morales existantes, mais insuffisantes. Nous commençons par présenter trois grandes approches idéales qui ont prévalu jusqu’ici dans la recherche sur la justice climatique et sont fondées respectivement sur l’éthique déontologique, sur l’éthique des vertus et sur l’utilitarisme. Nous mettons en évidence leurs limites pratiques, en ciblant le problème de la motivation à l’action. Nous proposons ensuite quelques pistes pour résoudre ce problème en esquissant une approche non idéale de la justice climatique. Cette approche est centrée sur les motivations amorales ressortant de l’examen attentif des perturbations systémiques globales et des contextes nationaux et locaux spécifiques. Elle est à notre sens incontournable pour motiver les États-nations, les entreprises et les individus. Il s’agit cependant moins de la substituer totalement aux théories idéales de la justice climatique que de compléter celles-ci pour établir une vision plus compréhensive qui distingue le problème de la justification morale de celui de la motivation.

Author(s):  
Louise Leroux ◽  
Johan Oszwald ◽  
Benjamin Ngounou Ngatcha ◽  
David Sebag ◽  
Marie-Josée Penven ◽  
...  

Depuis les trente dernières années, de nombreuses études scientifiques s'intéressent aux dynamiques hydrologiques relevées dans le bassin versant du lac Tchad. En effet, ce bassin versant a été, et est encore, une zone emblématique des impacts du changement climatique sur la ressource en eau en région sub-saharienne. la gestion de cette ressource est d'autant plus complexe que ce bassin versant se partage entre le Tchad, le Niger, le Nigéria et le Cameroun. Ce dernier, bien que important pour le fonctionnement hydrique du lac Tchad, est encore trop peu étudié par la communautéscientifique. Nous nous proposons donc de travailler sur le bassin versant du Mayo-Tsanaga, situé au Nord Cameroun et connecté au fleuve Logone, affluent du fleuve Chari et principal contributeur au bilan hydrique du lac Tchad. Quelqueschercheurs de l'ORSTOM (Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer) ont déjà travaillé sur ce bassin versant dans les années 1970, mais très peu de travaux ont été mis en place ces vingt-cinq dernières années sur celui-ci. de ce fait, il est primordial aujourd'hui, afin de pouvoir relancer une étude du bassin versant du Mayo-Tsanaga par instrumentation, de remettre à jour nos connaissances géomorphologiques, hydrographiques et d'occupation du sol. Pour ce faire, nous avons recours à des données récentes et plus précises (MNT Aster, images satellites landsat TM et etM+) afin de suivre les dynamiques Hommes / milieux ayant cours depuis les 25 dernières années. Ce travail montre une mutation et une organisation complexe des pratiques, en relation notamment avec la géomorphologie et la pédologie dubassin versant du Mayo-Tsanaga.


2018 ◽  
Vol 26 (4) ◽  
pp. 407-417 ◽  
Author(s):  
Sandrine Dhénain ◽  
Olivier Barreteau

L’adaptation au changement climatique est un nouvel enjeu pour la gestion des territoires. Au niveau local, elle apparaît souvent comme une injonction, alors même que, pour l’instant, elle est un concept flou. Elle est présentée comme l’application de bonnes pratiques, mais les questions « qui s’adapte à quoi ? » et « pourquoi ? » demeurent implicites. En explicitant ces éléments, nous proposons de montrer que l’adaptation est une question plurielle et politique. À partir de l’analyse des documents de planification et des plans d’action faisant référence aux changements globaux sur un territoire littoral, nous montrons l’existence de quatre logiques d’adaptation distinctes, plus ou moins transformatrices du système socioécologique, que l’on peut appréhender à partir de la typologie suivante : « contrôler et maintenir », « faire faire », « réguler » et « reconfigurer », qui portent en germe différentes reconfigurations socioéconomiques et politiques.


2021 ◽  
pp. 028
Author(s):  
Yoann Robin ◽  
Agathe Drouin ◽  
Jean-Michel Soubeyroux ◽  
Aurélien Ribes ◽  
Robert Vautard

Nous proposons dans cet article d'appliquer une méthode d'attribution au changement climatique, pour la canicule de juillet 2019 sur la France métropolitaine. Nous décrivons d'abord comment l'attribution est effectuée. Ensuite, nous montrons qu'aujourd'hui le risque d'occurrence de ce type de canicule a été multiplié par au moins 10 et qu'en 2040 il sera multiplié par au moins 20. De plus, nous analysons le changement de risque à la fin du siècle pour deux scénarios climatiques : dans le meilleur des cas, nous reviendrons à la situation actuelle en 2100 ; dans un cas défavorable, des canicules similaires à celle de 2019 produiront des températures d'au moins 43 °C sur la moitié de la France. We propose in this article to apply a method of attribution to climate change for the French Metropolitan heat wave of July 2019. We first describe how the attribution is performed. Then, we show that currently the risk of occurrence of this type of heat wave has been multiplied by at least 10, that in 2040 it will be multiplied by at least 20. In addition, we analyze the change in risk at the end of the century for two climate scenarios: in the best case we return to the current situation in 2100, in an unfavourable case heat waves similar to the one in 2019 will produce temperatures of at least 43 °C over half of France.


2020 ◽  
Vol 72 (5) ◽  
pp. 383-410
Author(s):  
François Lefèvre ◽  
Thomas Boivin ◽  
Aurore Bontemps ◽  
François Courbet ◽  
Hendrik Davi ◽  
...  

L’adaptation est un enjeu majeur de la gestion forestière dans le contexte du changement climatique La diversité génétique qui caractérise les arbres forestiers leur confère un potentiel adaptatif très important mais pas illimité Prendre en compte les mécanismes de l’évolution dans les pratiques de gestion forestière adaptative renforcera la capacité des forêts gérées à répondre aux changements et aux aléas induits par le climat. En mettant l’accent sur le cas des forêts en régénération naturelle, nous proposons un cadre conceptuel général permettant d’intégrer la connaissance de ces mécanismes dans la prise de décision, dans une démarche de sylviculture par et pour l’évolution Ce cadre général pourra être décliné dans des situations locales diverses et complexes en s’appuyant sur la connaissance du contexte qu’ont les gestionnaires forestiers Nous développons une grille d’analyse simple, basée sur un petit nombre de paramètres caractérisant les mécanismes de l’évolution, pour comprendre l’impact des pratiques sylvicoles sur la dynamique de la diversité génétique et le maintien du potentiel d’évolution des populations d’arbres forestiers Après avoir rappelé l’état des connaissances sur les mécanismes de l’évolution chez les arbres forestiers, nous examinons les effets attendus de pratiques forestières actuelles ou innovantes sur ces mécanismes Pour illustrer la complexité des mécanismes en interaction, nous développons plus en détail les conséquences évolutives des interactions biotiques et celles d’un environnement fortement hétérogène La sylviculture par et pour l’évolution peut contribuer à l’adaptation des forêts au changement climatique Elle nécessite de combiner des objectifs à court et à long terme Nous proposons des pistes de recherche et d’expérimentation pour accompagner cette démarche.


Author(s):  
Robin Mainieri ◽  
Christophe Corona ◽  
Nicolas Eckert ◽  
Jérôme Lopez-Saez ◽  
Franck Bourrier

Depuis deux décennies, de nombreuses publications scientifiques ont mis en évidence les impacts du changement climatique sur la fréquence des chutes de pierres dans les parois englacées de haute altitude. À plus basse altitude, les inventaires rares et incomplets existants n’ont pas permis d’identifier un impact significatif de l’augmentation des températures. Dans ce travail, nous avons utilisé une approche dendrogéomorphologique, basée sur l’étude des perturbations dans les cernes de croissance des arbres, pour reconstituer l’activité passée des chutes de pierres sur deux versants forestiers des Préalpes françaises calcaires (massifs du Vercors et du Diois). Les incertitudes liées à la diminution du nombre d’arbres dans le temps ont été précisément quantifiées grâce à un inventaire forestier exhaustif et à une cartographie à haute résolution du peuplement forestier. En accord avec la littérature, la comparaison des reconstitutions dendrogéomorphologiques avec les réanalyses météorologiques SAFRAN montre que les précipitations estivales et les évènements pluvieux intenses sont les principaux facteurs qui conditionnent l’activité de l’aléa sur les deux sites. En revanche, aucun impact significatif des températures ou des cycles de gel–dégel n’a pu être détecté. À l’échelle décennale (60 dernières années), nous expliquons l’augmentation apparente de l’activité des chutes de pierres depuis 1959 dans le Vercors par la recolonisation forestière rapide de la parcelle étudiée au cours des dernières décennies et par une sur-représentation des jeunes arbres, plus sensibles aux impacts. Dans le massif du Diois, l’absence de tendance dans la reconstitution dendrogéomorphologique au cours des dernières décennies suggère que le réchauffement climatique n’a pas eu d’impact sur la fréquence de l’aléa à basse altitude. Cependant, le nombre réduit de sites et la robustesse limitée des analyses statistiques développées suggèrent que ces résultats doivent être interprétés avec prudence et devront nécessairement être répliqués dans le futur afin de conclure définitivement quant à l’absence de réponse au réchauffement de l’aléa rocheux dans les zones de basse altitude des préalpes calcaires.


Futuribles ◽  
2008 ◽  
pp. 5-16
Author(s):  
Geoffrey Delcroix ◽  
Peter Schwartz

2015 ◽  
pp. 71-75 ◽  
Author(s):  
Mohammed Moujahid ◽  
Laila Stour ◽  
Ali Agoumi

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