La route, qu’elle soit du sel ou de la soie, la ligne, céleste de Mermoz ou océanique des Polynésiens, le chemin, qu’il mène à Compostelle ou à Machu Picchu, tous participent depuis très longtemps au développement d’un imaginaire collectif attaché au voyage et à l’ailleurs. Le regain d’intérêt pour les routes touristiques et les itinéraires culturels résulte de l’attention particulière que leur accordent les voyagistes de la planète tourisme, obsédés par le renouvellement permanent de leur offre de destinations. À travers l’exemple du somin Volcan (île de La Réunion), nous nous interrogeons sur les processus à l’origine des pratiques et des représentations spatiales conduisant une structure géographique élémentaire comme la ligne à devenir un itinéraire identitaire aux caractères touristiques affirmés. La morphologie et les dynamiques de cet objet spatial, ancré à la fois dans le passé et le présent, sont interpellées pour aider à comprendre la transformation des spatialités attachées à l’évolution des pratiques touristiques du somin Volcan. Positionnées entre mémoire et développement et guidant le déroulement de notre analyse, trois périodes ont été identifiées dans cette évolution. La première correspond à la fabrication de l’itinéraire ; elle explique sa pérennité et ses propriétés. La banalisation constitue le second temps, marqué par des postures sociales d’appropriation culturelle de la part des habitants de l’île. Sous la pression contemporaine des politiques de protection environnementale et de patrimonialisation, la dernière époque caractérise la reconfiguration de la nature mythologique du somin Volcan, offrant de nouvelles perspectives aux visiteurs de la Fournaise. Cet exemple, peut-il avoir une valeur heuristique pour appréhender l’essence et les métamorphoses du haut lieu touristique linéarisé ?