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H-INDEX

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Published By University Of Alberta Libraries

2291-7012

2021 ◽  
Vol 6 (3) ◽  
pp. 16-28
Author(s):  
Jennifer Boum Make

Dans  « Aux États-Unis d’Afrique » (2006), Abdourahman Waberi renverse le monde et instaure de nouveaux rapports de force. L’espace géographique alors renommé Etats-Unis d’Afrique, est une fabrique du pouvoir politique, social et culturel qui domine le Nord géographique des dépossédés. Dans le récit, la mise en place d’un patrimoine culturel africain suggère en premier lieu le dépouillement de ceux associés à d’anciennes puissances coloniales et dans en second lieu, une pratique conjointe de destitution et de restitution du nom. Le Nord de l’envers et les États-Unis d’Afrique de l’endroit sont non seulement les vecteurs de rapports de domination mais tracent plus précisément les contours d’un binarisme: le Sud géographique impose l’hégémonie africaine au reste du monde. Au coeur de cet espace mondial redessiné, Maya/Malaïka (prénom d’adoption), personnage central du récit, est en mouvement; quittant les États-Unis d’Afrique en quête de ses origines, elle se met en route vers le Nord, et prend le chemin du re(/dé)tour dans les dernières pages du récit. S’agirait-il là de la subversion du binarisme géographique, d’une distortion d’un modèle d’espace frontalier figé par le biais du motif de l’errance ? Ainsi, en quoi peut-on déceler dans l’oeuvre de Waberi plusieurs niveaux de déstabilisation de toute proposition binaire, qui atteignent leur culmination avec le motif de l’errance ? Dans quelles mesures, le voyage de Maya tend vers une remise en question des moules identitaires géographiques et culturels, et à quels effets ?


2021 ◽  
Vol 6 (3) ◽  
pp. 41-57
Author(s):  
Zvezdana Ostojic

Cet article s'intéresse à la spécificité de l’affrontement intertextuel qu’entretient « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud avec « L’Étranger » d’Albert Camus. En fournissant « l’autre côté » de l’histoire et en élucidant la partie de celle-ci que L’Étranger a laissée dans l’ombre, la contre- enquête de Daoud décompose et recompose l’œuvre de Camus. Ce faisant, Daoud déstabilise la position du lecteur qui ne parvient jamais à une solution cohérente sinon définitive du crime, contrairement à ce que propose d’ordinaire au lecteur le roman policier à énigme. De plus, depuis sa position doublement marginale (celle d’un auteur francophone algérien qui adopte les codes du roman policier afin de reprendre un chef-d’œuvre), Daoud dénude les aspects métatextuels de la création littéraire en général, et par extension éclaire les mécanismes à l’œuvre chez Camus. Il parvient ainsi à subvertir les hiérarchies et à désacraliser l’œuvre canonique. Nous allons montrer que, dans ce combat intertextuel, l’écriture et le crime ne font qu’un : le corps du texte est comparé au corps-cadavre, le meurtre incite à la création littéraire et les mots « écrivain » et « tueur » deviennent synonymes.


2021 ◽  
Vol 6 (3) ◽  
pp. i-iv
Author(s):  
Antoine Eche ◽  
Justine Huet

avant-propos


2021 ◽  
Vol 6 (3) ◽  
pp. 29-40
Author(s):  
Molleen Shilliday
Keyword(s):  

A travers un jeu de reflets intertextuels et d’inversions diégétiques dans « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » (2001), Eric-Emmanuel Schmitt rend hommage à Romain Gary et à « La Vie devant soi » (1975). Dans cet article, nous explorerons l’héritage littéraire qui lie ces deux romans et les divergences esthétiques qui les différencient et créent des mondes inversés. Chez Gary, le jeune orphelin Mohammed devient Moïse, chez Schmitt, Moïse devient Mohammed. Chez les deux écrivains, l’orphelin demeure au centre, refuse son parent biologique et adopte un parent qui partage ses valeurs humanistes. Alors que « La Vie devant soi »met en lumière la complexité de la mémoire, l’indicibilité du traumatisme et la richesse de la subtilité langagière, « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran» souligne la force libératrice de l’oubli, la possibilité de la guérison et la joie de la simplicité. Au fond, ces deux œuvres représentent un plaidoyer de l’amour et de l’empathie qui réunissent les êtres séparés par la race et la religion.


2021 ◽  
Vol 6 (3) ◽  
pp. 58-73
Author(s):  
Karel Plaiche
Keyword(s):  

Écrit en 2000 « L’ombre d’Imana » de Véronique Tadjo invite à penser la relation témoignage-littérature dans le cadre du génocide des Tutsi du Rwanda. Si l’œuvre illustre bien qu’écrire l’expérience génocidaire est possible, son écriture hétéroclite lui confère un statut difficilement classable qui démontre la complexité d’une telle entreprise, notamment au sein de l’espace littéraire qui relève de la fabulation. « L’ombre d’Imana » fait partie des premiers textes écrits par des écrivains qui n’ont pas vécu directement le drame et son éclatement reflète les tentatives de circonscrire un événement traumatique qui semble pousser l’imagination et le langage à (et hors de) leurs limites. Si le texte réaffirme donc la posture engagée de l’auteure, il illustre surtout « l’expérience du dire » (Ngandu 2011) qu’engendre le génocide qui suppose tout un travail de façonnage du discours. Comment l’auteure, en tant que témoin « tiers » (Coquio 2004), représente-t-elle ce temps de violence extrême ? Comment transmet-elle la mémoire des victimes et par quelles stratégies littéraires, esthétiques et discursives rend-elle son témoignage percutant dans l’optique d’une transmission crédible et convaincante ? En nous focalisant sur le jeu entre le factuel et le fictionnel, entre autres, cet article explore la transformation artistique de son témoignage visant un choix des meilleures façons de dire les faits.


2021 ◽  
Vol 6 (3) ◽  
pp. 1-15
Author(s):  
Charlène Clonts
Keyword(s):  

L’œuvre du poète francophone Gherasim Luca (1913-1994) comprend de nombreuses références au renversement, à la révolution (au sens de retournement) et à l’inversion dans son ensemble. Ces bouleversements touchent tous les aspects de son écriture, tant sur le plan symbolique et métaphysique, que sur le plan de la langue, de la poétique et de l’esthétique. L’étude de ces éléments dans trois textes issus de deux recueils majeurs du poète, Un Loup à travers une loupe (1945) et L’Extrême-occidentale (1961), permet d’en comprendre les enjeux cognitifs, déployant les richesses de la langue et la suggestion poétique d’une manière arborescente. De fait, les mondes inversés et hétérogènes de Gherasim Luca s’agrègent paradoxalement avec une certaine fluidité qui montre que le cheminement poétique, graphique et sonore, est aussi un entrelacs d’images qui permet au texte de se dérouler infiniment à la façon des rêves.


2020 ◽  
Vol 6 (2) ◽  
pp. i-iv
Author(s):  
Antoine Eche ◽  
Justine Huet

Actes de la journée d’étude « État des lieux : la recherche en en français dans l’Ouest canadien », Université Mount Royal, 12 avril 2019


2020 ◽  
Vol 6 (2) ◽  
pp. 105-122
Author(s):  
Justine Huet
Keyword(s):  

Troisième série de Marvel diffusée sur Netflix, "Luke Cage" nous offre un superhéros noir à la force surhumaine dont la peau est pare-balles. Ancrée dans un cadre socio-culturel bien distinct, la série évoque le vécu des Afro-américains dans une société  contemporaine clivée. Si la tâche du traducteur est de relâcher "the bonds of belonging" (Pym 145) du texte filmique on peut se demander ce qui arrive à la variété d'anglais parlée par les personnages de la série (l'anglais afro-américain) et aux références culturelles lorsque le produit entreprend son voyage vers la France. Nous verrons que la version française laisse traduit tout le malaise du studio de doublage face à un produit et une production culturels qu’elle ne semble pas complètement saisir.


2020 ◽  
Vol 6 (2) ◽  
pp. 29-36
Author(s):  
Tabitha Spagnolo

Cette contribution s’intéresse à quelques stratégies textuelles et théoriques employées au dix-septième siècle par Marie Le Jars de Gournay (1565-1645) et François Poullain de la Barre (1647-1725). Ces derniers  se sont impliqués dans la très longue « querelle des femmes ».  Gournay et Poullain étaient d’ardents défenseurs de l'égalité des sexes et s’appuyaient tous deux sur le même héritage polémique établi par Christine de Pisan (1364-~1430) et Henri Corneille Agrippa (1486-1535) entre autres. Or, chacun s’exprimait depuis une positionnalité propre à son sexe, son origine et ses préjugés socioculturels tout en exploitant différentes approches rhétoriques pour exprimer sa perspective avec plus ou moins de succès. Nous traiterons de l’importance des contributions et de l’influence de ces deux auteurs en fonction des antécédents sociaux, éducatifs, sexuels, etc. Ils participaient au même débat avec des attentes manifestement différentes du public / lectorat et de réception. Les auteurs, leurs textes et le contexte méritent d’être étudiés de nouveau.


2020 ◽  
Vol 6 (2) ◽  
pp. 44-54
Author(s):  
Steven Urquhart
Keyword(s):  
De Se ◽  

Cette contribution s'intéresse à la déconstruction de la quête du sens du personnage principal . L'histoire d'un homme qui quitte ce qui rappelle Fort McMurray lors d'une panne d'électricité transnationale pour aller retrouver son père malade, Le fil des kilomètres met en scène un voyage non-initiatique et une sorte de death drive dans un cadre qui devient de plus en plus dystopique au fur et à mesure que le protagoniste anonyme avance vers l'est d'un pays immense innommé. Hanté par un cauchemar qui rappelle le mythe grec du minotaure, le protagoniste se sent poursuivi en même temps qu'il poursuit une certaine plénitude fatale et irréalisable. Porteur d'un discours qui déconstruit de façon implicite l'idéal progressiste de l'Occident, ce roman d'anticipation joue sur la psychanalyse et laisse entendre qu'il est impossible de se débarrasser de la bête et de sortir du labyrinthe qu'incarne le monde. A la fois troublant et fort ironique, le roman constitue une sorte d'anti-road novel. Le fil conducteur du roman se défait et le roman finit par insister sur une certaine immobilité qui se rattache en fin de compte au retour éternel nietzschéen. 


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