La qualité de vie au travail dans les services de ressources humaines

2013 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 71-87
Author(s):  
Michèle Joulain ◽  
Nathalie Martin
Author(s):  
Laurent Taskin

Malgré la signature récente d’une convention collective de travail (CCT) précisant le cadre juridique de l’exercice du télétravail, ce numéro de Regards économiques soutient que la régulation du télétravail constitue avant tout un défi pour le management. C’est au sein des entreprises que celui-ci est appelé à être régulé, au-delà d’un cadre juridique plus ou moins contraignant. Depuis une trentaine d’années, le télétravail est parfois l’objet des fantasmes les plus fous : outre les projections dont son développement fait l’objet, il est parfois cité comme panacée à des maux aussi divers que la pollution des villes, la gestion des fins de carrière ou encore récemment la grippe aviaire ! Aujourd’hui, il s’impose dans les entreprises comme un mode d’organisation flexible du travail qui semble répondre aux préoccupations du moment en matière de mobilité ou de qualité de vie. Dans un contexte de transformation du travail (sous l’impulsion de la flexibilité, des technologies de l’information et de la communication (TIC), de l’individualisation et de l’accent mis sur les compétences individuelles) et dans un cadre juridique inadapté, le télétravail s’est surtout développé de manière informelle; certaines études estimant même que plus de 78 % des télétravailleurs Belges le sont sans avenant au contrat de travail, sans convention locale ou sans accord d’aucun type. C’est donc d’abord son manque de formalisation qui a appelé à une régulation nouvelle. Le cadre réglementaire constitue, certes, un premier niveau de régulation du télétravail. La loi de 1996 relative au travail à domicile, l’accord cadre européen signé en 2002 et transposé en Belgique par une CCT signée en novembre 2005 (et qui devrait entrer en application au plus tard le 1er juillet 2006) sont les principaux éléments de cette régulation nécessaire, mais non suffisante. Car, si le télétravail questionne le droit social, il remet surtout en question certaines pratiques de gestion, particulièrement en matière de gestion des ressources humaines. Le véritable enjeu du télétravail, que nous avons nommé «déspacialisation», se situe donc bien dans la gestion de cette distance non seulement physique du travailleur, mais aussi et surtout psychosociologique, liée à l’éloignement d’avec son environnement de travail au sens large (collègues, espaces communs, échanges informels et formels, etc.). Le télétravail questionne, en effet, la règle des trois unités (de lieu, de temps et d’action) qui caractérise traditionnellement l’exercice de toute activité professionnelle et managériale. De ce bouleversement majeur émergent certains enjeux socio-économiques et de gestion, tels que la conciliation entre vie privée et vie professionnelle - lorsque le travail pénètre l’espace et les temps privés -, l’exercice du contrôle managérial, la disponibilité, la productivité, le rôle de la fonction d’encadrement ou encore l’implication des travailleurs. C’est dans ce contexte et à ce niveau que se pose la question de la régulation de l’activité professionnelle, lorsqu’elle se trouve ainsi «déspacialisée». C’est sous la forme d’une régulation conjointe, au sens de J-D Reynaud (1989), que nous imaginons cette régulation de la distance au sein des organisations. C’est-à-dire une régulation qui ne soit pas seulement le fruit du management, mais qui puisse être concertée et investie d’un certain sens collectif, dans le cadre d’arrangements (de conventions) construits par les acteurs locaux, autour des motivations et des modalités de développement du télétravail, mais aussi des pratiques spécifiques de gestion à mettre en place, spécialement en matière de management humain : tactiques de socialisation particulières (réunions hebdomadaires, espaces de dialogue autour de l’expérience de télétravail), transition du rôle de manager-superviseur vers celui de manager-coach (suivi qualitatif du travail effectué en dehors des locaux de l’entreprise, gestion des temps de non-présence dans les bureaux, reconnaissance de la situation de télétravail auprès des collègues, etc.), aménagement du contrat social (confiance, loyauté, transparence au niveau des attentes, des critères d’accès au télétravail), etc. C’est à ce titre que le télétravail, parce qu’il appelle une gestion qui dépasse les frontières traditionnelles de la relation d’emploi, constitue un enjeu pour la fonction ressources humaines elle-même, en questionnant sa légitimité de garant du contrat social. Les enjeux de la régulation du télétravail se situent au sein même des organisations, en grande partie dans les mains du management.


Author(s):  
Lise Chrétien ◽  
Yarledis Coneo ◽  
Dominique Tanguay

Cet article documente les avantages et les limites d’une démarche d’autoformation à l’harmonisation travail-vie personnelle (HTVP) destinée aux personnes en emploi, aux employeurs et aux syndicats1. Les résultats suggèrent une diminution du conflit et une augmentation de l’enrichissement travail-vie personnelle chez les personnes en emploi, lorsque les employeurs et les représentants syndicaux ont été sensibilisés et outillés en matière d’HTVP. L’autoformation constitue un outil de gestion des ressources humaines pour améliorer la qualité de vie au travail, pour se démarquer et pour développer une culture organisationnelle favorable à l’HTVP. Les limites de l’autoformation sont le manque de temps et de ressources pour s’engager dans une démarche autogérée.


Author(s):  
Laurent Taskin

Malgré la signature récente d’une convention collective de travail (CCT) précisant le cadre juridique de l’exercice du télétravail, ce numéro de Regards économiques soutient que la régulation du télétravail constitue avant tout un défi pour le management. C’est au sein des entreprises que celui-ci est appelé à être régulé, au-delà d’un cadre juridique plus ou moins contraignant. Depuis une trentaine d’années, le télétravail est parfois l’objet des fantasmes les plus fous : outre les projections dont son développement fait l’objet, il est parfois cité comme panacée à des maux aussi divers que la pollution des villes, la gestion des fins de carrière ou encore récemment la grippe aviaire ! Aujourd’hui, il s’impose dans les entreprises comme un mode d’organisation flexible du travail qui semble répondre aux préoccupations du moment en matière de mobilité ou de qualité de vie. Dans un contexte de transformation du travail (sous l’impulsion de la flexibilité, des technologies de l’information et de la communication (TIC), de l’individualisation et de l’accent mis sur les compétences individuelles) et dans un cadre juridique inadapté, le télétravail s’est surtout développé de manière informelle; certaines études estimant même que plus de 78 % des télétravailleurs Belges le sont sans avenant au contrat de travail, sans convention locale ou sans accord d’aucun type. C’est donc d’abord son manque de formalisation qui a appelé à une régulation nouvelle. Le cadre réglementaire constitue, certes, un premier niveau de régulation du télétravail. La loi de 1996 relative au travail à domicile, l’accord cadre européen signé en 2002 et transposé en Belgique par une CCT signée en novembre 2005 (et qui devrait entrer en application au plus tard le 1er juillet 2006) sont les principaux éléments de cette régulation nécessaire, mais non suffisante. Car, si le télétravail questionne le droit social, il remet surtout en question certaines pratiques de gestion, particulièrement en matière de gestion des ressources humaines. Le véritable enjeu du télétravail, que nous avons nommé «déspacialisation», se situe donc bien dans la gestion de cette distance non seulement physique du travailleur, mais aussi et surtout psychosociologique, liée à l’éloignement d’avec son environnement de travail au sens large (collègues, espaces communs, échanges informels et formels, etc.). Le télétravail questionne, en effet, la règle des trois unités (de lieu, de temps et d’action) qui caractérise traditionnellement l’exercice de toute activité professionnelle et managériale. De ce bouleversement majeur émergent certains enjeux socio-économiques et de gestion, tels que la conciliation entre vie privée et vie professionnelle - lorsque le travail pénètre l’espace et les temps privés -, l’exercice du contrôle managérial, la disponibilité, la productivité, le rôle de la fonction d’encadrement ou encore l’implication des travailleurs. C’est dans ce contexte et à ce niveau que se pose la question de la régulation de l’activité professionnelle, lorsqu’elle se trouve ainsi «déspacialisée». C’est sous la forme d’une régulation conjointe, au sens de J-D Reynaud (1989), que nous imaginons cette régulation de la distance au sein des organisations. C’est-à-dire une régulation qui ne soit pas seulement le fruit du management, mais qui puisse être concertée et investie d’un certain sens collectif, dans le cadre d’arrangements (de conventions) construits par les acteurs locaux, autour des motivations et des modalités de développement du télétravail, mais aussi des pratiques spécifiques de gestion à mettre en place, spécialement en matière de management humain : tactiques de socialisation particulières (réunions hebdomadaires, espaces de dialogue autour de l’expérience de télétravail), transition du rôle de manager-superviseur vers celui de manager-coach (suivi qualitatif du travail effectué en dehors des locaux de l’entreprise, gestion des temps de non-présence dans les bureaux, reconnaissance de la situation de télétravail auprès des collègues, etc.), aménagement du contrat social (confiance, loyauté, transparence au niveau des attentes, des critères d’accès au télétravail), etc. C’est à ce titre que le télétravail, parce qu’il appelle une gestion qui dépasse les frontières traditionnelles de la relation d’emploi, constitue un enjeu pour la fonction ressources humaines elle-même, en questionnant sa légitimité de garant du contrat social. Les enjeux de la régulation du télétravail se situent au sein même des organisations, en grande partie dans les mains du management.


2004 ◽  
Vol 58 (4) ◽  
pp. 590-619 ◽  
Author(s):  
Gilles Guérin ◽  
Tania Saba

Dans le contexte actuel de pénuries de compétences, la fonction ressources humaines — après avoir encouragé les départs anticipés — se voit confrontée au défi de maintenir en emploi les employés vieillissants. Après avoir passé en revue les principales pratiques de gestion associées à la rétention des employés de 50 ans et plus, les auteurs mesurent leur effet sur l’extension de la vie professionnelle de 402 cadres des services sociaux et de santé de Montréal. Les résultats, une fois validés à partir de ceux de deux autres sources de données (tirés de la même enquête), permettent d’élaborer une stratégie de maintien en emploi axée sur les quatre dimensions suivantes : 1) élaboration d’un projet de fin de carrière, 2) aménagement du temps de travail, 3) amélioration de la qualité de vie au travail, 4) stimulants financiers.


2019 ◽  
Vol 13 (4) ◽  
pp. 369-374
Author(s):  
A. Yao ◽  
A. Hué ◽  
J. Danho ◽  
P. Koffi-Dago ◽  
M. Sanogo ◽  
...  

2019 ◽  
Vol 90 (3-4) ◽  
pp. 343-370
Author(s):  
Philippe Amat ◽  
Éric Tran Lu Y

Introduction : Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est une affection très répandue et insuffisamment diagnostiquée, ce qui en fait un problème majeur de santé publique et de sécurité. La rééducation myofonctionnelle orofaciale (RMO) a été montrée efficace dans le traitement multidisciplinaire des SAOS de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte et elle est prescrite à plusieurs étapes de ces prises en charge. Objectifs : L’objectif principal de cette revue systématique de la littérature était d’évaluer l’efficacité de la rééducation myofonctionnelle orofaciale (RMO), active ou passive, dans le traitement du syndrome d’apnées obstructives du sommeil chez les enfants, les adolescents et les adultes. Matériel et méthodes : La revue systématique de la littérature fut entreprise à partir des trois bases de données électroniques : Medline (via PubMed),Cochrane Library, Web of Science Core Collection, et complétée par une recherche limitée de la littérature grise (Google Scholar) afin d’identifier les études évaluant l’efficacité de la RMO sur le SAOS. Le critère de jugement principal était une diminution de l’indice d’apnées/hypopnées (IHA) d’au moins cinq épisodes par heure par rapport à l’état initial. Les critères de jugement secondaires étaient une amélioration de la qualité subjective du sommeil, de la qualité du sommeil mesurée par polysomnographie nocturne et de la qualité de vie mesurée subjectivement. Résultats : Seulement dix études répondaient à tous les critères d’inclusion. Huit étaient des essais cliniques contrôlés randomisés, une était une étude de cohorte prospective et une autre était une étude de cohorte rétrospective. Six études étaient consacrées au SAOS de l’adulte et quatre au SAOS pédiatrique. Toutes les études incluses ont été évaluées à « faible risque de biais » d’après les douze critères de risque de biais du Cochrane Back Review Group. D’après les données probantes disponibles, la RMO permet une réduction significative de l’IAH, jusqu’à 90,6 % chez l’enfant et jusqu’à 92,06 % chez l’adulte. Elle permet une diminution significative de l’intensité et de la fréquence du ronflement, participe à une réduction de la somnolence diurne, limite la réapparition des symptômes d’apnée obstructive du sommeil (AOS) après adénoamygdalectomie chez l’enfant et améliore l’adhésion au traitement par ventilation en pression positive continue (PPC). La RMO passive, avec l’assistance apportée au patient par le port d’une orthèse sur mesure à bille, augmente l’observance à la rééducation, permet une réduction significative de l’intensité du ronflement, de l’IAH et un accroissement significatif des voies aérifères supérieures. Conclusions : Les données publiées montrent que la rééducation myofonctionnelle orofaciale est efficace dans les traitements multidisciplinaires des SAOS de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte et devrait être largement prescrite à plusieurs étapes de ces prises en charge. La RMO passive, avec l’orthèse d’avancée mandibulaire à bille conçue par Michèle Hervy-Auboiron, aide à pallier les fréquents défauts d’observance observés lors des traitements par RMO active.


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