Sur Les Traces Du Quotidien Des Femmes Ordinaires à Travers Les Inventaires Posthumes: Vivre, Apparaître Et Défier

Hawwa ◽  
2003 ◽  
Vol 1 (3) ◽  
pp. 275-305
Author(s):  
Dalenda Larguèche

AbstractSi la mémoire des femmes, et en particulier celle des femmes ordinaires, est absente du récit historique classique, elle n'est pas pour autant inexistante dans les archives. Ses traces dans les tiroirs des archives ont pu traverser l'épreuve du temps et se prémunir contre l'oubli. Recueils de fatâwî, registres charaïques et inventaires posthumes constituent le grenier de l'histoire des femmes ordinaires dont le quotidien, bien qu'apparemment structuré par le banal et l'immobilité, se laisse de temps à autre, pénétrer par l'inattendu et l'extraordinaire. Une richesse d'informations sur les éléments constitutifs de la vie quotidienne, dans son espace comme dans sa temporalité, nous est offerte par ces sources. La voie est alors libre et nous pouvons pénétrer dans les demeures et entrer dans l'intimité de la vie privée des femmes. L'occasion nous est ainsi donnée d'observer, d'apprécier les éléments constitutifs du cadre de leur vie matérielle et de saisir les gestes de leur vécu quotidien. A travers cette immersion dans la mémoire de ces femmes c'est tout leur vécu et toutes ses facettes que nous nous proposons de reconstituer. Bien qu'introverti et tourné vers l'intimité de l'espace familial, le vécu ne peut cependant nous cacher l'ingéniosité des femmes à brouiller les rôles et à déplacer les conventions.

Semiotica ◽  
2017 ◽  
Vol 2017 (214) ◽  
pp. 129-137
Author(s):  
Nedret Öztokat
Keyword(s):  

RésuméA. J. Greimas a enseigné dans les universités d’Istanbul et d’Ankara entre 1958 et 1962. Sa présence en Turquie a permis la formation de jeunes chercheurs qui deviendront les pionniers de la sémiotique greimassienne en Turquie, à l’instar de Tahsin Yücel et Berke Vardar. Nous nous proposons, dans cet article, de prendre en considération la réception de l’enseignement de Greimas en Turquie afin de retracer le parcours de la sémiotique au sein de l’université turque. Dans la Revue Dilbilim (Linguistique) de la Faculté des Lettres de l’Université d’Istanbul trois entretiens avec Greimas ont été publiés. Le premier figure dans le premier numéro paru en 1976; le second, dans le numéro VI paru en 1980; et le troisième, en 1987 dans le numéro VII de la revue Dilbilim. Nous analyserons les grandes lignes de ces trois entretiens qui ont longtemps été considérés comme des textes d’orientation pour les jeunes sémioticiens turcs; nous essayerons ainsi de saisir le parcours scientifique de Greimas. A travers les propos échangés entre Greimas et Berke Vardar qui a recueilli ces entretiens, nous pouvons observer l’avancée de la sémiotique telle qu’elle était conçue en France tout en essayant de rendre compte du développement de la sémiotique greimassienne qui a trouvé un écho favorable dans le milieu universitaire turc.


2019 ◽  
Vol 22 (2) ◽  
pp. 41-51
Author(s):  
Jean-Luc Moriceau ◽  
Marie-Astrid Le Theule ◽  
Yannick Fronda
Keyword(s):  

Pour Hirschman (1983, 1986, 1995), en cas d’insatisfaction, nous n’avons pas que la sortie (exit) ou la loyauté (loyalty) comme capacité d’action, nous pouvons aussi prendre la parole (voice). Mais qu’est-ce qui rend une prise de parole performative ? Nous proposons d’étudier la prise de parole non comme une argumentation ou un signe mais comme une performance (Schechner, 1995, 2002). Une étude exploratoire qualitative, où une prise de parole a consisté simultanément en une grève de la faim et en la dramatisation de cette protestation dans une pièce de théâtre, montre un ensemble de dynamiques performatives. Cinq enseignements quant à la performativité de la prise de parole sont proposés, concernant l’existence de porte(s) de sortie, la théâtralité et la performance, le parasitage de la parole, le rôle des différents contextes et l’ouverture à la conciliation.


Author(s):  
Marcelina Bańkowska

Parmi plusieurs domaines de la vie quotidienne marqués par le tabou langagier nous pouvons distinguer celui de la lingerie féminine qui, se référant à des parties du corps humain dites honteuses, recourt à l’euphémisation pour échapper à l’expression de ce qui est gênant. Le présent article aura pour but d’analyser comment et par quels moyens linguistiques ce phénomène s’effectue dans les dénominations des pièces de lingerie. L’analyse sera effectuée dans quatre langues : le français, l’italien, l’anglais et le polonais. Nous allons également prendre en considération le phénomène des noms de marques dans le rayon vestimentaire mentionné afin de pouvoir observer comment le concept de l’interdiction linguistique est réalisé à travers ce type d’appellations. Cette étude sera portée sur différents contextes formels, stylistiques mais aussi pragmatiques.


2018 ◽  
Vol 73 (2) ◽  
pp. 295-318 ◽  
Author(s):  
Bénédicte Berthe ◽  
Camille Chédotal
Keyword(s):  

La culpabilité est une émotion couramment éprouvée dans la vie quotidienne. L’objectif de cette recherche était de l’étudier dans le cadre du travail. Une recherche exploratoire a donc été menée afin, d’une part, d’identifier les situations générant de la culpabilité au travail ainsi que les effets de cette émotion et, d’autre part, de déterminer si la culpabilisation est une stratégie de management permettant d’obtenir davantage de travail de la part des salariés. Les personnes interviewées sont des salariés aux profils variés selon l’âge, le sexe, le poste occupé, le secteur d’activité, la taille de l’entreprise et le statut. Vingt-huit entretiens semi-directifs ont ainsi été menés. Les résultats identifient les caractéristiques de la culpabilité éprouvée au travail en révélant que cette dernière est familière, d’intensité et de fréquence variables, et évolutive. L’analyse des entretiens révèle aussi huit situations génératrices de culpabilité qui sont liées aux phénomènes suivants : une absence ou un retard, la perception d’un travail globalement mal fait, des demandes ou des promesses non suivies, des comportements ou attitudes non corrects, des caractéristiques personnelles (par exemple, un manque de compétence), un client ou un collègue qui souffrent et ne peuvent être aidés, un manque de temps ainsi que l’impact du travail sur la vie privée. Cette recherche montre que la culpabilité ressentie génère une gêne chez les personnes. Mais elle a, surtout, des effets positifs sur le travail réalisé par les salariés. La culpabilité a généralement un effet bénéfique sur les efforts au travail, sauf quand cette émotion est trop intense. La culpabilisation est un autre axe important de cette étude. Si elle est bien constatée par les répondants, il en ressort qu’elle est jugée inefficace lorsqu’elle émane des supérieurs. Elle est alors rejetée et mal vécue. Cet article ouvre des perspectives de recherche afin, d’une part, d’approfondir la place et le rôle de cette émotion et, d’autre part, de développer des implications managériales en termes de bien-être au travail et de performance au travail.


2008 ◽  
Vol 32 (2) ◽  
pp. 209-224 ◽  
Author(s):  
Juliette Sablier ◽  
Emmanuel Stip ◽  
Nicolas Franck ◽  
Sylvain Giroux ◽  
Hélène Pigot ◽  
...  

Résumé La schizophrénie est associée à des troubles du fonctionnement mnésique et exécutif qui altèrent la capacité des patients à organiser leurs Activités de la Vie Quotidienne (AVQ). Afin d’améliorer leur autonomie et d’alléger la charge de leurs aidants, nous proposons de programmer des organiseurs en fonction des besoins spécifiques de chaque patient. Ces agendas électroniques permettent de rappeler au patient ses AVQ, et d’augmenter la communication avec l’aidant. Cette étude de convivialité vérifie que l’organiseur pressenti est fonctionnel. Malgré les problèmes techniques rencontrés, tous les participants ont été séduits par l’utilisation des organiseurs. Les aidants ont été convaincus que ces outils amélioreraient la qualité de vie des patients et constitueraient un complément de travail précieux. Les agendas seront améliorés d’après les commentaires des participants et testés dans une étude ultérieure.


2012 ◽  
Vol 48 (2) ◽  
pp. 17-28
Author(s):  
Antoine Boisclair

Il n’est plus à prouver que la génération de La Relève fut la première, au Canada français, à interroger l’identité du sujet en dehors de paramètres strictement religieux ou nationalistes. Afin de montrer comment la poésie et les textes en prose de Saint-Denys Garneau font écho à ce questionnement, la plupart des lecteurs ont souligné à juste titre l’influence exercée chez lui par le personnalisme et l’existentialisme chrétiens. Sans chercher à réfuter cette lecture, nous pouvons élargir à d’autres horizons le contexte artistique et intellectuel dans lequel Garneau élabore ses théories du sujet. À partir d’une lecture de poème (« Tous et chacun »), nous proposons ici d’établir des parallèles entre le sujet garnélien, qui tend à s’effacer au profit d’une « voix » incertaine, et les conceptions de l’instance créatrice que l’on retrouve chez des auteurs plus ou moins contemporains de Garneau. Nous constatons notamment qu’une des fonctions principales que Garneau assigne au sujet poétique (« établir un ordre intelligible entre les choses » de manière à révéler des « harmonies ») s’inscrit dans une tradition moderne à laquelle se rattachent notamment Claudel et Reverdy. Dans une perspective plus large, nous pouvons croire que Garneau, à l’instar de Valéry, a tenté d’ouvrir le sujet à l’extériorité sensible sans pour autant abolir le Je. Il appartient à la « fin de l’intériorité », selon la formule employée par Laurent Jenny, mais aussi à toute une série d’écrivains ayant privilégié la « conscience » — celle de soi et celle des autres — au détriment de l’« imagination » telle qu’elle fut conçue par les surréalistes. Le sujet garnélien, cette « voix équivoque » qui se mêle au paysage, trouve ainsi son équilibre « entre deux mondes », entre intériorité et extériorité, mais aussi entre la conscience et l’effacement.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 593-593
Author(s):  
J. Sauvêtre ◽  
A.-G. Samson ◽  
V. Taly ◽  
A. Viard ◽  
T. Demeillers

Cela fait à peine deux ans…et c’était alors un pari ambitieux : aménager un nouveau dispositif d’accueil thérapeutique pour les jeunes enfants avec troubles autistiques en associant leurs parents. Le « jeudi-jeu » est ainsi né d’une réflexion d’équipe pluridisciplinaire, avec en arrière-plan la référence aux travaux sur la transitionnalité de D. Winnicott. Les objectifs sont multiples : ouvrir l’espace de soin aux parents pour leur permettre de mieux appréhender la prise en charge thérapeutique proposée, tisser une alliance thérapeutique, rompre l’isolement familial, accompagner les parents dans l’observation partagée des conduites d’exploration de leur enfant, offrir un espace d’échanges entre parents, un espace de narration où les questionnements, les craintes et les espoirs peuvent se partager, contenir leurs projections et leur retourner « métabolisés » (Bion), proposer un temps « sas » pour faciliter les moments de séparation… Le groupe du « jeudi-jeu » se déroule sur la matinée du jeudi à l’hôpital de jour de Haute-Roche (Nantes) de 9 à 13 h. L’équipe se compose d’une part, d’un binôme, psychologue et assistante sociale, plus dédié à l’espace de parole des parents, et d’autre part, de cinq soignants (infirmières, éducateurs, psychomotricienne) qui accueillent les enfants et les parents, puis proposent des ateliers à médiation aux enfants au cours de la matinée. La matinée est structurée en 4 temps, le temps d’accueil parent-enfant (1 h), le temps d’atelier, un temps d’activité extérieure et de vie quotidienne, enfin un temps de repas. Le « jeudi-jeu » peut accueillir jusqu’à six dyades-triades, l’indication étant faite par le médecin référent. Nous proposons de faire le bilan de cette première tranche de vie de ce groupe.


2005 ◽  
Vol 28 (3) ◽  
pp. 127-146 ◽  
Author(s):  
Charlie Galibert
Keyword(s):  
De Re ◽  

RésuméLa contribution à une anthropologie historique que nous proposons s’appuie sur l’utilisation de diverses sources écrites et orales et un recueil de nouvelles littéraires produites par un habitant du village de Corse du Sud objet de notre étude. Nous retraçons ainsi le processus de (re)production de la vie quotidienne en donnant accès de façon privilégiée aux représentations et aux modes de connaissance d’un acteur se faisant l’observateur de sa propre société. Ainsi s’amorce une anthropologie de la quotidienneté et de l’homme ordinaire qui permet entre autres de revisiter les rapports entre l’anthropologie et la fiction.


2016 ◽  
pp. 105-134
Author(s):  
Jocelyne Mathieu
Keyword(s):  

Ce texte porte sur la pratique d’une couturière qui a tenu son journal de la période de la Première Guerre mondiale jusqu’à la fin des années 1940. Ce document couvre trente-cinq années relatées presque sans interruptions, pondérées par le cycle saisonnier d’activités quotidiennes et périodiques, de rencontres familiales, d’événements de la vie privée et d’expressions de la sociabilité dans un large réseau. Tout en apprenant beaucoup sur la vie quotidienne et l’activité de couturière à cette époque, ce journal personnel permet d’aborder la confection domestique du point de vue de la pratique féminine privée et semi- professionnelle et de poursuivre nos études sur la mode en région. La production évoquée s’inscrit dans un contexte de modifications nombreuses des pièces de costume existantes, réparation, transformation, enrichissement, remodelage. On a recours à la couturière pour tous types de vêtements et l’on fait appel à elle pour les occasions spéciales telles que les noces et les funérailles. Malgré les pratiques d’une économie de récupération, le journal de cette couturière révèle une cohabitation des lieux d’approvisionnements et par eux la multiplication des possibilités et la diversité des sources d’influences.


2013 ◽  
Vol 26 (1) ◽  
pp. 89-110
Author(s):  
Marie-Josée Legault ◽  
Stéphanie Chasserio
Keyword(s):  
De Se ◽  

Les femmes sont sous-représentées dans la conception de logiciels sur mesure, malgré les interventions politiques visant l'équité dans ce secteur, tant en Amérique du Nord qu'au sein de l'Union européenne. Les choix de formation des filles sont bien sûr en cause, mais n'expliquent pas tout; ces femmes abandonnent ces emplois bien rémunérés en plus grande proportion que les hommes, pendant que ces secteurs souffrent d'une pénurie de main-d'oeuvre. L'étude de la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle permet de mieux rendre compte de ce phénomène. La gestion de projets entraîne un effet d'exclusion des femmes, qu'on explique par l'exigence de flexibilité, soit de se prêter à des heures supplémentaires illimitées et imprévisibles, souvent sans rémunération en sus. Dans cet article, nous proposons que le modèle même de professionnalisation emprunté par les gestionnaires de projet induit un ethos qui promeut le respect des impératifs en matière d'heures de travail et soutient l'effet d'exclusion plus qu'il ne le module.


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