scholarly journals S’habiller au goût du jour

2016 ◽  
pp. 105-134
Author(s):  
Jocelyne Mathieu
Keyword(s):  

Ce texte porte sur la pratique d’une couturière qui a tenu son journal de la période de la Première Guerre mondiale jusqu’à la fin des années 1940. Ce document couvre trente-cinq années relatées presque sans interruptions, pondérées par le cycle saisonnier d’activités quotidiennes et périodiques, de rencontres familiales, d’événements de la vie privée et d’expressions de la sociabilité dans un large réseau. Tout en apprenant beaucoup sur la vie quotidienne et l’activité de couturière à cette époque, ce journal personnel permet d’aborder la confection domestique du point de vue de la pratique féminine privée et semi- professionnelle et de poursuivre nos études sur la mode en région. La production évoquée s’inscrit dans un contexte de modifications nombreuses des pièces de costume existantes, réparation, transformation, enrichissement, remodelage. On a recours à la couturière pour tous types de vêtements et l’on fait appel à elle pour les occasions spéciales telles que les noces et les funérailles. Malgré les pratiques d’une économie de récupération, le journal de cette couturière révèle une cohabitation des lieux d’approvisionnements et par eux la multiplication des possibilités et la diversité des sources d’influences.

2018 ◽  
Vol 73 (2) ◽  
pp. 295-318 ◽  
Author(s):  
Bénédicte Berthe ◽  
Camille Chédotal
Keyword(s):  

La culpabilité est une émotion couramment éprouvée dans la vie quotidienne. L’objectif de cette recherche était de l’étudier dans le cadre du travail. Une recherche exploratoire a donc été menée afin, d’une part, d’identifier les situations générant de la culpabilité au travail ainsi que les effets de cette émotion et, d’autre part, de déterminer si la culpabilisation est une stratégie de management permettant d’obtenir davantage de travail de la part des salariés. Les personnes interviewées sont des salariés aux profils variés selon l’âge, le sexe, le poste occupé, le secteur d’activité, la taille de l’entreprise et le statut. Vingt-huit entretiens semi-directifs ont ainsi été menés. Les résultats identifient les caractéristiques de la culpabilité éprouvée au travail en révélant que cette dernière est familière, d’intensité et de fréquence variables, et évolutive. L’analyse des entretiens révèle aussi huit situations génératrices de culpabilité qui sont liées aux phénomènes suivants : une absence ou un retard, la perception d’un travail globalement mal fait, des demandes ou des promesses non suivies, des comportements ou attitudes non corrects, des caractéristiques personnelles (par exemple, un manque de compétence), un client ou un collègue qui souffrent et ne peuvent être aidés, un manque de temps ainsi que l’impact du travail sur la vie privée. Cette recherche montre que la culpabilité ressentie génère une gêne chez les personnes. Mais elle a, surtout, des effets positifs sur le travail réalisé par les salariés. La culpabilité a généralement un effet bénéfique sur les efforts au travail, sauf quand cette émotion est trop intense. La culpabilisation est un autre axe important de cette étude. Si elle est bien constatée par les répondants, il en ressort qu’elle est jugée inefficace lorsqu’elle émane des supérieurs. Elle est alors rejetée et mal vécue. Cet article ouvre des perspectives de recherche afin, d’une part, d’approfondir la place et le rôle de cette émotion et, d’autre part, de développer des implications managériales en termes de bien-être au travail et de performance au travail.


Hawwa ◽  
2003 ◽  
Vol 1 (3) ◽  
pp. 275-305
Author(s):  
Dalenda Larguèche

AbstractSi la mémoire des femmes, et en particulier celle des femmes ordinaires, est absente du récit historique classique, elle n'est pas pour autant inexistante dans les archives. Ses traces dans les tiroirs des archives ont pu traverser l'épreuve du temps et se prémunir contre l'oubli. Recueils de fatâwî, registres charaïques et inventaires posthumes constituent le grenier de l'histoire des femmes ordinaires dont le quotidien, bien qu'apparemment structuré par le banal et l'immobilité, se laisse de temps à autre, pénétrer par l'inattendu et l'extraordinaire. Une richesse d'informations sur les éléments constitutifs de la vie quotidienne, dans son espace comme dans sa temporalité, nous est offerte par ces sources. La voie est alors libre et nous pouvons pénétrer dans les demeures et entrer dans l'intimité de la vie privée des femmes. L'occasion nous est ainsi donnée d'observer, d'apprécier les éléments constitutifs du cadre de leur vie matérielle et de saisir les gestes de leur vécu quotidien. A travers cette immersion dans la mémoire de ces femmes c'est tout leur vécu et toutes ses facettes que nous nous proposons de reconstituer. Bien qu'introverti et tourné vers l'intimité de l'espace familial, le vécu ne peut cependant nous cacher l'ingéniosité des femmes à brouiller les rôles et à déplacer les conventions.


Author(s):  
Pamela Miceli

Nous abordons les rapports complexes entre, d’une part, la relation filiale et conjugale et, d’autre part, la prise en charge familiale de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé. Nous montrerons que dans certaines situations, la maladie bouleverse autant l’expérience relationnelle que la relation familiale oriente et encadre les modalités d’exercice des activités d’aide et les décisions de la vie quotidienne. Afin de mettre en évidence cette double dynamique, nous retenons trois dilemmes auxquels sont régulièrement confrontés les proches des malades, et qui interpellent tout particulièrement l’expérience de la relation familiale en contexte de maladie et de fin de vie. Il s’agit de l’exercice de la toilette et des soins personnels, du recours aux structures d’hébergement et, enfin, de l’intervention dans la vie privée du malade. Ces analyses, fondées sur l’analyse qualitative d’une vingtaine de monographies réalisées dans le cadre d’une thèse de doctorat (Miceli, 2013), contribuent à éclairer le « travail relationnel » dans lequel s’engagent de très nombreux proches, conjoints et enfants, de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou apparentée.


2019 ◽  
Vol 55 (1) ◽  
pp. 17-31
Author(s):  
Clive Thomson

Georges Hérelle (1848-1935) est bien connu, de son vivant, pour ses excellentes traductions en français de l’oeuvre de l’écrivain italien Gabriele D’Annunzio et pour ses travaux d’érudition sur le théâtre populaire basque. Dans notre étude récente, Georges Hérelle : archéologue de l’inversion sexuelle « fin de siècle » (Paris, Éditions du Félin, 2014), nous avons insisté sur l’important rôle qu’il a joué comme historien et surtout archiviste de l’homosexualité, en examinant son journal intime, ses notes de voyage, ses albums de photographies et ses manuscrits inédits. Se caractérisant comme « timide et un peu sauvage », Hérelle avoue, dans son journal intime, « sa crainte d’être indiscret ». Il décide, très jeune, de mener une double vie. Dans le contexte de sa longue carrière de professeur de philosophie, il conserve l’image publique d’un homme convenable et modeste. C’est une question de survie, dit-il, parce qu’il est entouré d’une société extrêmement hostile et intolérante. Par ailleurs, il fréquente discrètement dans sa vie privée un tout petit groupe d’amis homosexuels. Dans l’article présent, nous abordons un nouvel objet d’étude, à savoir les lettres des années 1860 et 1870 qu’Hérelle a adressées à Paul Bourget et à d’autres amis intimes. Hérelle et ses amis se racontent les menus détails de leur vie quotidienne, mais aussi leurs aventures amoureuses, pensées intimes et ambitions littéraires. Ces jeunes gens sont à la recherche d’un langage qui leur permettrait de décrire avec précision la nature de leurs sentiments amoureux. Notre analyse révèle une image singulièrement riche de la vie homosexuelle à un moment historique précis – les premières années de la Troisième République – pour lequel il existe très peu de témoignages autobiographiques d’homosexuels.


2008 ◽  
Vol 192 (8) ◽  
pp. 1641-1656
Author(s):  
Jean-Paul Dommergues ◽  
Alexia Letierce ◽  
Olivier Bernard ◽  
Dominique Debray

2020 ◽  
pp. 84-90
Author(s):  
Jérôme Germain

Prise en tenaille entre une économie de plus en plus prégnante dans la vie quotidienne et une administration de plus en plus paternaliste et intrusive, la participation politique décline immanquablement. Afin de renouer avec le projet émancipateur des Lumières, une nouvelle conception de la citoyenneté, y compris financière, doit être formulée à partir de la découverte de la raison communicationnelle. Il en résulte une approche procédurale et délibérative de la démocratie reposant sur un espace public régénéré et une participation citoyenne dynamisée. À l‘heure de la mondialisation, une citoyenneté financière au plan européen est par ailleurs indispensable à la maîtrise démocratique de nos destins collectifs et de nos libertés individuelles.


1984 ◽  
Vol 39 (4) ◽  
pp. 820-830
Author(s):  
Monique Aubain
Keyword(s):  

« … denrée, c'est en ancien français la dénerée, c'est-à-dire “ ce qu'on peut obtenir pour un denier ”. »É. Benveniste, Le Vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, Éditions de Minuit, 1969, p. 169.Avant l'unification obligatoire des poids et mesures, pensée concrète et pensée abstraite, depuis toujours tenues de faire bon ménage, avouaient plus ou moins naïvement leur alliance d'un bout à l'autre de la chaîne économique de la vie quotidienne, l'une portant l'autre sans trop faillir grâce aux multiples bricolages et ajustements imposés par les longs services. Le complexe appareil tient dans toutes ses parties, si anciennes pour certaines qu'on ne saurait leur donner d'âge, ni à première vue de raison d'être, si ce n'est qu'en les ôtant tout s'écroule. Leur « raison » pourtant est ce qui nous intéresse, comme aussi le spectacle de l'appareil en jeu.


1982 ◽  
Vol 37 (2) ◽  
pp. 246-254 ◽  
Author(s):  
Janusz Tazbir

M'étant interrogé, il y a quelques années, sur l'accueil réservé aux œuvres de Thomas More et sur leur diffusion en Pologne, j'ai tenté de définir les raisons pour lesquelles les utopies classiques n'avaient pas trouvé de résonance parmi les citoyens de la République nobiliaire. Elles sont multiples. Ainsi, presque toutes les représentations de la société idéale, depuis la Politique de Platon, les visions de More ou de Campanella, jusqu'aux utopies du siècle des Lumières, préconisent une ingérence très poussée dans la vie privée des citoyens, un contrôle continu exercé sur eux par des censeurs spécialement institués à cette fin, la soumission à des normes très rigoureuses de discipline sociale — en un mot, un fonctionnement de l'État qui est en contradiction flagrante avec les institutions de la Pologne des xvie-xviie siècles. Comme le remarque à juste titre Claude Backvis, l'utopie naît dans des conditions où elle ne peut en aucune mesure être réalisée. Elle réclame tout parce qu'elle n'est en mesure de rien obtenir ; son maximalisme vient de ce qu'on pense impossible de modifier, de quelque façon que ce soit, les rapports sociaux et politiques existants. C'est la raison pour laquelle la noblesse polonaise qui, à l'époque de la Renaissance, avait largement les moyens de transformer l'État, ne recherchait pas de compensation dans la création imaginaire d'un monde idéal, utopique. Plus tard, le conservatisme de l'État polonais, son hostilité déclarée à tout changement, s'opposèrent efficacement tant à la création de variantes polonaises qu'à la réception des versions étrangères de l'utopie.


1979 ◽  
Vol 34 (4) ◽  
pp. 744-759 ◽  
Author(s):  
Élisabeth Claverie

Le procès, pour le juge, c'est l'application d'un système de normes auto-validé par sa réputation d'universalité, et pour le juge du xixe siècle, envoyé, depuis Nîmes, siéger à la cour de Mende en Lozère, c'est la découverte stupéfaite d'une population ne parlant guère le français, violente, misérable et frustre, c'est la civilisation en mission ayant à juger la sauvagerie et l'ignorance ; pour l'inculpé, c'est quelquefois le moment de dire sa plainte, sa souffrance, sa haine, encore que 1' « individu », la « personne », cela ne veuille pas dire grand-chose dans la société des ostals du Haut-Gévaudan, et le plus souvent, pour lui — qui a agi dans son délit et qui parle au long de la procédure judiciaire comme membre de l'ostal, portant en lui toute la loi des ostals —, c'est le moment, nous le verrons, d'une stratégie ou il va perdre ou gagner ; pour la société des ostals elle-même, c'est le moyen intégré dans son système de vengeance d'exercer son jeu interne de représailles ; pour l'ethnologue ou l'historien enfin, la procédure judiciaire, et plus particulièrement les enquêtes de gendarmerie et d'instruction (depuis la justice de paix jusqu'aux Assises), c'est l'occasion de voir s'affronter, se mêler ces différents processus, de pénétrer, au fil des témoignages, dans la vie quotidienne d'une société du passé, de restituer sa présence, sa force, ses jours et ses nuits, reprenant l'enquête du gendarme qui demande : « Racontez votre journée... » ; et puis c'est aussi la découverte, par l'amoncellement des récits, des enjeux sociaux, des distributions et des effets de pouvoir, de la logique des plaintes, à lire en filigrane.


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document