scholarly journals Numéro 119 - octobre 2015

Author(s):  
Frédéric Docquier ◽  
Joël Machado

Ces dernières semaines, des milliers de migrants syriens et irakiens ont rejoint l'Europe pour tenter d'y obtenir le statut de réfugié politique. Selon toute vraisemblance, la Belgique pourrait en accueillir entre 25.000 et 30.000 en 2015. Bien que notre politique d'asile n'ait pas pour vocation de renforcer notre compétitivité ou d'améliorer le bien-être des natifs, les discussions autour de cette crise de l'asile sont de nature utilitariste : elles portent sur notre capacité d'absorption et sur les implications économiques pour l'économie belge et ses citoyens. Avec toute la prudence qui s'impose, ce numéro de Regards économiques discute les enjeux de cette crise pour l'économie belge. Premièrement, les demandeurs d’asile sont parfois considérés comme des migrants visant principalement à bénéficier de notre protection sociale. Les faits indiquent qu'il est simpliste et erroné d'assimiler l'exode massif des syriens et irakiens à une migration économique. L'exode actuel est sans commune mesure avec les flux réguliers et avec les données d’intentions migratoires récoltées en régime de croisière; il constitue la seule réponse possible à l'un des conflits internes les plus meurtriers de ces dernières décennies. Deuxièmement, les enquêtes d’opinion révèlent qu’une partie importante de la population perçoit des effets négatifs de l’immigration sur le marché du travail et les finances publiques, mais aussi sur la sécurité nationale ou la cohésion sociale. Ces perceptions ne sont pas confirmées par les études académiques qui montrent qu’à son niveau actuel, l'immigration engendre des effets faibles et souvent positifs. Ceci ne signifie aucunement qu'une augmentation illimitée de l'immigration est économiquement souhaitable ou qu’elle ne génère pas des poches locales de chômage ou des tensions sociales. Troisièmement, l'impact économique de la politique d'asile peut différer de celui de l'immigration traditionnelle à deux égards, le timing et la composition des flux. Sur la question du timing, il est clair que l'évolution du nombre de demandeurs d'asile est caractérisée par des pics temporaires importants. Ces pics peuvent, en théorie, engendrer des coûts d'ajustement important à court terme. Toutefois, les observations du passé (crises de l’asile de 1994 ou de 2000), révèlent plutôt une relation inverse entre la demande d'asile et le taux de chômage. Sur la question de la composition des flux, les données suggèrent que les jeunes adultes syriens et irakiens qui composent les flux de demandeurs d’asile sont susceptibles d’être relativement bien diplômés, ce qui les rend plus facilement assimilables à moyen terme. En bref, des incertitudes pèsent sur l'ampleur des effets de la crise de l'asile sur l'économie belge, mais il y a de fortes raisons de penser que cette crise peut être transformée en opportunité à moyen terme. Tout doit être mis en œuvre pour faciliter l'intégration économique et sociale des demandeurs d'asile et réfugiés. Il en va de notre intérêt commun.

Author(s):  
Frédéric Docquier ◽  
Joël Machado

Ces dernières semaines, des milliers de migrants syriens et irakiens ont rejoint l'Europe pour tenter d'y obtenir le statut de réfugié politique. Selon toute vraisemblance, la Belgique pourrait en accueillir entre 25.000 et 30.000 en 2015. Bien que notre politique d'asile n'ait pas pour vocation de renforcer notre compétitivité ou d'améliorer le bien-être des natifs, les discussions autour de cette crise de l'asile sont de nature utilitariste : elles portent sur notre capacité d'absorption et sur les implications économiques pour l'économie belge et ses citoyens. Avec toute la prudence qui s'impose, ce numéro de Regards économiques discute les enjeux de cette crise pour l'économie belge. Premièrement, les demandeurs d’asile sont parfois considérés comme des migrants visant principalement à bénéficier de notre protection sociale. Les faits indiquent qu'il est simpliste et erroné d'assimiler l'exode massif des syriens et irakiens à une migration économique. L'exode actuel est sans commune mesure avec les flux réguliers et avec les données d’intentions migratoires récoltées en régime de croisière; il constitue la seule réponse possible à l'un des conflits internes les plus meurtriers de ces dernières décennies. Deuxièmement, les enquêtes d’opinion révèlent qu’une partie importante de la population perçoit des effets négatifs de l’immigration sur le marché du travail et les finances publiques, mais aussi sur la sécurité nationale ou la cohésion sociale. Ces perceptions ne sont pas confirmées par les études académiques qui montrent qu’à son niveau actuel, l'immigration engendre des effets faibles et souvent positifs. Ceci ne signifie aucunement qu'une augmentation illimitée de l'immigration est économiquement souhaitable ou qu’elle ne génère pas des poches locales de chômage ou des tensions sociales. Troisièmement, l'impact économique de la politique d'asile peut différer de celui de l'immigration traditionnelle à deux égards, le timing et la composition des flux. Sur la question du timing, il est clair que l'évolution du nombre de demandeurs d'asile est caractérisée par des pics temporaires importants. Ces pics peuvent, en théorie, engendrer des coûts d'ajustement important à court terme. Toutefois, les observations du passé (crises de l’asile de 1994 ou de 2000), révèlent plutôt une relation inverse entre la demande d'asile et le taux de chômage. Sur la question de la composition des flux, les données suggèrent que les jeunes adultes syriens et irakiens qui composent les flux de demandeurs d’asile sont susceptibles d’être relativement bien diplômés, ce qui les rend plus facilement assimilables à moyen terme. En bref, des incertitudes pèsent sur l'ampleur des effets de la crise de l'asile sur l'économie belge, mais il y a de fortes raisons de penser que cette crise peut être transformée en opportunité à moyen terme. Tout doit être mis en œuvre pour faciliter l'intégration économique et sociale des demandeurs d'asile et réfugiés. Il en va de notre intérêt commun.


Author(s):  
Bruno Van der Linden
Keyword(s):  

Depuis la déclaration commune des ministres régionaux Marcourt et Vandenbroucke, le débat sur la régionalisation (ou décentralisation) des politiques du marché du travail n'a guère progressé. On peut même parler d'enlisement. Or, le choix du bon niveau d’intervention publique importe si l'on se soucie de l'efficacité de cette intervention. On peut rechercher la centralisation ou, à l'opposé, la décentralisation par principe ou par idéologie. Ce n'est pas acceptable si la recherche d'efficacitéest l'objectif. Il y a en revanche des arguments pertinents en faveur de la centralisation et d'autres en défaveur de celle-ci. Ces arguments sont de nature économique si tant est que le qualificatif "économique" est bien compris: la répartition efficace des interventions publiques est celle qui garantit le niveau de bien-être le plus élevé possible tenant compte des ressources collectives disponibles. Ce bien-être grandit d'une part si, à ressources collectives données, on rencontre mieux les attentes et besoins des citoyens (leurs "préférences"). Dans le contexte du marché du travail, cela se traduit notamment par moins de pauvreté et de chômage involontaire et une meilleure assurance face aux risques. D'autre part, dans certains cas, le choix du bon niveau d'intervention agit directement sur les ressources collectives requises. Epargner des ressources permet de les affecter ailleurs et l'on sait à quel point les besoins sont nombreux ! Ce numéro de Regards économiques identifie donc une liste d'arguments et les illustre à l'aide d'exemples. Pour chaque type d'intervention publique, une démarche rationnelle consisterait à évaluer la portée précise de chacun de ces arguments pour ou contre la décentralisation, pour ensuite établir un bilan de synthèse et décider. Cette démarche est difficile, mais possible et nécessaire. De manière très succincte, la décentralisation, qui peut prendre diverses formes, permet une meilleure prise en compte des spécificités locales en matière d'attentes et de besoins. En outre, l'intervention publique requiert la collecte d'information (par exemple sur la disponibilité des chômeurs à l’égard du marché du travail). Fréquemment, le coût de cette collecte est plus limité ou la qualité de l'information est meilleure lorsque l'intervention se situe à un niveau décentralisé. La décentralisation a aussi ses inconvénients. Lorsque, et c'est fréquent, les décisions prises par une région affectent le bien-être d'une autre (à titre d’exemple, la diffusion d’une offre d’emploi par un organisme régional de placement peut favoriser l’appariement entre ce poste vacant et un demandeur d’emploi d’une autre région), on a besoin au minimum d'une coordination, voire d'une centralisation. Par ailleurs, il arrive que l'on épargne des ressources en menant une intervention à un niveau géographique plus large (grâce à des "économies d'échelle"). De plus, tant que les facteurs responsables du chômage sont essentiellement des chocs aléatoires (conjoncture, innovations technologiques, etc.), une assurance-chômage nationale est mieux à même de diversifier les risques qu’une assurance organisée au niveau régional. Enfin, des cadres législatifs et réglementaires hétérogènes compliquent la mobilité géographique inter-régionale et la gestion des entreprises implantées sur plus d'une région. Ce numéro de Regards économiques applique enfin ces principes à la délicate question du contrôle des chômeurs. À quel niveau placer cette intervention publique compte tenu du rôle joué d'un côté par la sécurité sociale fédérale au niveau de l'assurance du risque de chômage et d'un autre côté par les régions en matières de politiques actives et de placement des chômeurs ? L'article n'a pas l'ambition de trancher le débat. En revanche, il cerne avec précision les considérations à mettre en balance.


Author(s):  
Stijn Baert ◽  
Bart Cockx ◽  
Niels Gheyle ◽  
Cora Vandamme

Récemment, une étude menée par des sociologues de l'Université de Gand révélait que des candidats locataires ayant un nom à consonance étrangère, ou s'exprimant avec un accent étranger, avait plus de mal à trouver un logement à Anvers et à Gand. De telles discriminations existent-elles aussi sur le marché de l'emploi ? C'est ce que ce numéro de Regards Economiques cherche à établir. Plus précisément, l'étude présentée dans ce numéro vise à déterminer si les employeurs flamands traitent de manière égale les candidatures à l'emploi des jeunes diplômés aux noms à consonance turque et à consonance flamande.Pour ce faire, les chercheurs ont répondu à des offres d'emploi réelles en envoyant des candidatures fictives dont la seule différence majeure était le nom du candidat (à consonance soit flamande soit turque, les Turcs représentant la plus importante minorité ethnique à Gand et la seconde à Anvers, les deux villes auxquelles les candidats fictifs étaient domiciliés).Il ressort de cette étude qu'une inégalité de traitement existe sur le marché du travail en Flandre. Les jeunes diplômés aux noms à consonance turque ont moins de chance d'être invités à un entretien d'embauche que les jeunes diplômés aux noms à consonance flamande : en moyenne, ils doivent envoyer 44 % de candidatures en plus s'il souhaite recevoir le même nombre de réponses positives. Ceci est particulièrement vrai s'ils sont peu qualifiés et candidats à des postes pour lesquels il n'existe pas de pénurie de main-d'œuvre. En revanche, la discrimination disparaît dans les secteurs où il y a pénurie de main d'œuvre.Une telle discrimination est non seulement inacceptable d'un point de vue éthique, mais elle a également d'importantes répercussions sur le plan économique. En raison des énormes défis posés par le vieillissement de la population, il est important de pouvoir compter sur tous les groupes de la population. En outre, ce type d'exclusion en début de carrière peut avoir des conséquences à long terme.Comment remédier à ce problème ? Plusieurs politiques sont proposées : (1) des campagnes de sensibilisation; (2) le recours à un système de candidatures anonymes; (3) faire respecter la loi par le contrôle plus systématique de la discrimination et par l'imposition de sanctions en cas de détection; (4) l'instauration de quotas de recrutement en faveur des personnes issues de l'immigration. Comme l'expliquent les auteurs de l'étude, aucune de ces politiques n'est exempte d'effets pervers. Il convient donc de les doser et de les combiner au mieux pour réduire la discrimination de façon effective sur le marché de l'emploi.


Author(s):  
Bart Cockx ◽  
Bruno Van der Linden

La crise financière et économique en cours menace notamment l’emploi. Le licenciement d’un travailleur ou l’absence de renouvellement de son contrat temporaire engendrent des coûts privés (pour le travailleur et l’employeur concernés). Au-delà, la société dans son ensemble supporte également des coûts : coût de l’assurance-chômage et des politiques actives de réinsertion, pertes de recettes fiscales et de cotisations sociales. Faut-il en conclure qu’il faut protéger à tout prix les travailleurs contre les licenciements ? Les entreprises, elles, se plaignent d’un manque de flexibilité. Pour elles, la mondialisation croissante de l’économie, les pressions concurrentielles accrues et les rapides changements technologiques et organisationnels rendent une flexibilité accrue nécessaire. Sans cela, les entreprises considèrent que leur capacité à créer ou sauvegarder l’emploi est gravement menacée. Parmi les formes de flexibilité attendues, il y a une plus grande mobilité des travailleurs entre entreprises et entre le chômage et l’emploi. Protéger davantage ou moins les travailleurs est cependant un faux dilemme. Ce numéro de Regards économiques est bâti autour d’une double nécessité : celle d’une flexibilité et celle d’une assurance des travailleurs face aux chocs sur le marché du travail. Le mot flexicurité est à la mode depuis quelques années, sans qu’il y ait unanimité sur le modèle institutionnel correspondant. Ce numéro de Regards économiques ne tente pas d’importer un modèle de flexicurité venu d’ailleurs. Il part d’un ensemble de principes enracinés dans la littérature économique, puis il mesure le décalage entre nos règles et institutions et celles qui sont souhaitables. Enfin, il jette les bases d'une réglementation renouvelée en matière de protection de l'emploi et d'assurance-chômage. Ce faisant, il tente de proposer une stratégie plus durable et cohérente que les diverses mesures temporaires que le gouvernement fédéral a prises récemment pour atténuer la hausse du chômage et encadrer les licenciements. Par ailleurs, il essaye de faire progresser la réflexion sur le «statut unique» des employés et ouvriers, qui divise les partenaires sociaux depuis des années. Le système actuel en cas de licenciement présente à nos yeux deux défauts majeurs. Tout d’abord, l’indemnité du travailleur licencié ne varie pas en fonction du temps nécessaire à la réinsertion professionnelle de la personne licenciée. Une meilleure couverture du risque de chômage exigerait qu’un fonds collecte les contributions de licenciement et finance d’une part une assurance-chômage et d’autre part des politiques efficaces de soutien à la réinsertion. Ensuite, la dispersion de la réglementation des licenciements selon les statuts (ouvrier-employé, etc.) n’a guère de justification. Nous plaidons donc pour une réglementation unique pour tous les types de contrats. Le financement de l’assurance-chômage repose sur le prélèvement de cotisations sociales lorsque le travailleur est en emploi. Ceci ne responsabilise pas les employeurs dans leurs décisions de licenciement. Il vaudrait mieux prélever une contribution sociale lors du licenciement. Le niveau de celle-ci devrait en outre prendre en compte les conséquences de ce licenciement pour la collectivité. Ce principe est appliqué aux Etats-Unis depuis les années 1930. Partant de ces constats, nous préconisons une réglementation unique pour tout travailleur (ouvrier ou employé) et tout type de contrat (temporaire ou à durée indéterminée). L’indemnité unique de départ octroyée au travailleur licencié serait réduite par rapport à la moyenne des indemnités octroyées actuellement. En contrepartie, pour offrir une meilleure couverture du risque de chômage, l’employeur qui licencie devrait en outre verser à un fonds une contribution de licenciement proportionnelle aux gains salariaux cumulés depuis l’engagement du travailleur au sein de l’entreprise. La contribution de licenciement serait utilisée non seulement pour financer un supplément aux allocations de chômage actuelles, mais également pour financer des politiques actives utiles à la réinsertion. Si le travailleur licencié est volontairement réembauché dans une autre entreprise, par exemple suite à une procédure d’outplacement, le licenciement n’impose plus de coûts à la collectivité. Par conséquent, la contribution de licenciement n’est plus due. Seule l’indemnité de départ l’est. Enfin, nous préconisons de généraliser le système actuel d’allocations de chômage temporaires des ouvriers, mais uniquement dans la mesure où l’on introduit une responsabilisation des employeurs tenant compte de l'historique de leur recours passé à ce système. Une telle formule existe déjà dans le secteur de la construction.


1996 ◽  
Vol 63 (3) ◽  
pp. 183-191 ◽  
Author(s):  
Anne Bouchard ◽  
Sylvie Tétreault ◽  
Renée Bourbonnais

Le travail joue un rôle primordial dans la vie de tous les individus. Pourtant, les jeunes adultes atteints d'une déficience sont confrontés â plusieurs situations de handicap lorsqu'ils quittent le milieu scolaire pour accéder au milieu du travail. Dans la région de Québec, un certain nombre d'entre eux se retrouvent devant aucune possibilité, et ce, dès l'âge de vingt et un ans. Le présent article vise â recenser les principaux écrits portant sur l'intégration au travail des personnes présentant une déficience. Les thèmes suivants sont abordés: l'importance du travail dans la population en géénéral et chez les individus vivant avec une déficience, les facteurs influençant l'intégration au travail, les différents programmes favorisant l'accès au marché du travail et le rôle de l'ergothérapeute face au travail. À la fin du texte, différentes pistes de recherche dans ce domaine sont proposées.


2009 ◽  
Vol 68 (4) ◽  
pp. 697-713
Author(s):  
Gilles Grenier
Keyword(s):  

RÉSUMÉ Le but de cette étude est d’examiner l’effet de l’immigration sur le marché de certains groupes de travailleurs canadiens désavantagés, soit les femmes, les jeunes travailleurs et les travailleurs peu scolarisés. L’analyse est faite à partir de micro-données des recensements de 1981 et 1986. Sur la base de leur répartition par secteur d’activité et par profession, les immigrants récents sont plus susceptibles d’être en concurrence avec les travailleurs canadiens désavantagés qu’avec les travailleurs avantagés. Cependant, une analyse des revenus de travail relatifs selon la région montre que la relation entre les écarts de revenus et la proportion d’immigrants n’est pas la même pour tous les groupes désavantagés. Plus particulièrement, les écarts de revenus entre hommes et femmes ont tendance à être plus petits dans les régions où il y a beaucoup d’immigrants que dans celles où il y en a peu. L’immigration ne semble donc pas avoir d’impact négatif sur le marché du travail des femmes et a peut-être même un effet positif. Par contre, les écarts de revenus entre les hommes jeunes et les hommes plus âgés sont plus grands dans les régions où il y a beaucoup d’immigrants que dans celles où il y en a peu. Il est donc possible que l’immigration ait affecté négativement les jeunes travailleurs de sexe masculin, quoique d’autres facteurs aient aussi pu jouer.


Author(s):  
Stijn Baert ◽  
Bart Cockx ◽  
Niels Gheyle ◽  
Cora Vandamme

Récemment, une étude menée par des sociologues de l'Université de Gand révélait que des candidats locataires ayant un nom à consonance étrangère, ou s'exprimant avec un accent étranger, avait plus de mal à trouver un logement à Anvers et à Gand. De telles discriminations existent-elles aussi sur le marché de l'emploi ? C'est ce que ce numéro de Regards Economiques cherche à établir. Plus précisément, l'étude présentée dans ce numéro vise à déterminer si les employeurs flamands traitent de manière égale les candidatures à l'emploi des jeunes diplômés aux noms à consonance turque et à consonance flamande.Pour ce faire, les chercheurs ont répondu à des offres d'emploi réelles en envoyant des candidatures fictives dont la seule différence majeure était le nom du candidat (à consonance soit flamande soit turque, les Turcs représentant la plus importante minorité ethnique à Gand et la seconde à Anvers, les deux villes auxquelles les candidats fictifs étaient domiciliés).Il ressort de cette étude qu'une inégalité de traitement existe sur le marché du travail en Flandre. Les jeunes diplômés aux noms à consonance turque ont moins de chance d'être invités à un entretien d'embauche que les jeunes diplômés aux noms à consonance flamande : en moyenne, ils doivent envoyer 44 % de candidatures en plus s'il souhaite recevoir le même nombre de réponses positives. Ceci est particulièrement vrai s'ils sont peu qualifiés et candidats à des postes pour lesquels il n'existe pas de pénurie de main-d'œuvre. En revanche, la discrimination disparaît dans les secteurs où il y a pénurie de main d'œuvre.Une telle discrimination est non seulement inacceptable d'un point de vue éthique, mais elle a également d'importantes répercussions sur le plan économique. En raison des énormes défis posés par le vieillissement de la population, il est important de pouvoir compter sur tous les groupes de la population. En outre, ce type d'exclusion en début de carrière peut avoir des conséquences à long terme.Comment remédier à ce problème ? Plusieurs politiques sont proposées : (1) des campagnes de sensibilisation; (2) le recours à un système de candidatures anonymes; (3) faire respecter la loi par le contrôle plus systématique de la discrimination et par l'imposition de sanctions en cas de détection; (4) l'instauration de quotas de recrutement en faveur des personnes issues de l'immigration. Comme l'expliquent les auteurs de l'étude, aucune de ces politiques n'est exempte d'effets pervers. Il convient donc de les doser et de les combiner au mieux pour réduire la discrimination de façon effective sur le marché de l'emploi.


Author(s):  
Mathieu Lefebvre ◽  
Sergio Perelman ◽  
Pierre Pestieau

Depuis quelques années, il est admis qu’il y a lieu de s’inquiéter pour l’avenir de l’État providence. Des menaces croissantes pèsent en effet sur son fonctionnement. Elles ont pour noms vieillissement, concurrence fiscale, changements familiaux et segmentation du marché du travail. Pour toutes ces raisons, les États providences européens ont besoin de réformes, réformes qui permettraient une meilleure adéquation entre leurs structures et la réalité socio-économique actuelle, très différente de celle qui prévalait après la seconde guerre mondiale, lorsque les grands programmes de protection sociale ont été créés. Avant de procéder à toute réforme, il est nécessaire de se rappeler quels sont les objectifs de la protection sociale. En effet, pour juger de sa performance, il importe de savoir comment ces objectifs ont été atteints. Ces objectifs sont essentiellement de deux ordres : assurer une bonne protection contre les grands risques de la vie (le chômage, la maladie, l’invalidité, l’absence de qualification) et réduire au mieux les inégalités sociales et la pauvreté. Dans ce numéro de Regards économiques, nous proposons une mesure et un classement de la performance de la protection sociale des 27 pays membres de l’UE ainsi que des régions belges. On retrouve les suspects habituels dans le peloton de tête, à savoir les Pays Nordiques et les Pays-Bas. Parmi les derniers entrants, la Tchéquie et la Slovénie se comportent également très bien. Malgré les différences de performances observées entre les pays, une analyse de l’évolution dans le temps montre que les pays à la traine tendent à rattraper leur retard par rapport aux Etat les plus performants, ce qui semble indiquer l’absence de dumping social. Quant à la Belgique, elle se retrouve au milieu du classement des 27 pays. Ce n’est guère glorieux surtout par rapport à la réputation que notre pays pouvait avoir il y a deux décennies. Ce qui est intéressant, c’est de distinguer les deux principales régions belges. La Flandre se retrouve tout en haut du classement alors que la Wallonie est classée parmi les derniers.


Author(s):  
Carolyn J. Rosenthal

RÉSUMÉCe livre s'adresse au profane plutôt qu'au spécialiste ou à l'universitaire. Bien que son titre laisse entendre qu 'il soit d'abord destiné aux adultes d'âge moyen aux prises avec les demandes conflictuelles de leurs enfants et de leurs parents âgés, la préface précise clairement que le livre vise un lectorat plus vaste incluant quiconque est submergé par des demandes d'adolescents ou d'enfants adultes ou de parents âgés. Le style du livre est dégagé et divertissant; on y vit les défis d'une famille et plus particulièrement de Rebecca, une femme de 52 ans sur le marché du travail, entourée de trois enfants toujours à la maison et de parents âgés de 80 ans. Chaque chapitre présente un aspect propre aux familles vieillissantes (p. ex.: les jeunes adultes toujours à la maison ou qui y reviennent, les parents âgés, la génération du milieu, la participation des frères et soeurs aux soins des parents, l'aide du secteur de soins officiel, la planification de l'avenir). La principale faiblesse du livre consiste à appliquer l'étiquette de génération sandwich à presque toutes les relations familiales et à son manque de spécificité en regard de la notion de «sandwich». Plus précisément, les auteurs ne font pas la distinction entre les sentiments de conflit ou de culpabilité, les comportements ordinaires d'aide au sein d'une famille et la fourniture de soins à des degrés inhabituels. Lorsque l'ensemble des relations familiales ou des types d'aide ou de conflit sont regroupés sous le terme de «génération sandwich,» les parents âgés sont blâmés outre mesure du stress des filles adultes. Le terme laisse croire que les parents âgés sont un fardeau pour leurs enfants. L'abus du terme déprécie les aîné(e)s et les filles absolument coincées entre les soins à fournir aux différentes générations.


2010 ◽  
Vol 16 (1) ◽  
pp. 152-179 ◽  
Author(s):  
Caroline Veilleux1 ◽  
Marc Molgat

Cet article est issu d’une étude qui s’inscrit dans une démarche d’exploration de la réalité plurielle actuelle des jeunes adultes ayant reçu un diagnostic de maladie mentale à travers la considération de leur discours. Il vise dans un premier temps à déterminer si ces jeunes adultes se perçoivent comme des adultes et à identifier les critères associés à cette perception d’être adulte. En second lieu, la recherche vise à circonscrire l’impact de la maladie mentale sur la perception de soi en tant que jeune adulte et à connaître la représentation et le positionnement de ces jeunes adultes par rapport aux services de santé mentale. Pour ce faire, des entrevues semi-dirigées ont été réalisées auprès de huit jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans, qui ont reçu un diagnostic de maladie mentale. L’analyse approfondie du discours a permis de relever que ces jeunes adultes se réfèrent moins aux marqueurs de transition formels tels que l’entrée dans le marché du travail et la parentalité, pour expliquer leur parcours de vie et s’en remettent davantage à leurs expériences personnelles de vie. Ils se réfèrent à de nouveaux repères pour ainsi donner un sens à leur réalité, ce qui a comme conséquence de préserver en partie l’image de soi. Quelques pistes de réflexion pour l’intervention sont finalement proposées.


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