scholarly journals Numéro 48 - janvier 2007

Author(s):  
Nihat Aktas ◽  
Eric De Bodt ◽  
Giorgio A. Tesolin

Après les cas de Renault Vilvorde en 1997 et Ford Genk en 2003, la Belgique est à nouveau secouée par une annonce de licenciements collectifs dans le secteur automobile. La décision de licencier envi­ron 4.000 travailleurs de Volkswagen Forest a suscité une vive réaction au sein de la classe politique. A l’opposé, les marchés financiers ont salué positivement le plan de restructuration de l’entreprise allemande. S’agit-il de licenciements boursiers ? Dans ce numéro de Regards économiques, notre objectif est d’essayer de comprendre les logiques en présence. Après un bref rappel des événements qui ont conditionné l’évolution du titre Volkswagen en 2006, nous nous interrogeons sur la lecture à adopter devant la décision de licenciement prise par le groupe. Nous remettons tout d’abord en cause l’expression «licenciements boursiers» fort médiatisée en France après l’affaire Michelin en 1999 et qui suppose une logique financière opposée à la logique économique. Il importe en effet de bien comprendre que le raisonnement économique qui permet de justifier la réaction positive ou négative des investisseurs à l’annonce de licenciements est celui qui prévaut pour toute décision d’investissement ou de désinvestissement. Il s’agit avant tout de détermi­ner si ces licenciements sont associés à des flux financiers futurs positifs ou, en d’autres termes peut-être choquants, s’ils sont des investissements à Valeur Actuelle Nette -VAN- positive, et donc créa­teurs de valeur. Si, d’après les études récentes, de manière générale, c’est-à-dire en moyenne, les annonces de licen­ciements ont un effet négatif sur la valeur de marché (donc le cours boursier pour les entreprises cotées en bourse) des entreprises qui licencient (remettant en cause l’idée de licenciements boursiers), cela n’exclut nullement bien entendu l’existence d’observations qui vont dans le sens opposé comme ici pour VW. Mais rien ne permet pour autant de parler de licenciements boursiers car il convient d’examiner de plus près la situation de l’entreprise. Cet examen révèle qu’il serait mal venu de quali­fier de ‘boursiers’ les licenciements annoncés par VW, qui peine à rétablir la santé qui était la sienne il y a cinq ans. Après avoir expliqué une autre idée reçue (ou véhiculée) qui associe licenciements et opérations de fusions et d’acquisitions, nous passons en revue les principaux facteurs économiques et politiques qui ont modifié l’environnement des constructeurs automobiles européens : ouverture de grands pays au potentiel considérable, intégration européenne rapide de nouveaux membres, déplacement de la demande, critères sociaux minima insuffisamment harmonisés, concurrence accrue, nécessité d’adaptation de nos économies. En conclusion, nous plaidons pour une attitude politique courageuse et constructive, capable d’accompagner au mieux le mouvement et de donner des impulsions novatrices de développement, en tenant un langage clair sur les causes et les conséquences des mutations économiques que nous traversons.

Author(s):  
Nihat Aktas ◽  
Eric De Bodt ◽  
Giorgio A. Tesolin

Après les cas de Renault Vilvorde en 1997 et Ford Genk en 2003, la Belgique est à nouveau secouée par une annonce de licenciements collectifs dans le secteur automobile. La décision de licencier envi­ron 4.000 travailleurs de Volkswagen Forest a suscité une vive réaction au sein de la classe politique. A l’opposé, les marchés financiers ont salué positivement le plan de restructuration de l’entreprise allemande. S’agit-il de licenciements boursiers ? Dans ce numéro de Regards économiques, notre objectif est d’essayer de comprendre les logiques en présence. Après un bref rappel des événements qui ont conditionné l’évolution du titre Volkswagen en 2006, nous nous interrogeons sur la lecture à adopter devant la décision de licenciement prise par le groupe. Nous remettons tout d’abord en cause l’expression «licenciements boursiers» fort médiatisée en France après l’affaire Michelin en 1999 et qui suppose une logique financière opposée à la logique économique. Il importe en effet de bien comprendre que le raisonnement économique qui permet de justifier la réaction positive ou négative des investisseurs à l’annonce de licenciements est celui qui prévaut pour toute décision d’investissement ou de désinvestissement. Il s’agit avant tout de détermi­ner si ces licenciements sont associés à des flux financiers futurs positifs ou, en d’autres termes peut-être choquants, s’ils sont des investissements à Valeur Actuelle Nette -VAN- positive, et donc créa­teurs de valeur. Si, d’après les études récentes, de manière générale, c’est-à-dire en moyenne, les annonces de licen­ciements ont un effet négatif sur la valeur de marché (donc le cours boursier pour les entreprises cotées en bourse) des entreprises qui licencient (remettant en cause l’idée de licenciements boursiers), cela n’exclut nullement bien entendu l’existence d’observations qui vont dans le sens opposé comme ici pour VW. Mais rien ne permet pour autant de parler de licenciements boursiers car il convient d’examiner de plus près la situation de l’entreprise. Cet examen révèle qu’il serait mal venu de quali­fier de ‘boursiers’ les licenciements annoncés par VW, qui peine à rétablir la santé qui était la sienne il y a cinq ans. Après avoir expliqué une autre idée reçue (ou véhiculée) qui associe licenciements et opérations de fusions et d’acquisitions, nous passons en revue les principaux facteurs économiques et politiques qui ont modifié l’environnement des constructeurs automobiles européens : ouverture de grands pays au potentiel considérable, intégration européenne rapide de nouveaux membres, déplacement de la demande, critères sociaux minima insuffisamment harmonisés, concurrence accrue, nécessité d’adaptation de nos économies. En conclusion, nous plaidons pour une attitude politique courageuse et constructive, capable d’accompagner au mieux le mouvement et de donner des impulsions novatrices de développement, en tenant un langage clair sur les causes et les conséquences des mutations économiques que nous traversons.


2010 ◽  
Vol 65 (1) ◽  
pp. 134-154 ◽  
Author(s):  
Mélanie Laroche

Cet article se concentre sur l’acteur patronal et ses préférences en matière de structures de négociation collective. Les nouvelles réalités économiques, conjuguées aux nouvelles stratégies organisationnelles et étatiques, conduiraient les employeurs dans bon nombre de pays à vouloir décentraliser les structures de négociation. Il y a toutefois des cas d’exception auxquels nous portons une attention particulière. Nous présentons les résultats d’une étude auprès des employeurs de l’industrie du vêtement pour hommes au Québec où prévaut toujours la négociation coordonnée malgré les pressions de la mondialisation. Pour analyser cette réponse différenciée des employeurs, nous avons utilisé une méthodologie qualitative. Grâce à des entretiens en profondeur et une analyse documentaire, nous avons construit un cadre analytique regroupant quatre types de facteurs en mesure d’influencer les préférences patronales pour des structures de négociation centralisées ou décentralisées : économique, organisationnel, institutionnel et stratégique.Au plan empirique, nous dégageons deux principaux constats de nos observations. D’abord, nous avons observé une volonté partagée par les parties patronale et syndicale à poursuivre une négociation coordonnée. Notons toutefois qu’une certaine hétérogénéité dans la propension des employeurs à adhérer à ce type de négociation a pu être remarquée surtout en raison de la diversité des firmes en termes de taille, de marchés desservis et de capacité de payer. Ensuite, nos résultats suggèrent une tension entre les influences exercées par les facteurs considérés dans l’étude : d’une part, les facteurs économiques et organisationnels influencent les acteurs patronaux vers l’individualisation des négociations collectives ; d’autre part, les facteurs institutionnels, en imposant certaines contraintes qui limitent leurs choix stratégiques, influencent les employeurs vers l’action collective. Au plan théorique, les résultats démontrent que les facteurs généralement associés à la mondialisation ne surdéterminent pas le comportement des acteurs. Au contraire, les acteurs conservent une marge de manoeuvre pour réagir aux pressions de l’environnement. En fonction du contexte institutionnel en place, différentes réponses peuvent ainsi être offertes par les employeurs en regard du type de structure de négociation à privilégier.


Author(s):  
Serge Lambert
Keyword(s):  

Le procédé de Compactage Horizontal Statique, mis en œuvre pour la première fois aux États-Unis dans les années 1950 par les ingénieurs d’Hayward Baker Inc. (Groupe KELLER), a été développé considérablement par la suite, de telle sorte que depuis le début des années 1990, il trouve également une diffusion croissante en Europe (Warner J. 1982. “Compaction grouting-the first thirty years”. Gr Geotech Eng, ASCE, 1982: P694–707). Alors qu’à l’origine, les applications du procédé étaient limitées à la consolidation sous les fondations d’ouvrages susceptibles de subir des tassements, il en existe maintenant beaucoup d’autres. Aujourd’hui, les domaines d’application du Compactage Horizontal Statique sont multiples : amélioration et renforcement de sol pour des ouvrages neufs ou des reprises en sous-œuvre mais également pour des traitements de vides karstiques. Un exemple de chantier vient illustrer une application de ce procédé sous des éoliennes en mettant en évidence les avantages de ce procédé dans un contexte géotechnique difficile de zones décomprimées et de vides dans la craie jusqu’à des profondeurs de 20 à 45 m. Il a également été associé à un autre procédé de renforcement de sol par inclusions rigides pour traiter les sols superficiels. La détection et la délimitation des zones d’anomalies par des sondages destructifs avec enregistrements de paramètres n’ont pas été possibles en phase projet et ont été très compliquées en phase travaux pour garder un délai d’exécution court. Le retour d’expérience de cette opération montre que dans un tel contexte, il y a lieu de prévoir plusieurs mailles : une maille primaire lâche sur l’ensemble de l’emprise de l’ouvrage de manière à délimiter grossièrement les zones à injecter, et une maille secondaire voire tertiaire en intermaille, pour circonscrire précisément la zone d’anomalies.


2020 ◽  
Vol 54 (1) ◽  
pp. 17-26
Author(s):  
Marie-Claire Thery-Hugly ◽  
Esther Azoulay
Keyword(s):  

Vieillir : entre âge civil et ressenti, il y a un monde. Cet article cherche à comprendre ce que signifie « être vieux » aujourd’hui : c’est devenu une décision. Les séniors se sentent jeunes et font tout pour le rester, leur demande esthétique a évolué, connaître leurs attentes nous permet d’y répondre de manière satisfaisante. La vieillesse se modernise !


2018 ◽  
pp. 10-12
Author(s):  
Damien Siess
Keyword(s):  

L’électricité est un vecteur énergétique particulièrement versatile. Il existe de multiples technologies pour la produire et de nombreux usages auxquels elle peut répondre. Il y a ce que l’on appelle les usages spécifiques de l’électricité, c’est-à-dire pour lesquels l’électricité est la seule énergie possible, comme par exemple l’éclairage, l’électroménager, l’électronique et plus généralement toutes les technologies du numérique. Les usages thermiques, où l’électricité produit de la chaleur ou du froid, comme la cuisson, le chauffage des bâtiments ou leur climatisation. Et enfin d’autres usages, comme par exemple pour générer de la force mécanique à l’aide de moteurs, qu’ils soient à vocation industrielle ou intégrés dans des moyens de transport de tous types. En théorie, à peu près tous les usages sont « électrifiables », aussi bien dans le bâtiment que dans les transports ou l’industrie. Mais quelles sont les perspectives pour demain et les facteurs d’adoption ?


2019 ◽  
pp. 137-154
Author(s):  
E. Berthier ◽  
J.-S. Finck ◽  
A. Le Gall ◽  
R. Wagner ◽  
A. Gérolin ◽  
...  
Keyword(s):  

Le développement des systèmes d’assainissement s’appuie souvent sur des structures construites il y a plusieurs décennies. Ceux-ci font face à une augmentation des niveaux d’exigence qui leur sont assignés. C’est notamment le cas en France des performances des systèmes de collecte par temps de pluie avec la parution de l’arrêté du 21 juillet 2015 relatif aux systèmes d’assainissement. En collaboration avec l’Agence française pour la biodiversité (AFB), le Groupement pour l’évaluation des mesures en continu dans les eaux et l’assainissement (Gemcea), le ministère de la Transition écologique et solidaire et les agences de l’eau, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a mené le projet REx-BO consistant en un vaste retour d’expériences sur les bassins d’orage implantés sur les réseaux d’assainissement unitaires. L’objet du projet était de comprendre, à partir de la littérature et de travaux de terrain, comment les gestionnaires/exploitants avaient eu recours à cette technique pour optimiser le fonctionnement de leur système, notamment par temps de pluie, et de collecter des informations techniques et financières quant au fonctionnement, à la conception, au dimensionnement et à l’efficacité de ce type d’ouvrages. À travers une recherche bibliographique générale, des entretiens réalisés auprès de 17 maîtres d’ouvrage/exploitants, et un focus spécifique réalisé sur les usages de la métrologie autour des bassins d’orage, le projet a permis de tirer de nombreux éléments et enseignements à l’intention des acteurs opérationnels. Cet article présente le contexte et la méthodologie du retour d’expérience. Les principaux éléments sont ensuite synthétisés, notamment ceux relatifs à la conception, au dimensionnement, à la métrologie, ainsi que les points d’attention majeurs à considérer pour assurer le bon fonctionnement d’un ouvrage. L’article souligne tout d’abord l’intérêt d’inscrire la réalisation d’un (ou plusieurs) bassin(s) d’orage dans une stratégie globale de gestion du système d’assainissement. Pour ce qui concerne la conception et le dimensionnement, l’étude a permis de mettre en lumière un recours fréquent à des logiciels d’hydraulique urbaine, qui semble même être quasi systématique pour les ouvrages de taille importante.


2017 ◽  
Vol 11 (1) ◽  
pp. 37
Author(s):  
Cristóbal Cea Bustamante
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

<p>Desde el pensamiento ontológico de cautiverio que realizó Emmanuel Lévinas, es decir, desde su concepto de Il y a y su descripción de la experiencia más próxima al ser anónimo e impersonal, el insomnio, el presente artículo tiene el propósito de efectuar una conversación o un acercamiento con el pensamiento pesimista de Emil Cioran.<br />Todo para graficar el horror de esta patología y de la importancia del sueño o el inconsciente frente a ella, presentado este, el inconsciente, como una salida necesaria.</p>


2009 ◽  
Vol 2009 (1) ◽  
pp. 61-78
Author(s):  
Petr Kouba

This article examines the limits of Heidegger’s ontological description of emotionality from the period of Sein und Zeit and Die Grundbegriffe der Metaphysik along the lines outlined by Lévinas in his early work De l’existence à l’existant. On the basis of the Lévinassian concept of “il y a”, we attempt to map the sphere of the impersonal existence situated out of the structured context of the world. However the worldless facticity without individuality marks the limits of the phenomenological approach to human existence and its emotionality, it also opens a new view on the beginning and ending of the individual existence. The whole structure of the individual existence in its contingency and finitude appears here in a new light, which applies also to the temporal conditions of existence. Yet, this is not to say that Heidegger should be simply replaced by Lévinas. As shows an examination of the work of art, to which brings us our reading of Moravia’s literary exposition of boredom (the phenomenon closely examined in Die Grundbegriffe der Metaphysik), the view on the work of art that is entirely based on the anonymous and worldless facticity of il y a must be extended and complemented by the moment in which a new world and a new individual structure of experience are being born. To comprehend the dynamism of the work of art in its fullness, it is necessary to see it not only as an ending of the world and the correlative intentional structure of the individual existence, but also as their new beginning.


1956 ◽  
Vol 11 (2) ◽  
pp. 183-193
Author(s):  
A. Mazaheri
Keyword(s):  

D'un commun accord, les historiographes des sciences nous présentent Paracelse (1493-1541) comme le fondateur de la pharmacologie moderne. Dans les pays protestants — Allemagne et Suisse, Angleterre et États-Unis — il y a eu au XVIe et au XVIIe siècle un fort courant de mysticisme scientifique se réclamant de Paracelse. Au XVIIIe et dans la première moitié du XIXe, la science devenant de moins en moins mystique, Paracelse fut presque entièrement oublié. Mais voici qu'à la fin du XIXe siècle un nouveau courant mystique — le nationalisme allemand qui cherchait à faire revivre le « passé germanique » — remit Paracelse à la mode.Le restaurateur de son culte fut l'historien et médecin germanique Karl Sudhoff. Son édition monumentale en quatorze volumes des œuvres de Paracelse eut un énorme retentissement en Allemagne et ensuite dans tout cet univers de parlers germaniques et de confessions protestantes qui constitue une bonne part de l'Occident.


1955 ◽  
Vol 10 (4) ◽  
pp. 547-553
Author(s):  
Jacques Kayser
Keyword(s):  

On a dit de la presse, il y a plus de cent ans, qu'elle constituait le « quatrième pouvoir ». Aujourd'hui, certains prétendent qu'avec la radio, la télévision et le cinéma, elle est, en fait, le pouvoir prépondérant. On a dit aussi de l'information (qui groupe la presse, la radio, la télévision et le cinéma) qu'elle était l'un des prolongements de l'enseignement, comme lui obligatoire — mais pour les adultes. Excessifs ou non, ces jugements contiennent assurément une part de vérité ; ce qui impose d'explorer et de connaître le domaine de l'information, d'expliquer et de comprendre ses manifestations, d'entreprendre des études sur le passé et sur le présent, pour notre pays et pour d'autres pays.


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