scholarly journals A HISTÓRIA DA PESTE NA EUROPA SOB A ÓPTICA DA PANDEMIA DE COVID-19

Author(s):  
Jean-Claude Schmitt

La pandémie de Covid 19 à partir de janvier 2020 - depuis la Chine vers le reste de l’Asie, puis l’Europe et l’Afrique, et enfin les deux Amériques -, n’est pas sans rappeler des épidémies du passé, souvent bien plus meurtrières encore, en premier lieu celles de la peste (qui emporta le tiers de la population européenne en 1348). Trois épidémies de peste ont frappé l’Europe à travers l’histoire : la Peste de Justinien (541-770), la Peste Noire (1348-1352, suivie de nombreuses récidives jusqu’en 1720) et la peste de Chine (qui n’a touché en fait que les ports européens et américains, entre 1850 et 1940). La peste, par ses agressions ou ses retraits, a une valeur systémique pour le « long Moyen Âge » qui commence dans l’Antiquité tardive et se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle : par ses assauts répétés tout au long de cette période, mais aussi par ses retraits comme entre l’époque de  Charlemagne et le XIVe siècle ; cet âge « sans peste »  correspond à la phase du plus grand essor des campagnes médiévales. Au contraire, quand la peste est de retour entre le XIVe et le XVIIe siècle, elle est un des facteurs décisifs d’une longue stagnation démographique. Jamais la cause véritable de la peste (qu’on attribuait à la corruption de l’air ou à un châtiment de Dieu)  n’a été reconnue tout au long de ces siècles. Pourtant on observe dès la fin du Moyen Âge une progression des conceptions « contagionistes » et non-officielles qui anticipent sur la découverte du bacille de la peste par Alexandre Yersin en 1894, en même temps que du rôle des puces et des rats. La peste a suscité des comportements de toutes natures, qui évoquent parfois les mesures prises aujourd’hui pour freiner ou empêcher la progression de l’épidémie (par exemple la quarantaine). Elle a nourri de nouveaux élans de piété et aussi la recherche de boucs-émissaires dont les communautés juives furent les premières victimes. Sur le plan culturel, elle suscita de brillants témoignages littéraires (tel le Decameron de Giovanni Boccacio), mais on ne peut pas lui attribuer la naissance de l’art macabre, car celui-ci lui est antérieur.

Author(s):  
Jean-Claude Schmitt

La pandémie de Covid 19 à partir de janvier 2020 - depuis la Chine vers le reste de l’Asie, puis l’Europe et l’Afrique, et enfin les deux Amériques -, n’est pas sans rappeler des épidémies du passé, souvent bien plus meurtrières encore, en premier lieu celles de la peste (qui emporta le tiers de la population européenne en 1348). Trois épidémies de peste ont frappé l’Europe à travers l’histoire : la Peste de Justinien (541-770), la Peste Noire (1348-1352, suivie de nombreuses récidives jusqu’en 1720) et la peste de Chine (qui n’a touché en fait que les ports européens et américains, entre 1850 et 1940). La peste, par ses agressions ou ses retraits, a une valeur systémique pour le « long Moyen Âge » qui commence dans l’Antiquité tardive et se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle : par ses assauts répétés tout au long de cette période, mais aussi par ses retraits comme entre l’époque de  Charlemagne et le XIVe siècle ; cet âge « sans peste »  correspond à la phase du plus grand essor des campagnes médiévales. Au contraire, quand la peste est de retour entre le XIVe et le XVIIe siècle, elle est un des facteurs décisifs d’une longue stagnation démographique. Jamais la cause véritable de la peste (qu’on attribuait à la corruption de l’air ou à un châtiment de Dieu)  n’a été reconnue tout au long de ces siècles. Pourtant on observe dès la fin du Moyen Âge une progression des conceptions « contagionistes » et non-officielles qui anticipent sur la découverte du bacille de la peste par Alexandre Yersin en 1894, en même temps que du rôle des puces et des rats. La peste a suscité des comportements de toutes natures, qui évoquent parfois les mesures prises aujourd’hui pour freiner ou empêcher la progression de l’épidémie (par exemple la quarantaine). Elle a nourri de nouveaux élans de piété et aussi la recherche de boucs-émissaires dont les communautés juives furent les premières victimes. Sur le plan culturel, elle suscita de brillants témoignages littéraires (tel le Decameron de Giovanni Boccacio), mais on ne peut pas lui attribuer la naissance de l’art macabre, car celui-ci lui est antérieur.


2017 ◽  
Vol 11 ◽  
pp. 22
Author(s):  
Démètre Yannou

L a légende d'Orphée a eu un retentissement particulier dans la musique et dans la pensée musicale des temps modernes. Grâce à la transmission de la légende à travers la littérature et la théorie de la musique du Moyen Âge, le personnage d'Orphée se présente, surtout pendant le XVe, le XVIe et le XVIIe siècle, comme allégorie de la musique à laquelle se réfère aussi bien la musique que la théorie de la musique. Pour la théorie de la musique, la légende d'Orphée s'inscrit dans la tradition de la doctrine des effectus musices. Dans ce cadre, la légende, de même que tous les mythes antiques se référant aux effets de la musique, a une double fonction au début des temps modernes. La première est de livrer des exemples attestant la théorie. Ces exemples subissent un examen critique qui va de la réfutation des faits racontés jusqu'à leur interprétation au moyen de forces naturelles. La deuxième fonction est de fournir des points de repère pour la conception de la réalité musicale de l'époque. Cette fonction concerne le public des milieux de la vie musicale de la Renaissance et du début du XVIIe siècle et elle se manifeste plutôt dans l'historiographie galante que dans la théorie de la musique . proprement dite. Pour la création musicale, le personnage d'Orphée représente d'un côté l'allégorie de la force de l'homme, et de l'autre, à travers la dramatisation de la légende, la force de la musique et plus spécialement du chant — champ d'expression par excellence de l'opéra naissant. «A partir du XVIIIe siècle, avec la naissance de l'acoustique moderne, la référence aux légendes de l'Antiquité disparaît de la théorie de la musique. Par contre, dans la création musicale, la légende d'Orphée continue de susciter l'intérêt des compositeurs jusqu' à la fin du XXe siècle. Néanmoins, la place des premières œuvres musicales inspirées par cette légende au début des temps modernes reste unique dans l'histoire de la musique, parce que ces œuvres s'inscrivent dans une époque pour laquelle la référence aux légendes musicales de l'Antiquité constituait un lieu de convergence de la théorie de la musique, de la création musicale et de la conception que les contemporains eux-mêmes se formaient de la réalité musicale de leur temps.


2020 ◽  
Vol 141 ◽  
pp. 31-39
Author(s):  
István Monok

À partir du milieu du XVIIe siècle, le livre de langue française commence à occuper une place de plus en plus importante dans les collections de l’aristocratie hongroise. Il s’agit, en premier lieu, d’ouvrages historiques et de belles-lettres mais, au milieu du XVIIIe siècle, des titres théoriques – théorie politique, philosophie – s’y rencontrent aussi en nombre croissant. Les aristocrates hongrois complètent quelquefois leurs connaissances en théologie en ayant recours à des publications de langue française. Il convient de souligner que les résultats des recherches dans le domaine de la présence du livre français paraissent confirmer l’intuition de ceux qui ont mis en valeur l’élargissement de l’abîme culturel séparant les différentes couches de la société hongroise. Les aristocrates – surtout ceux qui vivent non loin de Vienne – s’éloignent dans leur goût et dans leurs choix culturels, non seulement des intellectuels bourgeois, mais aussi de la majorité de la société nobiliaire.


Author(s):  
Dante Fedele

Cet article examine l’élaboration, par les juristes du ius commune médiéval, d’une notion de représentation diplomatique qui plonge ses racines dans la doctrine de la représentation en droit privé. En particulier, il s’attache à étudier le fondement et les limites des pouvoirs de négociation de l’ambassadeur, par une analyse de quelques questions concernant la procuration et la ratification des traités. La conclusion montre que cette notion de représentation diplomatique joua un rôle central dans la discussion de la matière jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, permettant d’apercevoir l’importance de la contribution apportée par le ius commune de la fin du Moyen Âge à la discussion sur le statut de l’ambassadeur au début de l’époque moderne.


1979 ◽  
Vol 34 (5) ◽  
pp. 956-983 ◽  
Author(s):  
Robert Descimon ◽  
Jean Nagle

Hier comme aujourd'hui, quartier désigne une fraction de territoire urbain dotée d'une unité reconnue. Mais cette unité résulte-t-elle d'une réalité géographique (« endroit de ville », dit le Dictionnaire de Richelet), ou d'un acte administratif (« division d'une ville », définit Furetière) ?« Réelle », la tripartition Cité, Ville, Université, traduisait une perception historique et globale de l'espace parisien, effacée des institutions, mais lisible aux consciences. Le cadre politique devait se conformer à la géographie : en 1649, les habitants de l'île Notre-Dame furent d'avis que « l'isle soit divisée en quatre compagnies [de milice] pour les quatre quartiers d'icelle isle ». Ces quatre quartiers étaient les quatre secteurs déterminés par l'intersection des deux axes principaux, la rue des Deux-Ponts et la rue Saint-Louis.


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document