1992. Réflexions sur une commémoration

1993 ◽  
Vol 48 (3) ◽  
pp. 703-714 ◽  
Author(s):  
Annette Wieviorka

Depuis 1989, nous sommes entrés dans l'ère des commémorations de la seconde guerre mondiale, ère qui ne s'achèvera qu'en 1995, avec la célébration des capitulations de l'Allemagne et du Japon. A mi-parcours, dresser un bilan est encore prématuré, d'autant que bien des affaires qui ont agité l'opinion n'ont pas encore trouvé leur épilogue : affaire Touvier, affaire Papon et Bousquet. Pour l'historien, il manque surtout le recul du temps. Quel aspect mis en avant par la commémoration laissera une trace dans l'histoire quand le temps aura fait son oeuvre de sédimentation ? Car si la commémoration — les historiens de la mémoire le savent — a pour fonction de se souvenir ensemble d'un élément du passé, elle informe pourtant essentiellement sur le présent, un présent qui deviendra à son tour histoire.

Lipar ◽  
2021 ◽  
Vol 22 (75) ◽  
pp. 103-110
Author(s):  
Slobodan Zečević

L’œuvre historique de Charles de Gaulle a-t-elle eu de l’influence sur les événements politiques en Serbie? La réponse est oui, même plus qu’on ne le pense. Le parallélisme du comportement politique pendant la Seconde Guerre mondiale du général Milan Nedić avec celui du maréchal Philippe Pétain et du colonel Dragoljub Draža Mihajlović avec celui du général de Gaulle est fascinant. Les deux militaires serbes ont été formés par l’armée française. Comme Pétain, le général Nedić a décidé de se soumettre à l’occupant en créant un État serbe fantoche. Comme de Gaulle, le général Mihajlović est convaincu de la victoire des Alliés, refusant la capitulation et décidant de continuer le combat. La constitution gaulliste de la V République de 1958 a-t-elle inspirée les rédacteurs de la constitution serbe de 2006 ? Dans une certaine mesure oui, mais peut-être pas assez. Voici une analyse du rapport des Serbes face au gaullisme.


1908 ◽  
Vol 39 (156) ◽  
pp. 324-326
Keyword(s):  

Pour faire suite à l'article paru sous ce titre dans notre fascicule de juillet (p. 216) nous sommes heureux de reproduire l'échange de lettres ci-dessous qui nous paraît mettre un heureux point final au débat.Paris, le 8 mai 1908.Le président du Comité central de la Croix-Rouge française, à M. le Ministre de la guerre.Monsieur Le Ministre,A l'occasion des polémiques de presse, relatives aux affaires du Maroc, un journal dont l'opinion ne saurait passer inaperçue en raison de la place qu'il occupe dans la presse médicale et militaire, Le Caducée, a mis en cause la Croix-Rouge française et a semblé la rendre solidaire des attaques dirigées contre le fonctionnement du Service de Santé au Maroc. Il a mis la Croix-Rouge en demeure de se dégager de ces attaques.


Author(s):  
Mathieu Lefebvre ◽  
Sergio Perelman ◽  
Pierre Pestieau

Depuis quelques années, il est admis qu’il y a lieu de s’inquiéter pour l’avenir de l’État providence. Des menaces croissantes pèsent en effet sur son fonctionnement. Elles ont pour noms vieillissement, concurrence fiscale, changements familiaux et segmentation du marché du travail. Pour toutes ces raisons, les États providences européens ont besoin de réformes, réformes qui permettraient une meilleure adéquation entre leurs structures et la réalité socio-économique actuelle, très différente de celle qui prévalait après la seconde guerre mondiale, lorsque les grands programmes de protection sociale ont été créés. Avant de procéder à toute réforme, il est nécessaire de se rappeler quels sont les objectifs de la protection sociale. En effet, pour juger de sa performance, il importe de savoir comment ces objectifs ont été atteints. Ces objectifs sont essentiellement de deux ordres : assurer une bonne protection contre les grands risques de la vie (le chômage, la maladie, l’invalidité, l’absence de qualification) et réduire au mieux les inégalités sociales et la pauvreté. Dans ce numéro de Regards économiques, nous proposons une mesure et un classement de la performance de la protection sociale des 27 pays membres de l’UE ainsi que des régions belges. On retrouve les suspects habituels dans le peloton de tête, à savoir les Pays Nordiques et les Pays-Bas. Parmi les derniers entrants, la Tchéquie et la Slovénie se comportent également très bien. Malgré les différences de performances observées entre les pays, une analyse de l’évolution dans le temps montre que les pays à la traine tendent à rattraper leur retard par rapport aux Etat les plus performants, ce qui semble indiquer l’absence de dumping social. Quant à la Belgique, elle se retrouve au milieu du classement des 27 pays. Ce n’est guère glorieux surtout par rapport à la réputation que notre pays pouvait avoir il y a deux décennies. Ce qui est intéressant, c’est de distinguer les deux principales régions belges. La Flandre se retrouve tout en haut du classement alors que la Wallonie est classée parmi les derniers.


1986 ◽  
Vol 41 (2) ◽  
pp. 259-270 ◽  
Author(s):  
Emmanuel Terray
Keyword(s):  
De Se ◽  

Il est peut-être encore temps de revenir sur le beau livre de Françoise Héritier, L'exercice de la parenté, dont, me semble-t-il, la publication n'a pas été saluée en son temps comme il aurait convenu, au moins à l'extérieur d'un cercle relativement étroit de spécialistes. A mon avis, ce silence tient à deux raisons : la première est bien sûr la difficulté, ou plutôt l'austérité du domaine exploré ; les études de parenté exigent patience et rigueur ; elles font appel à une agilité d'esprit qui n'est pas le lot de tous, et demandent une attention soutenue dont les lecteurs pressés que nous sommes devenus ne sont plus toujours capables. Mais la responsabilité de l'auteur est elle aussi en cause. Françoise Héritier a de nombreux talents, mais elle n'a pas celui de se mettre en valeur. Son livre est écrit sur un ton posé, calme, modeste, qui n'en laisse nullement pressentir l'importance. C'est une sonate pour violon seul : le compositeur s'est délibérément privé de l'éclat des cuivres et des cymbales qui, de gré ou de force, auraient imposé son œuvre à l'oreille du grand public.


2017 ◽  
Author(s):  
François Laplantine

La question du sujet est devenue la question cruciale de notre époque. Pour nous en rendre compte, il nous faut réfléchir d’emblée à son élimination qui revêt trois formes : sa destruction radicale dont le XXème siècle, siècle des génocides, porte la marque indélébile ; sa domination et sa discrimination dans les rapports coloniaux ; sa normalisation, sa neutralisation voire sa réification dans les sociétés contemporaines les plus modernes et d’apparence les plus démocratiques. L’anthropologie se doit de considérer de manière non pas réactive mais réflexive les opérations de simplification du sujet, qui s’accompagnent le plus souvent d’une falsification du langage : sa réduction à l’individu qui, en tant que monade séparée se créditant d’autosuffisance, est une construction culturelle qui n’a rien d’universelle ; à la culture (ou plus précisément à la monoculture dans certaines formes de nationalisme et de communautarisme), au cerveau dans une idéologie cognitiviste procédant d’une instrumentalisation des neuro-sciences. Ce sont des opérations de réduction du multiple à l’un qui recèlent une forte charge de violence. Aussi avant de se demander comment la question du sujet peut être traitée, il convient de constater que ce dernier est aujourd'hui maltraité y compris dans une partie des sciences sociales. Plusieurs dimensions du sujet (ou plus exactement de processus de subjectivation) doivent être distingués. Un sujet politique pris dans des rapports de pouvoir et cherchant à les transformer : c’est la notion de citoyen et de citoyenneté. Un sujet juridique, sujet de droit et du droit impliquant les notions de reconnaissance et de personne. Un sujet psychologique (moi, esprit, conscience) pouvant être groupal, sociétal, national. Un sujet grammatical ou sujet du langage engagé physiquement dans des processus d’énonciation mais qui n’a aucune universalité puisqu’un certain nombre de langues comme le japonais ne le place pas dans cette position d’antériorité et de centralité du je et peuvent très bien ne pas le désigner explicitement. Il existe enfin un sujet logique ou sujet de la connaissance – qualifié par Michel Foucault de « sujet épistémique ». C’est le sujet de la philosophie européenne. Successivement socratique, cartésien, kantien, durkheimien puis sartrien, il se pose comme étant indépendant des notions de genre, de culture et de couleur et présuppose, dans la constitution asymétrique d’un « champ », son antériorité, son extériorité et sa supériorité par rapport à un « objet ». C’est ce sujet premier et fondateur, visée et intentionnalité, foyer affranchi de toute détermination à partir duquel se constitue la dotation et l’assignation des significations qu’une anthropologie non hégémonique se doit de remettre en question. Ce qui est en crise aujourd'hui est à la fois le logicisme sans sujet du structuralisme et le sujet logique durkheimien non troublé d'affectivité, impassible et immuable, le sujet européencentré blanc, masculin, hétérosexuel, compact, constant, cohérent, transparent, adéquat à lui-même. Ce sujet de l'universalisme à la française n'a rien d'anthropologique car il est androcentré, géocentré et même chromatocentré. Cet universalisme par capitalisation de signes (homme – blanc – hétérosexuel – jamais malade – toujours jeune et toujours en forme – propriétaire ou copropriétaire de tous les biens et de toutes les valeurs) est une forme de communautarisme déguisé. C'est un universalisme abstrait, anhistorique et métaculturel qui a de la difficulté à prendre en considération les situations de vulnérabilité créées par la logique économiste de la globalisation. Pour dire les choses autrement, la notion égologique du sujet individuel tel qu'il s'est construit de manière historique, philosophique, sociologique et anthropologique en Europe n'est pas transférable telle quelle dans d'autres sociétés et à d'autres époques. Elle peut même constituer un obstacle dans la connaissance (qui commence avec la reconnaissance) de ce qui se joue aujourd'hui dans toutes les sociétés : non seulement des rapports socio-économiques de classe, mais des rapports de couleur, de genre, de génération, des rapports aux situations de handicap sans oublier la manière dont on traite les animaux. L’horizon de connaissance et d’action ne peut plus être celui de l’humanisme européen. Il ne peut plus être égologique et monologique. Il appelle la déliaison de la subjectivité (laquelle n’est pas intériorité et encore moins irrationalité mais condition de la précision) par rapport à la philosophe européenne. Le sujet n’est nullement abandonné mais requalifié en termes de processus (hétérogènes) de subjectivation. Il se trouve déplacé dans l’expérience du terrain et le travail de l’écriture ainsi que des sons et des images. Dans le trouble et la turbulence sont aujourd'hui en train de s’inventer dans les périphéries de la culture et dans les cultures diasporiques de nouvelles formes de subjectivité pouvant être qualifiées d’hybride, de métisse, de mutante. Aussi notre vocation est-elle d’accompagner et pourquoi pas de contribuer à créer des possibilités de devenir différents de ce que nous sommes. Dans cette perspective, qui est celle d’une anthropologie politique du sujet (et non de l’objet), ce qu’Alexandre Kojève a qualifié le « sujet de la science » conçu de manière vectorielle et unidirectionnel appelle à être problématisé car ce dernier ne peut être transparent et unifié. Il se trouve dans les sociétés contemporaines en permanence divisé, ce qui est source de toutes les multiplicités. Les notions d’assujettissement et de désassujettissement (c'est-à-dire de resubjectivation), peuvent être alors utilisées comme des notions exploratoires afin de poser cette question : comment ceux qui ont été considérés comme objets (du savoir) peuvent (re)devenir sujet (de la connaissance), acteurs (et non seulement agents)


Author(s):  
Claudia Bouliane

Dans Le Sursis, Philippe Grésigne fuit sa famille bourgeoise au moment où des transgressions de frontières sont à la veille de faire éclater la Seconde Guerre mondiale. Il essaie de franchir la distance le séparant des autres qui l’entourent, de se dégager du cadre imposé par son milieu oppressant. La présente analyse propose d’étudier un motif essentiel, quoique peu étudié, de poétique romanesque sartrienne : le passage d’un seuil. Le narrateur décrit presque systématiquement les entrées et les sorties de son personnage dans les nombreux lieux que celui-ci visite pendant sa fugue. Le passage problématique des seuils qui se multiplient dans les déroutes de Philippe traduit spatialement la peine qu’a l’adolescent de l’entre-deux-guerres non tant à s’émanciper de son enfance qu’à s’extraire de la case dans laquelle la société le confine. Il lui faut circuler entre les classes sociales pour s’épanouir pleinement. L’étude d’extraits où il figure permet d’éclairer la progression cohérente de son inscription dans l’espace urbain.


2020 ◽  
Vol 28 (2) ◽  
pp. 202-203
Author(s):  
Erling Lundeby

SummaryMcGrath’s book is a helpful opening up of what ‘discipleship of the mind’ means, and how to acquire it. He shows how discipleship is the habit of understanding and imagining ourselves and our world firmly rooted in the Christian gospel. The creeds work like a map. We are joined by fellow Christians in the wider Church past and present (and especially through books). The vision is lived out in today’s pervasive secular culture, and we can learn from good examples who have lived before us. This vision and hope resonates with contemporary philosophers and authors. McGrath’s book is short on practical specifics, but rich and very stimulating when it comes to understanding ourselves as disciples in today’s secular society. It is highly recommended.RÉSUMÉCet ouvrage offre une perspective utile sur la nature du « discipulat de la pensée » et sur les moyens d’y parvenir. Il souligne que le discipulat implique l’habitude de se comprendre et de s’imaginer soi-même, ainsi que notre monde, comme étant fermement enracinés dans l’Évangile. Les confessions de foi fonctionnent comme une carte routière. Nous sommes associés aux autres chrétiens au sein de l’Église dans sa dimension la plus large, du passé et du présent (et tout spécialement grâce aux livres). Cette vision se vit dans la culture actuelle en tout point sécularisée, et nous pouvons apprendre de bons exemples vécus avant nous. Cette vision et cette espérance sont en résonance avec des philosophes et auteurs contemporains. L’apport pratique spécifique de cet ouvrage est succinct, mais il est riche et très stimulant lorsqu’il traite de la manière de se voir comme disciple dans la société moderne sécularisée.ZusammenfassungMcGraths Buch ist eine hilfreiche Einführung in eine sogenannte ,,Jüngerschaft des Verstandes“, in das, was sie bedeutet und wie sie zu erreichen ist. Der Autor zeigt auf, dass Jüngerschaft das Modell dafür ist, wie wir uns selbst und unsere Welt als fest im christlichen Evangelium verwurzelt begreifen. Die Glaubensbekenntnisse funktionieren dabei wie eine Landkarte. Auf dem Weg begleiten uns Mitchristen aus dem weiteren Kirchenumfeld in Vergangenheit und Gegenwart (gerade durch Bücher). Diese Vision leben wir aus in der allgegenwärtigen säkularen Kultur von heute. Dabei können wir von den wertvollen Vorbildern jener lernen, die ihr Leben vor uns gelebt haben. Diese Sicht und Hoffnung findet ein Echo bei gegenwärtigen Philosophen und Autoren. Praktische Einzelheiten kommen ein wenig kurz in McGraths Buch, doch es ist sehr reichhaltig und anregend, wenn es darum geht, dass wir uns selbst als Jünger in einer modernen säkularen Gesellschaft verstehen. Ein sehr empfehlenswertes Werk.


2010 ◽  
Vol 16 (2) ◽  
pp. 175-199
Author(s):  
Daphne A. Ducharme ◽  
Isabelle Arcand ◽  
Julie Chrétien

Cet article présente les résultats d’une recherche-action collaborative (Savoie-Zajc, 1999) visant à observer ce qui se passe chez les élèves qui reçoivent pour la première fois un enseignement du Signwriting (SW), de même que chez les d’intervenants qui le dispensent. Le SW s’avère un outil prometteur pour faciliter l’apprentissage du français écrit — langue de la majorité entendante — chez les élèves dont la langue première est la langue des signes québécoise. Nous nous sommes particulièrement intéressés à l’apport du SW comme moyen pour l’élève Sourd de se construire une identité par rapport à une population majoritaire entendante et aussi anglophone.


2006 ◽  
Vol 50 (140) ◽  
pp. 207-239 ◽  
Author(s):  
Guy Mercier

RésuméLa poussée de l’habitat pavillonnaire après la Seconde Guerre mondiale a profondément bouleversé le paysage urbain en Amérique du Nord. La vitesse et l’extension de ce mouvement témoignent d’une intense ferveur, si bien que l’on ne doute pas qu’un trait fondamental de la culture contemporaine soit en cause. Il reste que l’habitat pavillonnaire essuie aujourd’hui de nombreuses critiques. Malgré ces critiques, l’habitat pavillonnaire demeure toujours très populaire, d’où la pertinence de se pencher à nouveau sur les raisons de l’adhésion qu’il suscite. Dans cette perspective, il semble important de s’interroger sur l’engagement personnel que suppose le recours au crédit hypothécaire nécessaire, dans la plupart des cas en Amérique du Nord, à l’accession à la propriété d’un pavillon. Il n’est certainement pas anodin que le crédit hypothécaire soit une institution dont l’évolution, au XXe siècle, est intimement liée à celle de l’habitat pavillonnaire. Or il est possible de démontrer que l’engagement personnel qu’exige le crédit n’est pas qu’une simple condition technique liée à la mise en oeuvre d’un mécanisme économique, mais la manifestation d’une passion qui, au Canada et aux États-Unis, modèle encore fortement la façon d’habiter les lieux et d’aménager le territoire.


2014 ◽  
Vol 23 (3) ◽  
pp. 39-47
Author(s):  
Jimmie LeBlanc

Alors que la fin du xixe siècle confirme l’établissement de certains genres musicaux comme la symphonie et le concerto, ainsi que de certaines formations instrumentales comme l’orchestre moderne et le quatuor à cordes, le xxe siècle voit apparaître des géométries instrumentales inédites, essentiellement motivées par de nouvelles nécessités esthétiques. Pour bien des compositeurs de l’après-Seconde Guerre mondiale, ces combinaisons instrumentales originales devenaient une nouvelle référence en matière d’expression musicale, mais aussi une manière de se soustraire aux connotations socioculturelles qui se rattachent aux modèles hérités de la tradition. Le recours à des formes ou genres du passé a souvent été l’objet de questionnements, voire de critiques plutôt sévères, mais qu’en est-il de ces enjeux aujourd’hui? Dans quelle mesure le médium détermine-t-il le message? Cette enquête sonde l’opinion de sept acteurs du milieu musical, compositeurs, chefs d’orchestre, directeurs artistiques et interprètes.


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document