La laïcité dans les Constitutions de l'Afrique de succession coloniale française

Author(s):  
André Cabanis
Keyword(s):  

Si les Constitutions des pays du Maghreb ne mentionnent pas la laïcité mais se contentent d’affirmer la liberté d’opinion, en revanche les lois fondamentales de l’Afrique subsaharienne mentionnent toutes cette notion, quoiqu’avec des significations diverses dans la mesure où il n’est pas question d’instaurer une séparation stricte des religions et de l’État comme avec la laïcité à la française. Les communautés religieuses se voient reconnaître une autonomie et même une place officielle, y compris en matière d’enseignement. La référence à Dieu est fréquente, notamment dans le serment prêté par le président. Pour autant, il existe une crainte de l’irruption du religieux, sous sa forme extrémiste, dans le débat politique. L’interdiction des partis liés à une confession témoigne de cette méfiance. Il est hautement affirmé que l’appartenance religieuse ne doit pas entraîner de discriminations. C’est sur ce dernier aspect que se focalisent nombre de recours que les citoyens adressent aux juridictions constitutionnelles en invoquant la loi fondamentale. S’y ajoutent des plaintes liées aux obstacles à certaines manifestations cultuelles, du fait de problèmes de maintien de l’ordre. Si les arrêts des Cours et Conseils constitutionnels sont encore peu nombreux, sauf au Bénin, ils témoignent cependant d’une affirmation progressive de la justice constitutionnelle et de son utilisation par les citoyens de base. Finalement, c’est une laïcité libérée des définitions en honneur dans l’ancienne métropole et adaptée aux caractéristiques du pays que proclame chaque Constitution mais les nations y demeurent attachées comme en témoigne le fait qu’elle figure parmi les principes dont il est officiellement exclu qu’ils puissent faire l’objet d’une révision. Pour autant, il ne faut pas se faire d’illusion sur le fait que la pérennité du principe de laïcité soit assurée en Afrique francophone : les barrières constitutionnelles ne sont pas insurmontables soit que le changement de régime se fasse de façon violente, soit que l’on fasse disparaître l’article bloqueur avant de renoncer à ce qu’il imposait et même si certains discutent de la régularité de cette procédure, même s’il s’agit du texte se situant au niveau le plus élevé de l’ordre juridique interne. La présence de la laïcité dans les Constitutions africaines témoigne du moins de l’intérêt pour cette notion même si tout le monde ne lui donne pas la même signification. De nos jours encore, c’est un thème de polémiques, ce qui prouve la jeunesse et l’adaptabilité du concept.

Author(s):  
Claire Maingon
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L'histoire de l'art et l'histoire sociale se sont encore peu intéressées aux répercussions de la Grande Guerre sur la carrière des artistes. En retraçant le parcours de Raymond Delamarre dans les années 1911-1919, l'auteur révèle combien la ténacité, la volonté et l'obstination furent nécessaires aux plus jeunes artistes de la génération du feu pour devenir des artistes officiels. Cette notion d'officialité était pour eux le seul gage d'une véritable liberté.


2005 ◽  
Vol 23 (3) ◽  
pp. 317-335
Author(s):  
Léon Dion

Les spécialistes sont à peu près unanimes à percevoir la culture comme l'ensemble des structures symboliques que les membres d'une collectivité ont en commun. Il existe toutefois de profondes divergences sur la façon d'en faire l'étude. Ces divergences sont encore bien plus prononcées quand il s'agit de culture politique. Les travaux s'inspirant de cette notion paraissent insatisfaisants au point où certains suggèrent qu'on cesse de l'utiliser au profit d'autres expressions, telles celles de « style politique », de « caractère national», de « croyances de masses », d'« éthos », de « personnalité de base », l'« esprit du temps » (Zeitgeist), ou encore d'« orientation ». Plutôt qu'un simple changement de nom, ne serait-ce pas le cadre conceptuel qu'il faudrait rendre plus rigoureux ? Dans leur traitement de la culture, les politologues américains font de nombreux emprunts à la théorie parsonienne: outre le concept de value orientation, ils retiennent la distinction entre l'aspect tripartite des orientations à l'égard des objets (le cognitive, le cathectic et l’evaluative), de même que la notion de pattern variables. Nous estimons dès lors profitable de partir de Parsons, d'autant plus qu'à l'instar de ce dernier nous recourons à une approche systémique d'analyse. Nous jugeons toutefois nécessaire de nous montrer plus rigoureux dans l'élaboration d'un cadre conceptuel que la plupart de ceux qui ont emprunté à la théorie parsonienne de la culture. Plus encore : nous estimons nécessaire de modifier substantiellement cette dernière théorie elle-même. Le substrat de la culture, il y a quasi-unanimité là-dessus, ce sont les valeurs. Ce sont finalement les multiples modes d'être que les valeurs revêtent qui procurent à la culture son étendue et sa profondeur. Toutefois, si les auteurs, quand ils analysent la culture, font une place centrale aux valeurs, ils ne se soucient guère de scruter la nature des valeurs ni d'examiner comment elles sous-tendent la culture, selon les différentes facettes que cette dernière présente d'elle-même.


2020 ◽  
Vol 8 (12) ◽  
pp. 585-601
Author(s):  
Majda Azariz ◽  
◽  
Kaoutar el Menzhi ◽  

La digitalisation est devenue le sujet dactualite non seulement des cercles politiques, economiques et sociaux, mais egalement un sujet de predilection de nombreux chercheurs. En effet les theoriciens de tout horizon tentent de construire une doctrine autour de cette notion dont les aspects sont encore confus et difficiles a cerner.Dans ce travail de recherche, nous tentons de dresser dans un premier lieu un etat de lart des recherches et publications en ce qui concerne leconomie numerique. En deuxieme lieu, nous analysons lexperience marocaine a travers lhistoriques des politiques publiques numeriques et leur evaluation par les instances nationales et internationales.


1957 ◽  
Vol 12 (1) ◽  
pp. 60-70 ◽  
Author(s):  
B. Bennassar
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La correspondance de Simon Ruiz, marchand de Médina del Campo n'est plus inédite ; elle est même, pour longtemps encore, à l'ordre du jour de la recherche historique qui a mis en chantier une prospection systématique de cette source unique de renseignements. Les travaux de Henri Lapeyre, de Gentil da Silva, de Felipe Ruiz Martin l'ont largement utilisée. Mais cette correspondance surabondante défie tout examen général. De nombreuses lettres venues de presque toutes les grandes villes d'Espagne sont encore inconnues et risquent de le rester longtemps. Aucun doute, parmi ces liasses, que les lettres de Séville ne soient parmi les plus intéressantes, ainsi qu'un bref examen, — l'objet même de cet article, — m'a permis de l'établir.


1959 ◽  
Vol 14 (2) ◽  
pp. 348-349
Author(s):  
Fernand Braudel
Keyword(s):  

D'un coup de chapeau, ou le verre en main, saluons le 100e numéro» (double d'ailleurs, juillet-août, septembre-octobre 1958) des Cuadernos Americanos. Ce sera attirer l'attention, comme il convient, sur une revue sympathique, intelligente et libre, j'allais dire courageuse, mais la liberté ne va jamais sans courage.” Nous nions, écrit son Directeur, qu'aucune nation, pour forte qu'elle soit, ait le droit d'intervenir chez une autre nation, si grande que soit la faiblesse de cette dernière… ». Ces paroles sont d'or, elles ne relèvent pas d'une rhétorique de convention : au fil des jours et des années, les Cuadernos ont su montrer qu'ils étaient une tribune libre et protester à très haute voix quand il le fallait, c'est-à-dire assez souvent.Fondés le 29 décembre 1941, à un moment difficile de l'histoire du monde, ils ont été dès le principe et ils sont encore aujourd'hui l'oeuvre commune d'un groupe d'amis que domine la haute et sympathique silhouette directoriale de Jésus Silva Herzog, économiste, écrivain-né, orateur admirable, ancien ministre des Finances au temps de la nationalisation des pétroles, avant tout homme de coeur et de courage.


2005 ◽  
Vol 45 (1) ◽  
pp. 133-155
Author(s):  
Sylvette Guillemard
Keyword(s):  

À l’occasion de la réforme du Code de procédure civile, le juge en chef du Québec annonçait le regain de vitalité du « contrat judiciaire », qualification attribuée autrefois, en particulier pendant la période classique à Rome, au lien d’instance. L’auteure s’est penchée sur cette notion, son fondement et son origine, ainsi que sur les critiques auxquelles elle a pu donner lieu, afin de vérifier si la nouvelle culture judiciaire québécoise autorisait à qualifier de contractuelles les obligations que les parties ont maintenant de participer au bon fonctionnement de l’instance. Elle conclut qu’il faut rendre à César ce qui est à César, autrement dit laisser la qualification contractuelle du lien d’instance dans la sphère du droit romain, tout en constatant que, dorénavant, les litigants ont des obligations légales qui reflètent les grands principes adoptés par le codificateur, notamment celui de la maîtrise de leur dossier par les parties.


2002 ◽  
pp. 87-93 ◽  
Author(s):  
Denis Saint-Martin
Keyword(s):  

RÉSUMÉ Cet article montre comment des conceptions, des notions, des vocabulaires nouveaux ou renouvelés, forts de la légitimité qu'ils acquièrent en circulant dans les milieux dirigeants des organisations transnationales ou internationales, se heurtent aux réalités nationales dans lesquelles ils sont transposés. L'étude du cas de l'importation par le gouvernement fédéral canadien de l'idée de cohésion sociale met en évidence la façon dont cette notion a dû être domestiquée et dont sa signification a dû être ajustée à la situation spécifique du Canada et à sa pluralité culturelle pour que son usage produise des effets.


2021 ◽  
Vol 46 (181) ◽  
pp. 19-29
Author(s):  
Wolfgang Asholt

Selon le Trésor de la langue française, le substantif ‚libertaire‘ apparaît pour la première fois dans l’essai philosophique de Pierre-Joseph Proudhon De la justice dans la Révolution et dans l’Eglise paru en 1858, dans lequel il revendique une société juste où les individus seraient des sujets libres. Mais l’œuvre de référence aurait pu aussi renvoyer à une revue qu’un „précurseur de l’anarchisme“ (Maricourt), Joseph Déjacque, édite à New York et qui s’appelle Le Libertaire (1858-1861), même si cette revue était certainement peu connue et lue dans la France du Second Empire (Asholt 1998: 351-363). Déjacque avait dû s’exiler en 1851 et l’étude citée a fait condamner Proudhon et l’a obligé à s’exiler. Vallès, grand lecteur de Proudhon, avait publié un an plus tôt une première œuvre avec laquelle il se fait remarquer: L’Argent (1857) qui est un hypertexte du Manuel du spéculateur de Bourse de Proudhon paru en 1856, où celui-ci revendique de remplacer „l’anarchie industrielle“ du capitalisme par la „République industrielle“, c’est-à-dire le fédéralisme et le mutuellisme (Asholt 1984: 5-15). Si deux représentants du début de l’anarchisme en France se servent de cette notion de ‚libertaire‘, elle doit faire partie de leur vocabulaire philosophique et idéologique. Mais, malgré ce contexte, cette notion ne devient véritablement une référence pour l’anarchisme que vers la fin du XIXe siècle où des auteurs comme Zola ou Anatole France s’en servent.


2021 ◽  
Author(s):  
Adalric Felix Fidèle Jatsa
Keyword(s):  

<P>La notion africaine de « non-encore-nés » dans la communauté tridimensionnelle africaine est un exemple d’illustration du fait que dire sa foi aujourd’hui nécessite une reprise critique de l’être-au-monde de l’Africain dans sa situation actuelle, et dans ce qu’il y a d’ « authentiquement » humain. Ceci lui permet d’y voir un lieu d’expression de sa foi chrétienne, et met ainsi davantage en exergue le fait que la nouveauté, c’est le Christ qui rejoint l’homme où il est, et non la tradition humaine du plus fort (allusion au contexte colonial de l’évangélisation). À partir de cette notion, l’auteur montre comment la compréhension de la personne humaine, définie « au-delà d’elle-même », apparaît comme un écho retentissant, dans le contexte africain, de la vision biblique de la préexistence humaine : « Avant même de te modeler au ventre maternel, je t’ai connu ; avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré ; comme prophète des nations, je t’ai établi » (Jr 1, 5). Il montre non seulement qu’une telle approche enrichit la compréhension chrétienne de la personne humaine, mais aussi qu’elle amplifie l’écho de la voix de l’Eglise sur l’accueil de la vie à son commencement.</P> <P>Par ailleurs, même si la question écologique n’est pas centrale dans cette analyse, l’auteur montre qu’à partir d’une telle approche holistique de la vie communautaire, on peut mieux comprendre les rapports entre l’homme et son milieu naturel, donc les questions liées à l’écologie.</P> <P>Par cette démarche anthropologique et théologique, l’ouvrage essaie de creuser le sillon d’une évangélisation en profondeur pouvant aider l’Africain à accueillir le Christ chez lui.</P> <P>Par ailleurs, du fait même, il lance également une passerelle à l’endroit des « autres » qui ont des préjugés sur les réalités africaines.</P>


2010 ◽  
Vol 81 (3) ◽  
pp. 221-226 ◽  
Author(s):  
Julien Philippe
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La contention temporaire a pour but d’empêcher une cause de récidive de produire ses effets : elle fait obstacle aux réactions ligamentaires consécutives aux déplacements des dents. Elle ne peut rien pour les autres causes de récidive qui doivent être détectées et supprimées en dehors de la contention, dans le cadre du traitement. Pour être efficace, cette contention doit être immédiate, complète et prolongée. Les dispositifs les plus utilisés sont la plaque de Hawley, les gouttières transparentes et les fils collés. Aucun n’est parfait. Seule la contention permanente assure la stabilité des résultats du traitement quelles que soient les causes de récidive. Les risques en sont encore mal connus.


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