L’école et la justice sociale. Une étude de cas autour de No Child Left Behind
Cet article est fondé sur une revue de la littérature concernant la loi américaine No Child Left Behind (NCLB). À partir de l’étude de cette loi, de son implantation et de ses effets sur l’équité et les performances scolaires, cet article vise à comprendre dans quelle mesure une politique d’équité parvient — ou pas — à limiter les inégalités scolaires. Après avoir décrit les instruments mobilisés par NCLB, nous explicitons le rôle de sa mise en œuvre dans la répartition des biens éducatifs, en nous demandant quels principes institutionnels organisent cette répartition et en mettant en lumière les mécanismes de découplage entre les intentions de NCLB et leur réalisation. Il ressort de nos analyses que la loi présente des effets pervers : les écoles pauvres et ethniquement diverses ont plus de probabilités de ne pas respecter les exigences de NCLB et d’en être sanctionnées, notamment financièrement. Ainsi, le principe de « pressure without support » pénalise les plus défavorisés. In fine, la thèse défendue dans cet article est qu’une politique éducative de justice sociale ne peut se réaliser que si elle se fonde sur une vision juste des sources des inégalités et si elle considère de façon équitable l’ensemble des acteurs des processus éducatifs.