scholarly journals Au-delà de l’universalisme et du relativisme

2010 ◽  
Vol 33 (3) ◽  
pp. 79-100 ◽  
Author(s):  
Christoph Eberhard
Keyword(s):  

La pensée et la pratique des droits de l’homme ont longtemps été piégées dans un double dilemme : dilemme entre universalisme et relativisme, d’une part, et entre théories et pratiques, d’autre part. Au niveau théorique, l’opposition entre universalité des droits de l’homme, défendue surtout par les juristes, et relativité des cultures, surtout défendue par les anthropologues, semblait insurmontable. À un niveau plus pratique, l’universalité des droits de l’homme se heurtait aux réalités du terrain et posait la question de l’applicabilité des déclarations de droits dans des contextes socioculturels divers. On assiste de nos jours à une réorientation des débats. Par leur inscription dans le contexte plus large de la globalisation et de la reconfiguration sémantique du champ politico-économico-juridique autour des notions de « gouvernance » et de « développement durable », penser un horizon pluraliste et interculturel pour les droits de l’homme devient possible. Cela nécessite de se pencher sur l’émergence d’une nouvelle éthique d’un agir collectif responsable fondé sur la reconnaissance de notre fragilité individuelle et collective. L’apport des anthropologues, longtemps absents de la réflexion sur les droits de l’homme, est précieux dans cette entreprise.

Author(s):  
Véronique Guèvremont

SommairePar l’article 13 de la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, les parties se sont engagées à intégrer la culture dans leurs politiques de développement en vue de créer des conditions propices au développement durable. Si cette disposition marque une étape importante dans l’évolution du droit international de la culture et dans l’affinement de la notion de développement durable, ses effets juridiques sont toutefois susceptibles de se manifester à l’extérieur du champ d’application de la Convention. En effet, l’article 13 pourrait stimuler la prise en compte des valeurs culturelles dans l’interprétation des règles qui incorporent la notion de développement durable et faciliter une articulation harmonieuse — voire une synergie — entre des régimes juridiques distincts. Dans cette perspective, la référence à l’objectif de développement durable inscrite dans le préambule de l’Accord instituant l’Organisation mondiale du commerce semble par exemple offrir une avenue pour atténuer les tensions entre la poursuite des objectifs commerciaux et la prise en compte des preoccupations culturelles. De même, la mention du développement durable dans les normes climatiques peut favoriser une prise en compte des problématiques culturelles dans l’élaboration des stratégies d’adaptation. Comme le suggèrent ces exemples, le lien qui unit désormais la culture au développement durable pourrait donc exercer une influence tangible sur l’évolution de l’ordre juridique mondial.


Author(s):  
Hermann Mikonda ◽  
Bertrand-Michel Mahini

Certaines études considèrent la République du Cameroun comme faisant partie de la catégorie d’États fragiles. Le présent article se propose, à partir de ces travaux, d’ouvrir à nouveau le débat sur l’appartenance supposée ou réelle de cet État à ladite catégorie. Dès lors, l’analyse puise l’essentiel de sa démarche dans le portefeuille théorique du constructivisme social et de l’interactionnisme. Il est concrètement question de se demander s’il est vrai que le Cameroun présente les traits de caractère de la fragilité. Ce faisant, l’on montrera que les dynamiques développementalistes mises en œuvre par les pouvoirs publics et les partenaires internationaux le soustraient de cette situation négative pour l’orientation résolument sur le sentier du développement durable.


2021 ◽  
Author(s):  

Ce Livre blanc sur la sécurité et la sûreté dans le tourisme, présenté en 3 volumes, est le fruit du partenariat clé entre l’Organisation mondiale du tourisme, l’Agence de développement de l’Union africaine et l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Il a pour ambition de donner aux acteurs du secteur du tourisme tous les outils nécessaires pour concevoir et mener à bien leurs propres politiques de sécurisation, en fonction de leurs objectifs, moyens et contraintes propres. Cette publication vise à jouer un rôle majeur dans le renforcement de la résilience du secteur du tourisme, en Afrique et dans le reste du monde, et contribuer ainsi à une croissance inclusive et un développement durable des économies locales. Ce volume 3 est le dernier du Livre blanc sur la sûreté et la sécurité comme éléments clés dans le développement du secteur du tourisme. Il couvre des exemples d’initiatives et de réussites tirées des expériences de nombreux professionnels qui ont souhaité contribuer à partager leurs bonnes pratiques, leurs idées et leur savoir-faire. Sa première partie se base sur des entretiens menés avec des pays de tous les continents et chacun d’eux développe une ou deux initiatives menées par un de ces pays. Ces exemples peuvent aider les lecteurs à se familiariser avec certaines initiatives, voire les inspirer et leur donner envie de reproduire tout ou partie de ces programmes. Sa deuxième partie se compose de témoignages d’experts en gestion de crise qui ont bien voulu partager avec nous leur savoir-faire et leur expérience. Ces témoignages précieux permettront au lecteur de se faire une meilleure idée de la difficulté à gérer une crise quand on y est peu préparer et ainsi renforcer l’argument principal de ce Livre blanc, qui est que l’investissement dans la sûreté et la sécurité et la préparation à la crise sont des éléments fondamentaux de la création d’un secteur touristique national attractif, résilient et durable.


2021 ◽  
Keyword(s):  

Penser les bouleversements climatiques et écologiques en cours nécessite de mobiliser tous les espaces épistémiques et cognitifs qui traversent nos sociétés. Une nouvelle ère climatique, une telle bifurcation de la trajectoire de nos modes d’habitabilité sur Terre, ne peuvent laisser nos contenus, nos cadrages et nos institutions pédagogiques intactes. La facilité ici consisterait à se conforter dans l’idée que nos schémas épistémiques, nos établissements, nos disciplines, seraient naturellement bien armés pour penser et agir à la hauteur de nos situations critiques. Il suffirait alors de faire un aggiornamento de nos réflexes pédagogiques pour « prendre en compte » la nouvelle situation écologique planétaire. Cet ouvrage nous invite à aller au-delà d’une simple actualisation de l’éducation au développement durable. Il rassemble des témoignages qui ont pour commun de penser et proposer des expériences pédagogiques situées, non pas sur l’anthropocène, mais depuis l’anthropocène. Loin de se cantonner à dresser un inventaire critique des options pédagogiques présentes, les contributions rassemblées ici cherchent à bâtir une stratégie pédagogique à la hauteur des enjeux épistémiques que génère l’urgence écologique et climatique. Elles nous invitent donc bien sûr à mettre à l’épreuve nos modèles pédagogiques, disciplinaires et institutionnels, mais aussi à porter une vigilance conceptuelle et méthodologique accrue pour sortir d’une vision téléologique, scientiste et apolitique de l’anthropocène.


2014 ◽  
Vol 7 ◽  
pp. a83-a98
Author(s):  
Ali Bennasr ◽  
Taoufik Megdiche ◽  
Eric Verdeil

Les initiatives réalisées au nom du développement durable sont souvent critiquées pour leur prise en compte insuffisante des avis et des enjeux locaux, et accusées de se contenter de reproduire des bonnes pratiques décontextualisées. C’est particulièrement le cas dans les pays arabes à régime autoritaire. Cet article revient sur l’expérience de la Stratégie de développement du Grand Sfax (SDGS), considérée comme un succès par plusieurs acteurs internationaux, tunisiens et sfaxiens, afin d’identifier les facteurs de cette réussite relative, tout en soulignant les limites de cette expérience. L’article présente d’abord les débats sur le développement urbain durable dans les pays arabes et notamment dans le contexte tunisien. Puis il analyse l’expérience de Sfax en soulignant le rôle initiateur des institutions internationales, la nature des interactions entre les participants à l’élaboration de cette stratégie et en particulier le rôle des acteurs locaux issus de la société civile, et l’argumentation utilisée qui a permis l’établissement d’un consensus. À travers deux projets issus de cette stratégie, l’article considère l’inscription dans l’histoire locale du développement comme une condition essentielle de la poursuite de ce processus. Toutefois, en s’attachant aux évolutions de ces projets jusqu’à la période actuelle marquée par le changement politique, l’article souligne aussi les limites du consensus atteint, et notamment les tensions qui surviennent autour de l’enjeu social.


2010 ◽  
Vol 29 (2) ◽  
pp. 7-26
Author(s):  
Bruno Durand

Après des débuts quelque peu hésitants, notamment en France, le commerce électronique B to C rencontre enfin un réel succès : même la cyber-épicerie "décolle" ! Le développement de cette nouvelle forme de vente, le canal numérique, est alors l'occasion de ruptures et de mutations majeures, en particulier sur le plan logistique. Ne parle-t-on pas d'ailleurs d'e-logistique pour désigner l'ensemble des opérations de préparation et de livraison des commandes enligne ? Le bouleversement paraît même de taille : il s'agit en effet, dans le cadre du B to C, de livrer l'internaute à son domicile ou, tout du moins, de lui permettre de récupérer ses commandes sur des points de retrait. Rien de très aisé en fait surtout quand les villes connaissent une certaine congestion au niveau de la circulation des biens et des personnes et que le développement durable, présent sur toutes les lèvres, devient un axe prioritaire... C'est la raison de notre article, dont l'objectif se veut double. Il s'agit tout d'abord de faire le point sur les alternatives e-logistiques qui existent, tant du côté des commerçants en ligne que de celui des prestataires de services logistiques (PSL). Il s'agit ensuite de faire ressortir les conditions logistiques qui doivent permettre au commerce en ligne de se développer durablement au sein des cités.


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