scholarly journals La logique déficitaire en intervention sociale auprès des parents

2011 ◽  
Vol 23 (1) ◽  
pp. 152-176 ◽  
Author(s):  
Dany Boulanger ◽  
François Larose ◽  
Yves Couturier

Les pratiques professionnelles des intervenants sociaux s’inscriraient généralement dans une perspective déficitaire, c’est-à-dire qu’elles ont pour finalité première de compenser les carences éducatives attribuées aux parents de milieux socioéconomiquement faibles (msef). Ces pratiques seraient fondées sur des représentations sociales négatives que partagent les intervenants sociaux à l’égard des compétences éducatives des parents de msef. Les représentations sociales forment un ensemble de savoirs de sens commun ayant pour fonction d’orienter les conduites et les pratiques des membres d’un groupe ou d’une catégorie sociale, dont les professionnels de l’intervention. L’actualisation de pratiques fondées sur la reconnaissance des compétences éducatives parentales pourrait toutefois, dans certaines conditions, soutenir l’émergence de représentations sociales positives chez les intervenants. Dans cet article, nous présenterons la nature des représentations sociales des intervenants à ce propos. Nous montrerons dans quelle mesure elles influencent leurs pratiques d’intervention. De plus, nous exposerons des conditions par lesquelles certaines pratiques peuvent permettre de modifier ces représentations et soutenir le processus d’appropriation de compétences (empowerment) chez les parents de msef. Ainsi, l’article vise essentiellement à démontrer le lien existant entre pratiques et représentations.


2014 ◽  
Vol 11 (2) ◽  
pp. 40-57
Author(s):  
Lionel Dany

Les communications culturelles participent à rendre « visibles » les objets sociaux et contribuent à les inscrire et à en rendre compte dans un contexte social. Ainsi, l’analyse de produits culturels tels que les chansons peut s’avérer pertinente dans une perspective qui viserait à explorer des représentations sociales. Nous avons effectué l’analyse de contenu de vingt-cinq chansons françaises ayant pour thème le cannabis. Les propos véhiculés témoignent d’une expérience pouvant être rapprochée de celle des consommateurs. Autrement dit, ces chansons expriment bien « quelque chose » qui est de l’ordre de la situation sociale du consommateur dans un ensemble complexe qui fait intervenir divers contextes socionormatifs. De plus, l’omniprésence d’un autrui « pensé » et « agi », en référence à l’objet représenté, fait intervenir des processus de croyances de groupe qui permettent de déchiffrer ce qui est de l’ordre de l’intentionnalité de l’oeuvre. L’analyse de communications culturelles comme les chansons se révèle tout à fait pertinente et heuristique pour appréhender de manière contextuelle les formes de savoir de sens commun et pour saisir certains enjeux propres à leur élaboration.



2009 ◽  
Vol 32 ◽  
pp. 11-17
Author(s):  
Dorothée Guilhem

Résumé La notion de charme soulève une confusion de sens, car elle est souvent utilisée dans un sens commun et dans une perspective occidentale. Le charme a été défini comme une qualité naturelle et s’oppose à la séduction, qui est une stratégie du paraître. Cette distinction reprend celles de l’inné et de l’acquis, comme du naturel et du culturel ou socialement construit. Les représentations du charme féminin des Peuls Djeneri du Mali montrent que le charme n’est pas un don naturel ou inné. Il relève des représentations sociales du corps, du symbolisme humoral et des normes esthétiques. Il s’appuie sur un savoir-faire gestuel, sur le code d’expression des émotions et sur l’incorporation de valeurs sociales qui lui donnent un sens. Le charme met donc en relation différents ordres, le biologique, le social et le culturel.



2012 ◽  
Vol 24 (2) ◽  
pp. 440-452
Author(s):  
Eduardo Marquez ◽  
Isabel Leon

Dans cette recherche, on étudie l'impact des modalités d'ancrage de la représentation sociale du travail en fonction du statut professionnel (cadres / employés) pour une population de salariés de la fonction publique française. La représentation du travail que le groupe « cadres » mobilise renvoie aux pratiques professionnelles, celle du groupe « employés » renvoie) à une dimension économique et sociale qui s'exprime par l'importance accordée au salaire et aux relations de travail. L'examen des résultats montre que les éléments de la dimension normative d'un groupe correspondent aux éléments fonctionnels de l'autre groupe, mettant ainsi en évidence la nature de l'asymétrie des groupes étudiés.Cette différence représentationnelle est fondée sur la compositionqualitative des noyaux centraux des représentations du travail des deux groupes étudiés (objectivation différente). La discussion portenotamment sur le lien entre les résultats obtenus et l'implication au travail.



2005 ◽  
Vol 23 (3) ◽  
pp. 253-273
Author(s):  
Marc-Adélard Tremblay

Trois traditions scientifiques particulières sont à l'origine de l'anthropologie de la santé en tant que champ distinctif de l'ethnologie: l'intérêt de l'ethnographie traditionnelle pour les médecines dites primitives (les études ethnomédicinales) ; les travaux sur la personnalité et la culture dans les années trente et quarante qui ont favorisé une étroite collaboration entre anthropologues et psychiatres et l'extraordinaire expansion des programmes internationaux de santé publique durant la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Ces trois traditions scientifiques ont contribué à la constitution d'un corpus de connaissances se rapportant à la santé et à la maladie dans des contextes transculturels qui élargissent les conceptions bio-médicales de la maladie ainsi que les représentations professionnelles et les modèles thérapeutiques des intervenants du monde occidental. Les anthropologues médicaux américains ainsi que les spécialistes européens de l'ethnomédecine ont mis en relief des modèles opératoires qui incarnent ces conceptions élargies de la santé : ils proposent aux praticiens de la médecine occidentale une définition plus compréhensive de la santé, des démarches thérapeutiques qui tiennent compte du contexte socio-culturel de la dispensation des soins, des principes de réinsertion sociale qui respectent l'univers phénoménologique des patients ainsi que les systèmes d'attente de l'univers social plus large. Ces conceptions scientifiques nouvelles découlent, dans une large mesure, des acquis récents des sciences de l'homme, et, pour autant, elles ne constituent pas pour les agents traditionnels un paradigme évident d'explication de la réalité pathologique ni ne justifient de transformations profondes dans les démarches thérapeutiques centrées sur le patient en tant qu'unité clinique exclusive. D'autres disciplines, telles que la sociologie, la psychiatrie sociale, la psychologie, par des cheminements parallèles ou analogues proposent elles aussi des définitions nouvelles de la maladie et des procès thérapeutiques rajeunis en vue de restaurer la santé. Pourtant la médecine, en tant que science et en tant que pratique, évolue lentement dans sa démarche de renouvellement. L'anthropologie de la santé, une des sciences humaines dont les traditions de recherche portent à la fois sur le biologique, le psychologique et le culturel dans des voies comparatives peut apporter une contribution d'importance dans le rajeunissement des perspectives conceptuelles sur la santé et la maladie et dans la conception de pratiques professionnelles. Une conception systémique de la santé, par exemple, nécessite l'examen d'expériences pathologiques en tant que phénomènes totaux. Ainsi les analyses que poursuit l'anthropologie de la santé établissent les relations qui existent entre la maladie, les systèmes de dispensation des soins et les patrons culturels sans oublier l'univers phénoménologique du patient et les conceptions prophylactiques du professionnel de la santé. Toutes les civilisations du monde ont élaboré des conceptions de la maladie, ont développé des systèmes de dispensation des soins et ont mandaté des spécialistes pour traiter les malades et les aider à restaurer les équilibres physiologiques, psychosomatiques et socioculturels rompus. Conceptions de la maladie, élaboration des méthodes prophylactiques, apprentissage des spécialistes, application des thérapeutiques, constituent autant d'éléments du système médical qui sont influencés par les visions du monde, les systèmes de pensée et les modes de vie. Une des contributions les plus substantielles de l'anthropologie culturelle dans l'étude des diverses civilisations du monde fut d'énoncer des généralisations qui possèdent un caractère d'universalité puisqu'elles se fondent sur des observations récoltées dans des contextes transculturels. Significatifs furent aussi les apports ethnologiques à la connaissance de la maladie et de la pratique médicale dans « la petite communauté » en mettant en relief les représentations sociales de la maladie tant chez les praticiens que chez les clientèles. Les connaissances récemment acquises en ethnomédecine témoignent d'un intérêt renouvelé pour la compréhension des médecines traditionnelles et primitives ainsi que pour la connaissance de leurs fondements philosophiques et théologiques. Finalement, les histoires de vie des medicine men et des guérisseurs représentent des contributions de première main qui donnent directement accès à la culture vécue des malades et des thérapeutes, révélant ainsi non seulement la dynamique d'un segment culturel mais aussi l'ensemble des éléments significatifs de l'organisation sociale et des patrons culturels d'une civilisation particulière. L'anthropologie de la santé est une discipline scientifique, nul ne saurait le contester. Le modèle d'explication de la santé qu'elle propose (basé principalement sur les notions d'adaptation, d'équilibre et de croissance) découle d'études empiriques transculturelles. Toutefois, en tant que représentation scientifique, elle ne peut être dissociée des contextes socio-historiques de sa naissance et de son évolution ni des univers idéologiques de ses premiers promoteurs. Dans cette perspective, il nous apparaît intéressant et instructif à la fois de mieux connaître comment cette sous-discipline est née ici, le processus de son implantation, le genre d'études auxquelles elle a donné lieu, les principaux résultats auxquels elle arrive et les enseignements qu'ils traduisent, les pistes de recherche qu'elle suggère. La pénétration de cette nouvelle représentation dans notre milieu a-t-elle suscité des transformations du monde de la santé ?



2015 ◽  
Vol 27 (1) ◽  
pp. 99-115
Author(s):  
Karine Carufel ◽  
Daniel Thomas

Les savoirs que développent les participants autochtones qui reçoivent des services psychosociaux sont très peu étudiés. À partir de la théorie du noyau central des représentations sociales, nous avons dégagé les savoirs de sens commun de dix participants autochtones en matière d’intervention psychosociale, ciblé leurs priorités et analysé les liens entre, d’une part, leurs caractéristiques et leurs expériences et, d’autre part, les savoirs qu’ils développent. Ces résultats permettent d’envisager des améliorations aux interventions qui leur sont destinées.



2008 ◽  
Vol 67 (2) ◽  
pp. 119-123 ◽  
Author(s):  
Grégory Lo Monaco ◽  
Florent Lheureux ◽  
Séverine Halimi-Falkowicz

Deux techniques permettent le repérage systématique du système central d’une représentation sociale: la technique de la mise en cause (MEC) et le modèle des schèmes cognitifs de base (SCB). Malgré cet apport, ces techniques présentent des inconvénients: la MEC, de par son principe de double négation, et les SCB, de par la longueur de passation. Une nouvelle technique a été développée: le test d’indépendance au contexte (TIC). Elle vise à rendre compte des caractères trans-situationnel ou contingent des éléments représentationnels, tout en présentant un moindre coût cognitif perçu. Deux objets de représentation ont été étudiés auprès d’une population étudiante. Les résultats révèlent que le TIC paraît, aux participants, cognitivement moins coûteux que la MEC. De plus, le TIC permet un repérage du noyau central identique à celui offert par la MEC.



2019 ◽  
pp. 183-188
Author(s):  
Claude Wacjman

Ce travail montre comment les représentations sociales à propos de l’autisme se répandent et gagnent peu à peu de nombreuses strates dans la société. Il s’agit ici de considérer l’influence de l’écologie sur des aspects de la politique internationale portée par la voix d’une lycéenne suédoise auto-proclamée autiste, suivant des mécanismes complexes intra ou extra familiaux faisant penser à des phénomènes d’écriture automatique, tels que nous les avons connus par le passé. Opposée à toute manœuvre favorisant le réchauffement climatique, elle intervient dans différentes instances politiques. C’est un super pouvoir dû à son autisme qui la motive.



2014 ◽  
Vol 53 (4) ◽  
pp. 320-325
Author(s):  
Clément Fromentin


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