scholarly journals La crise des savoirs revisitée

Author(s):  
Marcel Rafie

L’auteur revient sur le dossier monté par la Revue internationale d’action communautaire, dans son numéro 15/55 du printemps 1986, sur les « savoirs en crise ». Il en relève les thèmes les plus récurrents et tente de montrer que, malgré l’éclatement des formes de connaissance, malgré les explorations poussées dans les directions les plus diverses, ces thèmes renvoient à quelques traits fondamentaux qui dessinent une figure cohérente et partiellement... familière. La double occurrence actuelle de l’indéterminisme et du retour du sujet semble constituer un moment banal d’une histoire des sciences sociales qui n’a cessé d’être travaillée, depuis la fin du XIXe siècle, par le débat classique entre positivistes et humanistes. Et, de fait, nombre d’approches esquissées dans le dossier (compréhension, intersubjectivité, quête des significations vécues) renvoient à des thèmes inaugurés voilà plus d’un siècle par l’école historique allemande. Il est donc regrettable qu’on ne soit pas allé aux sources de l’herméneutique compréhensive : à ignorer l’histoire (des sciences), on prend le risque de bégayer ses concepts. Par ailleurs une dimension incontestablement nouvelle apparaît dans le paysage actuel des sciences sociales : les sciences naturelles ont perdu leurs prestiges, n’apparaissant plus ni comme modèle obligé ni comme repoussoir. L’occasion est d’autant plus propice à une collaboration sans complexe que des problèmes similaires se posent ici et là. N’est-ce pas le caractère effervescent, aléatoire et imprévisible de la socialité qui commande les approches par la description et le récit ? Et n’est-ce pas l’irréversible et l’aléatoire que tentent de penser certains paradigmes nouveaux en sciences naturelles, comme la thermodynamique des systèmes de non-équilibre ? Tels sont, parmi d’autres, quelques pistes et prolongements que pourrait éventuellement prendre un « Savoirs en crise II » que l’auteur appelle de ses voeux.

2002 ◽  
Vol 40 (3) ◽  
pp. 388-405 ◽  
Author(s):  
Mariano García-Landa

Résumé La théorie de la traduction, qui commence par poser la question de savoir pourquoi ce texte-ci est la traduction de ce texte-là, doit se situer dans le champ conceptuel véhiculé par l'histoire millénaire du « sens ». Mais dans le paradigme philosophique actuel, il faut ajouter un autre principe épistémologique que l'auteur appelle le principe du deuxième objet, lequel établit une coupure cartésienne entre les objets des sciences naturelles et ceux des sciences sociales dans un dualisme seulement méthodologique car l'auteur pense que l'épistémologie du « deuxième objet » — et sa première pierre, qui est la théorie de la traduction — constituent la prima philosophia ou fondement de tout savoir.


2002 ◽  
Vol 57 (3) ◽  
pp. 753-772
Author(s):  
James Turner ◽  
Eli Commins

RésuméLes historiens des États-Unis présument que le mot «science», au XIXe siècle, signifiait, implicitement, les sciences naturelles, tout comme au XXe siècle. Il en résulte qu’ils attribuent les changements profonds dans la vie intellectuelle à l’importance grandissante des sciences naturelles. Une lecture plus attentive montre que «science», avant 1900, avait un sens plus large, comprenant les sciences humaines tout autant que les sciences naturelles. Cette reconsidération de la carte épistémologique de l’Amérique du XIXe siècle apporte un éclairage nouveau sur les traits déterminants de la vie intellectuelle des années post-1900, tels que l’essor des sciences sociales, la formation des universités consacrées à la recherche et l’origine de la modernité séculaire elle-même.


1969 ◽  
Vol 2 (4) ◽  
pp. 434-447
Author(s):  
Timothy Colton

La « nouvelle biologie » est un amalgame de faits et d'interprétations glanés auprès des sciences naturelles et les sciences sociales et tendant à donner une nouvelle explication des causes de la guerre. Tout comme les théoriciens qui les ont précédés, K. Lorenz et R. Ardrey, principaux représentants de cette école, situent la racine de la guerre dans une agressivité intrinsèque à la nature humaine. L'homme, selon eux, aurait, comme la plupart des vertébrés, un besoin inné de combattre les membres de sa propre espèce, et la violence Internationale n'en serait que la transposition en termes plus spectaculaires et plus complexes.Cette interpétation soulève la critique sur de nombreux points : (1) l'existence de l'agression comme instinct autonome et de pure projection reste à prouver; (2) l'agression individuelle n'est pas analytiquement reliée à l'agression collective; (3) le rôle de l'idéologie comme cause à la guerre est passé sous silence; (4) la distinction n'est pas faite entre l'agression offensive et l'agression préventive.Malgré ses déficiences, ce schéma interprétatif présente un intérêt analytique en faisant la lumière sur certains aspects internes de la ténacité défensive et du nationalisme militant, phénomènes dont la compréhension pourrait étre accrue par l'emploi d'un vaste cadre d'interprétation utilisant à la fois le territoire et l'idéologie. La « biologie nouvelle » peut également être utile aux hommes d'état : ainsi les diplomates qui assumeraient l'existence de cette agressivité humaine pourraient la considérer comme une barrière à la solution des conflits et au triomphe de la paix. Tel est du moins l'avis de Lorenz et Ardrey. Cependant les hommes d'état pourraient voir cette agressivité, sous un autre éclairage, comme motivant un effort accru pour dénouer des situations conflictuelles et structurer un environnement qui rendrait la violence internationale moins probable et moins nocive.


2018 ◽  
Vol 47 (2-3) ◽  
pp. 173-179
Author(s):  
George Fulford ◽  
Carole Cancel

Les Moskégons des basses terres de la baie James et de la baie d’Hudson, ainsi que de l’Ontario et du Manitoba, possèdent un riche patrimoine de légendes. Nombre d’entre elles constituent une source précieuse en matière de savoir écologique. Dans cette note de recherche, l’auteur établit une comparaison entre une légende rapportant l’origine de la phrygane, et les connaissances entomologiques sur cet insecte. Au moyen d’un dialogue de médiation faisant intervenir l’auteur ainsi que Louis Bird, conteur moskégon, et Glenn Wiggins, entomologiste de renom, ce texte explore la complémentarité entre narration traditionnelle, sciences sociales et sciences naturelles.


1961 ◽  
Vol 16 (5) ◽  
pp. 908-921
Author(s):  
Georges Friedmann ◽  

Les premiers regards portés, d'un point de vue scientifique, sur les activités de travail l'ont été, d'une part, dans la perspective des sciences naturelles (effort physique, charge maxima, énergie dépensée), de l'autre, dans celle de la réflexion économique. L'analyse célèbre d'une fabrique d'épingles par Adam Smith (1776) ouvrait la voie aux théories économiques du travail. Chez Smith déjà, mais surtout chez Ricardo, le travail s'affirme comme valeur, thème repris par Marx qui en fait la pièce maîtresse d'une conception de la société où les rapports de production sont à la fois l'infrastructure et, dans leurs conflits avec les formes de production, le moteur de l'histoire humaine. Dès lors, le travail a pris la place primordiale dans l'étude du circuit économique en tant que production, c'est-à-dire en tant que processus créateur de valeur.


2011 ◽  
pp. 208-222
Author(s):  
Immanuel Wallerstein

L’objet de ce texte est de renouveler l’interrogation épistémologique sur les sciences sociales. L’auteur questionne particulièrement les assises philosophico-historico-politique de ces sciences — leurs prémisses —, la place qu’elles ont occupée depuis leur fondation et les facteurs qui les mettent aujourd’hui en crise. Après avoir fait appel à l’histoire pour montrer l’étroite relation entre la construction première de leur objet et de leur approche, l’auteur souligne que l’évolution du monde, surtout depuis 1945 et encore plus spécifiquement depuis le début des années soixante-dix, a fait que la base-réalité de leur existence et de leur pratique disciplinaire nomothétique a disparu, ce qui les met en crise profonde, existentielle. C’est sur cette réalité qui suscite dans l’embarras intellectuel chez les chercheurs et les penseurs de ces disciplines que s’appuie le titre de cette conférence : « Les sciences sociales battent de l’aile. Quel phénix en renaîtra? » La dernière partie du texte s’emploie à explorer quelques paramètres pour répondre à la question. L’auteur souligne entre autres le nouveau rapprochement entre les sciences sociales et les sciences naturelles, et la nécessité de placer au centre des préoccupations en sciences sociales l’espace-temps qu’elles avaient dégagé de leur objet lors de leur première fondation.


2019 ◽  
Vol 74 (3-4) ◽  
pp. 779-800
Author(s):  
Bénédicte Girault

RésumésL’ouvrage collectif Le laboratoire des sciences sociales. Histoires d’enquêtes et revisites, coordonné par Gilles Laferté, Paul Pasquali et Nicolas Renahy, prend certaines grandes enquêtes de sciences sociales à la fois comme objets et expériences collectives à historiciser (« histoire d’enquêtes ») et comme matériaux pour de nouvelles recherches (« revisites ») ; il aborde ce faisant de manière empirique et originale, la question des archives produites par les sciences sociales et de leurs usages. À la différence des sources mobilisées par les historiens, qui consistent en des corpus clos, produits de différentes stratégies archivistiques et mémorielles, celles des contributeurs du Laboratoire des sciences sociales ont un statut plus ambigu du fait du raccourcissement temporel entre le moment de la production de l’enquête et celui de son histoire et de sa revisite, dont les effets doivent être analysés. Véritable laboratoire réflexif au carré, l’ouvrage plaide pour une réflexivité historienne comme pratique ordinaire et permet de reconsidérer un certain nombre de problèmes sous un nouveau jour. En s’interrogeant sur la distinction entre documents et archives, sur la nature cumulative du savoir archivé des sciences sociales et sur la différence entre les archives des enquêtes de sciences sociales et celles d’autres formes d’enquête pratiquées au cours du temps, cette note critique invite à la mise à l’épreuve du projet réflexif et historiciste qui se trouve au cœur de la redéfinition de la place des archives dans le travail historique.


Author(s):  
Maude Roy-Vallières

Les rétractations d’articles sont le dernier recours de la science pour assurer sa crédibilité. Cette étude souhaite identifier les raisons qui poussent les chercheurs à investiguer les rétractations dans leur champ de recherche. Pour ce faire, une revue de littérature et une analyse qualitative de celle-ci sont menées. Les résultats montrent que 70 % des études sur les rétractations ont été menées dans le domaine des sciences naturelles et médicales. Huit raisons de s’y intéresser sont identifiées, les plus fréquentes étant l’impact négatif sur la recherche et la pratique, la haute médiatisation des cas de fraude et le nombre annuel élevé de publications. Les résultats contribuent à justifier la prévalence de ces études en sciences naturelles et médicales, mais soulèvent la nécessité de réaliser des études supplémentaires et d’établir des bases de données compréhensives dans les autres champs de recherche pour assurer la qualité de la recherche scientifique.


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