Traiter les intraitables
Lorsqu’il s’agit d’associer des comportements problématiques à l’univers de la santé mentale afin de légitimer une intervention sécuritaire, thérapeutique ou sociale, deux dispositifs psychiatrico-légaux sont en vigueur au Québec : la Loi P-38 (garde en établissement et évaluation psychiatrique) et les autorisations judiciaires de soins (traitement involontaire). Cet article explore et documente de manière descriptive l’univers peu connu des autorisations judiciaires de soins (AJS) à travers l’analyse de 230 dossiers des personnes qui en ont été l’objet au cours de l’année 2009 à Montréal. Les AJS permettent de traiter une personne contre son gré par le biais d’une ordonnance d’un juge en raison de l’existence d’un danger présumé pour la personne ou pour les autres et de l’incapacité de cette dernière de faire preuve d’un consentement éclairé. Comment fonctionne ce dispositif ? Qui sont les personnes touchées ? Quel est leur environnement social ? De quel type de problèmes de santé mentale ces personnes souffrent-elles et quel type de traitement sont-elles obligées de suivre ? Quels problèmes éthiques soulève le recours à ce type de dispositif ? Voilà les questions auxquelles cet article tente de répondre.