scholarly journals Modélisation mathématique de l'évolution, à long terme, des teneurs en nitrates dans la nappe aquifère des craies du Crétacé de Hesbaye (Belgique)

2005 ◽  
Vol 17 (1) ◽  
pp. 3-22 ◽  
Author(s):  
V. Hallet

La nappe aquifère de Hesbaye, logée dans les craies du Crétacé, est sollicitée à raison de trente millions de mètres cubes par an. Bien que naturellement protégée par une épaisseur de 5 à 20 mètres de limons, de nombreux indices montrent une dégradation de la qualité des eaux souterraines, notamment par les nitrates. Les concentrations en nitrates atteignent 15 à 25 mg.l-1 dans la partie semi-captive de la nappe et sont systématiquement supérieures à 35 mg.l-1 dans la partie libre. Malgré de fortes fluctuations temporelles, les teneurs augmentent en moyenne de 0,35 mg.l-1 à 0,7 mg.l-1 par an selon la situation semi-captive ou libre de la nappe. La détermination des paramètres hydrodynamiques et de transport de la craie par plus de 35 traçages répartis sur 11 sites, a permis de réaliser un modèle local (10 km2) de transport simulant la propagation des nitrates dans la nappe. Le modèle a montré que cette dernière est, malgré une certaine homogénéisation, très sensible aux apports de surface engendrant une très forte variation spatiale des concentrations. La nappe réagit de manière très différente selon que les apports de surface sont d'origine ponctuelle ou diffuse. Pour les pollutions ponctuelles, les concentrations fluctuent rapidement avec des valeurs maximales et minimales observées respectivement en périodes de basses eaux et de hautes eaux. Cette situation est liée à un phénomène de dilution de la pollution par les eaux en provenance de l'amont. En cas de suppression d'une pollution ponctuelle, la qualité de la nappe s'améliore rapidement (délai de 1 à 2 ans). Pour les pollutions diffuses, les concentrations minimales s'observent en période de rabattement de la nappe : le front de nitrates migre plus lentement (environ 1 à 2 m par an) que les vitesses de rabattement de la nappe (jusqu'à 5 m par an) et les intrants restent nuls durant des périodes pouvant aller jusqu'à 3 ans. Différentes simulations mathématiques ont montré que si la quantité d'intrants d'origine diffuse diminue de manière permanente, la nappe mettra une vingtaine d'années pour se rééquilibrer. Ces constatations sont primordiales dans le cadre de la mise en œuvre de mesures de protection puisque, si les résultats de la suppression des pollutions ponctuelles sont rapidement mais localement observés, ceux liés à la diminution des pollutions d'origine diffuse sont observés dans des délais nettement plus longs (une à deux décennies). Ces résultats montrent clairement que toute gestion qualitative des aquifères doit être basée sur des actions à long terme.

2005 ◽  
Vol 2 (3) ◽  
pp. 325-351
Author(s):  
C. Sinoquet ◽  
P. Ackerer ◽  
L. Zillliox

La notion d'impact d'une ballastière en eau sur la qualité des eaux souterraines comporte deux aspects : impact naturel et impact artificiel dû à une pollution accidentelle. L'évaluation de ces deux types d'impact a été menée pour deux ballastières de l'aquifère rhénan alsacien. Dans ce but, la qualité des eaux des deux ballastières profondes - l'une abandonnée, l'autre exploitée - du site pilote expérimental de la Wantzenau, au nord de Strasbourg, a fait l'objet d'une surveillance particulière. Des échantillons d'eau ont également été prélevés dans des piézomètres situés en amont et en aval immédiats des ballastières. Aucun des deux étangs ne constitue une source de dégradation de la qualité des eaux souterraines aval, dont une partie est captée à des fins d'alimentation en eau potable à 300 mètres des berges aval de ces ballastières. Le risque de la pollution accidentelle d'une nappe par ballastière interposée demeure au contraire un problème préoccupant. Une modélisation mathématique des échanges hydrochimiques entre nappe et ballastières a alors été mise en oeuvre, sur le cas de la Wantzenau. L'étalonnage préalable du modèle utilisé a été réalisé pour le traceur chlorure. La réussite de cette première étape a autorisé la simulation de divers cas de contaminations "fictives" de la qualité des eaux captées pour l'alimentation en eau potable.


2011 ◽  
Vol 11 (1) ◽  
pp. 115-131 ◽  
Author(s):  
David Koussens

Les débats portant sur le port de signes religieux dans les écoles ont trait à la question fondamentale de l’intégration des religions minoritaires dans l’espace public et soulèvent la question de la mise en oeuvre de la neutralité par l’État dans la sphère publique. Le port de signes religieux dans les écoles suscite des débats pour la première fois en France en 1989 et au Québec, en 1994. Sur des fondements différents, mais tout en refusant d’interpréter le signe religieux, ces deux sociétés adoptent alors des positions similaires en autorisant notamment le port du hidjab dans les écoles publiques. Cette situation n’est plus d’actualité. Refusant la visibilité de la diversité religieuse dans l’enceinte de l’institution républicaine qu’est l’école et réaffirmant le rôle de cette institution comme lieu de transmission de valeurs partagées par les citoyens, la France a explicitement interprété le signe religieux pour l’interdire dans les écoles publiques par une loi édictée le 15 mars 2004. Ce faisant, elle confirme son attachement à un modèle d’intégration républicain et s’éloigne ainsi du Canada, où la Cour suprême, en imposant désormais des accommodements raisonnables aux institutions scolaires, promeut l’idée que l’école est un espace de redéfinition des valeurs partagées par les citoyens.


2002 ◽  
pp. 109-125 ◽  
Author(s):  
Yannick Le Quentrec ◽  
Annie Rieu

Résumé Malgré des avancées sociales et politiques incontestables, la représentation numérique des femmes continue de progresser avec lenteur, surtout dans les niveaux supérieurs de responsabilité. Cette situation minoritaire, dont on ne souligne pas assez le caractère limitatif, rend les changements observés dans les pratiques et les décisions prises relativement contrastés mais néanmoins significatifs. Cette mise à l'écart des femmes est analysée à partir du point de vue de certaines organisations. Leur discours se caractérise par une ambivalence face aux questions de genre, entre une conscience relative de la domination masculine et de la nécessaire mise en oeuvre d'une mixité et la difficulté à mettre en place des fonctionnements intégrant la différence sexuée non naturalisée. Par ailleurs, la participation des femmes est également tributaire de la multiplicité des rôles sociaux qu'elles assument. Dans ce cadre, les comportements qu'elles adoptent ont un caractère subi, mais aussi stratégique.


2005 ◽  
Vol 16 (3) ◽  
pp. 285-304 ◽  
Author(s):  
A. Boudjadja ◽  
M. Messahel ◽  
H. Pauc

En Algérie, l'eau revêt un caractère stratégique du fait de sa rareté et d'un cycle naturellement perturbé et déséquilibré. Qu'il s'agisse de l'eau souterraine ou de l'eau de surface, les ressources sont limitées et, compte tenu des problèmes démographiques et de l'occupation de l'espace (sachant que près de 60% de la population algérienne sont concentrés dans la frange septentrionale du territoire qui ne représente que le dixième de la surface totale du pays), d'importants efforts sont nécessaires en matière d'urbanisation intégrée et de gestion rigoureuse dans l'exploitation des réserves, si on veut atteindre la satisfaction des besoins à l'horizon 2010. S'y ajoutent des problèmes de faible mobilisation et de mauvais recyclage par manque de maîtrise des stations d'épuration et l'envasement des retenues. Les 11 bassins versants exoréiques de l'Algérie du Nord couvrant une surface de 130 000 km2 présentent des potentialités en eaux de surface de 11.109 m3 dont seulement 2,13.109 sont mobilisés par les 98 barrages en fonctionnement en 1995. Les besoins estimés à l'horizon 2010 évalués à 9,384. 109 m3 se décomposent en 1,524.109 m3 pour l'eau potable (AEP), 0,23.109 m3 pour l'industrie (AEI) et 7,63.109 m3 pour l'agriculture (AEA) (tableau 6). Sachant que les réserves en eaux souterraines sont évaluées à 1,25.109 m3, le renforcement de la mobilisation des eaux de surface par 3,834. 109 m3 et des eaux souterraines par le captage de 0,33.109 m3 supplémentaires constituent la projection faite en 1995 pour l'horizon 2010 par les différentes institutions publiques intervenant dans la mobilisation et la gestion des ressources en eaux. Cet objectif est déjà fortement entamé en 2002 car fixé dans un contexte de cloisonnement des différentes structures (Hydraulique et Agriculture) et de difficile circulation de l'information entre elles. Il surévalue les capacités de réalisations des barrages, les surfaces à mettre en valeur dans le cadre du programme de développement agricole ainsi que les dotation par habitant en matière d'eau potable. Cette situation constitue un facteur aggravant la difficulté d'une appréhension correcte aussi bien des besoins que des différentes projections sur l'avenir. Les données présentées dans cette synthèse montrent qu'il est désormais impératif que l'aménagement du territoire tienne compte des quantités disponibles afin de rationaliser l'utilisation, la protection de la qualité et la récupération par le recyclage. La qualité chimique des eaux de l'Algérie du Nord est appréciée par les teneurs en nitrates et en chlorures des aquifères côtiers. Cependant, le développement économique et social conduit à une dégradation rapide de cette qualité des eaux, ce qui incite lourdement à œuvrer pour un meilleur recyclage et une meilleur protection des ressources. A défaut, la sanction serait la non satisfaction des besoins en eaux potable, d'irrigation et industrielle. Malheureusement, il semble que l'écart entre disponibilité et besoins soit difficile à réduire. Le but de cet article est de tenter une revue des causes du manque d'eau et des facteurs aggravants.


2021 ◽  
Vol 17 (1) ◽  
Author(s):  
Kouassi Koffi Bertin ◽  
Adon Kouadio Patrick

Cet article vise à analyser les mécanismes de réussite et de rupture d’avec les pratiques non viables, de la mise en œuvre des projets de développement durable dans la ville d’Abidjan. Il s’agit de mécanismes sociaux dont le rôle dans les projets s’accroit avec la vision globale du grand Abidjan. Ensemble de stratégies et de moyens de contournement, ces mécanismes sont souvent inefficaces et inadaptés pour affronter les résistances sociales face au développement durable. En lieu et place des mécanismes institutionnels dans les actions publiques, ont été élaborés des mécanismes sociaux et d’arrangement entre les opérateurs économiques et les agents publics chargés de mettre en œuvre le développement durable. Cette situation freine les initiatives des villes durables en Côte d’Ivoire.


Théologiques ◽  
2009 ◽  
Vol 1 (1) ◽  
pp. 101-122
Author(s):  
Jean-François Malherbe

RÉSUMÉ Dans la culture actuelle, la théologie souffre d’un discrédit qui procède de la fascination générale à l’égard de disciplines opératoires privilégiées par un monde universitaire devenu largement scientiste. La théologie elle-même entretient, sans doute involontairement, ce discrédit à partir d’une image de soi négative. Or, cette situation est totalement injustifiée aux yeux de la raison philosophique qui, à travers la mise en oeuvre de l’analyse logique des langages spéculatifs, souligne la parenté très profonde qui existe entre théologie, philosophie et sciences opératoires. De reconnaître la validité de cette perspective, la théologie posséderait toute la vis medicatrix naturae pour se remettre en accord avec elle-même et retrouver sa dignité dans le concert des disciplines universitaires.


2018 ◽  
Vol 74 (1) ◽  
pp. 075 ◽  
Author(s):  
A. Hamed Ferjani ◽  
R. Guellala ◽  
A. Amiri ◽  
A. Merzougui ◽  
M. H. Inoubli

[fr] La région de Bir M’Chergua sise à cinquante kilomètres de la capitale Tunis constitue un pôle économique important en Tunisie. Cependant la pénurie en eau résultante de la succession de nombreuses périodes de sécheresse a généré une notable dégradation de diverses activités industrielles, touristiques et agricoles dans cette région. L’exploitation des eaux souterraines peut pallier à cette situation mais elle nécessite une meilleure caractérisation des aquifères. Dans ce contexte, est réalisée la présente étude qui vise à apporter des précisions au schéma hydrogéologique de la région de Bir M’Chergua en déterminant la structuration profonde à partir de l’interprétation des données gravimétriques. Des cartes d’anomalie résiduelle, de la dérivée verticale et du gradient horizontal total sont calculées à partir de l’anomalie de Bouguer pour identifier et délimiter les sources perturbatrices. La technique de déconvolution d’Euler est aussi appliquée pour estimer la profondeur de ces sources. La carte structurale issue de l’interprétation gravimétrique permet de mettre en évidence des structures enfouies et des discontinuités de différentes directions et profondeurs qui peuvent influencer énormément la géométrie et le fonctionnement du système aquifère de Bir M’Chergua. En effet, la mise en évidence des accidents tectoniques profonds de plus de 1500 m aux alentours du Dôme du Jebel Oust permet d’expliquer l’origine et la forte salinité des eaux thermales dans ce secteur; les accidents ont favorisé une pénétration profonde des eaux de recharge ainsi que leur contact avec les terrains triasiques.


2018 ◽  
Vol 27 (3) ◽  
pp. 682-692
Author(s):  
Marc-Olivier Déplaude

Résumé La France n’a jamais autant compté de médecins qu’aujourd’hui. Pourtant, le système de santé français se caractérise par une répartition très inégale de l’offre de soins, si bien que l’accès aux soins médicaux devient plus difficile pour des fractions croissantes de la population. Cette situation apparaît d’autant plus surprenante qu’à partir des années 1970, quand l’État français s’est doté d’instruments supposés réguler le nombre de médecins exerçant en France, tant au niveau de leur effectif global que de leur répartition entre disciplines. En outre, à partir des années 2000, les pouvoirs publics ont multiplié les mesures visant à favoriser une meilleure répartition géographique des médecins. Pour comprendre l’échec de ces mesures, cet article étudie les logiques sociales et politiques qui ont été prédominantes dans leur adoption et leur mise en œuvre. S’appuyant principalement sur des archives administratives, il décrit comment l’État français, en relation étroite avec le corps médical, a défini le problème de la démographie médicale à partir du début des années 1960, et quelles réponses successives il lui a apportées sans parvenir à le résoudre.


2005 ◽  
Vol 33 (1) ◽  
pp. 263-296
Author(s):  
Alain Lemieux

C'est principalement vers la fin des années 1950 que les problèmes rencontrés dans le commerce international du textile et du vêtement devinrent de plus en plus aigus. Selon la plupart des pays importateurs et exportateurs engagés dans ce segment important du commerce international, l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), qui régit les relations commerciales internationales dans leur ensemble, s'avérait insuffisant pour prévenir ou corriger ces problèmes. Afin de pallier cette situation, les pays participants au commerce international des textiles de coton adoptèrent, au début des années 1960, l'Accord à court terme sur les textiles de coton. À cet accord succéderont l'Accord à long terme sur les textiles de coton, qui régira le commerce international des textiles de coton de 1961 à 1973, et l'Arrangement concernant le commerce international des textiles (AMF), celui-ci régissant le commerce international d'à peu près tous les textiles et vêtements depuis le 1er janvier 1974. Le but du présent article est d'étudier la mise en oeuvre de l'AMF au Canada au cours de la période 1974-1984. Dans un premier temps, nous examinerons la réglementation canadienne applicable au commerce du textile et du vêtement avant l'entrée en vigueur de l'AMF. Cette analyse nous permettra de constater que dès 1974 le Canada disposait déjà des instruments juridiques nécessaires à la mise en oeuvre de l'AMF. Plus particulièrement, nous démontrerons que l'adhésion du Canada à l'AMF était des plus compatible avec la politique commerciale canadienne applicable au secteur du textile et du vêtement. Dans un second temps, nous verrons comment le Canada a mis en oeuvre et exécuté ses obligations internationales. Bien qu'il ait été favorable en principe à la libéralisation des échanges, le Canada s'est largement prévalu des dispositions de l’AMF pour protéger son industrie du textile et du vêtement. Pour ce faire, et à l'instar des grands pays importateurs, le Canada a conclu des ententes de restriction volontaire à l'exportation avec ses partenaires commerciaux et a exceptionnellement recouru à l'imposition d'un contingentement global des importations dans le cadre du GATT. De façon générale, force est de reconnaître que si le Canada a accordé une protection considérable à son industrie, il l'a fait dans le respect des dispositions de l'AMF.


Author(s):  
Angéline Martel ◽  
Daniel Villeneuve

RésuméLes droits constitutionnels conférés à l'intention des francophones minoritaires au Canada par l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés s'avèrent fragiles dans leur reconnaissance et leur mise en oeuvre. Dans cet article, nous tentons de comprendre les raisons profondes de cette situation. À cet effet, nous analysons les forces idéologiques qui, historiquement, ont soustendu l'interprétation et la mise en oeuvre des droits constitutionnels relatifs à l'éducation des minorités francophones entre 1867 et 1960. Une idée de fond se dégage de cette analyse: les droits éducatifs des minorités, en dépit du caractère argumentatif et rationnel qui leur confère une apparente neutralité, ne sont pas à l'abri des rapports sociaux. Ils sont une construction sociale qui s'enracine profondément dans les oppositions idéologiques et les rapports de pouvoir traversant la société. Ainsi, l'élaboration, l'interprétation et la mise en oeuvre des droits scolaires consacrés aux minorités en vertu de l'article 93 de la Loi constitutionnelle de 1967 sont largement influencées par les tensions qui, à travers l'histoire canadienne depuis les origines de la Confédération, ont opposé les tenants de l'idéologie homogénéiste et ceux de l'idéologie dualiste. Dans sa conception même, l'article 93 porte la marque des rapports de pouvoir qui prévalaient au moment de la Confédération. Pour leur part, les tribunaux ont entériné l'idéologie homogénéiste en interprétant l'article 93 de manière statique, ce qui a eu pour effet en pratique d'avaliser la vague d'homogénéisation qui a frappé les écoles des francophones minoritaires avant les années 1960.


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