Témoignage d’une pratique par une sage-femme débutant son exercice en même temps que le diagnostic anténatal (DAN), l’article décrit les étapes techniques et l’évolution permanente d’un cadre législatif rigoureux. L’hypermédicalisation s’est imposée de manière exponentielle en même temps que la nécessité d’affronter les émotions et les temporalités différentes entre équipes et couples. Les séquelles émotionnelles chez les femmes et les couples obligent à inventer un accompagnement relationnel adéquat. Il fallait avancer ensemble, trouver les bons mots, donner une nouvelle place aux femmes et aux conjoints, aider les professionnels pour qu’ils puissent faire face aux émotions violentes, améliorer les transmissions, recueillir des témoignages, inventer des modèles de prise en charge, enfin construire des formations adéquates. Une histoire collective s’est écrite au fil des progrès et se poursuit : la loi, les parents, les soignants. L’efficacité du travail en équipe, l’ouverture sur la pluridisciplinarité, la capacité d’adapter les pratiques au cas par cas, la richesse du travail en « indirect » avec les pédopsychiatres, la création de nouveaux outils de communication pour assurer la cohérence du suivi sont autant d’acquis significatifs. Le chemin du DAN demande aux soignants de rester vigilants et inventifs pour garder intacts les projets de vie des parents rencontrés. La place du père est devenue évidente et nécessaire en prévention des difficultés ultérieures. Une méthode récente de reprise des antécédents obstétricaux, alliant dossier médical et narration par la personne concernée, permet de remobiliser le traumatisme séquellaire par une resynchronisation des données concrètes et des traces mémorielles chez la femme.