Devenir mère : heureux évènement ou facteur de risque évolutif pour la femme souffrant de schizophrénie ?

2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 35-36
Author(s):  
J. Crestin

De nos jours, plus de la moitié des femmes schizophrènes deviennent mères. La maternité entraîne chez toutes les femmes un processus de crise, possiblement maturative. La fragilité psychique rend les schizophrènes plus vulnérables aux difficultés de cette période. La maternité a le plus souvent un impact sur le cours évolutif de la maladie de la mère, et cet impact est variable. La grossesse est une période fréquemment symptomatique pour ces femmes et les rechutes en post-partum sont très fréquentes. À plus long terme, l’impact de la maternité sur l’évolution de la schizophrénie maternelle est parfois positif, souvent négatif, mais on manque d’études permettant de le quantifier et d’en apprécier les facteurs déterminants. La relation mère schizophrène-bébé est à risque de présenter des troubles importants. La fusion avec le bébé est à la fois recherchée par la mère et source d’angoisses massives. Le bébé s’adapte à sa mère pour la protéger, mais cela risque de se faire au détriment de son développement à lui. Les étapes du processus de séparation/individuation seront souvent à l’origine de réactions d’intolérance et d’angoisse de la mère et de rechutes délirantes. L’enfant est à haut risque de présenter des troubles développementaux, des anomalies de l’attachement, et des troubles psychiatriques divers. La plupart de ces femmes ne pourront pas élever leur enfant. Le facteur pronostic le plus important est la présence d’un conjoint étayant, or celui-ci est le plus souvent absent. La mise en place d’un réseau de soins multidisciplinaire cherche à soutenir cette dyade et à prévenir les mises en danger physique et psychique potentielles. Le travail principal se fait sur l’élaboration de la distance tolérable pour chaque partenaire sans qu’il soit désorganisé. L’anticipation précoce des difficultés est primordiale pour aider à la constitution d’une relation satisfaisante entre la mère schizophrène et son enfant, et à prévenir dans tous les cas des conséquences négatives sur l’évolution de la maladie.

2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 576-576
Author(s):  
A. Ionita

La transition vers le grand âge s’accompagne des modifications neurobiologiques, physiques, psychologiques et environnementales augmentant le risque de décompensation psychiatrique. Cette vulnérabilité psychique du sujet âgé intègre des dimensions multiples endophénotypiques (génétiques, épigénétiques), diachroniques (traumas précoces, expériences de vie passées) et synchroniques (facteurs de stress actuels liés à la transition vers le grand âge). Les troubles psychiatriques, sous diagnostiqués dans ce groupe d’âge sont représentés notamment par la dépression, suivie des troubles anxieux, abus de substance et suicide. Un des mécanismes neurobiologiques impliqué dans cette vulnérabilité psychique du sujet âgé est la perturbation de l’axe du stress (hypothalamo-hypophyso-surrénalien) [1]. Deux profiles sont retrouvés dans la dépression chez la personne âgée : une hypercortisolemie urinaire, marquer de vulnérabilité à la dépression a tout âge et l’hypocortisolemie urinaire retrouvée chez des personnes âgées déprimés avec plus de fragilités physiques [2]. L’ hypercortisolémie sérique est une cause possible d’atrophie hippocampique secondaire, la dépression du sujet âgé représentant ainsi un facteur de risque important d’une démence ultérieure [3]. La relation dépression tardive/démence est probablement bidirectionnelle, la physiopathologie de la maladie Alzheimer pouvant induire une atrophie hippocampique, les symptômes dépressifs représentent alors un prodrome du processus neurodégénératif.La dépression représente le trouble psychiatrique le plus fortement associé aux conduites suicidaires chez la personne âgée (60–90 % des cas). La vulnérabilité suicidaire chez le sujet âgé semble avoir comme mécanismes étiopathogénique spécifique le vieillissement pathologique [4]. L’atrophie cérébrale au cours du vieillissement affecte les circuits connectant le cortex frontal aux noyaux gris centraux qui jouent un rôle important dans la régulation des comportements, des émotions et des fonctions cognitives complexes.Détecter la vulnérabilité psychique chez le sujet âgé est particulièrement pertinent dans une démarche de screening des patients à risque pour lesquels des mesures thérapeutiques spécifiques doivent être proposées.


Devenir ◽  
2014 ◽  
Vol 26 (3) ◽  
pp. 153 ◽  
Author(s):  
Christophe Versaevel ◽  
Olivier Leleu ◽  
Robert Jeanson ◽  
Christine Lajugie ◽  
Bruno Bizet ◽  
...  

2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 559-560
Author(s):  
S. Berthoz

L’idée que certaines dimensions de la personnalité et du fonctionnement affectif prédisposent à l’émergence de comportements à risque pour la santé physique et/ou soient des facteurs de vulnérabilité pour différents troubles psychiatriques n’est pas nouvelle. Dans la lignée de ce courant, plusieurs instruments auto-rapportés de l’évaluation de la personnalité et/ou du fonctionnement socio-affectif ont été développés. Toutefois, la capacité de ces instruments à rendre compte des mécanismes neurobiologiques sous-jacents reste limitée, et le fait qu’ils constituent des reflets pertinents de mécanismes génétiques et cérébraux spécifiques est de plus en plus discuté [1]. Les échelles de personnalité développées par J. Panksepp et al. pallieraient cette limite. Plutôt que de se baser sur un lexique descriptif du ressenti émotionnel, leur construction repose sur les avancées dans le domaine des neurosciences affectives et l’identification des circuits cérébraux et neuromédiateurs impliqués dans la réaction et la régulation émotionnelle [2]. Ces « échelles neuroaffectives de personnalité » (Affective Neuroscience Personality Scales [ANPS]) permettraient l’évaluation d’endophénotypes émotionnels. Les ANPS rendraient compte du fonctionnement et de l’équilibre entre 6 systèmes émotionnels primaires (3 positifs : la maternance, la jovialité, l’exploration ; 3 négatifs : la peur, la colère et la tristesse). Leur élaboration, validation en langue française ainsi que les données de la littérature émergente en faveur de leur utilisation seront présentées. Les pistes proposées pour en améliorer les qualités psychométriques seront discutées ([3,4]).


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S89-S89
Author(s):  
D. Leguay ◽  
J.-L. Roelandt

Les soins de réhabilitation constituent désormais un registre incontournable de la prise en charge des personnes présentant des troubles psychiatriques chroniques et invalidants. Mais quels soins de réhabilitation sont-ils indispensables ? Prenant place dans quels parcours de santé ? Et proposés par quels dispositifs ? En d’autres termes, qu’est-ce qui constitue le « panier de soins » de réhabilitation exigible aujourd’hui par les usagers et les familles pour ne pas subir une « perte des chances » de se rétablir ? Dans le prolongement de ces soins, quels accompagnements et aménagements sociaux doivent-ils être systématiquement recherchés ? Les intervenants s’attacheront à définir ce que doit être un parcours de rétablissement, les standards de soins et les services qui doivent être mis en œuvre. Au terme de cette session, les participants auront une vue globale des outils et de l’organisation du système de santé permettant de mettre en œuvre les soins de réhabilitation.


2006 ◽  
Vol 1 (1) ◽  
pp. 1-7
Author(s):  
Maurice Ferreri ◽  
Arnaud Heim ◽  
Philippe Nuss ◽  
Nazbanou Heim ◽  
Henri-Jean Philippe

2019 ◽  
Vol 213 (3-4) ◽  
pp. 131-140
Author(s):  
Nicolas Froger

Les neurostéroïdes constituent une famille de molécules synthétisées par le cerveau, représentée par les hormones stéroïdes elles-mêmes, mais également par certains de leurs précurseurs et métabolites. Ils ont des propriétés neuroactives en stimulant des voies de signalisation non génomiques, spécifiques des neurones. Trois types de neurostéroïdes ont été identifiés selon les voies qu’ils activent, à savoir (i) les neurostéroïdes inhibiteurs, (ii) les neurostéroïdes excitateurs et (iii) les neurostéroïdes microtubulaires. Les neurostéroïdes inhibiteurs activent les récepteurs ionotropiques GABA-A, tandis que les neurostéroïdes excitateurs inhibent les courants GABAergiques et stimulent la neurotransmission glutamatergique (soit directement en activant les récepteurs NMDA, soit indirectement via la stimulation des récepteurs sigma-1). Enfin, les neurostéroïdes microtubulaires sont capables de se lier aux protéines associées aux microtubules, comme MAP2, pour favoriser la croissance des microtubules, et in fine la plasticité neuronale. En regard de leurs actions pharmacologiques, certains neurostéroïdes ont fait l’objet d’études cliniques pour le traitement de maladies psychiatriques. C’est le cas de l’alloprégnanolone, le principal neurostéroïde inhibiteur, qui a montré une efficacité dans le traitement de la dépression du post-partum et de l’anxiété. Contrairement à leurs dérivés sulfatés qui n’ont jamais été testés en clinique, la DHEA (déhydroépiandrostérone) et la prégnénolone ont montré des effets antidépresseurs et antipsychotiques. Cependant, la surproduction éventuelle d’hormones provoquée par leur métabolisation a conduit à développer des dérivés de synthèse non métabolisables. C’est le cas du composé MAP4343, un dérivé de la prégnénolone, qui a montré des effets de type antidépresseur dans différents modèles animaux. Il fait actuellement l’objet d’un développement clinique pour le traitement de la dépression.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S35-S36
Author(s):  
R. Dugravier ◽  
N. Guedeney ◽  
T. SaÔas ◽  
S. Tereno ◽  
T. Greacen ◽  
...  

La recherche CAPEDP est une étude randomisée d’intervention préventive précoce des troubles de santé de la mère et de l’enfant basée sur des visites à domicile débutant durant le troisième trimestre de grossesse et se poursuivant jusqu’aux deux ans de l’enfant. Nous présenterons les résultats concernant la dépression maternelle (DPN) dont on connaît l’importance aussi bien en raison de sa prévalence (10–15 %) en population générale, que de ses conséquences sur le développement de l’enfant. Quatre cent quarante femmes sont recrutées et randomisées en deux groupes : primipares, âgées de moins de 26 ans, et au moins un facteur de risque parmi : un faible niveau d’éducation, des revenus faibles et/ou être isolées. Le groupe intervention bénéficie de VAD menées par des psychologues. La symptomatologie de la DPN est évaluée à l’inclusion à 3 mois post-partum, les scores moyens à l’EPDS sont respectivement de 9,4 (5,4) pour le groupe témoin et de 8,6 (5,4) pour le groupe intervention (p = 0,18). Pour certains sous-groupes de femmes ayant bénéficié de l’intervention les scores EPDS sont plus faibles que le groupe témoin : celles avec peu de symptômes dépressifs en prénatal (EPDS < 8) ; celles qui pensent être avec le père pour élever leur enfant ; et celles avec un niveau d’éducation supérieur au Brevet des collèges. CAPEDP n’a pas démontré d’efficacité pour prévenir la DPN à 3 mois. Les analyses post hoc montrent que l’intervention peut être efficace pour des femmes moins vulnérables. Les premiers résultats concernant les effets de l’intervention à 6 et 12 mois ainsi qu’une analyse de trajectoires de dépression des mères.


2021 ◽  
Vol 7 (7) ◽  
Author(s):  
Sersie Lessa Antunes Costa Almeida ◽  
Bruna Aurich Kunzendorff ◽  
Carolina de Paula Motté ◽  
Dara Campos de Oliveira ◽  
Fernanda Caetano Solano Oliveira ◽  
...  

Introdução: analisar a persistência de hiperglicemia no pós parto em pacientes com histórico de diabetes mellitus gestacional. Metodologia: Revisão sistemática no Pubmed e Scopus, usando ensaios clínicos randomizados, dos últimos 10 anos (Pubmed), 20 anos (Scopus) em inglês. Com descritores: Post partum period AND Diabetes mellitus, gestational AND Hyperglicemia e Diabetes AND Mellitus AND Gestation AND Puerperium AND Hyperglicemia. Resultados: Os estudos demonstraram a importância de se utilizar mais de um método diagnóstico para DMG. As medidas não farmacológicas de mudanças de estilo de vida se mostram suficientes na maioria das pacientes. Discussão: Outros estudos levantaram questões como a necessidade de utilização de mais de um teste para diagnosticar tais condições patológicas, níveis elevados de proteína C reativa, hiperglicemia gestacional, níveis elevados de triglicerídeos, fatores étnicos, histórico familiar, tratamento e ganho excessivo de peso, sendo alguns consoantes e outros dissonantes em relação aos resultados dos estudos selecionados pelo presente artigo. Conclusão: Faz-se necessário uma padronização de um diagnóstico eficaz e propostas de intervenção com melhor evolução para a paciente, além de realizar avaliação individual, nos quesitos ambientais étnicos, história pregressa do paciente e histórico familiar da doença, a fim de predizer as suas chances de cursar com doença gestacional.


Author(s):  
Carl-Erik Mattlar

Les décisions que l'on est amené à prendre à partir d'un examen psychologique ont de multiples conséquences sur la vie d'une personne. Dans cet article, j'ai montré que le Rorschach en Systcme intégré (SI), considéré comme une tâche perceptive, cognitive et de prise de décision, est une épreuve valide et fiable. Sa validité et sa fiabilité, y compris la fidélité test/retest et la validité incrémentielle, ont été établies par des études empiriques. J'ai montré aussi que, pour obtenir les résultats les plus valides, il fallait procéder par intégration de différentes méthodes. En outre, il existe suffisamment d'études pour penser que l'utilisation du Système intégré est valable aussi dans un contexte interethnique. Des utilisateurs ignorants et/ou incompétents constituent toutefois un facteur de risque, que ce soit dans le champ psycholégal, en psychologie du travail, de l'enfant, en réhabilitation, tout comme dans le champ clinique proprement dit. Toute personne qui souhaite utiliser le Système intégré doit obligatoirement suivre une formation suffisante. John Exner a souvent répété que les seules techniques d'administration et de cotation des protocoles en Système intégré nécessitent au moins 100 heures de cours, ainsi que beaucoup d'exercices d'entraînement. Il en faut autant pour acquérir la capacité à interpréter et à écrire des rapports. Nous sommes fiers d'avoir, en Finlande et en Suède, un programme de formation structuré de la sorte, ainsi que des séminaires d'approfondissement de grande qualité (Niveau I, II et III). C'est vrai aussi de la plupart des pays européens. Des exigences de formation équivalentes sont vraies aussi, par exemple, pour l'évaluation neuropsychologique. Là comme partout, il est aussi nécessaire de se maintenir au courant des développements les plus récents et de compléter sa formation initiale: la science psychologique progresse rapidement. Nous devrions réfléchir pour savoir comment nous pouvons d'un côté nous défendre contre des critiques infondées, et de l'autre, garantir l'utilisation intégrée de procédures d'évaluation multiples (cf. Le cas de Sami, Small, 1973 ). Des conclusions erronées, des recommandations fallacieuses sont en fin de compte beaucoup plus coûteuses que des évaluations correctes, des conclusions adéquates et des indications pertinentes. On peut se demander pourquoi les psychologues cliniciens ne fondent pas leus raisonnements sur les résultats des recherches. La réponse ( Kubiszyn et al., 2000 ) est probablement que la quantité des recherches disponibles est tellement énorme, et techniquement si complexe, que bien peu de psychologues ont le temps et la possibilité de repérer, se procurer, lire, comprendre et intégrer ces arguments techniques à la fin d'une journée bien remplie. Dans la revue de questions que je présente, j'ai essayé de rassembler quelques éléments de justification. La bibliographie est, il est vrai, assez longue, mais elle représente une bonne introduction à ce domaine. J'ai mis en gras les titres qui me paraissent les plus importants, et tout clinicien qui chercherait à asseoir sa pratique de l'examen psychologique, ou obtenir des financements pour des recherches, est encouragé à lire ces textes de faç on méticuleuse. Enfin, il serait légitime de se demander quelles méthodes les cliniciens devraient utiliser, et particulièrement, qui est responsable de la formation des psychologues à ces méthodes. A cet égard, l'étude de Camara et al. (2000) fournit des renseignements détaillés sur les méthodes employées aujourd'hui par les psychologues cliniciens et les neuropsychologues aux États-Unis, et combien de temps ces méthodes nécessitent. Il est intéressant de voir que le MMPI est le test le plus utilisé en neuropsychologie. Des études similaires devraient être entreprises à travers le monde, mais il faut aussi poser la question de qui est responsable de l'enseignement de ces méthodes. Les universités, les associations de psychologues (syndicats), et/ou les différentes associations professionnelles. A cet égard, le système de formation continue à points des États-Unis est intéressant à étudier.


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