The Plural Society and the Western Political Tradition

1979 ◽  
Vol 12 (4) ◽  
pp. 675-688 ◽  
Author(s):  
Kenneth D. McRae

La société pluri-culturelle et la tradition politique occidentaleNous nous penchons sur la façon dont la philosophie politique occidentale conçoit la société pluri-culturelle. Nous pensons que la tradition occidentale depuis ses débuts en Grèce classique a fait preuve d'un manque évident de sympathie à l'égard de la pluralité culturelle. Ici, le concept de pluralité culturelle ou sociale se rapporte à une société compartimentée ou cloisonnée (« segmented ») et ne doit pas être identifié au « pluralisme » de la pensée politique britannique et américaine du XXe siècle.Nous avons retenu, pour approfondir cette hypothèse, le stoïcisme, les relations de l'Eglise et de l'Etat au moyen âge, la Réforme protestante, l'essor des régimes monarchiques au XVIe siècle en Europe et Vemergence des mouvements nationalistes depuis la Révolution française. Les quelques hommages que Von rend dans la philosophie occidentale à la société pluri-culturelle ne sont qu'accessoires et sont le plus souvent les conséquences inattendues de forces politiques. Le concept de tolérance religieuse dans les sociétés pluri-confessionnelles en est un bon exemple.Ceci dit, nous pensons que la pensée politique occidentale comporte plusieurs éléments favorables à la pluralité culturelle et qu'il importe en premier lieu de les approfondir si l'on veut élaborer une doctrine politique adaptée a la pluralité culturelle des sociétés contemporaines. D'autres éléments d'une telle pensée politique peuvent se trouver dans la philosophie politique non-occidentale, dans d'autres sciences humaines et dans la vie politique des sociétés pluralistes elles-mêmes.

1948 ◽  
Vol 3 (3) ◽  
pp. 257-266 ◽  
Author(s):  
Georges Lefebvre

A la veille de la Révolution française, l'Europe presque entière était soumise à ce que nous avons appelé depuis : l'Ancien régime. Le prince s'était attribué un pouvoir absolu. Les Églises le regardaient comme le lieutenant de Dieu, et, réciproquement, il maintenait leur autorité en imposant sa religion à ses sujets. On avait relégué dans l'oubli le droit naturel, inauguré dans l'Antiquité par les Stoïciens, développé au moyen âge par les théologiens, notamment par saint Thomas d'Aquin, et d'après lequel la société est fondée sur le libre contrat de ses membres, le gouvernement par le libre contrat de celui qui en est chargé avec ceux qui lui obéissent ; de telle sorte que le pouvoir ne peut être conçu qu'au profit de la communauté, et qu'institué pour garantir les prérogatives légitimes de la personne il ne doit leur porter aucune atteinte.


2005 ◽  
Vol 23 (1-2) ◽  
pp. 109-124
Author(s):  
Benoît Lacroix

Au moment où nous rédigeons ces pages, à deux décades près de l'an deux mille, Freud a déjà réhabilité le rêve, Breton l'instinct, Durand l'imaginaire, Mabille le merveilleux, Todorov le fantastique ; Otto, Bataille, Caillois, les historiens Éliade et Dumézil ont réévalué depuis longtemps le sacré et le religieux. Jean-Charles Falardeau écoute ces « maîtres » avec un talent critique dont nous voudrions rendre compte ici pour mieux nous interroger avec lui sur d'autres perspectives possibles de l'étude du phénomène religieux dans le milieu canadien-français. Rappeler ce qui, à notre point de vue, constitue l'essentiel du message de notre distingué compatriote dans ces matières pourtant ardues, vérifier dans la mesure du possible les avenues que nous ouvrent déjà plusieurs de ses intuitions sur l'imaginaire et le merveilleux, voilà une entreprise pour le moins audacieuse. Au premier abord, il est difficile d'imaginer que cet homme raffiné et distingué au possible, sociologue en plus et conduit comme tel à scruter des systèmes de valeurs fermes et à inspecter le champ bien concret des structures sociales de la paroisse, du village, de la famille, puisse un jour rêver de merveilleux et d'espaces spirituels inédits. Prêtons-nous à ce frère amical, vénéré et admiré depuis plus de quarante ans, des considérations que seule une amitié excessive pourrait justifier? Quand on s'est longtemps occupé de l'univers religieux de ses ancêtres médiévaux et de sa translatio studii en Amérique française, n'est-ce pas témérité et gratuité pure que toutes ces préoccupations retrouvées dans une problématique moderne? Pourtant, ce n'est pas l'amour obsessif du Moyen Âge qui nous rapproche de Falardeau : ce sont plutôt les effets de l'héritage religieux en milieu nord-américain. Les mêmes quêtes spirituelles et les mêmes hésitations face aux changements culturels de notre temps nous conduisent à relire J.-C. Falardeau. L'académisme universitaire, l'aventure du surréalisme, l'affaire Borduas vingt ans plus tard, l'intervention courageuse de notre ami Robert Élie, des amitiés parallèles, tout ceci, nous l'avons partagé chacun à notre façon et sans même en discuter entre nous. Nous nous étions à divers degrés consacrés au service des étudiants. Il nous est aussi arrivé d'occuper successivement la même chaire de civilisation franco-québécoise à l'Université française de Caen. Dans de telles circonstances, il est presque normal que nos imaginations se soient souvent croisées. Où et quand? Mais quelque part, ne fût-ce que dans cet univers intérieur judéo-chrétien qui a enveloppé nos enfances respectives. Autant de prétextes qui nous amènent aujourd'hui à rejoindre Falardeau sur le terrain qu'il habite et défriche avec un acharnement digne de son sens du bien savoir et du bien faire. Surtout, l'occasion nous est enfin offerte de penser « sacré », « mystère », «imaginaire», «merveilleux» en compagnie d'un pionnier de la sociologie religieuse en Amérique française. Stimulus d'autant plus efficace que nous avons eu, au moins à trois reprises, l'occasion d'entendre les propos de notre collègue, avant qu'il ne les livrât à l'impression. La première fois, en avril 1962, ce fut à l'occasion du colloque de Recherches sociographiques ; la seconde fois, le 17 octobre 1971, à l'Institut supérieur des sciences humaines de l'Université Laval, lors du deuxième colloque sur les religions populaires. En 1973, le même J.-C. Falardeau proposait aux membres de l'Académie québécoise des sciences morales et politiques, à Montréal, une communication intitulée Problématique d'une sociologie du roman et publiée en 1974 dans Imaginaire social et littérature sous le titre déjà plus signifiant : « Le roman et l'imaginaire». Nous le revoyons encore assis à la table de conférence, sérieux et digne, ferme dans ses mots, bien aligné sur son texte ; nous l'entendons dire dans une langue froidement impeccable des paroles qui nous rassurent et nous interrogent tous. Sans qu'il le sache toujours, J.-C. Falardeau aura, par ses travaux autant que par la direction de ses recherches en matières religieuses, profondément influencé le Canada français depuis plus de vingt ans. Ses nombreuses études de sociologie et sa participation à l'évaluation périodique des croyances, rituels et agirs du plus grand nombre, ce que nous appelons provisoirement la religion populaire, restent de première importance. En somme, c'est presque un acte de piété, entendu au sens médiéval, que nous accomplissons en rendant hommage à celui dont nous avons si souvent relu les textes et pillé les bibliographies. Notre propos exact est de considérer tour à tour l'imaginaire, le merveilleux et le sacré pour mieux entrevoir, si possible, et toujours en compagnie de Falardeau, l'accès aux mystères qui définissent le sacré judéo-chrétien dans lequel la majorité de nos compatriotes canadiens-français ont vécu jusqu'à la limite de la pensée magique.


1961 ◽  
Vol 16 (6) ◽  
pp. 1053-1065 ◽  
Author(s):  
František Graus
Keyword(s):  

En essayant d'esquisser une histoire des « pauvres » au bas Moyen Age et de son évolution, je me rends compte des écueils qui doivent se dresser et se dresseront sur ma route, du caractère provisoire aussi de la présente tentative. Cependant, si je me suis décidé à persévérer, c'est au moins pour deux raisons. En premier lieu, alors que les historiens examinent avec minutie l'histoire économique du bas Moyen Age et prêtent une très vive attention aux faits politiques, à la doctrine même de l'Etat et aux changements survenus dans la structure de ce même Etat, en contre-partie, il n'est paru aucun travail d'importance sur l'évolution sociale et notamment sur celle des groupes sociaux inférieurs.


1970 ◽  
Vol 25 (3) ◽  
pp. 775-788 ◽  
Author(s):  
Miguel Angel Ladero Quesada
Keyword(s):  

La connaissance que nous avons des finances castillanes au XVIe siècle et dans les premières décennies du XVIIe contraste avec l'obscurité qui règne sur d'autres périodes, soit postérieures — le XVIIIe siècle, par exemple — soit antérieures. Pour la même époque nous ne savons rien ou presque rien des finances des autres royaumes et pays réunis sous le sceptre de la dynastie autrichienne. Rien non plus sur les siècles qui précèdent l'extraordinaire moment que représente pour les finances publiques le XVIe siècle en Castille : c'est une lacune dans les recherches sur le bas Moyen Age en Espagne, compréhensible, étant donné la documentation incohérente et hétérogène dont nous disposons ; mais la même difficulté existe aussi pour des périodes antérieures, sur lesquelles existent du moins des essais globaux et des monographies de type « institutionnel ».


1974 ◽  
Vol 29 (3) ◽  
pp. 693-704 ◽  
Author(s):  
Claude Gauvard ◽  
Altan Gokalp
Keyword(s):  

Point n'est sans doute besoin de définir le charivari : concert discordant donné devant le domicile de quelqu'un pour des circonstances déterminées.Notre propos n'est pas non plus d'analyser des documents inédits. Nous avons essentiellement utilisé les lettres de rémission dont une première analyse avait été faite par R. Vaultier.


2021 ◽  
Vol 76 (2) ◽  
pp. 149-167
Author(s):  
Claude Lafleur

Cet article entend illustrer, par le cas des deux principaux textes du Haut Moyen Âge relatifs au problème des universaux — l’In « Isagogen » Porphyrii Commentorum Editio secunda de Boèce et la Logica « Ingredientibus » : Super Porphyrium d’Abélard (selon l’ordre chronologique) —, le défi de longue haleine que peut représenter pour un historien de la philosophie médiévale l’atteinte, pourtant essentielle tant pour la recherche que pour l’enseignement, d’une compréhension adéquate d’un pareil corpus. Méthodologiquement, en conclusion, le lien, réciproque et dynamique, est souligné entre l’effort de compréhension des textes via leur lecture, en premier lieu, et les autres étapes du travail de l’historien de la philosophie que sont l’édition critique, la traduction et l’étude historico-doctrinale. Le but étant la meilleure intelligence possible des textes du passé sur un mode toujours présentiel.


1931 ◽  
Vol 6 (2) ◽  
pp. 417-429
Author(s):  
Sylvain Lèvi
Keyword(s):  

LORS de mon court passage au Nèpal dans l'ètè de 1928, le Gènèral Kaisar Shum Shere, un des fils du maharaja Chandra Shum Shere, m'avait invitè à examiner la belle collection de manuscrits qu'il a formèc avec autant de goût que de zèle. C'est là que j'ai eu l'occasion de trouver les fragments que je publie ici. Le successeur de Chandra Shum Shere, le maharaja Bhim Shum Shere, qui porte aux recherches scientifiques le même interet que son frère aînè, a bien voulu m'envoyer la copie de ces feuillets. L'original, autant qu'il me souvient, est tracè sur des feuilles de palmier de petit format, en belle ècriture du moyen âge nèpalais; la langue en est gènèralement assez correcte.L'ensemble se rapporte au culte tantrique de Vajrayoginī, une divinitè encore populaire au Nèpal; le village de Sanku, à l'amorce de la route qui mène au Tibet—route qui reste fermèe aux Europèens depuis près de deux siècles—possede un temple fameux consacrè à cette dèesse. L'ouvrage dont nous avons ici un fragment donnait l'historique, naturellement lègendaire, de ce culte, la transmission de maîtres à, disciples, et le rituel. C'est un spècimen curieux des documents qui ont dû servir de base au lama Tāranātha pour ses prècieuses compilations en tibètain. II ne sera pas inutile, en vue des recherches ultèrieures, de dresser ici les tables de succession spirituelle fournies par ce texte. (Voir au verso, page 418.)


Author(s):  
Merete Geert Andersen
Keyword(s):  

Merete Geert Andersen: Le manuscrit de Justin de la Bibliothèque royale du Danemark, GKS 450 2º. Sur les traces de son scriptorium   Quand on fait référence au XIIe siècle, on parle également de “la renaissance du XIIe siècle”. C’était une période de relance artistique et culturelle et de renouveau pour les classiques latins qui furent largement copiés au XIIe siècle. Des testaments nous ont appris que les auteurs classiques étaient appréciés et étudiés dans le Danemark du Moyen-âge. L’introduction de la Réforme luthérienne en 1536 a néanmoins balayé les auteurs classiques, dont les ouvrages furent convertis en feu d’artifice ou en reliure pour des dossiers d’archive. Nous avons toutefois la chance qu’un ouvrage d’auteur classique ait survécu à la Réforme, à savoir la copie manuscrite d’un texte de l’historien romain Justin comprenant l’Epitoma historiarum Philippicarum Pompei Trogi. Daté paléographiquement du XIIe siècle, le manuscrit est conservé à la Bibliothèque royale à Copenhague sous la cote GKS 450 2º. Il est d’autant plus passionnant qu’il servit à l‘historien danois Saxo Grammaticus lors de son élaboration de l’Histoire des Danois (Gesta Danorum) datant de l’année 1200 environ.   Pendant des siècles, les chercheurs se sont divisés sur la question de savoir si la copie fut réalisée en France ou au Danemark. Dans mon article, j’argumente en faveur d’une élaboration dans un scriptorium cistercien. La couleur du parchemin et la remarquable qualité calligraphique indiquent que le manuscrit n’a pas été copié au Danemark, mais à l’étranger. Cîteaux et Clairvaux entrent en ligne de mire. En 1144, l’archevêque Eskil de Lund fît venir des moines cisterciens de l’abbaye de Cîteaux à l’abbaye de Herrevad en Scanie. Puis en 1151, l’abbaye bénédictine d’Esrum dans le Nord du Seeland fut transformée en abbaye cistercienne habitée par des moines de Clairvaux.   Le main de GKS 450 2º ne ressemble pourtant à aucune main datée et associée au scriptorium de Clairvaux au XIIe siècle. En revanche, elle rappelle fortement des écritures de copies provenant du scriptorium de Cîteaux du XIIe siècle, et plus particulièrement le main de Dijon, Bibliothèque Municipale, 77, ms. 41, datant du milieu du XIIe siècle. Étant donné que le rédacteur de la copie de Justin utilise l’esperluette et la note tironienne à la place de la ligature du “e” et du “t”, il convient probablement de dater le manuscrit GKS 450 2º de 1175–1200.  


2019 ◽  
Vol 21 (1) ◽  
pp. 169-180
Author(s):  
Andréa Boudreau-Ouellet
Keyword(s):  

Le terme « propriété » fait appel à une certaine notion générale familière à la plupart des sociétés contemporaines. Toutefois, les concepts de « propriété » et de « propriété privée » n’ont pas la même définition technique d’un système juridique à un autre. En effet, pour certains le droit de propriété est un droit naturel, tandis que pour d’autres, ce droit est une simple institution juridique. De plus, là où ces notions diffèrent vraiment dépendant des sociétés, c’est au niveau de l’approche que l’on a adoptée relativement à l’élaboration et à l’application des différentes règles qui régissent le droit de propriété. Pour nous, juristes canadiens, cette dichotomie redouble d’importance et d’intérêt en vue de la coexistence de deux systèmes juridiques différents : le droit civil et la common law. L’auteur s’attarde donc à nous faire état des différences au niveau de la définition et au niveau de l’approche vis-à-vis l’élaboration des règles relatives au droit de propriété, tout en mettant l’emphase sur les notions anglo-saxonnes (common law) de ce droit. En premier lieu, l’article dévoile l’importante distinction en common law entre les « biens réels » et les « biens personnels », qui est entièrement étrangère à l’interprétation civiliste. Ceci implique, sur le plan pratique, des inconsistances et des contradictions entre les deux systèmes lors de la transmission de la propriété des biens entre vifs et au décès, par exemple. En second lieu l’auteur démontre que les droits de propriété en common law peuvent être fragmentés en divers intérêts, et que le propriétaire a donc une plus grande flexibilité pour diriger le destin de ses biens pendant de très longues périodes de temps. Cette caractéristique propre à la common law, nous vient par l’entremise des doctrines des tenures et domaines du Moyen Âge et du système féodal anglais.


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