L’identité de Sidé. Entre vérité et réalisme politique: de la légende à l’histoire et à la langue

Kadmos ◽  
2018 ◽  
Vol 57 (1-2) ◽  
pp. 137-174
Author(s):  
Claude Brixhe
Keyword(s):  

Abstract Avec le cas de Sidé, on constate que l’identité affichée par une communauté est chose complexe et mouvante. La partie orientale de la Pamphylie, au-delà de l’Eurymedon, avait échappé à la colonisation grecque. Commencée à la fin du IIe millénaire et connaissant plusieurs vagues, celle-ci avait imposé, à l’ouest du fleuve, un grec mâtiné de la langue indigène postlouvite. A l’est, sur le territoire de Sidé celle-ci est restée langue légitime. Lorsqu’Aspendos, à l’ouest et Sidé à l’est émergent dans l’histoiré, une solide inimitié semble les opposer: Sidé affirme son anatolité et, à en croire les bribes historiographiques qui nous sont parvenues, en cas de conflit les deux cités ne sont jamais dans le même camp. A partir de l’époque classique sans doute, cette inimitié est stimulée par une rivalité économique. L’aversion des Sidètes pour leurs voisins hellènes ou hellénisés ne les empêche pas d’être très sensibles aux atouts économiques et culturels de ces derniers. Ils leur font de multiples emprunts. Celui qui illustre le mieux cette attitude qui mêle aversion et attraction est l’écriture dont ils dotent leur langue: leur alphabet, comme le grec, note les voyelles, mais pour les caractères ils imaginent le plus souvent des traces aussi différents que possible de ceux de leurs correspondants grecs. Cet anatolisme virulent ne faisait pas problème tant que la Pamphylie n’appartenait pas au monde grec. La situation changea avec la conquête macédonienne. C’est très probablement alors que surgit le récit qui faisait de Sidé une colonie de Kymé d’Eolide. Ce récit rattachait Side au moins partiellement au monde grec. Or rien, ni a Side ni a Kyme, ne le confirme: sans doute un des nombreux mythes qui apparurent, surtout a partir de l’époque hellénistique, pour installer une cite dans l’histoire grecque. Avec l’arrivee d’Alexandre (334 a. C.), le sidétique ne perdit pas immédiatement sa légitimité et il fut écrit jusqu’au tournant du IIIe au IIe siècle. Mais les bilingues qu’il nous a laissées et la forme sidétique des anthroponymes grecs montrent que les Sidètes s’emparèrent rapidement de la koiné grecque.

Author(s):  
Gina Wielink ◽  
Robbert Huijsman

RÉSUMÉA l'aide de huit critères mesurant la «réceptivité au soutien informel,» cette étude examine les attitudes de personnes âgées de 65 ans et plus, vivant de façon autonome, par rapport aux soins formels et informels. Ces travaux examinent de plus la relation entre ces attitudes et les préférences quant à la panoplie de soins dans diverses situations (hypothétiques) où les soins nécessaires différent quant à leur nature et leur durée prévue. Au-delà de l'expérience de la personne âgée quant aux soins antérieurement reçus, de ses caractéristiques individuelles et sociales, les attitudes envers les soins s'avèrent être en eux-mêmes un puissant indicateur des préférences des personnes âgées en matière de soins. Les décideurs peuvent utiliser cette attitude envers les soins comme instrument permettant de guider à long terme les préférences et le recours des personnes âgées à ces services de soins.


Author(s):  
Frédéric Turpin
Keyword(s):  

Si la France est aujourd’hui un pilier incontestable – et incontournable - de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), cette vocation fut longue à se dessiner. L’État français a longtemps brillé par son refus puis ses réticences à l’encontre de la création d’une institution de coopération intergouvernementale à vocation politique qui serait fondée sur une langue en partage. Le propos vaut tout particulièrement pour le général de Gaulle qui, dans le cadre de sa politique d’indépendance nationale, entendait faire de la langue française un outil de la diplomatie culturelle de la France. En témoigne notamment son attitude lors de la création de la première organisation intergouvernementale de la francophonie : l’Agence de coopération culturelle et technique. Ses réserves ne se sont pas démenties au cours des décennies suivantes. Et tout au long de la création progressive de l’OIF, la France a systématiquement privilégié le secrétariat général et d’autres opérateurs, comme l’AUF et l’AIMF, à l’Agence internationale de la Francophonie ex-ACCT, montrant une constante défiance à son encontre. Cette attitude et sa constance à travers plusieurs décennies interpellent le chercheur qui travaille sur les processus d’institutionnalisation de la francophonie. La France étant au cœur de la francophonie, n’aurait-elle due pas naturellement être le principal moteur de sa construction institutionnelle ? Ses fortes réserves trouvent leur justification dans les conceptions et les moyens de la puissance française héritée du général de Gaulle. Elles peuvent également s’expliquer par le rapport singulier des dirigeants français à leur langue. Le contexte linguistique de l’Hexagone est celui d’une appropriation instinctive qui banalise le français et rend peu audible la notion de francophonie.


Author(s):  
Christophe Estay ◽  
François Durrieu ◽  
Pape Madické Diop

Résumé L’objet de cette recherche est de faire émerger les ressorts de la motivation entrepreneuriale et de repérer les logiques d’action des créateurs d’entreprise (projets) associées à chaque dimension de cette attitude. Plus précisément, l’étude vise à répondre aux deux questions suivantes : Quels sont les besoins et leur intensité à l’origine de la création d’entreprise ? Et dans quelle mesure la motivation entrepreneuriale influence-t-elle les projets des entrepreneurs ? À partir des questionnaires à l’attention de chefs d’entreprises nouvellement installés, nous recherchons les ressorts de la motivation entrepreneuriale (besoins et intensité de ces derniers), ses antécédents et les logiquesd’action du créateur (imitation, innovation-aventure, reproduction et innovation-valorisation). Cette étude s’appuie sur un cadre théorique issu de recherches sur la motivation et l’entrepreneuriat. Une série de relations de causalité est retenue puis testée. L’analyse permet de tirer un ensemble de conclusions sur la motivation entrepreneuriale. Les chemins de la motivation nous conduisent à des logiques d’action liées à des projets innovants et éclairent le phénomène de reproduction (ou mimétisme) que l’on observe parfois chez les créateurs d’entreprise. À l’origine, on relève des objectifs de développement et d’indépendance. Dans le premier cas, le créateur espère que son entreprise lui apportera des résultats tangibles sur les plans financier et matériel. Dans le second cas, l’entrepreneur est conscient que son projet lui demandera de s’investir de façon autonome sur l’ensemble des dimensions de son entreprise (gestion, commercialisation, etc.). Sur le chemin de la logique d’action de valorisation, on retrouve la non-aversion pour le risque, l’exploitation d’un contexte porteur conjuguée à une maîtrise des compétences et à un besoin de créativité. Ces deux dimensions sont associées à un objectif d’indépendance. La logique de reproduction est motivée par un sentiment de confiance en soi (locus of control, LOC) et répond à un objectif de développement de l’entreprise.


2006 ◽  
Vol 7 (2) ◽  
pp. 47-52
Author(s):  
Andrée Girouard-Archambault
Keyword(s):  

Résumé II ne semble ni possible ni souhaitable de cacher la mort à l'enfant. Cette réalité fait partie de la vie et tôt ou tard l'enfant aura à y faire face. Une attitude naturelle peut aider l'enfant à connaître la mort graduellement et sans trop d'angoisse. Pour être capable d'écouter l'enfant et de répondre à ses questions, l'adulte doit apprendre à reconnaître sa propre angoisse face à la mort et il doit pouvoir en parler librement. Cette attitude franche et ouverte facilite grandement le dialogue avec l'enfant lorsqu'il devient malade ou lorsqu'il perd un être aimé.


2011 ◽  
Vol 44 (4) ◽  
pp. 859-881 ◽  
Author(s):  
Nicole Goodman ◽  
Heather Bastedo ◽  
Lawrence LeDuc ◽  
Jon H. Pammett

Abstract.The gradual withdrawal of young voters from the active electorate is one of the strongest and most important factors in accounting for declining voter turnout in Canada and other western democracies. Because qualitative approaches may be better able to probe the reasons underlying these changing values and attitudes than traditional mass surveys, we used the popular social media site Facebook during the 2008 federal election campaign to collect data on young people's perceptions of electoral politics in the context of their civic obligations. This medium proved to be a valuable and productive research tool. Based on this project, we argue that non-voting tends to be seen as a more socially acceptable behaviour to young voters than is typically found in the thinking of older cohorts, and that this may be connected to changing concepts of the obligations of citizenship.Résumé.Le désengagement graduel des jeunes électeurs est un des facteurs les plus importants pour expliquer le déclin de la participation électorale au Canada et dans les démocraties occidentales. Afin de mieux comprendre les causes de ce changement de valeurs et d'attitudes, nous avons utilisé le média socialFacebookafin de collecter des données qualitatives sur la perception des jeunes électeurs durant l'élection fédérale de 2008. Cette approche nous apparaît mieux adapter que l'approche traditionnelle caractérisée par l'utilisation de sondages d'opinion. Au terme de l'analyse, la collecte de données viaFacebooks'est avérée être une stratégie de recherche productive. En nous basant sur ces données, nous concluons que l'abstention électorale est un comportement plus socialement acceptable pour les jeunes électeurs que pour les électeurs plus âgés. Cette attitude pourrait être liée un changement conceptuel quant aux obligations associées à la citoyenneté.


Dialogue ◽  
1963 ◽  
Vol 2 (2) ◽  
pp. 123-134
Author(s):  
Henri Gratton
Keyword(s):  

Dans presque tous les domaines scientifiques, on a tenté d'évincer la réflexion philosophique soi-disant au bénéfice d'objectifs strictement empiriques. La psychothérapie ne fait pas exception.Freud qui a, pour ainsi dire, inauguré l'ère des psychothérapies a été pour beaucoup à l'origine de cette attitude négative. II considérait la philosophic comme le refuge de la fantaisie abstraite, pour ceux qui ne sont plus à même de s'en tenir à l'observation des faits. II partageait ainsi les préjugés les plus communs de la profession médicale de son temps.


2006 ◽  
Vol 14 (1) ◽  
pp. 182-202
Author(s):  
Olive Patricia Dickason
Keyword(s):  

Résumé Les nations européennes qui tentèrent d'établir un empire dans le nouveau monde partagèrent la même attitude fondamentale même si leurs façons de traiter les Amérindiens ont différé. Toutes et chacune croyaient qu'en tant que nation chrétienne elles avaient un droit d'hégémonie sur les terres et les peuples non-chrétiens, voire même, dans le cas des Amériques, elles considéraient qu'elles n'avaient pas à tenir compte des désirs des autochtones. Le fait d'établir une suzeraineté supposait, cependant, qu'une entente quelconque s'établisse entre les Européens et les Amérindiens, qu'il s'agisse d'une « conquête » ou d'un « accord » obtenu plus ou moins volontairement. Assez curieusement, on appela ces ententes des « traités ». Certains furent écrits à l'européenne, d'autres furent conclus à l'amérindienne et certains empruntèrent aux deux façons. Règle générale, l'Espagne n'eut recours au traité écrit que vers la fin du 18e siècle et le Portugal, lui, ne l'utilisa que très rarement. La France préféra presque toujours la manière amérindienne sauf dans les cas où la contrepartie était alliée à d'autres nations européennes. L'Angleterre, de son côté, opta très tôt pour le contrat écrit de même que la Hollande qui fut la première à acheter les terres qu'elle occupait, établissant ainsi un genre de titre de propriété. Malgré ces diverses façons de faire, les nations européennes restèrent constantes dans leur attitude première et, en aucun temps, n'acceptèrent-elles les Amérindiens en tant que peuples souverains dans la famille des nations ; de même, elles ne les considérèrent jamais comme ayant un statut social correspondant aux leurs. C'est cette attitude, bien plus que la bonté ou la cruauté, qui a profondément affecté la situation de l'Amérindien à mesure que l'Européen s'emparait des Amériques.


Africa ◽  
1956 ◽  
Vol 26 (1) ◽  
pp. 62-72 ◽  
Author(s):  
Geneviève Calame-Griaule

Opening ParagraphDans le pays dogon qui se situe au coeur du Soudan français, dans la boucle du Niger vit une population dl'environ 220.000 individus, race vigoureuse et homogène qui a conservé intacte une civilisation millénaire, peut-être héritée de célèbres civilisations méditerranéennes aujourdl'hui disparues. Au cours des dernières années, les travaux d'une équipe ethnographique française ont fait des Dogon une des populations les mieux étudiées de l'Afrique Occidentale sur le plan des institutions et des croyances. Il n'en est pas de même de leur langue, qui n'a encore fait l'objet d'aucune étude d'ensemble, et dont la situation parmi les autres groupes de langues africaines reste mal définie. Delafosse, après avoir hésité entre le groupe voltaïque et le groupe mandé, penche pour ce dernier dans la dernière édition des Langues du Monde, où il classe le dogon dans le groupe nigéro-sénégalais (sousgroupe de l'Est, avec le samogho et le sia). Par contre, le R. P. Bertho, dans une récente étude, rapproche le dogon des langues voltaïques. M. de Lavergne de Tressan, dans son Inventaire Linguistique de l' A.O.F. et du Togo, juge préférable ‘d’opter pour la prudence, tant que les catégories grammaticales n'auront pas été étudiées’ (p. 211). Cette attitude de prudence sera aussi la nôtre; il ne semble pas que l'on puisse aboutir à des conclusions valables dans le domaine du comparatisme avant qu'une description aussi complète que possible ait été donnée, sinon de la langue dogon, du moins d'un de ses nombreux dialectes.


Gesnerus ◽  
1992 ◽  
Vol 49 (1) ◽  
pp. 21-38
Author(s):  
Bernardino Fantini

Tout au long du XIXe siècle un grand nombre de théories étiologiques différentes et contradictoires sur le goitre et le crétinisme avait été proposé. La reconnaissance par le corps scientifique et médical du poids de la théorie microbienne des maladies infectieuses poussa à chercher un agent microbien pour tous les états pathologiques et on chercha longtemps un microbe responsable du goitre endémique. Cette attitude, associé à l’absence d’une théorie générale des maladies de carence, qui ne sera élaborée qu’au début du XXe siècle, résulta en un retard important dans les connaissances sur l’étiologie du goitre et du crétinisme. Toutefois, le développement de la théorie des germes a déterminé des effets positifs, en particulier la diffusion d’un modèle scientifique nouveau et la confiance dans la possibilité de lutter efficacement contre les endémies par des mesures simples de prophy laxie généralisée.


Author(s):  
Ryan Van den Berg

ABSTRACTThis article investigates how the male students of the Vancouver Technical School (VTS) learned to become citizens of Canada and the British Empire, focusing particularly on the ways in which the boys re-imagined modern men’s relationships with women and femininity. The 1920s climate of nation-building, women’s increased presence in the paid workforce, and advances in industrial capitalism meant that the cornerstone of the VTS’s male citizenship project was the construction of males as worker-citizens. In particular, the technical school became a place to reassert men’s monopoly on the “breadwinner” image. This meant that boys were socialized to perceive women and femininity’s encroachments on male spaces as threats to their own masculine development—and thus as dangerous to the social order as a whole. While this often manifested itself as subtle wariness of deviant masculinity, it could also mean overt chauvinism and misogyny.RÉSUMÉCet article explore comment les élèves masculins de la Vancouver Technical School (VTS) ont appris à devenir des citoyens du Canada et de l’Empire britannique en s’intéressant particulièrement aux moyens qui permettaient aux jeunes hommes de réinventer leurs relations avec les femmes et la féminité. Durant les années 1920, dans l’esprit de l’édification d’une identité nationale, la présence accrue des femmes sur le marché du travail et les avancées du capitalisme industriel, tout cela signifiait que la pierre angulaire du projet de formation à la masculinité de la VTS s’orienta vers celle de citoyens travailleurs. L’école technique, en particulier, préconisait l’image de l’homme seul pourvoyeur du foyer. Par conséquent, les garçons étaient éduqués à percevoir les femmes et leurs empiètements dans l’univers masculin comme des menaces à leur propre masculinité en développement et par conséquent comme un danger à l’ordre social en général. Cette attitude a souvent été perçue comme une manifestation subtile de masculinité déviante, mais elle pourrait aussi être interprétée comme du chauvinisme et de la misogynie mal déguisés. 


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