L'ars dictaminis, survivances et déclin, dans la moitié nord de l'espace français dans le Moyen Age tardif (mil. XIIIe-mil. XVe siècles)

2001 ◽  
Vol 19 (2) ◽  
pp. 141-153 ◽  
Author(s):  
Charles Vulliez
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

L'espace français occupe une place originale dans l'histoire de l'ars dictaminis médiéval. Postérieure dans son essor d'un bon demi-siècle au foyer bolonais, l'école française a eu un rôle décisif dans l'orientation donnée à cet ars, A la charniére des XIIe et XIIIe siécles, vers des finalités praticiennes—un apprentissage de la rédaction des documents de nature diplomatique. Ce trait, spécialement affirmé dans des foyers comme Tours, Orléans, Meungsur-Loire, tend à s'estomper dans la seconde moitié du XIIIe siècle, tandis que s'amorce ce que l'on peut considérer comme une phase de déclin. S'il est difficile, pour des raisons documentaires, de prendre la mesure exacte de ce dernier et de recenser efficacement les lieux d'enseignement ou de pratique du dictamen encore productifs dans la moitiénord de la France au Moyen Age tardif, il convient cependant de nuancer quelque peu cette notion de déclin, en soulignant la vitalité relative encore à cette époque du foyer parisien, ranimé en quelque sorte, à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, par la venue de quelques grands maitres italiens itinerants dont Laurent d'Aquilée est le plus célèbre, mais non le seul. Il reste plus difficile de s'interroger, lorsque déclin il y a effectivement, sur la place des raisons liées à l'évolution générale: de la société et des études intellectuelles et sur celles spécifiques, comme peut-étre à Orléans, à l'évolution de la discipline elle-même.

1952 ◽  
Vol 7 (1) ◽  
pp. 13-20 ◽  
Author(s):  
Renée Doehaerd
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

Ouvrons n'importe quel manuel d'institutions, n'importe quel ouvrage sur l'histoire du droit du haut moyen âge : nous y trouverons un exposé correct, du contenu des mesures monétaires carolingiennes. Seulement, on les expose, on ne les explique pas ; on les présente comme si elles allaient de soi. Or il y a lieu d'expliquer. C'est que, lorsqu'un gouvernement modifie sa monnaie — entendons bien qu'il ne s'agit pas d'altération, mais de transformation officielle — il le fait pour une certaine cause, il vise un certain but. Cette cause, ce but, la situation qui a provoqué ces mesures — voilà ce que l'on ne s'est point attaché à préciser. Évidemment, les textes, ces textes carolingiens si avares de renseignements, sont muets à ce propos. Il n'est cependant pas défendu de rapprocher certains faits qui paraissent nous mettre sur la voie d'une explication possible — disons, qui permettent de créer le cadre dans lequel ces mesures reprennent un certain sens pour nous.


2020 ◽  
Author(s):  
Hiroshi Uemura
Keyword(s):  
De Se ◽  
Il Y A ◽  

L’exposition d’art dans des paysages est devenu populaire au Japon, avec la multiplication récente de festivals d’art locaux. Dans ces festivals, qui attirent chacun des centaines de milliers de visiteurs, coexistent des œuvres hétérogènes. Certaines sont des sculptures autonomes, d’autres des installations qui se fondent dans le paysage, et d’autres encore sont des œuvres de type « art relationnel ». Bien que ces œuvres in situ affirment leur lien essentiel avec le site naturel rural et avec le corps du spectateur — constituant un événement, une expérience, une rencontre éphémère —, les relations avec le site comme avec le visiteur sont complexes et ambigües. Il y a des œuvres in situ, mais parfois aussi in aliquo situ : des œuvres qui peuvent être installées n’importe où. Qu’est-ce qui attire les visiteurs dans ces expositions ? Quels sont donc la nature et le mérite de leur localisation ? Si les visiteurs apprécient de voir des œuvres dans ces paysages cela peut être en partie lié au principe japonais traditionnel d’expérience des lieux dit meisho-meguri, ou « pèlerinage vers des sites célèbres ». Cette pratique issue du Moyen Âge est associée historiquement au sacré. Aujourd’hui ce pèlerinage prend la forme du tourisme moderne mais conserve un sens traditionnel invisible car les visiteurs se déplacent à travers une série de lieux géographiques selon un jeu culturellement codé. Selon nous, dans le cas des visites d’œuvres d’art en zones rurales, l’appréciation des œuvres d’art participe à ce même jeu traditionnel de se déplacer physiquement dans une série de lieux. Cette dimension spirituelle implicite modifie à son tour la perception des œuvres. Ainsi on dira que la pratique japonaise de visiter ces expositions d’art in situ témoigne de la survivance d’une tradition, et constitue ainsi un système alternatif d’expérience esthétique.


PMLA ◽  
1946 ◽  
Vol 61 (3) ◽  
pp. 607-619
Author(s):  
Leo Spitzer
Keyword(s):  
En Face ◽  
Il Y A ◽  

L'étymologie de la particule anc. française mon, qui se trouve encore dans des passages fameux du théâtre classique (“Ça mon vraiment! il y a fort à gagner à fréquenter vos nobles!”, Molière, Bourg. gent.iii, 3; “Ardez, vraiment, c'est mon, on vous l'endurera,” Corneille, Galerie du Palais, v. 1392), est loin d'être sûrement établie. “Ce petit mot a fait verser des flots d'encre,” nous dit Livet, Lex. de Mol., s.v., ça mon: il a inspiré aux philologues depuis Silvius (1531), R. Estienne et J. Thierry, jusqu'à Ebeling (1900) les explications les plus fantaisistes (v. pour la bibliographie, en outre de Livet, Behrens, Beitr. z. frz. Wortgeschichte, p. 305): multum, meum, munde, minus, germ, mund, suédois monne, grec. et (c'est la dernière, la plus phantastique, qui avait séduit l'esprit bizarre d'un Furetière et qu'un Ebeling, grave et vétilleux élève de Tobler, devait rééditer). On s'arrête généralement aujourd'hui à l'explication de Diez: munde (l'adverbe de mundus ‘pur,’ donc littéralement = ‘proprement, nettement’), que répètent Littré, Meyer-Lübke, Gamillscheg, Dauzat. Cette étymologie, certainement acceptable au point de vue sémantique (cf. l'ital. pure), se heurte pourtant à un fait phonétique: jamais nous ne trouvons en anc. français de -t final, qui pourtant devrait se présenter au moins d'une façon sporadique (cf. mundus ‘monde’ > a.fr. mont à côté du latinisme monde; Meyer-Lübke donne lui-même un a.fr. mont ‘pur’ sous mundus, que je n'ai pu, il est vrai, trouver dans les dictionnaires: il ne me semble exister que le latinisme monde et son opposé immonde). On comprendrait p. ex. qu'on trouve mon pour ∗mont dans des textes du Sud-Ouest ou anglo-normands où -t final disparaît d'assez bonne heure (cf. Pope, From Latin to Mod. French, p. 453: Gaimar rime sumun < submonet avec gerun, passiun)—mais nous ne trouvons pas de trace de mont dans le reste de la France, au moins au moyen âge. Un mont variante de la particule mon n'apparaît qu'assez tard en français, au moment où la spéculation étymologique se mêle à l'orthographe: chez Oresme, qui offre aussi la forme altérée moult (v. Godefroy), et chez des grammairiens du XVIe siècle, avides, comme on sait, d'étymologie. En face de la forme mon, seule usitée en anc. français, l'étymologie munde est intenable. Il y a encore un argument contre l'admission d'un adverbe: c'est le manque total de formes avec -s adverbial, si fréquent dans l'adverbe voir(s) ‘vraiment’: on ne trouve pas de forme ∗mons. Si nous comparons l'adverbe anc. français espoir ‘peut-être,’ qui est la forme pétrifiée de la le pers. du présent de esperer, nous remarquerons là aussi le manque de l’ -s adverbial.


2011 ◽  
Vol 66 (3) ◽  
pp. 625-661 ◽  
Author(s):  
Laurent Feller
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

RésuméDurant le haut Moyen Âge, l’échange marchand coexiste avec l’échange non marchand. Le but de cet article est d’examiner la présence de ces deux grandes modalités de l’échange au sein de la vie économique durant une période où l’existence même de surplus fait question. Les déficiences supposées des moyens de production, leur éventuelle inadéquation avec le développement, l’incompétence – elle aussi postulée – des Élites font que l’échange par le marché et la possibilité qu’il existe un secteur de profit sont le plus souvent sous-évalués, voire niés. Les Élites sociales tout comme les agriculteurs ou les commerçants ont à l’égard de la production, de la consommation et de l’échange des attitudes très nuancées et complexes. Les moines savent, au VIesiècle, comment se forment les prix et comment il faut jouer avec les règles pour assurer son salut, tout comme au IXesiècle et la comparaison entre les pratiques d’Adalhard de Corbie et la règle de saint Benoît (ou celle du maître) livre l’explication de leur attitude à l’égard des prix : pour eux, les choses ont une valeur qu’il est possible de mesurer et de modifier. L’attitude des Élites carolingiennes et post-carolingiennes lors des famines permet d’établir comment les autorités ont compris les règles de l’échange marchand à l’intérieur d’un monde chrétien. Il y a, au bout du compte, un savoir partagé mais tacite sur le fonctionnement des échanges et une conscience de ce que, en fonction des buts poursuivis, ceux-ci peuvent prendre plusieurs formes.


1974 ◽  
Vol 29 (2) ◽  
pp. 315-335 ◽  
Author(s):  
Emily R. Coleman

Grâce aux médiévistes de ces dernières générations, nous comprenons mieux aujourd'hui les institutions politiques et agraires du Haut Moyen Age, leur ingéniosité, leurs possibilités, et l'idée d'un Haut Moyen Age dynamique s'impose À nous. Nous apprenons À reconnaître et À mesurer les difficultés du lent glissement d'une civilisation À une autre. Et pourtant, au moins dans un sens, l'expression d’ « âge obscur » reste À l'ordre du jour comme il y a cent ans. En effet, malgré tous les progrès de la recherche historique, À la fois dans ses méthodes et dans son mode de perception, ses perspectives, l'histoire sociale de cette période reste fondamentalement mystérieuse. Nous sommes bien renseignés sur les factions politiques qui divisent l'aristocratie et sur la vie agraire du IXe siècle, mais bien peu d'auteurs se sont attachés à la veritable cellule de base de cette société, la famille paysanne. Nous ne traiterons ici, essentiellement, qu'un seul aspect de la vie paysanne, très largement négligé jusqu'À présent par les historiens, et qui semble pourtant jouer un rôle important dans l'évolution sociale du Haut Moyen Age : les aspects économiques et sociaux de la limitation des naissances dans la population servile.


Author(s):  
Dante Fedele

Cet article examine l’élaboration, par les juristes du ius commune médiéval, d’une notion de représentation diplomatique qui plonge ses racines dans la doctrine de la représentation en droit privé. En particulier, il s’attache à étudier le fondement et les limites des pouvoirs de négociation de l’ambassadeur, par une analyse de quelques questions concernant la procuration et la ratification des traités. La conclusion montre que cette notion de représentation diplomatique joua un rôle central dans la discussion de la matière jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, permettant d’apercevoir l’importance de la contribution apportée par le ius commune de la fin du Moyen Âge à la discussion sur le statut de l’ambassadeur au début de l’époque moderne.


1999 ◽  
Vol 35 (4) ◽  
pp. 5-21 ◽  
Author(s):  
M. A. Overell

La présente étude comparative traite des pratiques et des attentes des premiers Protestants à l'égard du lit de mort. L'histoire populaire italienne de la mort de Francesco Spiera en 1548, qui servait de propagande, est comparée avec des textes contemporains de la réforme anglaise. Les prières anglaises autour du lit de mort furent plus éloquentes, mais il y a dans les deux pays des indications d'incertitude en ce qui concerne la dernière communion et la vie future. L'Ars Moriendi du Moyen Âge exerça une influence continue, les réformateurs mettant l'accent sur la mort comme instrument d'apprentissage pour le vivants.


2020 ◽  
Vol 23 (1) ◽  
pp. 221
Author(s):  
Jaume Aurell I Cardona ◽  
Joan-Pau Rubiès i Mirabet

L'étude des marchands du Moyen-Age a souvent souffert des déformations dues à l'image qu'on leur attribuait d'agents économiques pré-capitalistes dont le comportement était inspiré par des valeurs culturelles bourgeoises. En se basant sur une définition plus rigoureuse de ce groupe social, cet article prend comme exemple la Barcelone médiévale et tente de développer une hypothèse concernant l'évolution des marchands à travers la crise de la fin du Moyen-Age et du début de la Renaissance. Il cherche à établir un rapport entre les modèles dominants de la mobilité sociale avec l'identité politique d'une cité médiévale et la culture carac­téristique des marchands. De cette manière l'article établit un modèle dynamique dans lequel le rôle social d'un marchand-entrepreneur ouvert aux risques est com­paré à un modèle d'avancement social tel celui d'un rentier noble et finalement aristocrate. Ce processus est interprété a la lumière de l'évolution de la Couronne d 'Aragon et à travers la dernière crise de l'époque médiévale et celle des siècles suivants, et souligne, d'une part la précarité de Barcelone en tant que centre éco­nomique, et d'autre part l'échec politique d'un modèle de coopération entre une monarchie féodale et des marchands autonomes forme caractéristique pendant cette période d'expansion. C’est, dans ce contexte, à travers l'analyse de l'inventaire de leur bibliothèque que l'évolution de ces marchands de Barcelone a été étudiée. Il faut souligner le remarquable niveau de lecture qui existait à la fin du quator­zième siècle et au quinzième. L'univers moral de ces marchands peut se caractéri­ser par la combinaison d'une piété chrétienne alliée à une sorte d'attitude utilita­riste, qui semble avoir été orchestré par l'argumentation cléricale d'auteurs influents tels que Francesc Eiximenis. Avec la décadence politique des marchands en tant que groupe social et dans le contexte du milieu de la Renaissance, il y a eu toutefois une confirmation de la tendance à la médiocrité culturelle.


1946 ◽  
Vol 1 (2) ◽  
pp. 143-153
Author(s):  
Abbé Lestocquoy ◽  
Georges Espinas
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

Les études sur l'origine de la classe dirigeante des villes du moyen âge, ce curieux patriciat urbain, sont très peu avancées on France : le seul pays où l'on ait fait des recherches importantes sur ce sujet est l'Allemagne ; pour l'Italie, les documents, nombreux, n'ont pas donné lieu à des études de caractère général : les articles , parus dans cette revue, sur Venise et Gênes, si intéressants soient-ils, ne conslituent que des travaux d'approche.J'ai essayé de résoudre le problème pour Arras, où des documents littéraires donnent — comme à Florence — des lumières particulières. A leur étude, j'ai senti mes idées se transformer. J'avais été, comme beaucoup, enchanté par la simple et limpide clarté des synthèses de Pirenne, de ces livres si beaux qu'ils avaient éveillé en moi, il y a quinze ans, le désir d'apporter ma contribution à l'histoire sociale.


OENO One ◽  
1970 ◽  
Vol 7 (2) ◽  
pp. 69-77
Author(s):  
Pierre GALET
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

La culture de la vigne en Roumanie est très ancienne puisque, au moment de la fondation des cités de Tomis (Constantza) et Calatis (Mangalia) par les Grecs il y a près de 2 700 ans en bordure de la mer Noire, les populations géto-daces de ces régions cultivaient déjà la vigne et connaissaient le vin. D'ailleurs, les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour des outils concernant la culture de la vigne et la fabrication du vin. De même, les vieilles monnaies et les stèles funéraires portent des feuilles de vigne et des raisins comme symboles de la richesse de ces régions. Avec l'occupation romaine, la culture de la vigne s'étendit encore et plus tard tout au long du Moyen Age ; malgré les vicissitudes de la guerre et des occupations, la vigne a toujours conservé une bonne place dans la production du pays. Le phylloxéra fut découvert en 1884 et provoqua comme partout de nombreuses difficultés. La reconstitution fut entreprise après 1900 à l'aide des porte-greffes résistants. Jusqu'en 1914, la Roumanie ne comprenait que la Moldavie, la Valachie (Munténie et Olténie) et la Dobroudja. Après 1918, la « Grande Roumanie » s'augmenta de la Transylvanie hongroise, de la Bessarabie, de la Bukhovine et d'une partie du Banat. Mais après 1945, de nouvelles frontières furent établies : la Bessarabie et la Bukhovine firent retour à la Russie (représentant 110 483 hectares de vignes) et au sud du pays un quadrilatère comprenant 9 285 hectares de vignes retourna à la Bulgarie.


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