scholarly journals L’homme préhistorique, l’animal et nous: métamorphose des images vulgarisées

2010 ◽  
Vol 18 ◽  
pp. 75-83
Author(s):  
Marianne Celka
Keyword(s):  

Les sciences paléontologiques et éthologiques participent du processus de désenchantement du monde. La première en tentant de percer les mystères de l’hominisation, ce qui nous fait Homme, la seconde en mettant au jour les obscurs fondements du comportement animal. Cependant, à l’ère de l’image, l’ensemble des sciences font l’objet du principe de vulgarisation (simplification pour diffusion dans le sens commun). Et c’est ce principe même, qui grâce à la réappropriation qu’il engendre par la conscience collective, participe paradoxalement du réenchantement du monde. Ainsi, il y a remagification du monde au travers de l’écran qu’il soit livresque ou cinématographique, et ces productions peuvent-être considérées comme le reflet toujours actualisé des représentations collectives. À travers elles nous pouvons sentir les métamorphoses de l’ambiance sociale.

2018 ◽  
Vol 1 (2) ◽  
pp. 114-133 ◽  
Author(s):  
Michel Freitag
Keyword(s):  

La forme générale qu’a prise le « développement » de l’humanité sous l’égide du capitalisme et des révolutions technologiques comporte elle aussi, d’ores et déjà, des conséquences irréversibles à très long terme, et l’avenir que nous pouvons entrevoir n’est pas tellement incertain qu’inquiétant. Cette inquiétude est évidemment renforcée par la dynamique qui s’impose à travers la globalisation néolibérale dont les conséquences les plus massives sont très prévisibles, à moins d’un renversement radical du mouvement et donc des impulsions qui le produisent. Ainsi, le choix qu’exige le très long terme s’impose-t-il désormais à nous en état d’urgence. Il y a là un paradoxe que ni la pensée spéculative, ni la praxis engagée ne peuvent surmonter sans être saisies par le dilemme de la légèreté cynique ou de l’accablement fataliste : n’est-il pas déjà trop tard pour rêver au bien commun, pour espérer un avenir meilleur plutôt que de seulement s’attendre au pire ?


Author(s):  
Vincent Porphyre ◽  
Denis Bastianelli

Les porcins assurent environ 35 % de la production de viande au niveau mondial, à égalité avec la volaille (FAOstat, 2019). En Afrique subsaharienne, cette proportion est largement inférieure en raison d’une forte tradition de production bovine et des interdits religieux autour de la consommation de viande de porc dans de larges parties de la zone. Elle représente cependant 11,9 % de la production de viande de la région et sa croissance a été de 50 % entre 2007 et 2017. Dans les régions où elle est pratiquée, la porciculture joue un rôle social et économique important lorsqu’elle se pratique à petite échelle, souvent combinée à d’autres activités agricoles.La production porcine se heurte cependant à de nombreuses difficultés sanitaires (peste porcine africaine, zoonoses), techniques (génétique, alimentation) et sociales (acceptabilité des élevages autour des lieux d’habitation). Face à ces défis, de nombreuses équipes de recherche sont mobilisées dans les différents pays producteurs. Cependant, les chercheurs sont souvent isolés et peinent à faire connaître leurs travaux à la communauté scientifique et à intégrer les réseaux scientifiques internationaux.Ce numéro thématique rassemble treize articles originaux et synthèses consacrés à la porciculture en région tropicale. Les questions socio-économiques sont abordées à travers des exemples de filières en Afrique mais aussi au Vietnam ou dans les Caraïbes. Les travaux présentés montrent les difficultés de ces filières soumises à des contraintes multiples. Souvent périurbaine, la production porcine doit se faire discrète et notamment minimiser ses nuisances. Ces conditions rendent difficiles une structuration et une professionnalisation qui permettraient un appui accru des autorités et une diminution des risques zoonotiques. Les systèmes d’élevage doivent en outre s’adapter à des contextes changeants où leur industrialisation bouleverse leur fonctionnement technique et économique et remet en question leur rôle dans les systèmes traditionnels basés sur l’intégration agriculture-élevage.Au niveau technique, l’alimentation reste la contrainte majeure pour les producteurs et le principal coût de production dans les contextes étudiés. Des pistes d’utilisation de ressources locales (tourteaux d’hévéa ou d’anacarde, patates douces) sont proposées pour diminuer l’incorporation d’ingrédients plus onéreux. Les pratiques d’alimentation autour du sevrage peuvent également améliorer le démarrage des animaux et leurs performances ultérieures. Enfin, les choix génétiques sont mis en débat, soit pour comparer les performances des porcs locaux ou améliorés, soit pour promouvoir des races locales à valeur patrimoniale.Les questions sanitaires restent une inquiétude majeure. En Afrique, la peste porcine africaine demeure une menace constante ; de plus, les pathologies sont nombreuses et impactent fortement la production. Les caractéristiques des systèmes de production et de commercialisation augmentent les risques de contamination et rendent difficiles les politiques de prévention. Il y a pourtant un défi sanitaire majeur pour les filières porcines car, au-delà de l’impact sur la production, les zoonoses, mais aussi la dispersion de souches microbiennes résistantes aux antibiotiques, sont des enjeux de santé publique prioritaire. Continuer la recherche, partager les résultats, constituer des réseaux nationaux, régionaux et internationaux : voilà autant d’efforts qui doivent être poursuivis. Au travers de ce numéro thématique, la Revue continue son travail de valorisation des résultats les plus marquants obtenus par des chercheurs travaillant dans des conditions matérielles et partenariales parfois difficiles. Nous pouvons d’ores et déjà annoncer que d’autres articles, en complément de ce numéro thématique, seront publiés dans les prochains numéros de la Revue afin de maintenir notre engagement en faveur de la promotion de la recherche porcine dans les Suds.


2006 ◽  
Vol 12 (2) ◽  
pp. 76-81 ◽  
Author(s):  
Robert Lemaire

Résumé Le travail quotidien remplit notre temps. Mais qu'arrive-t-il lorsque le travail n'est pas au rendez-vous? Le présent article vise d'abord à préciser certaines notions concernant le temps psychologique des individus et ensuite à présenter les difficultés rencontrées par les chômeurs lorsqu'ils essaient d'exercer leur compétence temporelle. Si le travail remplit si bien le temps, nous pouvons soupçonner que son absence provoquera chez les chômeurs, des difficultés d'adaptation. Il y a donc lieu de planifier une intervention qui pourrait avoir comme objectif de restaurer la compétence temporelle des chômeurs. L'auteur présente quelques alternatives à ce sujet.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 640-640
Author(s):  
M.-N. Petit

Entre harmonisation des pratiques et spécificité, les échanges en psychiatrie se développent à l’échelle européenne avec l’élaboration de nouveaux programmes mettant en œuvre des relations de partenariat autour de problématiques spécifiques.Si la législation est souvent différente, nous pouvons retrouver des préoccupations communes centrées autour de la clinique et des pratiques professionnelles.Notre propos déclinera les enjeux généraux, les valeurs réaffirmées des 2005 par les conférences françaises et allemandes autour du secteur, les notions de gestion du risque, la place des usagers, l’hospitalisation sous contrainte.Comment construire ces liens indispensables pour permettre de penser avec les différents acteurs une psychiatrie européenne ?Dans un premier temps, le Dr C. Müller, Président de la conférence, reprendra l’historique d’un mouvement débuté il y a bientôt 10 ans entre la France et l’Allemagne et bientôt rejoint par l’Espagne et l’Italie. Il évoquera également les liens entre la conférence des présidents de CME et l’ANPCME.Le Dr Cazenave fera une présentation succincte de l’ANPCME et évoquera ensuite les rencontres effectuées au sein des différents pays ainsi que les thématiques spécifiques issues de ces échanges à l’origine de l’élaboration d’un programme d’échange entre les professionnels du champ de la psychiatrie.Le Dr Loriant abordera enfin la mise en œuvre concrète d’un projet Erasmus+, les partenariats indispensables en France et à l’étranger, les écueils à éviter.La souplesse de rencontres informelles se heurte à la nécessaire reconnaissance de l’apport d’un dimensionnement officiel à l’échelon européen et aux contraintes budgétaires.En effet, si les échanges informels permettent de mieux connaître nos points communs et nos différences dans la pratique, la construction d’une pensée commune aux différents partenaires européens dans un souci d’harmonisation des pratiques, nécessite de poursuivre des échanges réguliers et protocolisés assortis d’une évaluation rigoureuse qui ne peut se faire que dans un cadre formalisé.


2021 ◽  
Vol 16 (4) ◽  
pp. 65-79
Author(s):  
Elżbieta Walerich
Keyword(s):  

Bergson offre une étude profonde et originale du savoir intellectuel qui englobe les actes de perception effectués par le sens commun et la connaissance scientifique. Il constate qu’aussi bien notre perception ordinaire que les théories scientifiques concernant le monde matériel, sont déformées par le schéma spatial. Quel est donc le degré d’adéquation de la connaissance intellectuelle par rapport à la réalité extérieure? Nous tentons d’examiner son caractère afi n de préciser à quel point nous pouvons en obtenir le savoir fiable. Dans notre étude, nous nous référons à certaines idées de Roman Ingarden, le disciple de Husserl, qui dans son oeuvre peu connue Intuition et intelligence chez Bergson a réalisé une analyse pénétrante de la conception bergsonienne. D’autre part, nous essayons de déterminer quel est exactement l’apport de la mémoire dans la connaissance intellectuelle. Il semble que son rôle n’est pas assez reconnu par les interprètes de la pensée du philosophe.


2019 ◽  
pp. 116-128
Author(s):  
Éric Bidaud

Ce travail propose de suivre la trace de ce qui ne fut pas une thématique freudienne : le paysage mais en « pistant » les lieux de ses diverses apparitions dans le rêve, l’inquiétante étrangeté et la représentation de la technique analytique. Il y a ensuite à penser les liens qui unissent les notions d’espace, d’environnement, de limites jusqu’à la question du visage au-devant de son paysage. Une idée défendue dans cet article est que le symptôme comme espace psychique se définit par « son » paysage, dans un rapport à ce qui permettra son ouverture et sa fermeture, sa consistance ou sa déconstruction. Il s’agirait d’approfondir la notion de « paysage-symptôme » aussi bien du côté du rêve que du dessin de l’enfant, le travail du trait et de la trace comme les formes du mouvement qui produisent le paysage du sujet. Il s’agit de penser ce que nous pouvons appeler une image inconsciente du paysage. Notre recherche rend possible une approche renouvelée de l’étude de l’appareil psychique comme « étendu ». Avec les dessins d’enfants, nous pouvons regarder vers la genèse des formes comme production d’un paysage intérieur mis au dehors.


Author(s):  
Vincent Vandenberghe
Keyword(s):  

Un constat fort se dégage des enquêtes sur les connaissances des élèves en math, en sciences et en lecture opérées depuis 30 ans par l’OCDE : la performance de notre enseignement décroche graduellement par rapport à celle des pays voisins et de la Flandre. Quels sont les déterminants probables d’un tel état de fait ? Peut-on penser que le niveau des ressources joue un rôle décisif ? A vrai dire non. Communautés française et flamande ont dépensé tout au long des années 1990 pratiquement le même montant par élève. Mais les scores des élèves en Flandre sont nettement supérieurs. Nos travaux et ceux de nombreux collègues économistes de l’éducation suggèrent que l’enjeu est avant tout organisationnel. Certes, les ressources budgétaires importent. Il est évident, par exemple, que leur niveau doit garantir la possibilité d’engager du personnel en nombre et qualité suffisants. Mais la majoration des moyens financiers et humains ne constitue nullement une condition suffisante de l’amélioration des performances. Dans l’enseignement plus que dans d’autres secteurs, le mode d’organisation (régulation) semble, en revanche, avoir une forte influence sur la relation ressources/résultats. Que peut-on dire de la situation en Communauté française sur ce plan et quels en sont les enjeux ? En bref, nous pouvons dire que le mode de régulation actuel est très insatisfaisant car très hybride. Il repose sur plusieurs conceptions de la régulation. Chacune comporte des faiblesses. De plus, l’articulation qui s’est opérée au fil des ans a été peu réfléchie, mal mise en oeuvre, et se révèle en définitive coûteuse sur le plan des performances. A l’inverse, la Flandre a accompli depuis 1970 un travail discret mais bien effectif de simplification et de clarification de son mode de régulation. L'organisation de l'enseignement en Communauté française comporte tout d'abord une composante concurrentielle (ou "quasi-marché"). Bien que le financement de l’enseignement soit public, les modalités d’octroi de ce financement font apparaître une logique concurrentielle : les parents, les élèves ou étudiants sont en effet libres de choisir leur établissement. Les établissements sont de surcroît financés en fonction du nombre d’inscrits. La faiblesse de ce modèle est qu’il est source d’iniquité, dans la mesure où le libre-choix tend généralement à accentuer le degré de ségrégation des publics entre écoles proches. Il y a par ailleurs en Communauté française une tradition de contrôle par la voie hiérarchique. Les réglementations administratives sont nombreuses dans l’enseignement : horaires, grilles salariales, taux d’encadrement, priorité d’emploi pour les personnels avec ancienneté, ... Et la tendance récente est à l’amplification. Or, l’évaluation que les économistes font sur ce type d’interventions est très mitigée. Le contrôle administratif réussit certes à générer une certaine conformité  (respect formel des horaires, des taux d’encadrement prévus par la loi, …) mais il échoue à influencer les comportements des enseignants qui déterminent réellement le degré d’efficacité et d’équité du système. La présence simultanée de ces deux modes de régulation antagonistes nuit tant à l'efficacité qu'à l'équité de l'enseignement. La concurrence, pour être efficace, requiert la présence de producteurs libres de choisir l’usage des ressources qui leur paraît le plus indiqué pour répondre à la demande. Or, le contrôle administratif limite fortement l'autonomie des écoles en multipliant règles et procédures à respecter. On peut également douter du fait que le contrôle administratif exerce une action correctrice par rapport aux effets néfastes du libre-choix. Ainsi, peu de mesures administratives en vigueur sont de nature à limiter la ségrégation des publics ou ses effets. L’uniformité des salaires et des modes de gestion du personnel empêche, par exemple, l’octroi de primes salariales aux enseignants s’occupant d’élèves en difficulté. Que faire dès lors ? En dépit de toutes les limitations d'un système de libre-choix, et malgré la tendance à la ségrégation des publics qui la caractérise, nous ne croyons pas à son remplacement par un modèle hiérarchique pur, avec, comme en France, une carte scolaire synonyme d’assignation de l’école en fonction du lieu de résidence. Car il y a la question du coût politique de l’abandon du libre-choix de l’école. Mais il y a aussi le risque d’une accentuation de la ségrégation résidentielle. L’option de politique scolaire doit plutôt être celle d'encadrer le système de libre-choix, mais pas via un renforcement du contrôle hiérarchique de type bureaucratique. Il est plus indiqué d’opter, comme en Flandre mais aussi en Finlande ou en Grande-Bretagne, pour un encadrement par voie de contractualisation. Il s’agirait de dissocier plus nettement qu’aujourd’hui les fonctions de contrôle et de production du service éducatif. Aux écoles, il reviendrait de décider plus librement des horaires de présence des professeurs et des élèves, de la durée des cours par matière, du nombre et du type d’enseignants à recruter ou encore de l’opportunité de les envoyer en recyclage. A l’administration, il appartiendrait d’évaluer la performance des écoles. Son rôle principal deviendrait de faire passer aux élèves, à intervalles réguliers, des tests standardisés, à l’image de ceux conçus par l’OCDE. Les résultats à ces tests, pondérés pour tenir compte de l’origine socio-économique des élèves, formeraient la base de l’évaluation des écoles. Et ce n’est qu’en cas d’évaluation négative répétée qu’il y aurait intervention dans la gestion de l’école, par un changement de direction, une mise sous tutelle, …


Author(s):  
Vincent Vandenberghe
Keyword(s):  

Un constat fort se dégage des enquêtes sur les connaissances des élèves en math, en sciences et en lecture opérées depuis 30 ans par l’OCDE : la performance de notre enseignement décroche graduellement par rapport à celle des pays voisins et de la Flandre. Quels sont les déterminants probables d’un tel état de fait ? Peut-on penser que le niveau des ressources joue un rôle décisif ? A vrai dire non. Communautés française et flamande ont dépensé tout au long des années 1990 pratiquement le même montant par élève. Mais les scores des élèves en Flandre sont nettement supérieurs. Nos travaux et ceux de nombreux collègues économistes de l’éducation suggèrent que l’enjeu est avant tout organisationnel. Certes, les ressources budgétaires importent. Il est évident, par exemple, que leur niveau doit garantir la possibilité d’engager du personnel en nombre et qualité suffisants. Mais la majoration des moyens financiers et humains ne constitue nullement une condition suffisante de l’amélioration des performances. Dans l’enseignement plus que dans d’autres secteurs, le mode d’organisation (régulation) semble, en revanche, avoir une forte influence sur la relation ressources/résultats. Que peut-on dire de la situation en Communauté française sur ce plan et quels en sont les enjeux ? En bref, nous pouvons dire que le mode de régulation actuel est très insatisfaisant car très hybride. Il repose sur plusieurs conceptions de la régulation. Chacune comporte des faiblesses. De plus, l’articulation qui s’est opérée au fil des ans a été peu réfléchie, mal mise en oeuvre, et se révèle en définitive coûteuse sur le plan des performances. A l’inverse, la Flandre a accompli depuis 1970 un travail discret mais bien effectif de simplification et de clarification de son mode de régulation. L'organisation de l'enseignement en Communauté française comporte tout d'abord une composante concurrentielle (ou "quasi-marché"). Bien que le financement de l’enseignement soit public, les modalités d’octroi de ce financement font apparaître une logique concurrentielle : les parents, les élèves ou étudiants sont en effet libres de choisir leur établissement. Les établissements sont de surcroît financés en fonction du nombre d’inscrits. La faiblesse de ce modèle est qu’il est source d’iniquité, dans la mesure où le libre-choix tend généralement à accentuer le degré de ségrégation des publics entre écoles proches. Il y a par ailleurs en Communauté française une tradition de contrôle par la voie hiérarchique. Les réglementations administratives sont nombreuses dans l’enseignement : horaires, grilles salariales, taux d’encadrement, priorité d’emploi pour les personnels avec ancienneté, ... Et la tendance récente est à l’amplification. Or, l’évaluation que les économistes font sur ce type d’interventions est très mitigée. Le contrôle administratif réussit certes à générer une certaine conformité  (respect formel des horaires, des taux d’encadrement prévus par la loi, …) mais il échoue à influencer les comportements des enseignants qui déterminent réellement le degré d’efficacité et d’équité du système. La présence simultanée de ces deux modes de régulation antagonistes nuit tant à l'efficacité qu'à l'équité de l'enseignement. La concurrence, pour être efficace, requiert la présence de producteurs libres de choisir l’usage des ressources qui leur paraît le plus indiqué pour répondre à la demande. Or, le contrôle administratif limite fortement l'autonomie des écoles en multipliant règles et procédures à respecter. On peut également douter du fait que le contrôle administratif exerce une action correctrice par rapport aux effets néfastes du libre-choix. Ainsi, peu de mesures administratives en vigueur sont de nature à limiter la ségrégation des publics ou ses effets. L’uniformité des salaires et des modes de gestion du personnel empêche, par exemple, l’octroi de primes salariales aux enseignants s’occupant d’élèves en difficulté. Que faire dès lors ? En dépit de toutes les limitations d'un système de libre-choix, et malgré la tendance à la ségrégation des publics qui la caractérise, nous ne croyons pas à son remplacement par un modèle hiérarchique pur, avec, comme en France, une carte scolaire synonyme d’assignation de l’école en fonction du lieu de résidence. Car il y a la question du coût politique de l’abandon du libre-choix de l’école. Mais il y a aussi le risque d’une accentuation de la ségrégation résidentielle. L’option de politique scolaire doit plutôt être celle d'encadrer le système de libre-choix, mais pas via un renforcement du contrôle hiérarchique de type bureaucratique. Il est plus indiqué d’opter, comme en Flandre mais aussi en Finlande ou en Grande-Bretagne, pour un encadrement par voie de contractualisation. Il s’agirait de dissocier plus nettement qu’aujourd’hui les fonctions de contrôle et de production du service éducatif. Aux écoles, il reviendrait de décider plus librement des horaires de présence des professeurs et des élèves, de la durée des cours par matière, du nombre et du type d’enseignants à recruter ou encore de l’opportunité de les envoyer en recyclage. A l’administration, il appartiendrait d’évaluer la performance des écoles. Son rôle principal deviendrait de faire passer aux élèves, à intervalles réguliers, des tests standardisés, à l’image de ceux conçus par l’OCDE. Les résultats à ces tests, pondérés pour tenir compte de l’origine socio-économique des élèves, formeraient la base de l’évaluation des écoles. Et ce n’est qu’en cas d’évaluation négative répétée qu’il y aurait intervention dans la gestion de l’école, par un changement de direction, une mise sous tutelle, …


1982 ◽  
Vol 23 (2) ◽  
pp. 241-293 ◽  
Author(s):  
Jean Baechler
Keyword(s):  

Lespréhistoriens ont récemment fait faire des progrès décisifs à leur discipline, loin de son statut originel d'enquêtes par des amateurs et des érudits locaux et dans un sens de plus en plus rigoureux et compréhensif. De son côté la sociologie, telle du moins que lesArchives européennes de sociologiela conçoivent, se donne pour champ d'études l'aventure entiere des hommes. Après avoir intégré à nos analyses et à nos réflexions la matière couverte traditionnellement par l'histoire et l'ethnographie, le moment paraît venu de parachever l'effort en nous intéressant aussi aux sociétés préhistoriques. Pour une première tentative, il est bon de s'attaquer d'emblée au problème fondamental, celui de la mutation néolithique. De sa solution dépend la vision même que nous pouvons avoir des destinées historiques et sociales, sinon du genreHomoen général, du moins de l'espèceHomo sapiens sapiensapparue, on ne sait ni comment, ni même où, encore moins pourquoi, il y à trente-cinq a quarante mille ans. D'autre part, la question a bénéficié, ces dernières quinze années, d'une masse considérable de travaux, qui permettent de la poser sur des fondements plus solides et qui réclament peut-être une conceptualisation nouvelle. Comme il arrive toujours quand un champ scientifique est parcouru à vive allure, les athlètes manquent de recul et en perçoivent mal les lignes de force. Sans prétendre se substituer aux praticiens, il est permis de mettre leurs efforts à profit pour tenter de renverser la problématique en la «sociologisant».


1987 ◽  
Vol 2 (1) ◽  
pp. 18-27
Author(s):  
Hans Heimann

RésuméL’étude publiée en 1922 par A. Storch aborde les comportements, le vécu et la pensée schizophréniques par analogie avec les stades précoces du développement de l’enfant et avec les structures de la pensée de certains peuples primitifs.En nous fondant sur l’œuvre de Piaget qui a élargi la psychologie génétique en un structuralisme épistémologique, nous pouvons aujourd’hui entreprendre l’interprétation de la psychopathologie de la désintégration psychotique au cours des psychoses endogènes et exogènes. Parmi les processus interactifs qui se jouent entre l’organisme et le monde ambiant, l’attention sélective revêt une importance particulière. Elle reste insérée dans le fonctionnement global de l’organisme (au sens de Piaget), ce qui en fait un système fonctionnel dynamique. Les structures en sont représentées dans le modèle systémique d’Anochin.Des observations de schizophrènes et de psychoses modèles expérimentales (portant principalement sur le vécu psychotique et sur la constitution des concepts de l’espace et du temps) montrent les perturbations de la saisie et du traitement de l’information. Ces perturbations font que l’organisme est submergé d’impressions sensorielles chaotiques ce qui l'amène à adopter des comportements de réparation, en particulier : - la régression avec reprise de schémas qui dans l'ontogenèse correspondent à un rapport au monde dépourvu d’information structurée - et une tendance excessive au repli qu’on peut mettre en évidence, dans un groupe de schizophrènes, par l’étude de paramètres végétatifs. Cette mise en évidence se fait grâce à une situation expérimentale qui, chez les sujets sains, provoque une réaction d’orientation. Chez environ 40 % des schizophrènes cette réaction fait défaut ou il y a une habituation extrâmement rapide. Ces patients, comparés au groupe sans habituation ont au niveau psychopathologique des symptômes de repli. Des études récentes, portant sur la prédiction de la réponse au traitement, montrent que le groupe des répondeurs - c’est-à-dire de ceux qui n’ont pas cette tendance au repli - a un pronostic moins favorable au traitement neuroleptique.Pour finir, nous indiquons que, au cours de la désintégration psychotique, les différents systèmes psychophysiologiques obéissent au principe primitif du “tout ou rien”. Ils perdent les degrés de liberté supplémentaires caratéristiques d’une modulation mieux différenciée. Ceci nous ramène à Piaget et à sa conceptualisation du structuralisme comme construction, c’est-à-dire au primat de l’opération.


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