scholarly journals Une assassine pas comme les autres : violence sexuelle, amérindianité et écoterrorisme dans Le sang de l’or de Louise Leblanc

2020 ◽  
Vol 17 (1) ◽  
pp. 63-77
Author(s):  
Sandra Hobbs

La femme qui tue dérange de façon particulière les normes sociales : les femmes nourrissent, soutiennent, compatissent… la violence leur est habituellement étrangère. Celle qui enlève la vie à un autre est donc encore plus « monstrueuse » (Gilbert) que son homologue masculin. Diverses théories orientent l’étude de la femme meurtrière – soit qu’elle cherche à devenir plus masculine, qu’elle réagit à une situation intenable ou qu’elle se démarque d’une norme qui s’applique aux femmes d’une certaine race ou classe sociale (Irwin et Pasko). Dans le cas de la représentation romanesque du meurtre féminin au Québec, on peut constater un certain écart par rapport à la réalité (Gilbert), dans le sens que la violence au féminin prend un essor dans le livre, qui est sans rapport aux statistiques de la société canadienne ou québécoise. Le roman que nous avons retenu pour cette étude – Le sang de l’or de Louise Leblanc (1989) – met en vedette une meurtrière, ce qui devrait alors choquer le lecteur. Nous verrons que dans ce roman, par contre, le portrait hautement stéréotypé du personnage principal amérindien rend la violence du personnage moins surprenante. Qu’en est-il au juste du meurtre au féminin quand la criminelle est aussi amérindienne? Nous élucidons ce sujet en tenant compte des questions de territorialité, d’histoire coloniale et d’écoterrorisme, sans perdre de vue le discours féministe qui informe le récit. De fait, tout en ayant recours à des tropes coloniaux qui remontent au dix-neuvième siècle, voire plus loin, Leblanc crée un personnage qui attire la sympathie du lecteur. En tant que jeune femme victime de violence sexuelle, Kiji est en droit de se défendre; sa défense de l’environnement justifie davantage son geste. En dépit de ces facteurs atténuants, elle demeure un personnage équivoque en raison de sa correspondance au stéréotype littéraire de l’Amérindien dans la littérature québécoise. Mots clés : autochtone, colonie de peuplement, stéréotype, éco-terrorisme, violence sexuelle

2018 ◽  
pp. 92-110
Author(s):  
Bochra Charnay
Keyword(s):  

«Le Roi Grenouille» est un conte rare dans ses adaptations françaises en album pour enfants, il l'est donc bien plus encore dans ses traductions pour un jeune public de l'autre côté de la Méditerranée. Nous avons cependant réussi à rassembler un corpus que nous explorerons sous l'angle de la polyphonie et des réinvestissements culturels. Nous verrons comment ces albums, oscillant entre découverte d'une culture autre et appropriation par la culture d'accueil, reconfigurent le texte de Grimm et comment les illustrations manifestent ces deux pôles. Notre attention se portera évidemment sur le sens du texte et ses valeurs culturelles ainsi que sur les processus scripturaires qui le réactualisent, mais il s'agit surtout de savoir si nous avons affaire à un véritable processus d'acculturation ou un simple processus de transmission.   Mots clés : réécriture, transculturalité, polyphonie, acculturation, surenchère iconique.


2013 ◽  
Vol 59 (2) ◽  
pp. 1-15
Author(s):  
Stéphanie Arsenault ◽  
Anaïs Nadeau-Cossette

Cet article présente un état des lieux des facteurs influençant la formation de liens entre compatriotes immigrants et réfugiés issus de pays en conflits internes. Nous y évoquons les allégeances politiques et idéologiques, les identités claniques, ethniques ou religieuses, le fait même de se trouver en exil, l’existence de préjugés ou de stéréotypes à l’endroit des immigrants, la taille et la concentration territoriale de la population immigrante concernée ainsi que d’autres facteurs d’ordre personnel comme l’âge des immigrants, leur niveau de scolarité, leur origine urbaine ou rurale, leur situation économique et leur classe sociale ainsi que leur statut migratoire. L’influence de plusieurs de ces facteurs interreliés est généralement en cause et la majorité de ceux-ci ont une influence potentiellement multidirectionnelle. Nous avons cependant constaté des résultats de nature contradictoire, ce qui suggère la nécessité de poursuivre et de raffiner l’étude de ces phénomènes.


2020 ◽  
Vol 12 (2) ◽  
pp. 139-150

Ce travail se donne pour but de comparer les communications publicitaires faites par deux marques autour de produits similaires (le café) dans deux communautés sociolinguistiques différentes (en France et en Jordanie). La publicité a ses caractéristiques propres, liées, notamment à ses visées et à la configuration énonciative dans laquelle ce discours s’insère, caractéristiques qui, dans les cas que nous avons choisis, transcendent les communautés susnommées et constitueraient un socle général de spécificités universelles propres à ce genre discursif. Une telle uniformité pourrait également découler du phénomène de mondialisation qui englobe ce discours et les médias qui le relaient. Nous verrons par ailleurs que si les stratégies discursives déployées sont comparables, les effets sur les représentations de la marque et du produit varient et ce en adéquation avec les normes de représentations socioculturelles partagées entre les individus d’une même communauté linguistique (mais qui divergent entre les deux communautés qui nous intéressent). Un ethos de la marque se construit alors selon ces spécificités culturelles pour activer un réseau de représentations chez le récepteur-consommateur-potentiel afin de créer un sentiment de familiarité qui traduit un « effet de connivence » adapté au public constitué de consommateurs-potentiels de la communauté linguistique (speech community) ciblée. Mots-clés: scénographie énonciative, analyse du discours, discours publicitaires, représentations socioculturelles, ethos


Tangence ◽  
2013 ◽  
pp. 47-63
Author(s):  
Marc André Bernier ◽  
Nicholas Dion
Keyword(s):  
De Se ◽  

Nous avons choisi de restreindre notre enquête de la contribution des chercheurs québécois aux études littéraires portant sur l’âge classique à l’étude d’un seul cas, celui des collections créées par le Cercle interuniversitaire d’étude sur la République des Lettres (CIERL). Si cet exemple n’offre bien sûr qu’un point de vue partiel, il en représente toutefois un témoin privilégié. De fait, à parcourir le catalogue des Collections, on s’aperçoit à quel point nombre d’auteurs et d’ouvrages se montrent sensibles à la vaste question de la genèse du sujet moderne à partir de pratiques, d’idées et de conduites nouvelles permettant au Moi de se redéfinir. Or, ce sont précisément ces nouveaux visages du Moi qui vont nous intéresser. Qu’il s’agisse d’un Moi réfléchissant sur les passions et la sensibilité, ou encore considérant la façon dont il s’inscrit dans une histoire, ou enfin explorant la voie, plus intime, du journal ou des Mémoires, chaque fois, nous verrons comment ont été problématisées, au Québec, les diverses figures qu’aura revêtues, à l’époque moderne, ce Moi protéiforme.


2005 ◽  
Vol 3 (1-2) ◽  
pp. 273-275
Author(s):  
Claude Galarneau

Je tiens à dissiper d'abord une équivoque. Le titre de mon exposé n'implique aucunement que je veuille m'attaquer à une sorte de synthèse des thèmes évoqués au cours de ce colloque. La plupart des auteurs de communications et de commentaires ont bien laissé entendre que l'ère des synthèses-résumés était close pour les chercheurs de cette génération. Parmi toutes les incertitudes dont nous avons fait le bilan au cours de ces journées, voilà un point qui, pour nous tous, est assuré. En parlant de l'étude de la société globale, je ne proposerai donc aucune voie — royale ou tortueuse — pour permettre au sociologue de survoler les lacunes énormes de nos recherches empiriques afin d'en arriver au plus vite à de nouvelles synthèses apaisantes. D'ailleurs, à mon sens (et cela apparaîtra, dans la suite, je l'espère), la notion de société globale n'indique qu'une voie de recherches empiriques parmi bien d'autres. Cependant, même si ce colloque se déroule sous les auspices de la sociographie, on n'aura aucune difficulté à convenir que le thème que j’ai à traiter appelle des précisions théoriques. La notion de « société globale » apparaît de plus en plus comme nécessaire. Nous savons bien que, le plus souvent, la dialectique de la recherche ne va pas de la monographie à la théorie ou inversement. Elle épouse plutôt le schéma : monographie — aire (ou société globale) — théorie. Pourtant, le concept de « société globale » est un des plus confus de la science contemporaine. Ce n'est évidemment pas le lieu de proposer une discussion purement théorique à ce sujet. Nous ne saurions tout de même éviter de poser tout de suite une question qui s'impose d'emblée : à quels critères nous référer pour délimiter une société globale ? Ce sont de longs développements théoriques qu'il faudrait consacrer à ce problème. Mais nous en sommes dispensés par les impératifs que nous imposent les cadres de ce colloque : notre objet nous était donné au départ. Et, en fait, cela ne gêne pas trop nos idées sur la question. Chaque société globale présente une structure singulière dont le mode d'approche, dans la situation actuelle de la recherche, est à définir à chaque coup. On ne saurait généraliser à propos des sociétés globales comme on le fait, par exemple, en psychologie sociale pour les petits groupes. Ceux-ci s'offrent à la perception comme des ensembles concrets : on est vite renvoyé alors à l'étude des traits généraux de structure. Il n'en est pas ainsi pour les sociétés globales : à première vue, diverses sociétés globales peuvent être délimitées à propos de la même réalité empirique. Nous devons alors fatalement recourir, du moins dans les premières démarches, aux représentations idéologiques où se marque, chez les agents sociaux eux-mêmes, l'appartenance à telle ou telle société globale. On pourra chercher ensuite les mécanismes spécifiques qui soutiennent ces représentations. De sorte que si la notion de société globale apparaît d'abord (nous le notions à l'instant) comme un palier nécessaire de l'observation sociologique, il se pourrait qu'elle corresponde aussi à des éléments concrets et spécifiques des sociétés. Fidèle à ces remarques comme à l'esprit général du présent colloque, je ne commencerai donc pas par proposer une définition du concept, pour en chercher ensuite l'application à notre milieu. Dans la première partie de mon travail, qui sera consacrée à un bref inventaire, je voudrais plutôt partir avant tout des mécanismes par lesquels la société canadienne-française a tâché de se donner une représentation d'ensemble de ce qu'elle est ; l'étude systématique de la société globale nous apparaîtra ainsi en profonde continuité avec son objet. Dans une seconde section de cet essai, je voudrais ensuite proposer de brèves remarques théoriques pour dégager, enfin, quelques propositions de recherche.


Author(s):  
Daniel Florence Giesbrecht

Cet article vise à élaborer une reconstitution historique, de la série à long terme, la formation de la classe moyenne brésilienne et aussi son archétype de préjugés de classe. Nous avons utilisé comme point de départ pour notre réflexion le fait que le Brésil a vécu plus de trois cents ans d’esclavage, qui a légué la profusion d’un imaginaire raciste, résultant en des pratiques préjugées et naturalisé aux populations afrodescendantes, en plus d’avoir étendu au pauvre citoyen, en général. Nous essayons de relier d’une manière historiciste les objets étudiés aux concepts sociologiques de la socialisation, en plus de caractériser les idées bourgeoises de la classe moyenne et les élites brésiliennes de l’histoire des mentalités. Nous avons l’intention de contribuer à une meilleure compréhension des obstacles créés par le manque de pratiques d’altérité dans les relations sociales quotidiennes. Mots-clés: Classe sociale, préjugés, esclavage, exclusion sociale, altérité.


1972 ◽  
Vol 27 (03) ◽  
pp. 559-572 ◽  
Author(s):  
L Pouit ◽  
G Marcille ◽  
M Suscillon ◽  
D Hollard

RésuméNous avons étudié en microscopie électronique par la technique de coloration négative : la molécule de fibrinogène, les étapes intermédiaires de la fibrinoformation et la fibre de fibrine. Nous avons constaté que la molécule de fibrinogène se présentait sous forme d’éléments globulaires, à pH 8,3 et pour une force ionique de 0,2, le diamètre moyen mesure 240 Â. L’observation des molécules de taille variable (entre 180 Å et 420 Å) et de filaments très minces nous a conduit à émettre l’hypothèse d’une molécule capable de se dérouler sous certaines conditions physiques. L’ensemble des clichés observés suggère qu’au cours de l’organisation périodique de la fibre, le matériel protéique change de structure. Ce phénomène se manifeste par une diminution des éléments globulaires qui constituent les bandes transversales (de 280 Å à 30 Å) et le développement à partir de ces éléments d’un réseau de filaments longitudinaux, très denses, porteurs de fins granules dont l’alignement forment des sous striations transversales. Il se produit aussi une diminution de la période qui passe de 300 Å à 230 Å.


2018 ◽  
Vol 7 (1) ◽  
pp. 4-20
Author(s):  
Rosiane Xypas
Keyword(s):  
De Se ◽  

Dans le cadre de l’enseignement du Français Langue Étrangère à l’université, il nous a paru que l’étude de biographies langagières d’auteurs francophones ayant appris le français à l’âge adulte, constitue un puissant encouragement pour les apprenants de FLE et leur permet de se pencher sur leur propre parcours linguistico-culturel en découvrant comment s’est forgée l’identité langagière d’auteurs bilingues riches d’une double culture, l’une héritée avec leur langue maternelle, l’autre construite avec la langue de leur choix, le français. L’objectif de cet article est de susciter auprès des étudiants de FLE une métaréflexion sur  leur propre parcours langagier entre le portugais et le français, ainsi qu’à prendre conscience que leur propre identité linguistique bilingue se construit jour après jour pendant leurs études et que cette construction continuera, à condition qu’ils le veuillent,  au-delà de l’université. Parmi les auteurs francophones, nous avons choisi de présenter ici Brina Svit, auteur d’expression française d’origine slovène, pour la clarté de sa réflexion métalinguistique dans deux de ses récits : Moreno (2003) et Petit éloge de la rupture (2009). Elle y explique son rapport à la langue française : ce qui l’a conduite à délaisser sa langue maternelle pour écrire en français ? Par quels chemins y est-elle arrivée ? En effet, pour Brina Svit, le choix de langue relève, d’une part, d’une certaine attirance, du goût et du défi pour la langue française, et, d’autre part, d’une rupture avec sa langue maternelle. Enfin, ce choix construit la nouvelle identité de l’auteure enrichie d’une double langue-culture.


Author(s):  
Laura Stevenson

À une époque où les habiletés de communication font partie des compétences de base du XXIe siècle, on se rend compte que l’obsession avec le langage dans les théories littéraires des années 50 et 60 est justifiée. La communication reste le rôle principal du langage, mais le contenu de cette communication a beaucoup changé. Presque chaque romancier appartenant au mouvement du nouveau roman utilise le langage de façon très différente de celle dont nous avons l’habitude en expérimentant avec le langage, en l’étirant de tous les côtés afin de lui donner une nouvelle dimension. Il ne s’agit plus de communiquer des idées et des sentiments, mais plutôt de se pencher sur le langage lui-même, de se réinventer pour que l’écrivain puisse mettre sur papier ce qu’il ressente : des sensations, des perceptions, des soupçons.Nathalie Sarraute, par exemple, perçoit le langage dans le sens mallarméen du terme, c’est-à-dire, « essentiel », complexe et qui produit du sens. En dehors du langage elle affirme l’existence d’une substance non-verbale qu’elle appelle « l’innommé » ou le « non-nommé » et le langage sert justement de médiateur entre les sensations que l’écrivain veut exprimer et son lecteur.Avec Robbe-Grillet, Claude Simon et Michel Butor, le langage dans le roman joue un rôle important car il force le lecteur à changer sa façon de lire afin de comprendre le roman. Les jeux de mots et l’insistance sur les descriptions des objets font penser le lecteur qu’il doit absolument trouver la clé afin de comprendre l’incompréhensible.


Author(s):  
Pierre Vergès

Très ingénument, cette communication hasarde une réponse à la confrontation CSP/classes sociales qui nous était proposée au point B.1.1 de la grille thématique de cette table ronde. Nous étant intéressé à l’observation du changement économique et social à l’échelon communal, nous avons eu à résoudre les problèmes de passage d’une problématique conceptuelle à la description statistique sous la forte contrainte de réalité qu’est la connaissance qualitative de la commune obtenue par le chercheur à travers les entretiens, l’observation et l’enquête. Si l’on veut tenir les deux bouts de cette confrontation, il faut se refuser à un double réductionnisme. D’une part, celui de l’explication de la dynamique sociale communale par le seul jeu des classes au plan national : on donne alors à la commune un rôle illustratif et on s’interdit la prise en considération du fonctionnement local des classes sociales. D’autre part, celui de la simple modélisation statistique qui tire ses conclusions d’un ensemble de comparaisons entre la commune et d’autres communes ou entre la commune et des références plus larges (canton, département, France) : on ne définit alors que des spécificités relatives à une moyenne ou à un accroissement moyen, mais sans avoir les moyens d’expliquer ces spécificités. Il convient alors de mettre en œuvre une démarche où les deux termes sont le fruit d’élaborations méthodologiques ayant entre elles une correspondance certaine. Nous avons tout d’abord cherché des solutions générales qui soient valables quel que soit le découpage géographique ; nous verrons qu’elles ne sont pas fiables. Aussi nous nous sommes orientés dans une voie qui tient compte des particularités de l’échelon communal. En dernier lieu, nous avons confronté le résultat obtenu à notre corps d’hypothèse pour en montrer la relativité et l’intérêt.


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