scholarly journals Protection discipline et honneur

2002 ◽  
Vol 27 (1) ◽  
pp. 75-90 ◽  
Author(s):  
Loïc J. D. WACQUANT

Résumé À partir d'une étude ethnographique de longue durée dans un club du South Side de Chicago, cet article pointe trois des fonctions sociales et morales que remplit une salle de boxe dans le ghetto noir américain contemporain. Le gym est avant tout un bouclier protecteur contre la violence et l'insécurité qui régnent dans le quartier, un sanctuaire qui permet de se couper de la rue et d'échapper, fût-ce pour un temps, aux mauvais sorts auxquels elle voue ceux qui se prennent dans ses rets. La salle de boxe est ensuite une école de moralité au sens de Durkheim, une machine à inculquer l'esprit de discipline, le respect d'autrui et le souci de soi indispensables à l'éclosion de la vocation pugilisti-que, mais dont les dividendes sont distribués dans les domaines les plus variés de la vie familiale et sociale. Enfin, le gym est le vecteur d'une débanalisation de la vie quotidienne : la routine et le dressage corporel y donnent accès à un univers sensoriel et émotionnel particulier où se mêlent aventure, honneur masculin et prestige. Le caractère monastique sinon pénitentiel du " programme de vie " pugilistique fait de l'individu sa propre arène de défi et l'invite à se découvrir, mieux : à se produire lui-même. Et l'acceptation dans une confrérie virile que signale l'appartenance au gym permet de s'arracher à l'anonymat de la masse et de s'attirer l'admiration et l'assentiment de la société locale.


2006 ◽  
Vol 25 (1) ◽  
pp. 138-162
Author(s):  
Johanne Charbonneau ◽  
Françoise-Romaine Ouellette ◽  
Stéphanie Gaudet

Résumé Du 5 au 9 janvier 1998, le Québec a connu un sinistre naturel, une tempête de verglas, qui a perturbé la vie quotidienne de millions de personnes. Le verglas accumulé sur les fils et les installations électriques a provoqué un effondrement d'une partie du réseau d'électricité et des millions de personnes se sont retrouvées sans électricité pour des périodes s'échelonnant jusqu'à un mois. Ces événements ont donc contraint un grand nombre de personnes à réorganiser leurs habitudes de vie dans les zones les plus peuplées du Québec. Plusieurs éléments font de cette tempête un sinistre différent des autres. C'est dans ce contexte particulier qu'il faut interpréter les résultats des enquêtes qui ont été réalisées pour le compte de la Commission chargée par le Gouvernement du Québec d'étudier les conséquences de la tempête. Ces enquêtes portaient, entre autres, sur les conséquences psychosociales du sinistre. En comparant le verglas à d'autres sinistres, nous voyons que la temporalité des phases d'impact était quelque peu différente. La confusion des phases d'anticipation et d'impact et la longue durée de la phase d'impact en sont des particularités importantes, auxquelles sont aussi rattachés certains impacts psychosociaux, comme l'incertitude et la désorganisation plus ou moins prolongée de la vie quotidienne. Les types d'impact relevés dans les enquêtes, quant à eux, s'inscrivent en continuité avec les réactions généralement attendues en ce domaine (stress, détresse, sentiment de vulnérabilité par exemple), et décrites dans la documentation sur les sinistres, mais révèlent aussi la spécificité d'un sinistre qui surgit dans un pays froid. Là, il y peu de destruction matérielle, et des ressources d'aide très diversifiées, mais aussi, comme ailleurs, un contexte où certains sont en situation de plus grande vulnérabilité.



Author(s):  
Marcia Finlayson ◽  
Betty Havens

RÉSUMÉVers 2031, les personnes les plus âgées (85 ans et plus) pourraient composer 4 pourcent de la population totale du Canada. Ce document relève les changements constates dans le domaine de l'utilisation des soins de longue durée, des activités de la vie quotidienne (AVQ) et des activités instrumentales de la vie quotidienne (ATVQ) chez les participants les plus âgés du Aging in Manitoba Longitudinal Study, d'après trois éléments répartis sur 13 ans. Parmi les participants, 38,4 pour cent n'avaient pas eu recours aux soins de longue durée pendant la période examinée; entre 75 et 88 pour cent des participants pouvaient continuer à manger, à se déplacer dans leur maison et à se mettre au lit et à en sortir sans aide. En ce qui a trait aux activités instrumentales de la vie quotidienne, la proportion des gens qui n'avait pas besoin d'aide allait de 3 pour cent (réparations dans la maison) à 58 pour cent (se préparer une tasse de thé ou de café). Les résultats de ces analyses signalent l'hétérogénéité des aptitudes fonctionnelles des personnes très âgées et viennent enrichir la documentation portant sur cette tranche de la population.



2015 ◽  
Vol 2 (1) ◽  
pp. 24-29
Author(s):  
Riad Zerguine ◽  
Keyword(s):  
The Sun ◽  
De Se ◽  

Le soleil émet une multitude de rayonnements électromagnétiques filtrés par l’atmosphère terrestre. Arrivant à la surface de la planète, ces rayonnements sont indispensables pour l'installation et le développement de la vie. Le spectre solaire au sol comporte les ultraviolets (UV) B (290-320 nm) et les UVA (320-400 nm), la lumière visible et des infrarouges (IR). Les UV activent des molécules, appelées chromophores, contenues dans la peau et qui sont susceptibles de se modifier et ils déclenchent ainsi une cascade de réactions photochimiques ayant des conséquences biologiques et cliniques majeures. Les effets peuvent être soit aigus, soit d'apparition rapide et généralement de courte durée, ou chroniques, d'installation progressive et de longue durée. Les exemples des effets aigus comprennent les coups de soleil et la production de vitamine D, alors que le photovieillissement et le cancer de la peau sont les résultats d'une exposition chronique depuis de nombreuses années. Si le soleil est indispensable à la vie, son énergie potentiellement destructrice impose à l'homme de savoir l'apprivoiser et de photoprotéger sa peau.



1961 ◽  
Vol 16 (5) ◽  
pp. 965-971 ◽  
Author(s):  
Robert Mandrou

Les mouvements de longue durée, qui sous-tendent toute histoire, même quotidienne, de la vie matérielle, notamment celle de l'alimentation, n'ont encore retenu ni l'attention, ni la passion des historiens français. Aussi bien les deux articles allemands anciens que nous voulons mettre en cause aujourd'hui, sur la production et la consommation de viande en Allemagne, du Moyen Age au XIXe siècle, sont restés à tel point ignorés des érudits français que la thèse présentée en 1871 par Gustav Schmoller, puis mise vigoureusement au point en 1937 par Wilhelm Abel, présente le double avantage et d'une franche nouveauté — et d'une explication globale des fluctuations jusqu'à la révolution agricole du XIXe siècle. Est-il rien de plus précieux en ces domaines de recherche et de découverte, qu'un large schéma préalable, une ligne d'explication, si autoritaire soit-elle, qui permette de se situer, de se reconnaître ?



1980 ◽  
Vol 1 (2) ◽  
pp. 127-136 ◽  
Author(s):  
Hubert Saint Girons

AbstractL'étude du régime des Vipères européenes, dans des conditions semi-naturelles, montre que chez six d'entrelles nouveau-nés se nourrissent essentiellement ou exclusivement de petits Lézards, la dépendance vis à vis de ce type de proie étant d'autant plus accentuée et de plus longue durée que les nouveau-nés sont de plus petite taille. Au contraire, les subadultes et les adultes, à partir d'une taille voisine de 40 cm, cessent complètement d'attaquer les Lézards, petits ou grands, leur régime étant composé essentiellement par des Micromammifères. Le fait que les adultes cessent de se nourrir de Lézards répond certainement à une pression de sélection impérieuse. En effet, dans la nature la biomasse des populations de Vipères est presque toujours très supérieure à celle des populations de Lézards, qui sont pourtant indispensables à l'alimentation des nouveau-nés. Un partage des ressources alimentaires est donc nécessaire et, lorsqu'elles deviennent capables d'ingérer des petits Mammifères, les Vipères cessent d'attaquer les Lézards. Deux autres espèces ont cependant résolu ce problème par d'autres méthodes. Chez Vipera latastei monticola, une réduction importante de la taille rétablit un rapport normal entre la biomasse des Vipères et celle des Lézards, seules proies disponibles dans les biotopes très particuliers où survit cette sous-espèce. Chez V. ursinii, la consommation d'Orthoptères fournit aux jeunes une abondance de proies à leur taille et les adultes peuvent continuer à consommer des Lézards, tout en leur adjoignant des Micromammifères.



2008 ◽  
Vol 32 (1-2) ◽  
pp. 217-239
Author(s):  
Vintila Mihǎilescu
Keyword(s):  
De Se ◽  

Résumé Les disciplines « anthropologiques » en Roumanie (l’ethnographie et le folklore) appartiennent historiquement plutôt à la grande famille des « ethnologies nationales », voire des « sciences nationales » au service de la nation, ayant comme objet d’intérêt le Paysan plutôt que le Primitif. À part une brève période internationaliste, le communisme n’a pas mis en question cette approche, se contentant de l’utiliser à son profit. Elle n’a pas fait l’objet d’une analyse critique, même après la chute du communisme, se plaçant ainsi dans une « longue durée » qui reste un enjeu en soi. Dans ce contexte, l’anthropologie arrive en Roumanie pratiquement avec la chute du communisme, apportant la bonne parole d’une connaissance occidentale noble, car non maculée par le nationalisme ou le communisme local et n’ayant pas non plus l’intention de se mêler à ces pratiques académiques plutôt indésirables. Se tenant au début à l’écart les uns des autres, les « folkloristes » et les « anthropologues » ont fini par se polariser socialement et par couper pratiquement toute communication. L’expertise de la « vraie société roumaine » se voit ainsi fragmentée elle aussi, instrumentalisée par des jeux de pouvoir changeants. L’article se pose la question de l’avenir de la discipline (des disciplines?) et ses rapports avec la société dans ce contexte où l’ethnologie nationale semble avoir touché à sa fin, où l’intégration européenne a légiféré « la mort du Paysan » et où l’anthropologie qui vient de l’Occident a du mal à se positionner par rapport a cette double mort dont on n’a pas encore fait le deuil.



Author(s):  
Magnus A. Björkgren ◽  
Brant E. Fries ◽  
Lisa R. Shugarman

RÉSUMÉLe système de classification de la composition de la clientèle des maisons de soins infirmiers, Resource Utilization Groups Version III (RUG-III), a été éprouvé et raffiné pour les bénéficiaires de soins de longue durée à domicile. Lapos;échantillonnage étudié regroupe 804 personnes recevant des soins à domicile par l'entremise du Michigan Care Management Program ou du Home and Community Based Waiver for the Elderly and Disabled. On a catégorisé les clients et établi des modèles de RUG-III à partir du Minimum Data Set for Home Care (MDS-HC). On a établi un modèle raffiné de soins à domicile, RUG-III/HC, en incorporant les activités instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ) à la classification RUG-EH des établissements de soins. Le modèle explique 33,7 pour cent de la variance des coûts quotidiens, à partir de la variable dépendante du coût pondéré des soins structurés ou non. L'utilisation des ressources à l'égard des différents groupes est relativement homogène. Le CMI (case-mix index) du temps pondéré des soins structurés ou non couvre une échelle de 8. Il faudra songer à effectuer des analyses plus poussées du coût de l'inclusion des soins non structurés à l'égard des patients recevant des soins à domicile de longue durée.



Chronos ◽  
2019 ◽  
Vol 25 ◽  
pp. 59-76
Author(s):  
Fanny Colona

En Égypte, I 'évocation des rapports musulmans/chrétiens reste aujourd'hui, au mieux, une question assez abstraite d'équité quotidienne ou de « consensus national », pour parler I 'idiome nassérien, ou encore, depuis peu, de Droits de I 'Homme (Ayad 2002, Colonna 2004, Adrien 2009). Les violences d'Alexandrie à Noël 2010, si près d'élections législatives où les Coptes n 'ont récolté aucun siège, ne semblent pas, vues de l'extérieur du pays, avoir radicalement changé la vie quotidienne ni la problématique globale. À une exception de taille cependant : dans les manifestations qui ont suivi l'attentat de décembre 2010, la participation copte a été exceptionnellement nombreuse, revendicative voire violente. De même, lors du soulèvement de janvier/février 2011, on aparfois entendu associer « les chrétiens » comme acteurs à part entière. Aussi bien, le moment parait bien choisi pour évoquer un phénomène de société misant explicitement sur la longue durée, et censé redonner à cette « minorité » qui refuse d'en être une, le droit d'être reconnue comme une partie insécable de la Nation égyptienne (Al Khawaga 1994).



2017 ◽  
Vol 12 (1) ◽  
Author(s):  
Mitch Levine

Dans le présent numéro de la RCMIG, Quinn et coll. discutent des mérites des médecins qui prennent le temps de se concentrer sur les objectifs globaux du plan de soins chez les patients atteints de démence avancée et qu’ils voient pour un problème aigu. Plutôt que de traiter immédiatement la nouvelle maladie, Quinn et coll. suggèrent que le plan de soins clinique soit envisagé dans le contexte des objectifs et attentes globaux spécifiques à la personne atteinte de démence avancée. Évidemment, à moins que ces derniers ne soient clairement énoncés par avance, c’est un problème de savoir en quoi ils consistent pour un patient qui est en état avancé de déclin cognitif. Dans une telle situation, les fournisseurs de soins de santé doivent souvent s’en remettre à la famille du patient pour avoir des indications, mais celle-ci n’en a pas toujours vraiment.En Ontario, un document produit par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée intitulé Formulaire de confirmation d’ordonnance de ne pas réanimer fournit des instructions claires en ce qui a trait à la réanimation cardio-respiratoire (RCR1). Lorsque complété à l’égard d’une personne qui vit dans un établissement de soins de longue durée, cette information offre d’excellentes orientations pour les premiers répondants et les fournisseurs de soins de santé en ce qui a trait à la réanimation. Toutefois, ce formulaire n’aborde pas les différents types de soins médicaux qui peuvent être prodigués à part la RCR. D’autres interventions, comme l’administration intraveineuse de liquides, d’antibiotiques, ainsi que les différentes possibilités d’alimentation ne sont pas abordées. Ce sont des exemples de traitements qu’un patient peut souhaiter obtenir ou pas. Manifestement, il est nécessaire de disposer d’un document plus détaillé qui soit largement offert par les ministères de la santé et complété ou mis à jour annuellement par les patients dans les établissements de soins de longue durée (ou par leur mandataire).Lorsque l’état d’un patient d’un établissement de soi ns de longue durée se dégrade, le personnel infirmier est souvent mal à l’aise de prendre certaines décisions cruciales. Par conséquent, le patient est inévitablement transféré dans un établissement de soins actifs pour évaluation et un éventuel traitement. Mais si le patient a déjà établi des directives claires, détaillées et normalisées, cela contribue à aider les médecins dans leur travail, comme Quinn et coll. l’expliquent dans leur article. Pour cette raison, il devrait être clair que des directives préalables sont un outil essentiel pour s’assurer que les soins prodigués à un patient respectent les souhaits de ce dernier. Toutefois, tous les patients n’ont pas de directives préalables avec eux au moment de leur transfert du foyer de soins infirmiers à la salle d’urgence de l’hôpital, malgré le fait que depuis plus de quinze ans un essai clinique ait démontré les avantages d’obtenir des directives préalables dans les foyers de soins2. Peut-être faudrait-il que la rédaction de directives préalables détaillées fasse partie des indicateurs de qualité (IQ) au sein des établissements de soins de longue durée? En effet, dans un milieu de soin de santé où les budgets sont liés à des IQ, rien n’attire plus l’attention d’un administrateur de soins de santé qu’un IQ et ses répercussions. La mise en place généralisée de directives préalables détaillées en matière de soins de santé fournirait une orientation aux médecins qui traitent un patient atteint de démence avancée et qu’ils voient pour la première fois. Ainsi, la prise de décisions cliniques qui reflètent les valeurs du patient pourrait devenir la norme en matière de soins.



2002 ◽  
pp. 123-131 ◽  
Author(s):  
Carolyn J. Rosenthal

RÉSUMÉ Le contexte dans lequel les familles canadiennes assument la prise en charge de leurs membres vieillissants a évolué. Aujourd'hui, en conséquence des transformations familiales des vingt à trente dernières années, beaucoup de gens d'âge mûr ont encore au moins un de leurs parents; les personnes et les couples âgés préfèrent continuer de vivre dans leur logement; le divorce et la monoparentalité se répandent, les femmes sont nombreuses sur le marché du travail; aussi parle-t-on couramment, pour décrire la situation des adultes responsables à la fois de leurs enfants et de leurs parents âgés, du phénomène de la génération « sandwich ». L'auteur analyse l'impact de ces changements sur le soutien familial. Elle aborde ensuite l'évolution du cadre politique de la prise en charge, en particulier celle des programmes de soins de santé et de soins de longue durée. Les principaux éléments mis en évidence sont la mise en veilleuse des soins institutionnels et le virage communautaire, la volonté de plus en plus affirmée des gouvernements de confier, pour des raisons idéologiques, la charge des soins aux familles, et les réductions budgétaires qui permettent difficilement de maintenir l'offre de services à un niveau adéquat. Alors que les familles ont de moins en moins la capacité d'assurer des soins exigeants et souvent spécialisés, on compte de plus en plus sur elles pour faire fonctionner le sytème de soins communautaires qui est en train de se mettre en place.



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