Interprétation et traduction dans les territoires : hors de la polarité traditionnelle des langues officielles
Résumé Depuis quelques années au Canada, les activités de traduction et d’interprétation connaissent une recrudescence considérable, et les langues autochtones du Grand Nord ne font pas exception à la règle. Mais pourquoi traduire et interpréter en langues autochtones ou à partir de celles-ci? Le problème de la pertinence des langues autochtones se pose dans toute son acuité au Nunavut, où le gouvernement territorial souhaite que l’inuktitut devienne la langue de l’administration gouvernementale. Or, les défis à relever avant de parvenir à ce but sont nombreux. À l’autre extrémité de l’Arctique canadien, les Premières nations du Yukon travaillent à la revitalisation des huit langues locales dans le but de les amener sur un pied d’égalité avec les langues officielles du Canada. Dans un cas comme dans l’autre, l’interprétation et la traduction permettent dans un premier temps de maintenir la pluralité linguistique et culturelle des territoires et, dans un deuxième temps, de favoriser le développement des langues que l’on dit minoritaires, soit d’un point de vue démographique, soit à l’égard du statut social qui leur est conféré. Le présent article décrit la situation actuelle au Nunavut et au Yukon, deux territoires situés aux antipodes de l’Arctique canadien, aux antipodes à l’égard de l’approche favorisée pour le développement des langues locales, et aux antipodes par rapport à l’industrie de la traduction du Canada, essentiellement axée sur les langues officielles.