scholarly journals Pour une politique en santé mentale

2006 ◽  
Vol 11 (1) ◽  
pp. 75-104
Author(s):  
Willy Apollon

Résumé Dans la conjoncture de civilisation où nous nous trouvons, dans les conditions de la post-modernité, la responsabilité de la société civile est un déterminant majeur de toute politique de santé mentale. La santé et la santé mentale en particulier, plus que jamais doit se penser en termes d'une dynamique sociale, où la participation des groupes sociaux et celle des individus, dans la prise en charge de la santé collective, priment sur les mécanismes et les structures d'intervention étatiques et institutionnelles. Les responsabilités de l'état, des institutions et des professionnels s'en trouvent déplacées, et redéfinies, en même temps que surgissent de nouveaux droits et des exigences d'information et de contrôle chez les utilisateurs qui payent de leurs taxes, les services de santé. Le souci d'adapter un système devenu anachronique ne peut qu'amplifier les problèmes de société qui l'ont rendu caduque. Les coûts humains et sociaux des changements radicaux qui s'imposent, se révéleront à moyen terme moins onéreux socialement, que les conséquences d'adaptations illusoires. Rien d'efficace n'est à espérer en ce domaine, sans la mobilisation par l'état des responsabilités collectives, pour une dynamique sociale de santé publique.

2013 ◽  
Vol 37 (2) ◽  
pp. 239-255 ◽  
Author(s):  
Alain Lesage ◽  
Danielle St-Laurent ◽  
Mathieu Gagné ◽  
Gilles Légaré

Le suicide et sa prévention sont considérés comme des enjeux de santé publique. Cette perspective jouxte une compréhension multifactorielle des phénomènes de santé dans nos sociétés, et la mobilisation autour des déterminants pour lesquels des actions peuvent être posées. La santé publique a connu des succès face aux maladies infectieuses puis face à des maladies chroniques comme l’hypertension. Le phénomène est ensuite appréhendé en chiffres, à l’aide de données québécoises, canadiennes et internationales. Les politiques populationnelles de prévention du suicide sont généralement multimodales, elles impliquent souvent des stratégies pour l’amélioration des services de santé mentale. Le succès de ces stratégies repose sur leur application constante et la surveillance de cette application.


2006 ◽  
pp. 25-32 ◽  
Author(s):  
Benoît Gaumer

À la fin des années soixante au Québec, à la faveur d’une enquête sur le domaine de la santé et du bien-être social, un modèle social est développé pour définir un nouveau « régime de la santé ». L’enquête n’a pas porté sur la santé publique, mais le ministère des Affaires sociales nouvellement créé regroupe mission sociale et mission de santé sous une même autorité centrale; des structures périphériques sont mises en place pour concrétiser ces missions, mais sans véritables liens entre elles. Au fil des années, plusieurs réformes du système de santé et de services sociaux vont se succéder, modifiant les structures sans bouleverser vraiment la nature de ces missions et leurs relations. En 1985, le ministère des Affaires sociales devient le ministère de la Santé et des Services sociaux; ce changement traduit un certain recul de la prise en charge de la dimension sociale de la santé. Par contre, la prise en compte de celle-ci dans la nouvelle politique de santé publique paraît encourageante.


2013 ◽  
Vol 54 (2-3) ◽  
pp. 359-388
Author(s):  
Annick Desjardins ◽  
Céline Giguère

Dans le présent article, les auteures souhaitent mettre en lumière les lacunes de l’encadrement juridique au regard des problèmes de santé mentale au travail dans une perspective de santé publique. Tandis que des recherches dans le domaine de la santé au travail permettent de mettre en évidence des facteurs de risques et de connaître de mieux en mieux les pratiques de gestion à privilégier, le droit peine à appuyer ces efforts vers une meilleure gestion organisationnelle qui épouserait une approche préventive. Somme toute, le droit est tributaire, dans ce domaine, de l’interprétation jurisprudentielle, laquelle hésite, voire se refuse, à faire porter un fardeau supplémentaire aux entreprises en vue d’une meilleure prise en charge des problèmes de santé mentale des salariés. Les auteures illustrent leur propos à l’aide des développements jurisprudentiels en matière de droit à l’égalité et d’accommodement des déficiences d’ordre psychologique, ainsi qu’en matière de prévention du harcèlement psychologique au travail. Enfin, elles abordent succinctement les raisons pour lesquelles le régime de prévention en matière de santé et de sécurité du travail pourrait servir de levier à un virage vers une approche de prévention systémique.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S93-S93
Author(s):  
J.C. Bernard

L’association Santé Mentale en Afrique de l’Ouest (SMAO) a noué un partenariat depuis 2012 avec l’ONG béninoise Saint-Camille de Lellis (SCL). Celle-ci se bat pour changer la condition des personnes souffrant de troubles psychiques (dont la schizophrénie) en Afrique Sub-Saharienne et développe notamment un réseau de centres relais de santé mentale au Bénin, permettant une prise en charge précoce. Ce modèle d’organisation sanitaire est adapté à la réalité du terrain et conforme au plan d’action pour la santé mentale 2013-2020 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La condition de personnes souffrantes de schizophrénie au Bénin ainsi que leur prise en charge seront illustrées par de courtes vidéos. Un programme de formation d’agents de santé communautaires (infirmiers de soins généraux) est mis en place sur 3 années. Le but est de les former à la pratique psychiatrique, pour qu’ils puissent ensuite accueillir les personnes concernées. Désenchaînées, ramenées à leur condition humaine, elles sont prises en charge médicalement dans le but de soulager leurs souffrances et celles de leurs familles. En période de crise, elles peuvent être revues rapidement en consultation au centre relais. Ce système, en offrant une alternative à l’hospitalisation (option par ailleurs souvent inexistante), permet aux patients et aux familles l’accès aux soins à moindre coût. Parallèlement, l’action tend à réinsérer la personne dans sa communauté. On peut espérer que ce réseau se généralise au Bénin, avec des centres relais répartis équitablement sur tout le territoire. Il apparaît cependant nécessaire d’imaginer des aides plus importantes, notamment pour l’achat des traitements psychotropes. Quand la communauté internationale va-t-elle se mobiliser pour cet enjeu majeur de santé publique, comme elle a pu le faire dans le champ infectieux avec les trithérapies anti-VIH ?


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S6-S6
Author(s):  
D. Leguay

Notre système de soins psychiatriques est à la fois sophistiqué, intelligent, et dysfonctionnel. Ses moyens restent importants. Toutefois la satisfaction de ses clients est faible. Ses résultats thérapeutiques globaux pourraient être significativement améliorés. Son efficience économique pourrait être optimisée. Des données internationales existent qui montrent que certains parcours de soins offrent davantage d’opportunités de rétablissement, à l’aune de la réduction de la pathologie, et des paramètres d’insertion. Le système français pourrait se mobiliser pour évoluer. Pour cela, trois révolutions seraient à mettre en œuvre :– la première serait de définir à la politique de santé mentale des objectifs de santé publique. C’est en poursuivant des objectifs chiffrés que l’on avance ;– la deuxième est de mettre en œuvre des structures dédiées, intersectorielles, offrant à tous le « panier de soins » nécessaires. Ce panier de soins devrait être défini, et leur mise à disposition sur chaque territoire devrait être systématique ;– la troisième est d’opérer le « virage du handicap psychique », de développer l’accompagnement médicosocial, et de tirer parti de tous les outils introduits par la loi de 2005.L’intervenant développera les données disponibles qui justifient ces propositions, déclinera les leviers à utiliser, et les modalités de mise en œuvre de ces « révolutions ».


2016 ◽  
Vol 40 (4) ◽  
pp. 59-77 ◽  
Author(s):  
Marie-Hélène Chomienne ◽  
Patrick Vanneste ◽  
Jean Grenier ◽  
Stephan Hendrick

L’expertise des psychologues dans l’évaluation et la prise en charge des troubles communs de santé mentale comme l’anxiété et la dépression qui sont fréquents en soins primaires et co-morbides avec les maladies chroniques font des psychologues une ressource essentielle pour les médecins. Les psychologues représentent un large bassin de professionnels spécialisés dans le diagnostic et la pratique de la psychothérapie ; la collaboration médecins-psychologues est d’autant plus critique dans le contexte visant à augmenter l’accès des populations aux traitements psychologiques et aux psychothérapies. Cet article se veut un regard sur l’état de la collaboration entre médecins et psychologues en Belgique et au Canada. Il examine l’évolution des mentalités entre ces deux professions dans une perspective européenne belge et la façon dont le contexte et le système de soins de santé publique au Canada influencent le potentiel de collaboration entre ces deux professions. Les études démontrent la volonté et la facilité qu’ont ces deux professions à collaborer. Mais ceci doit être appuyé par des structures systémiques et académiques facilitantes notamment dans l’apprentissage précoce à la collaboration dans le cursus de ces professions.


Author(s):  
Lise Thibodeau ◽  
Elham Rahme ◽  
James Lachaud ◽  
Éric Pelletier ◽  
Louis Rochette ◽  
...  

Le suicide est un enjeu majeur de santé publique au Canada. Si les facteurs individuels et démographiques influent sur le taux de suicide, la qualité des services de santé a également un impact. Dans un système public de soins comme celui du Canada ou celui du Royaume-Uni, la qualité des soins se manifeste à trois niveaux : individuel, programmatique et systémique. L'examen des suicides sert à évaluer les services de santé quant au décès par suicide et, au niveau agrégé, à évaluer ces services à l’échelle des programmes et du système. Les grandes bases de données médico-administratives constituent une autre source de données utile à la prise de décisions sur l’ensemble de la population à l’échelle systémique, programmatique et individuelle et portant sur les services en santé mentale susceptibles d'avoir une influence sur le risque de suicide. Cet article décrit un projet mené à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) utilisant le Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ), en collaboration avec des collègues du pays de Galles (Royaume-Uni) et de l’Institut norvégien de santé publique. Cette étude décrit l’élaboration d’indicateurs de la qualité des soins à ces trois niveaux et les stratégies connexes d’analyse statistique. Nous proposons 13 indicateurs de soins de santé pouvant être créés à partir d’un système de surveillance des maladies chroniques : déterminant systémique, déterminants démographiques, soins primaires, soins spécialisés, équilibre entre les secteurs de soins, consultation à l’urgence et budgets en santé mentale et toxicomanie.


2018 ◽  
Vol 57 (4) ◽  
pp. 302-306
Author(s):  
Véronique Delvenne

Au cours des 50 dernières années, la psychiatrie belge a évolué parallèlement aux autres pays vers une différenciation progressive des cursus de formation de psychiatrie et de pédopsychiatrie. Bien que des stages spécifiques existent depuis plus de 30 ans, c’est en 2003 qu’un arrêté royal introduit des modalités de formation spécifiques. Des socles de compétences à la psychiatrie et à la pédopsychiatrie existent et doivent être enseignés. La spécificité de l’une et l’autre des spécialités doit être respectée afin de développer un dispositif de soins qui répond au mieux aux besoins de santé publique ainsi qu’aux nouvelles politiques en santé mentale.


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