scholarly journals Fonctionnements du festival littéraire dans les espaces culturels franco-canadiens minoritaires

Tangence ◽  
2019 ◽  
pp. 13-33
Author(s):  
François Paré

Dans cette étude, nous nous penchons sur le phénomène des festivals littéraires (à distinguer des salons du livre) depuis le milieu des années 1990 et leur mode de fonctionnement dans le cas des communautés francophones minoritaires au Canada. Après un bref aperçu de l’histoire du festival littéraire en Amérique du Nord, l’analyse se déplace vers deux événements festivaliers qui s’imposent au Canada francophone par leur impact, leur valeur symbolique et leur longévité relative : le Festival acadien de poésie (Caraquet, Nouveau-Brunswick) et Thin Air/Livres en fête (Winnipeg, Manitoba). Nous verrons que ces deux festivals oscillent entre un souci d’autonomie institutionnelle et linguistique et, faute de public suffisant, la nécessité de négocier une place, même marginale, dans la programmation des festivals littéraires canadiens-anglais. En dernier lieu, nous proposons une réflexion théorique sur la fonction identitaire du festival littéraire dans les cultures périphériques, à savoir celle d’affirmer par la mise en scène de la voix performative de l’écrivain la vitalité de la communauté minoritaire et d’assurer la transmission intergénérationnelle du patrimoine littéraire.

2020 ◽  
pp. 172-186
Author(s):  
Cristóbal Farriol
Keyword(s):  

Y a-t-il une entité de l’art ? Pour Duchamp oui, à condition d’en faire une entité vide, produit d’une non-coïncidence entre l’intention de l’artiste et l’interprétation du spectateur. Plus cet écart est accentué, plus l’objet artistique porte ce qu’il nomme « le coefficient d’art ». Nous proposons l’hypothèse d’une correspondance entre l’inadéquation propre au coefficient d’art duchampien, et l’inadéquation propre à l’inconscient. Pour l’argumenter, nous travaillerons le texte « Le processus créatif », et parcourions les moments chez Freud où quelque chose de l’inadéquation est en jeu dans la structure de l’inconscient. Ensuite, nous verrons chez Lacan l’une de ses formalisations pour une inadéquation fondatrice du sujet : aliénation et séparation. Le résultat de cette analyse nous permettra d’argumenter une certaine équivalence entre l’objet artistique selon Duchamp et l’objet cause du désir chez Lacan.


2015 ◽  
Vol 56 (2) ◽  
pp. 76-81 ◽  
Author(s):  
Marie-Pierre Boucher ◽  
Yvon Lemay
Keyword(s):  

L’utilisation des documents d’archives par les artistes contemporains offre une nouvelle perspective sur leur diffusion et leur mise en valeur. Nous verrons comment cinq artistes canadiens ont créé, chacun à leur manière, des oeuvres à partir d’archives photographiques. En effet, selon les tactiques utilisées pour sa mise en scène, l’archive jouera différents rôles : elle sera décontextualisée par Patrick Altman, comparée à une trace plus récente par Andrzej Maciejewski, intégrée à un lieu significatif par Dominique Laquerre ainsi que Dominique Blain, et réexposée selon un procédé original par Vid Ingelevics.


Author(s):  
Lise Guiot ◽  
Antoine Laprise

Cet article, écriture croisée entre une chercheuse française en Arts du spectacle, enseignante au secondaire et un metteur en scène québécois, fondateur de la compagnie de marionnettes, Le Sous-marin jaune, vise à interroger le matériau du spectacle vivant, vecteur de l’éducation à l’image et à l’histoire. En nous situant dans la continuité des travaux en didactique de l’Histoire, nous proposons en premier lieu l’analyse de la mise en scène d’une adaptation pour marionnettes de Guerre et paix de Tolstoï. Ensuite, en nous appuyant sur la réception du spectacle par des élèves du secondaire, nous observons la position complexe de l’élève spectateur face aux « images théâtrales » et le pouvoir de remuement de la scène, le plaçant en témoin critique, habité par l’Histoire. Ainsi nous mesurons la légitimité et la fécondité d’une telle approche dans le champ de la culture humaniste, de l’éducation à l’image et de l’enseignement de l’Histoire.


Author(s):  
Jean-Hugues Déchaux

Résumé Au sujet de l’argent, deux types de discours se mêlent dans les familles (Lacan, 2002) : celui qui exclut le calcul de la sphère familiale et celui qui le mentionne pour expliquer les tensions et les brouilles. D’un côté, la solidarité entre parents apparaît comme une « mise en scène de la gratuité » (Déchaux, 1996). De l’autre, chacun suppose que l’argent est à l’origine des difficultés rencontrées et qu’il alimente des passions perverses (jalousie, envie, avidité, convoitise, etc.) qui corrompent le lien de parenté. « Famille » et « Argent » constituent donc deux univers symboliques incompatibles et intimement liés, et l’interface de ces deux univers peut quelque fois être problématique. Dans cet article, nous mettrons d’abord en évidence le jeu discret des évaluations croisées au sein des fratries, dans lesquelles les considérations relatives à la situation économique de chacun jouent un grand rôle. Puis, après avoir montré que l’argent est perçu comme menaçant la bienveillance qui doit exister entre germains, nous verrons au prix de quels subterfuges les germains y ont tout de même recours dans leurs relations. Enfin, nous terminerons avec l’étude des règles de l’échange entre germains, en insistant sur la prégnance du principe égalitaire.


2016 ◽  
Vol 17 ◽  
pp. 27-47
Author(s):  
Sylvain Wagnon

Représentation d’un groupe d’élèves, la photo de classe est devenue depuis le milieu du XIXe siècle un “rituel scolaire”, une tradition et un usage qui mérite d’être étudié. Point aveugle de la recherche, source à l’interface de l’institution scolaire, des enseignants, des élèves et des parents, nous avons fait l’hypothèse que la photo de classe n’était pas seulement un témoin culturel mais un outil pour la compréhension des usages et des pratiques scolaires.Notre objectif est, en nous basant sur le corpus abondant des photos de classe du XIXe siècle à nos jours, d’utiliser l’analyse historique de la photo de classe non pas comme une illustration d’un contexte mais comme un élément de compréhension même de l’histoire de l’école Pour préciser notre réflexion nous proposons trois axes. Le premier nous amène à définir cet objet singulier qu’est la photo de classe. Dans un second temps nous nous attacherons à établir les contours juridique et symbolique de ce rituel scolaire fortement codifié depuis 1927. Dans un troisième temps nous nous interrogerons sur l’analyse même de cette photo pour comprendre si au-delà de la mise en scène photographique, l’institution scolaire a fait de la photo de classe un reflet voire un modèle de l’école. 


2019 ◽  
Author(s):  
Nathalie Leclercq
Keyword(s):  

Florimont, d’Aimon de Varennes, un trouvère lyonnais du XIIe siècle, semble avoir été écrit en 1188, mais sa datation demeure incertaine. Ce roman narre comment un jeune homme, profondément épris d’une fée, est amené à trahir malgré lui celle qu’il aime, perdant ainsi son amour et comment, après bien des souffrances, le jeune héros se console auprès d’une autre et devient roi. Tout au long des aventures de Florimont, son maître Flocart l’accompagne, le guide et l’éduque par des discours fortement moralisateurs. Nous nous proposons d’étudier comment ce personnage, qui, selon Katalin Halász, participe d’un pouvoir supérieur ou de l’omniscience du narrateur, construit sa relation avec son élève, dans un but d’édification individuelle et collective. Nous verrons tout d’abord que Flocart assume une double fonction diégétique qui favorise le processus d’individuation de son élève. Nous montrerons ensuite que ses multiples interprétations des rêves lui confèrent le rôle de maître de vérité qui sacralise le destin de Florimont. Nous observerons, enfin, que les discours parémiologiques de Flocart prennent des allures de miroir aux princes propre à révéler à son jeune élève les principales qualités d’un bon roi en plaçant la largesse au cœur des relations humaines et politiques.


Author(s):  
Kristina Bedijs

Le langage des productions audiovisuelles fictionnelles est un langage artificiel, préconstruit par des scénaristes et mis en scène par des acteurs – mais le but d’un film étant l’immersion du public dans la diégèse, les dialogues doivent être vraisemblables en termes d’oralité spontanée (cf. Bedijs 2012 et 2017, Goetsch 1985). Les caractères doivent parler un langage qui respecte les aspects sociaux et contextuels du diasystème, et si les personnages proviennent d’une région dialectale, on peut s’attendre à ce que leur langage reflète ce régiolecte dans une mesure compréhensible par le grand public. Dans cette contribution, nous proposons une analyse variationnelle des dialogues de deux fictions intitulées MARSEILLE, le long métrage (Merad 2016) et la série télévisée (Franck 2016), centrée sur la mise en scène du régiolecte marseillais. En partant des études récentes sur le « parler marseillais » (cf. Gasquet-Cyrus 2016, Géa & Gasquet-Cyrus 2017), nous prenons en compte surtout la réalisation du schwa et des voyelles nasales suivi de consonnes nasales et parfois d’un appendice vélaire, deux éléments considérés comme typiques de l’accent du Midi (cf. Coquillon & Durand 2010). Outre le constat que l’emploi de l’accent dépend du contexte communicatif, nous suggérons que la biographie des acteurs joue un rôle pour la crédibilité de cette mise en scène.


2013 ◽  
Vol 5 (1) ◽  
Author(s):  
Bérénice Waty
Keyword(s):  

Qu’est-ce qu’un livre quand on ne sait pas lire et que l’on en est à l’âge des peluches, des jeux et de la maternelle? Est-ce que les tout-petits ont même des choses à dire sur cet objet, voire tiennent-ils un discours à son sujet ou sur la pratique de la lecture? C’est ce que nous nous proposons d’analyser avec les matériaux d’une enquête ethnographique menée au sein de 7 classes de maternelle, où des enfants entre trois et six ans ont abordé librement leurs représentations du livre, en proposant, via leurs dessins ou leurs remarques et par rapport à d’autres objets (télévision, DVD), une définition de l’objet-livre et de ses usages. Si lire pour eux peut se résumer à avoir accès à « des histoires avec des dessins et des lettres », nous verrons combien leurs analyses peuvent être pertinentes, parfois dignes des « grandes personnes ».


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 667-667 ◽  
Author(s):  
E. Carasco

La musicothérapie constitue un soin pertinent pour les enfants présentant un TSA. Elle offre des effets sur les altérations des modalités de communication, d’interaction et de compétences sociales des patients. Ces données, détaillées par des travaux cliniques et théoriques essentiellement dans le domaine de la psychopathologie, trouvent aujourd’hui des pistes de compréhension étio-pathogénique dans les travaux d’imageries cérébrales et de neurosciences en général.La perception des sons, en particulier, participe à la construction du langage préverbal et verbal, dans une dimension dyadique d’interaction telle que le définissent les modèles neuropsychologiques du développement, en articulation avec les théories psychodynamiques. Ces nouveaux modèles permettent de penser que la musicothérapie peut avoir un intérêt majeur dans la prise en charge précoce des patients autistes.Nous verrons en quoi les perceptions sont modifiées dans l’autisme et comment les processus d’accordage affectif et de communication peuvent être soutenus et améliorés en musicothérapie, spécifiquement dans des dimensions vocales et rythmiques.Une revue complète de la littérature concernant les effets et l’efficacité de la musicothérapie sur les troubles relationnels dans l’autisme fait apparaître un manque d’études rigoureuses et des méthodologies hétérogènes, souvent discutables. Partant de ce constat, en prenant en compte les liens entre les spécificités de la musique, les caractéristiques de la perception sonore du patient TSA et les modalités d’interactions entre le thérapeute, le patient et la musique, nous proposons une étude clinique d’évaluation de l’efficacité de la prise en charge en musicothérapie sur les symptômes autistiques. Cette recherche se déroule auprès d’enfants TSA âgés de 4 à 7 ans, en simple aveugle, sur 9 mois, dans les lieux de soin des patients.Cette étude, qui débute en octobre 2014 au CHU de Nantes sera présentée dans sa méthodologie et les résultats attendus seront discutés.


2018 ◽  
Vol 57 (3) ◽  
pp. 206-213
Author(s):  
Nicolas Brémaud

L’auteur se propose de revenir sur ce délire bien particulier qu’est le délire de relation des sensitifs (ou paranoïa sensitive), isolé par Kretschmer en 1918. Si le nom de Kretschmer est assez peu cité dans la littérature, les « caractères » sensitifs mis en avant sont pourtant encore souvent repris dans la description de tableaux cliniques de certaines formes de paranoïa, et nous montrerons ainsi que ce délire est bien d’actualité. Après avoir exposé les grandes lignes de la conception kretschmérienne et donc les particularités de la paranoïa sensitive, nous proposons une courte revue de la littérature, la façon dont ce délire fut reçue dans le champ psychanalytique, et nous proposerons enfin en guise d’ouverture un regard lacanien qui permet à certains égards de rapprocher la paranoïa sensitive de la psychose dite « ordinaire ». Cette forme singulière de paranoïa se révèle bien différente du tableau classique dressé en son temps par Kraepelin, éloigné des délires systématisés et extra-ordinaires de type Schreber. Nous aurions affaire ici à des sujets décrits - avant le déclenchement du délire - comme des sujets sensibles, introvertis, timides, hyperémotifs, intériorisant les affects, réfrénant leurs pulsions, s’auto-dévalorisant, susceptibles, mal assurés dans leur relation à la sexualité, etc. Un événement, une « expérience vécue » (Erlebnis), souvent une remarque, un reproche, un regard, va déclencher le délire, comme la goutte d’eau faisant déborder le vase. Pas d’hallucination, pas de grand délire, mais un délire essentiellement de « relation », avec sentiment de persécution, sentiment surtout d’échec, d’insuffisance et d’humiliation, impression de malveillance de l’entourage, interprétations délirantes de menus faits du quotidien, ressentiment, insécurité, auto-dévalorisation. L’ensemble du tableau se situerait donc sur le plan relationnel. On peut dire de la conception de Kretschmer qu’elle rompt avec les conceptions déficitaires; en ce sens on peut la qualifier de psychodynamique. Nous verrons combien les descriptions fines qui ont été faites de ce tableau clinique sont dans le fond assez fréquemment rencontrées en pratique et qu’elles nous poussent à repenser le cadre de la paranoïa.


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document