scholarly journals Crise ou modernisation. La société rurale maskoutaine durant le premier tiers du XIXe siècle

2008 ◽  
Vol 42 (3) ◽  
pp. 359-387 ◽  
Author(s):  
Christian Dessureault

RÉSUMÉ Crise ou modernisation? L’évolution de la société rurale bas-canadienne durant le premier tiers du XIXe siècle suscite beaucoup de controverses. Les objectifs du présent article sont de vérifier, à l’échelle micro-régionale, la croissance ou le recul de l’économie rurale et de caractériser les structures économiques et sociales au cours de cette période. L’évolution des campagnes maskoutaines s’insère dans une dynamique de transition au capitalisme. La pénétration croissante du marché entraîne l’amélioration globale des niveaux de vie et des niveaux de fortune. Elle favorise aussi la différenciation sociale de la paysannerie. L’émergence du prolétariat rural et de l’artisanat résultent à la fois de la croissance économique et de la poussée démographique. Les transformations de la société rurale ne sont toutefois ni rapides ni radicales. La société rurale est au rendez-vous de la croissance économique durant le premier tiers du XIXe siècle. Mais ce type de développement qui renforce les inégalités au sein de la société rurale ne modifie pas substantiellement les anciennes structures économiques et sociales.

2016 ◽  
pp. 77-90
Author(s):  
Noriyuki Nishiyama

Le présent article cherche à dégager les principales caractéristiques de la politique de diffusion du français par l'Alliance française au XIXe siècle, en mettant l'accent sur l'Extrême-Orient, en particulier l'Indochine, la Chine et le Japon, à partir des articles publiés dans le Bulletin de l'AF. Créée en 1884, l'AF a exercé une action de propagation du français au moyen d'un soutien financier et matériel, et le Bulletin a servi à la circulation des informations relatives à l'état des lieux du français dans les pays concernés. Elle a aussi exercé une certaine influence sur la configuration des représentations du monde dans son versant colonial. Le Bulletin dévoile les actions de l'AF dans ces trois pays, qui se distinguent les uns des autres en termes de diffusion du français pour des raisons géopolitiques. La politique linguistique est soutenue en Indochine par la domination coloniale, et dans une moindre mesure en Chine, tandis que le Japon cherche à exploiter le français en faveur de la construction de l'État-nation.


2008 ◽  
Vol 48 (2) ◽  
pp. 153-185 ◽  
Author(s):  
Yvan Lamonde

RÉSUMÉ « L'intellectuel » apparaît en France au moment de l'affaire Dreyfus et constitue une figure typique du milieu culturel français jusqu'à ses représentants les plus fameux, Jean-Paul Sartre et Albert Camus. Le substantif « intellectuel » est utilisé pour la première fois au Québec par Léon Gérin en 1901 et devient de plus en plus usuel dans l'Action française et à Parti pris en passant par André Laurendeau et la jeunesse de la Crise, chez les universitaires de l'Ecole des Sciences sociales de l'Université Laval et les collaborateurs de Cité libre et de Liberté. Le présent article tente de répondre à la question suivante : pourquoi l'intellectuel francophone ne fut-il pas possible au Québec avant 1900 ? Tout en comparant les sociétés française et québécoise, nous analysons le lexique qui désigne le phénomène et les conditions socioculturelles qui rendent possible l'intellectuel; nous proposons une mesure des professions culturelles d'où pouvait émerger cet intellectuel et nous scrutons les formes d'expression et de sociabilité du milieu culturel québécois du XIXe siècle. En ayant à l'esprit l'évolution de l'intellectuel québécois francophone au XXe siècle, nous proposons quelques explications à son émergence spécifique.


2006 ◽  
Vol 32 (3) ◽  
pp. 129-142
Author(s):  
Jean-Pierre Bertrand

Résumé Dans le sillage de la contestation romanesque qui s'est fait jour à la fin du XIXe siècle, Paludes d'André Gide se présente comme la formule la plus audacieuse et la plus ludique de dépassement des modèles en vigueur. En effet, sur le mode ironique, Gide a fait pièce dans sa « sotie » aux lois du genre, notamment en instituant la contingence au principe de la composition romanesque. Le présent article se propose d'examiner sous quelles formes et par quels procédés André Gide, ainsi qu'il l'a indiqué provisoirement dans le faux titre de l'original de Paludes, « Traité de la contingence », a ouvert la voie du roman contemporain.


Author(s):  
Martine-Emmanuelle Lapointe

« Qui lira Charles Guérin dans cinquante ans? », demandait Octave Crémazie à son correspondant, l’abbé Henri-Raymond Casgrain. Et « qui songera à mes pauvres vers dans vingt ans? », ajoutait-il. Crémazie avait raison… On ne lit plus guère Charles Guérin aujourd’hui, et ses pauvres vers, pourtant publiés et célébrés en leur temps, ont été éclipsés par sa correspondance privée, dans laquelle on trouve sans doute les constats les plus éclairants sur la littérature canadienne-française de la fin du XIXe siècle. Constituée d’écrits intimes devenus publics, la correspondance illustre à merveille le paradoxal destin de l’œuvre : inachevée, d’une lucidité trop aiguë et par là même anachronique, elle a été reprise et commentée par plusieurs essayistes contemporains. Cet article présente une analyse des essais que Gilles Marcotte et Jean Larose ont consacrés à l’œuvre et à la figure d’Octave Crémazie. Reconnus pour leur vision intransigeante de l’institution littéraire québécoise, les deux essayistes mettent pourtant temporairement de côté leur extrême vigilance lorsqu’ils abordent l’héritage d’Octave Crémazie. Comment arrivent-ils à concilier leur refus d’une critique complaisante et consensuelle ne se basant que sur des critères locaux et leur reconnaissance d’une filiation qui s’élabore à partir de la faille et du manque, qui ne peut se fonder sur des monuments, des classiques? Et comment appréhendent-ils la tension entre la familiarité avec laquelle ils envisagent l’œuvre de Crémazie et le décentrement, nécessaire selon eux à toute expérience véritablement littéraire? Abstract “Who will read Charles Guérin in fifty years?”, asked Octave Crémazie to his penfriend, abbot Henri-Raymond Casgrain. And “who will muse over my poor verses in twenty years?”, did he add. Crémazie was right… We don’t read Charles Guérin nowadays, and his poor verses, even if they were celebrated in their time, have since been overshadowed by his private correspondence. Composed of intimate writings, now public knowledge, the correspondence illustrates perfectly the paradoxical destiny of Crémazie’s works: unfinished, too clear-minded for its time and therefore almost anachronistic, it has been commented and studied by numerous contemporary essayists. The present article examines the essays that Gilles Marcotte and Jean Larose devoted to the works of Octave Crémazie. Well-known for their severe vision of the Quebec literary institution, Marcotte and Larose seem to put temporarily aside their extreme vigilance when they consider Crémazie’s heritage. How do they conciliate their refusal of obliging and consensual criticism founded on local criteria and their construction of a filiation that cannot be supported by classics and monuments? How do they apprehend the tension between the familiarity with which they read Crémazie’s works and the distance, essential according to them to a real literary experience?


2006 ◽  
Vol 19 (3) ◽  
pp. 546-567
Author(s):  
Pierre Rajotte

Résumé Jusqu 'à présent, les récits de voyage de plusieurs étrangers en visite au Canada ont fait l'objet d'une attention particulière de la part des chercheurs, mais il en va tout autrement des récits de voyage des Canadiens à l'étranger, en particulier au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Pourtant, cette période est déterminante non seulement en raison de la vogue extraordinaire que connaît alors le genre, mais aussi parce au 'elle permet, plus qu'aucune autre peut-être, d'observer son "entrée en littérature". L'objet du présent article vise précisément, à l'aide de quelques récits de voyage en Italie, en Orient et un récit à l'île d'Orléans, à décrire comment les voyageurs canadiens-français marquent leur récit, notamment par des procédés d'intertextualité, de façon à ce que leur lien au champ littéraire devienne explicite.


2006 ◽  
Vol 1 (1) ◽  
pp. 37-71 ◽  
Author(s):  
Peter Bischoff

Résumé La mobilité géographique des populations au XIXe siècle a suscité un grand intérêt et de nombreux travaux chez les historiens canadiens. Néanmoins, du côté de l'histoire des travailleurs, ce champ d’investigation ne fait que commencer à se développer. Le présent article vise à élargir nos connaissances sur le sujet en montrant l’importance centrale de la mobilité professionnelle dans le développement de l'une des principales organisations ouvrières au Canada pendant la seconde moitié du XIXe siècle : les sections canadiennes de l’Iron Molders Union of North America. Aux prises avec une mobilité phénoménale de leurs effectifs, les mouleurs élaborent en effet une réglementation syndicale des migrations qui transforme I’influence potentiellement négative de leurs déplacements en une force pour défendre ou promouvoir le statut du métier. Le succès est tel que leur mobilité géographique favorise considérablement l’expansion géographique de l'organisation et conduit à la formation de ses plus puissantes sections dans les localités où existe précisément la plus grande mobilité de mouleurs.


1970 ◽  
Vol 12 (12) ◽  
Author(s):  
Víctor I. Stoichita

Le trompe-l’oeil cinématographique précède l’invention du cinéma. Il naît dans la peinture, au moment où les artifices mis en jeu arrivent à briser la “frontière esthétique”1, en suggérant un dépassement dynamique des limites de l’image. La magie de cet exploit apparaît d’abord dans le domaine pur de la peinture des premiers Temps Modernes. Ses origines sont très lointaines.Parcourir toutes les étapes menant des expériences fondatrices à celle de l’animation permise par l’invention de la technique cinématographique dépasserait de beaucoup les limites du présent article. Je me contenterai pour cette raison d’une très brève incursion dans la préhistoire immédiate du trompe-l’oeil cinématographique, à l’époque de grande effervescence technique que fut le XIXe siècle, pour pouvoir me consacrer ensuite (et d’une manière plus analytique) à la considération d’un des exemples les plus marquants de trompe-l’oeil proposé par le cinéma de la seconde moitié du XXe siècle.


2018 ◽  
Vol 9 (1) ◽  
Author(s):  
Konstantinos Chatzis ◽  
Thomas Morel ◽  
Thomas Preveraud ◽  
Norbert Verdier

Consacré à la question de la traduction en matière de mathématiques, qu’il aborde ici par l’intermédiaire d’un acteur particulier, l’« élève », à la fois destinataire et, parfois, producteur de traductions, le présent article se structure principalement autour de trois études de cas. La première concerne la production, dans les États-Unis des années 1820 et 1830, d’une série de manuels de mathématiques et de mécanique théorique, élaborés à partir de manuels français et destinés aux étudiants de l’Université Harvard et de l’Académie militaire de West Point. La seconde s’attache à la traduction, en 1828, d’un manuel anglais dans l’espace germanophone. La troisième se penche sur la presse mathématique française de la première moitié duxixesiècle, illustrée ici par le journal des candidats à l’École polytechnique et à l’École normale (Nouvelles annales de mathématiques) et le journal des « progrès en mathématiques » (Journal de mathématiques pures et appliquées). Les objectifs poursuivis consistent à faire émerger des points saillants, à identifier des pistes prometteuses pour la suite de l’enquête, et à tenter d’établir un premier bilan, provisoire et sujet à des modifications, sur la question de la traduction mathématique et de ses éventuelles spécificités par rapport aux traductions relevant d’autres domaines.


2000 ◽  
Vol 55 (4) ◽  
pp. 280-287
Author(s):  
B. Huber

Abstract. Le présent article se propose d'évoquer l'œuvre, fort peu connue de nos jours, du géographe neuchâtelois U Guinand qui, au XIXe siècle, a joui d'une certaine notoriété dans le domaine de l'éducation notamment. Adepte de C. Ritter, il se targuera d'être un pionnier relativement à la diffusion de ses idées en Suisse romande. Aprés avoir évoqué quelques éléments biographiques afférents à cet auteur, ce texte met en évidence certaines des idées-forces de C. Ritter et les prises de position d'U. Guinand qui s'y rapportent. Sont successivement évoqués l'abîme qui sépare la géographie de tradition française et celle d'obédience germanique, le rôle de la Providence dans l'organisation de la Terre, les rapports entre l'homme et cette dernière, la prise en compte des dimensions horizontale et verticale des entités spatiales, le triptyque géographique d'U. Guinand et, enfin, l'œuvre pédagogique de celui-ci.


T oung Pao ◽  
2009 ◽  
Vol 95 (1) ◽  
pp. 167-195
Author(s):  
Seunghyun Han

AbstractIn the 1820s, the literati of Suzhou embarked on a project to build a shrine devoted to the worship of local former worthies and engraved almost six hundred portraits of the latter on the shrine's inner walls. Since the locality already had a paired shrine of eminent officials and local worthies, as had become the case across the empire since the mid-Ming period, why did they need to create a shrine of a similar nature? What was the cultural significance of introducing visual representations of the worthies in the worship? By analyzing the multiple layers of meaning surrounding this shrine-building activity, the present study attempts to illuminate an aspect of the changing state-elite relations in the early nineteenth century. Au cours des années 1820 les lettrés de Suzhou s'engagèrent dans un projet de construction d'un sanctuaire dédié au culte des anciennes personnalités locales éminentes, sur les murs duquel furent gravés les portraits de près de six cents d'entre elles. Dans la mesure, où Suzhou possédait déjà deux sanctuaires, l'un pour les fonctionnaires éminents et l'autre pour les personnalités locales, comme c'était le cas partout dans l'Empire depuis le milieu des Ming, pourquoi fut-il jugé nécessaire d'en créer un autre de même nature? Que signifiait d'un point de vue culturel le fait d'introduire des représentations visuelles des personnalités en question dans les célébrations? En analysant les niveaux de sens multiples qui entourent cette activité de construction, le présent article s'efforce de mettre en lumière un aspect particulier du changement dans les relations entre l'État et les élites au début du xixe siècle.


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