Une admiration profonde pour la France s’est répandue au Japon
avant la Première Guerre mondiale et, depuis, la France
et en particulier Paris sont restés des lieux uniques, admirés, visités et
décrits par de nombreux peintres et hommes de lettres japonais. L’image de Paris
est établie depuis longtemps dans le monde littéraire et artistique japonais,
mais renouvelée continuellement. Quelle est la spécificité de Paris en tant que
« ville de lettres » dans l’imaginaire littéraire japonais ? Pour quelles
raisons cette ville incite-t-elle toujours les Japonais et (surtout) les
Japonaises à s’y rendre, à la poursuite d'un lieu imaginé et insaisissable, y
ajoutant des nouveaux éléments au fil de leurs propres pas ? Pour aborder cette
question, nous montrons la spécificité de Paris pour les femmes japonaises à
travers le témoignage avant-coureur de Hayashi Fumiko, écrivaine très connue du
grand public au Japon depuis les années 1930 qui nous a laissé un récit détaillé
de son voyage à Paris en 1931. Son témoignage, unique en son époque, nous
entraînera sur les traces de sa vie réelle et de son univers de fiction, et nous
permettra de brosser le portrait d’une pionnière des femmes voyageuses. Il nous
montrera aussi l’emprise d’une France idéalisée par le regard des écrivains et
artistes sur l’imaginaire des Japonais, à tel point qu’un voyage à Paris est,
pour eux, presque toujours la recherche d’un lieu rêvé, sublimé par la parole
des écrivains à qui ils emboîtent le pas. Il s’agit en somme d’un véritable
« tourisme littéraire », dans lequel les lieux sont indissociables des mots,
toujours vivants, que les pionniers comme Fumiko y sont attaché.