Ce travail cherche à appréhender les déterminants de la résilience du personnel soignant dans le contexte de la crise sanitaire Covid-19. Son but est d’accéder à une compréhension profonde des motifs, des forces et des processus à l’oeuvre dans la dynamique complexe de la résilience.
Il paraît d’autant plus crucial de répondre à cette question qu’il semble y avoir des enseignements à tirer pour penser différemment les conditions de travail dans les hôpitaux publics. Plus particulièrement, dans le contexte pandémique actuel, le personnel soignant semble plus que jamais exposer aux risques psychosociaux et à un quotidien professionnel inédit et jonché de tensions.
Les résultats de l’étude menée auprès du personnel soignant d’un hôpital public en Tunisie ont révélé que la résilience résulte de l’activation de prédispositions, de facteurs de protection et de ressources autant personnelles qu’interpersonnelles et socioculturelles. Cette recherche a révélé que la résilience n’est pas une réaction spontanée dans un contexte professionnel marqué par l’adversité et l’incertitude. Elle est le fruit d’un mix mettant en jeu les dispositions personnelles, la dynamique de groupe, le soutien social, la stabilité familiale, le style de leadership et les contingences situationnelles. De même, l’étude souligne que la résilience génère une réelle valeur ajoutée pour les patients, les soignants et la pratique des soins aussi bien sur le plan humain, sanitaire, éthique qu’économique. Elle montre que le développement de la résilience constitue une responsabilité partagée entre le personnel soignant, le système hospitalier, les autorités sanitaires, l’encadrement et les dirigeants des établissements de santé.