Dépression et maladie de Parkinson

2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 577-578
Author(s):  
J.-P. Schuster

La maladie de Parkinson a longtemps été considérée comme un trouble neurodégénératif d’expression motrice pure. Il est à ce jour établi que la triade symptomatique « hypertonie extrapyramidale-tremblement- akinésie » ne peut résumer la complexité du trouble. Parmi les troubles psychiatriques comorbides à la maladie de Parkinson, la dépression est probablement la plus importante en termes de fréquence et d’impact. La prévalence de la dépression est particulièrement élevée, estimée à environ 40 %. Les symptômes dépressifs peuvent être évidents et même précéder les troubles moteurs de la maladie, cependant, le diagnostic d’épisode dépressif est le plus souvent complexe, en raison d’un chevauchement symptomatique des deux troubles. Pouvant inaugurer la maladie de Parkinson ou survenir plus tardivement, la dépression a un retentissement majeur sur l’autonomie fonctionnelle et la qualité de vie des patients. Il existe par ailleurs un lien entre dépression et troubles cognitifs chez les sujets atteints de maladie de Parkinson. La prise en charge de l’épisode dépressif majeur chez un patient présentant une maladie de Parkinson ne fait pas l’objet de recommandation. Les essais cliniques randomisés réalisés sont, à ce jour, trop peu nombreux et les résultats très hétérogènes. La dépression comorbide à la maladie de Parkinson de part sa fréquence et son impact, nécessite un repérage et une prise en charge spécifique et précoce.

2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 577-577
Author(s):  
F. Limosin

La maladie de Parkinson a longtemps été considérée comme un trouble neurodégénératif d’expression motrice pure. Il est à ce jour établi que la triade symptomatique hypertonie extrapyramidale-tremblement- akinésie ne peut résumer la complexité du trouble. Pouvant inaugurer la maladie ou survenir plus tardivement, les symptômes non moteurs, qu’ils soient cognitifs ou psychiatriques, ont un retentissement majeur sur l’autonomie fonctionnelle et la qualité de vie des patients [1]. Les troubles psychiatriques comorbides à la maladie de Parkinson, par leur fréquence et leur impact, nécessitent un repérage et une prise en charge spécifiques et précoces, s’inscrivant dans une approche holistique centrée sur le patient. En effet, la dépression est souvent sous-évaluée et de fait sous-traitée chez le sujet souffrant de maladie de Parkinson. Parmi les autres symptômes pouvant compliquer la prise en charge de ces patients, les manifestations liées au syndrome de dérégulation dopaminergique peuvent également relever d’une prise en charge psychiatrique adaptée [2]. Quant aux hallucinations visuelles, elles sont fréquentes et constituent un marqueur d’évolution, signant parfois l’entrée dans un processus démentiel ou dans ce que l’on qualifie de « psychose » parkinsonienne [3]. Dans un tel contexte, cette session thématique se propose de présenter un état des connaissances sur les spécificités et les conséquences des troubles psychiatriques associés à la maladie de Parkinson et de préciser les stratégies de dépistage et de prise en charge spécifiques.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 578-578 ◽  
Author(s):  
A. Poisson

Les hallucinations dans la maladie de Parkinson sont une complication relativement fréquente au stade des complications cognitives de la maladie. Étant généralement peu inquiétantes, le sujet ne les rapportera pas toujours spontanément. Pourtant, elles peuvent en effet signer l’entrée dans une psychose ou une démence parkinsonienne. Elles grèvent la qualité de vie du patient, de son entourage et parfois mettent en péril le maintien à domicile des sujets. Elles ne doivent donc pas êtres négligées. Classiquement les hallucinations dans la maladie de Parkinson sont d’abord visuelles, parfois mineures (simples de passage à la périphérie du champ visuel) ou au contraire très élaborées.Leur physiopathologie demeure imparfaitement connue. L’atteinte visuelle centrale, et notamment au niveau de l’intégration des données visuelles semble jour un rôle majeur. Cependant, d’autres systèmes dont le fonctionnement est perturbé dans la maladie de Parkinson sont impliqués dans la survenue des hallucinations : système visuel périphérique (rétine), voies régulatrices du cycle veille sommeil et notamment du sommeil paradoxal et enfin le système frontal et notamment exécutif.La prise en charge des hallucinations dans la maladie de Parkinson est relativement stéréotypée. Il faut tout d’abord dépister pour les éliminer les facteurs favorisants, notamment de type médicamenteux ou métabolique. Si les hallucinations persistent, le traitement antiparkinsonien doit être revu rapidement avec en priorité la diminution ou l’arrêt des anticholinergiques, des agonistes dopaminergiques et de l’amantadine, puis des inhibiteurs de la catéchol-O-méthyltransférase (COMT) et de la monoaminoxydase B (MAO B). Au besoin, les doses de dopamine peuvent être diminuées. Ces adaptations thérapeutiques permettent en général de contrôler les hallucinations, parfois au détriment de l’état moteur. Malgré tout, si les hallucinations persistent, un traitement neuroleptique par petites doses de clozapine peut être indiqué avec en générale une excellente efficacité.


2017 ◽  
Vol 63 (5) ◽  
pp. 314-321 ◽  
Author(s):  
Frédéric Coppola ◽  
Philippe Courtet ◽  
Emilie Olié

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le trouble bipolaire fait partie des dix maladies les plus couteuses et invalidantes sur le plan mondial. La prise en charge habituelle de cette pathologie comprend un suivi psychiatrique dont la fréquence est adaptée à l’état thymique, et la mise en place d’un traitement thymorégulateur. Toutefois, le devenir des patients atteints de trouble bipolaire reste insatisfaisant. Les répercussions psychosociales, majorées par la présence fréquente de comorbidités somatiques et psychiatriques sont importantes (Bonnin et al., 2010) et peuvent être invalidantes: désinsertion socioprofessionnelle, isolement social, retentissement familial, bas niveau socio-économique, moindre qualité de vie. Une altération fonctionnelle est ainsi retrouvée lors des phases de décompensations aigues, mais également en période intercritique où différents facteurs peuvent être impliqués: symptomatologie résiduelle thymique ou cognitive, comme conséquences des épisodes, présence de comorbidités…En effet, 30% des patients bipolaires présentent pendant cette phase de la maladie des déficits cognitifs, objectivables par des tests neuropsychologiques (Gualtieri and Morgan, 2008). Près de deux tiers présentent des plaintes cognitives subjectives (Martinez-Aran et al., 2005) qui sont négativement corrélées avec la qualité de vie. Parmi ces déficits, l’atteinte de la mémoire de travail est rapportée par plusieurs études (Bora et al., 2009; Robinson et al., 2006), et semble jouer un rôle important dans le handicap fonctionnel. Prendre en charge les troubles cognitifs semble être un enjeu important afin d’améliorer le fonctionnement, la qualité de vie du patient ainsi que la stabilité du trouble. Cependant, les techniques de remédiation cognitive, largement développées pour les patients atteints de schizophrénie, restent limitées dans le trouble bipolaire, malgré l’impact majeur des déficits cognitifs dans ce trouble. L’objectif de cet article est de faire le point sur le profil neuropsychologique du patient bipolaire en période intercritique, en mettant en avant le rôle prépondérant de la mémoire de travail dans le handicap fonctionnel. Nous discuterons également des avancées thérapeutiques actuelles permettant de prendre en charge ces déficits et améliorer le fonctionnement du patient.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S31-S31
Author(s):  
R. David

Les déficits de l’olfaction sont de plus en plus mis en évidence dans les pathologies psychiatriques (troubles bipolaires) comme dans les pathologies neurologiques et dégénératives (maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer). Ils peuvent constituer un marqueur de vulnérabilité et de dépistage précoce pour certaines de ces pathologies, mais ils peuvent aussi constituer une alternative prometteuse dans la prise en charge non pharmacologique de certaines perturbations émotionnelles et comportementales (anxiété, dépression, troubles du sommeil…), ainsi que de certains déficits cognitifs et mnésiques dans le spectre des pathologies neuropsychiatriques. L’objectif de ce symposium est tout d’abord de présenter les bases neurobiologiques de l’olfaction et de ses déficits, puis d’aborder l’intérêt du dépistage précoce des déficits de l’olfaction dans les pathologies neuropsychiatriques ainsi que les modalités thérapeutiques de la stimulation sensorielle olfactive en lien avec le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication.


2021 ◽  
Vol 31 (2) ◽  
pp. 175-185
Author(s):  
Verna Cheung ◽  
Nancy Siddiq ◽  
Rebecca Devlin ◽  
Caroline McNamara ◽  
Vikas Gupta

Les néoplasies myéloprolifératives (NMP) sont des leucémies chroniques rares sans chromosome Philadelphie. L’expertise de cette maladie peu commune est limitée et concentrée dans des centres spécialisés où les patients doivent se rendre pour obtenir confirmation du diagnostic, prendre des décisions complexes, recevoir des soins de soutien et accéder à de nouveaux médicaments par la participation à des essais cliniques. Toutefois, les nombreux déplacements nécessaires pour ces rendez-vous représentent un poids pour les patients; ils augmentent le fardeau financier, accroissent le stress des proches aidants et nuisent à la qualité de vie. Pour s’attaquer à ce problème, le programme du Centre de cancérologie Princess Margaret (PM) dédié aux NMP a mis en place un modèle de soins partagés et a misé sur la collaboration avec les équipes soignantes locales afin d’offrir aux patients atteints de NMP une prise en charge continue et des soins de soutien plus accessibles. Ainsi, les patients se déplacent moins et reçoivent des soins de qualité axés sur leurs besoins. Le présent article décrit l’expérience de mise en œuvre du modèle de soins partagés au Centre Princess Margaret, expérience qui pourrait s’étendre à d’autres hémopathies malignes chroniques et maladies chroniques rares. L’objectif ultime des soins partagés n’est pas de centraliser les services, mais plutôt de bâtir une communauté de soins accessibles pour le patient.


2019 ◽  
Vol 90 (3-4) ◽  
pp. 343-370
Author(s):  
Philippe Amat ◽  
Éric Tran Lu Y

Introduction : Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est une affection très répandue et insuffisamment diagnostiquée, ce qui en fait un problème majeur de santé publique et de sécurité. La rééducation myofonctionnelle orofaciale (RMO) a été montrée efficace dans le traitement multidisciplinaire des SAOS de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte et elle est prescrite à plusieurs étapes de ces prises en charge. Objectifs : L’objectif principal de cette revue systématique de la littérature était d’évaluer l’efficacité de la rééducation myofonctionnelle orofaciale (RMO), active ou passive, dans le traitement du syndrome d’apnées obstructives du sommeil chez les enfants, les adolescents et les adultes. Matériel et méthodes : La revue systématique de la littérature fut entreprise à partir des trois bases de données électroniques : Medline (via PubMed),Cochrane Library, Web of Science Core Collection, et complétée par une recherche limitée de la littérature grise (Google Scholar) afin d’identifier les études évaluant l’efficacité de la RMO sur le SAOS. Le critère de jugement principal était une diminution de l’indice d’apnées/hypopnées (IHA) d’au moins cinq épisodes par heure par rapport à l’état initial. Les critères de jugement secondaires étaient une amélioration de la qualité subjective du sommeil, de la qualité du sommeil mesurée par polysomnographie nocturne et de la qualité de vie mesurée subjectivement. Résultats : Seulement dix études répondaient à tous les critères d’inclusion. Huit étaient des essais cliniques contrôlés randomisés, une était une étude de cohorte prospective et une autre était une étude de cohorte rétrospective. Six études étaient consacrées au SAOS de l’adulte et quatre au SAOS pédiatrique. Toutes les études incluses ont été évaluées à « faible risque de biais » d’après les douze critères de risque de biais du Cochrane Back Review Group. D’après les données probantes disponibles, la RMO permet une réduction significative de l’IAH, jusqu’à 90,6 % chez l’enfant et jusqu’à 92,06 % chez l’adulte. Elle permet une diminution significative de l’intensité et de la fréquence du ronflement, participe à une réduction de la somnolence diurne, limite la réapparition des symptômes d’apnée obstructive du sommeil (AOS) après adénoamygdalectomie chez l’enfant et améliore l’adhésion au traitement par ventilation en pression positive continue (PPC). La RMO passive, avec l’assistance apportée au patient par le port d’une orthèse sur mesure à bille, augmente l’observance à la rééducation, permet une réduction significative de l’intensité du ronflement, de l’IAH et un accroissement significatif des voies aérifères supérieures. Conclusions : Les données publiées montrent que la rééducation myofonctionnelle orofaciale est efficace dans les traitements multidisciplinaires des SAOS de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte et devrait être largement prescrite à plusieurs étapes de ces prises en charge. La RMO passive, avec l’orthèse d’avancée mandibulaire à bille conçue par Michèle Hervy-Auboiron, aide à pallier les fréquents défauts d’observance observés lors des traitements par RMO active.


2019 ◽  
Vol 13 (3) ◽  
pp. 137-146
Author(s):  
S. Abdalla ◽  
A. Brouquet

La radiochimiothérapie (RCT) préopératoire avant la réalisation d’une chirurgie carcinologique du rectum (exérèse totale du mésorectum) permet d’améliorer le contrôle tumoral local chez les malades opérés d’un cancer du rectum localement avancé (CRLA). Les taux de récidive locale sont actuellement inférieurs à 10 %. En revanche, cette stratégie n’a pas d’effet démontré sur le risque métastatique et la survie à long terme, et elle est associée à un risque de séquelles à long terme susceptible d’altérer la qualité de vie de malades pourtant guéris de leur cancer. L’administration d’une chimiothérapie (CT) à pleine dose dans la période préopératoire peut avoir des effets positifs sur la prise en charge des malades opérés d’un CRLA : augmenter la réponse tumorale et optimiser le contrôle local utilisé en intensification ou induction de la RCT, limiter le risque métastatique et éviter les séquelles tardives liées si elle est utilisée comme une alternative à la RCT. Dans cet article sont abordés les différents aspects à la fois démontrés et en cours d’évaluation de la CT préopératoire dans la prise en charge des CRLA.


Obésité ◽  
2019 ◽  
Vol 14 (3) ◽  
pp. 124-130
Author(s):  
S. Vignes

Le lipœdème est une entité clinique mal connue, dont la prévalence est inconnue et qui est souvent confondue avec un lymphœdème. Il s’agit d’une répartition anormale du tissu adipeux, également pathologique, allant des hanches jusqu’aux chevilles en respectant les pieds. Il touche presque exclusivement les femmes obèses et débute généralement vers la puberté. Il s’accompagne de douleurs spontanées cutanées ou lors d’une stimulation modérée (pression, pincement), d’ecchymoses spontanées et d’œdèmes après orthostatisme prolongé. Le retentissement sur l’image corporelle et sur la qualité de vie est très important. Les examens complémentaires (scanner, IRM, lymphoscintigraphie) peuvent être utiles en cas de doute diagnostique ou pour confirmer le lipœdème. Après une longue évolution, le système lymphatique est atteint avec l’apparition d’un lipolymphœdème touchant alors le dos du pied et pouvant se compliquer d’érysipèle. La prise en charge n’est pas codifiée et comprend une perte de poids (qui améliore peu la morphologie des membres inférieurs), un soutien psychologique, la compression élastique, souvent mal tolérée et les activités physiques, en particulier en milieu aquatique. La liposuccion par tumescence réduit le volume, les douleurs spontanées et provoquées, les ecchymoses spontanées, et améliore l’apparence mais aussi la qualité de vie. La poursuite de la recherche clinique et physiopathologique du lipœdème est nécessaire pour pouvoir prendre en charge les femmes qui en sont atteintes.


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