scholarly journals La ruse à la frontière des genres. Regards croisés sur les farces de Molière et les contes de La Fontaine

Author(s):  
Jean Leclerc
Keyword(s):  

Cet article propose une analyse de la ruse dans les farces de Molière et dans les contes de La Fontaine afin de mesurer les rapprochements et les différences entre ces deux genres. L’étude porte en premier lieu sur les enjeux éthiques et juridiques, permettant à la fois de susciter le rire auprès du public, tout en dénonçant le ridicule du personnage de la dupe, pour ensuite procéder à l’établissement d’une liste des principaux lieux communs sur lesquels se fonde cette mécanique du rire. L’article se termine sur des considérations logiques et argumentatives associées au comique de la ruse, montrant ainsi comment ces deux genres dévoilent leur dette à l’égard du climat libertin et libre-penseur du XVIIe siècle.

2020 ◽  
Vol 141 ◽  
pp. 31-39
Author(s):  
István Monok

À partir du milieu du XVIIe siècle, le livre de langue française commence à occuper une place de plus en plus importante dans les collections de l’aristocratie hongroise. Il s’agit, en premier lieu, d’ouvrages historiques et de belles-lettres mais, au milieu du XVIIIe siècle, des titres théoriques – théorie politique, philosophie – s’y rencontrent aussi en nombre croissant. Les aristocrates hongrois complètent quelquefois leurs connaissances en théologie en ayant recours à des publications de langue française. Il convient de souligner que les résultats des recherches dans le domaine de la présence du livre français paraissent confirmer l’intuition de ceux qui ont mis en valeur l’élargissement de l’abîme culturel séparant les différentes couches de la société hongroise. Les aristocrates – surtout ceux qui vivent non loin de Vienne – s’éloignent dans leur goût et dans leurs choix culturels, non seulement des intellectuels bourgeois, mais aussi de la majorité de la société nobiliaire.


Tangence ◽  
2016 ◽  
pp. 71-90
Author(s):  
Mélanie Sag

Alors qu’on associe le souvenir des guerres de Religion dans la fiction française au genre des nouvelles historiques et galantes des années 1660, cet article montre comment le roman (sentimental, chevaleresque et d’aventures) du début du xviie siècle a été un premier lieu de mémoire de ces guerres civiles. Les diverses modalités de fictionnalisation de l’histoire ainsi que le traitement romanesque de la violence sont exposés, dans le souci de dégager la spécificité de l’approche romanesque de la guerre civile. Finalement, c’est le travail de mémoire singulier de chaque sous-genre romanesque que met en lumière cette recherche : souvenir partageable, mémoire militante des troubles ou lecture critique du passé pour mieux agir au présent. Les romans écrits entre 1599 et 1629 proposent ainsi une palette intéressante de romans « historiques », bien avant que ce genre de fiction n’apparaisse sous le règne de Louis xiv.


2008 ◽  
Vol 55 (3) ◽  
pp. 345-379
Author(s):  
Claire Lambert ◽  
Yves Landry

RÉSUMÉ Cette étude cherche à cerner différents éléments ayant pu influencer la décision de 37 hommes et femmes de quitter la paroisse de Saint-Martin de l'île de Ré en direction du Canada au xviie siècle. Dans la majorité des cas, les émigrants et leurs familles, de souche martinaise, sinon rhétaise, avaient baigné dans un environnement social, économique et religieux spécifique, marqué notamment par la proximité avec le port de La Rochelle. En premier lieu, la société martinaise était profondément conditionnée par la monoculture de la vigne. Même si l'exploitation était le plus souvent de taille réduite et morcelée, les surfaces cultivées étaient en général suffisantes pour en vivre, d'autant que la pratique d'un travail annexe pouvait assurer des revenus complémentaires. Les familles des émigrants n'étaient nullement miséreuses, comme le démontre l'étude des apports au mariage. Mais, dans le but d'éviter un morcellement croissant de l'exploitation à la suite d'un partage égalitaire strict en contexte de saturation du terroir, les familles mirent en place des stratégies visant à sa préservation. Cette situation pouvait engendrer le départ de certains, les émigrants s'excluant alors eux-mêmes du partage successoral. En deuxième lieu, les futurs émigrants ont pu être sensibilisés aux voyages au long cours par suite de l'activité portuaire importante de Saint-Martin. Enfin, l'influence de La Rochelle sur l'île de Ré n'était pas seulement économique, mais également idéologique. Ce bastion de la Réforme véhiculait les idées protestantes auxquelles adhéra une partie de la population martinaise, dont quelques émigrants pour la colonie.


Author(s):  
Jean-Claude Schmitt

La pandémie de Covid 19 à partir de janvier 2020 - depuis la Chine vers le reste de l’Asie, puis l’Europe et l’Afrique, et enfin les deux Amériques -, n’est pas sans rappeler des épidémies du passé, souvent bien plus meurtrières encore, en premier lieu celles de la peste (qui emporta le tiers de la population européenne en 1348). Trois épidémies de peste ont frappé l’Europe à travers l’histoire : la Peste de Justinien (541-770), la Peste Noire (1348-1352, suivie de nombreuses récidives jusqu’en 1720) et la peste de Chine (qui n’a touché en fait que les ports européens et américains, entre 1850 et 1940). La peste, par ses agressions ou ses retraits, a une valeur systémique pour le « long Moyen Âge » qui commence dans l’Antiquité tardive et se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle : par ses assauts répétés tout au long de cette période, mais aussi par ses retraits comme entre l’époque de  Charlemagne et le XIVe siècle ; cet âge « sans peste »  correspond à la phase du plus grand essor des campagnes médiévales. Au contraire, quand la peste est de retour entre le XIVe et le XVIIe siècle, elle est un des facteurs décisifs d’une longue stagnation démographique. Jamais la cause véritable de la peste (qu’on attribuait à la corruption de l’air ou à un châtiment de Dieu)  n’a été reconnue tout au long de ces siècles. Pourtant on observe dès la fin du Moyen Âge une progression des conceptions « contagionistes » et non-officielles qui anticipent sur la découverte du bacille de la peste par Alexandre Yersin en 1894, en même temps que du rôle des puces et des rats. La peste a suscité des comportements de toutes natures, qui évoquent parfois les mesures prises aujourd’hui pour freiner ou empêcher la progression de l’épidémie (par exemple la quarantaine). Elle a nourri de nouveaux élans de piété et aussi la recherche de boucs-émissaires dont les communautés juives furent les premières victimes. Sur le plan culturel, elle suscita de brillants témoignages littéraires (tel le Decameron de Giovanni Boccacio), mais on ne peut pas lui attribuer la naissance de l’art macabre, car celui-ci lui est antérieur.


Author(s):  
Jean-Claude Schmitt

La pandémie de Covid 19 à partir de janvier 2020 - depuis la Chine vers le reste de l’Asie, puis l’Europe et l’Afrique, et enfin les deux Amériques -, n’est pas sans rappeler des épidémies du passé, souvent bien plus meurtrières encore, en premier lieu celles de la peste (qui emporta le tiers de la population européenne en 1348). Trois épidémies de peste ont frappé l’Europe à travers l’histoire : la Peste de Justinien (541-770), la Peste Noire (1348-1352, suivie de nombreuses récidives jusqu’en 1720) et la peste de Chine (qui n’a touché en fait que les ports européens et américains, entre 1850 et 1940). La peste, par ses agressions ou ses retraits, a une valeur systémique pour le « long Moyen Âge » qui commence dans l’Antiquité tardive et se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle : par ses assauts répétés tout au long de cette période, mais aussi par ses retraits comme entre l’époque de  Charlemagne et le XIVe siècle ; cet âge « sans peste »  correspond à la phase du plus grand essor des campagnes médiévales. Au contraire, quand la peste est de retour entre le XIVe et le XVIIe siècle, elle est un des facteurs décisifs d’une longue stagnation démographique. Jamais la cause véritable de la peste (qu’on attribuait à la corruption de l’air ou à un châtiment de Dieu)  n’a été reconnue tout au long de ces siècles. Pourtant on observe dès la fin du Moyen Âge une progression des conceptions « contagionistes » et non-officielles qui anticipent sur la découverte du bacille de la peste par Alexandre Yersin en 1894, en même temps que du rôle des puces et des rats. La peste a suscité des comportements de toutes natures, qui évoquent parfois les mesures prises aujourd’hui pour freiner ou empêcher la progression de l’épidémie (par exemple la quarantaine). Elle a nourri de nouveaux élans de piété et aussi la recherche de boucs-émissaires dont les communautés juives furent les premières victimes. Sur le plan culturel, elle suscita de brillants témoignages littéraires (tel le Decameron de Giovanni Boccacio), mais on ne peut pas lui attribuer la naissance de l’art macabre, car celui-ci lui est antérieur.


2017 ◽  
Vol 19 (3) ◽  
pp. 4-17
Author(s):  
Marie-Geneviève Guesdon

Plusieurs bibliothèques et musées français conservent dans leurs fonds des manuscrits ou des fragments du Coran qui ont été copiés dans l'Occident musulman entre le XIIe et le XVIIe siècle, mais n'ont parfois pas été correctement identifiés. Si on laisse de côté la Bibliothèque nationale de France, sa collection ayant été déjà décrite de manière exhaustive, le présent article rassemble de l'information sur des manuscrits possédant ces caractéristiques, tirée de divers catalogues et bases de données où ils sont décrits. [Various libraries and museums in France have in their holdings Qur'an manuscripts and fragments copied in the Western Islamic World between the twelfth and seventeenth centuries that are sometimes not properly identified. Leaving aside the Bibliothèque nationale de France, since its collection has already been fully described, the present paper collates information about such manuscripts from the various disparate catalogues or databases in which they are described.]


1913 ◽  
Vol 29 (4) ◽  
pp. 640-641
Author(s):  
René Durand
Keyword(s):  

1959 ◽  
Vol 66 (3) ◽  
pp. 263-286 ◽  
Author(s):  
Jean Delumeau
Keyword(s):  

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