scholarly journals aporie de l’impossible communauté : Bataille, Barthes et Foucault

2021 ◽  
Vol 18 (2) ◽  
pp. 293-303
Author(s):  
Justine Brisson

Bataille, Barthes et Foucault ont envisagé à un moment de leur vie de se soustraire à la communauté politique. Selon eux, la communauté politique — sous la forme élargie (nation, patrie, État, etc.) ou universelle (le genre humain) — ne permet pas la vie différenciée, tant dans ses rythmes que dans ses formes. Tous ont voulu se mettre à distance de la société en cherchant à s’arrimer à de nouvelles communautés, restreintes et électives. Ils ne conçoivent donc pas le retrait comme une voie solitaire. Barthes a fantasmé des communautés idiorrythmiques ; Foucault a réfléchi aux potentielles nouvelles façons de vivre dont les communautés homosexuelles pourraient être porteuses et Bataille s’est essayé à diverses tentatives de communautés secrètes, d’Acéphale au Collège de sociologie. Pourtant, toutes ces tentatives communautaires se sont révélées décevantes, dès lors qu’elles n’étaient plus simple fantasme ou utopie. Nous voudrions montrer que dès l’instant où il y a « calcification » d’une forme commune, il s’ensuit une atteinte au rythme individuel et à l’irréductible singularité que poursuit l’écrivain. Soit la communauté est rattrapée par la norme, ou appelée à se généraliser, et alors elle ne permet plus la vie différenciée. Soit elle est réinvestie par des relations de pouvoirs, et la figure d’un chef finit fatalement par émerger. Soit elle se dissout en l’absence d’une œuvre à produire ou d’une cause commune à laquelle s’arrimer. C’est ce que nous appellerons l’aporie de l’impossible communauté.

1955 ◽  
Vol 10 (3) ◽  
pp. 396-398
Author(s):  
Albert Silbert
Keyword(s):  
De Se ◽  

C'est une audacieuse entreprise que tente Antonio José Saraiva en commençant une importante Histoire de la culture au Portugal. Mais il y était qualifié par de nombreux travaux qui, de Gil Vicente à Eça de Queiroz, en passant par Bernardim Ribeiro, Camoëns, Garret, Herculano, Oliveira Martins, l'avaient amené à jeter d'heureuses lumières sur des personnages et des sujets des plus divers. Une fois déjà il avait manifesté tout l'intérêt qu'il prenait à un élargissement de l'histoire littéraire traditionnelle en publiant un très remarquable volume d'essais sous le titre révélateur de : Pour une histoire de la culture au Portugal.On ne manquera pas toutefois de se demander si l'ouvrage correspond bien à ce qu'il promet. On pourrait objecter à Antonio Saraiva ce qu'il écrivait lui-même il y a quelques années dans le livre que nous venons de citer : « Les deux termes de Culture et de Littérature ne coïncident pas…, l'histoire de la littérature n'est qu'un degré de l'histoire de la culture » (p. XVIII).


1953 ◽  
Vol 8 (2) ◽  
pp. 220-223
Author(s):  
Lucien Febvre
Keyword(s):  
De Se ◽  

Je regrette un peu que la première phrase du beau livre d'Augustin Renaudet, Dante humaniste —« ce livre souhaite de rencontrer des lecteurs informés de la vie, de la personne et de l'oeuvre de Dante » — risque de lui conférer, préventivement, une sorte d'ésotéricité qu'il ne possède en réalité nullement. Ce serait fâcheux. Il y a des « dantologues ». Des spécialistes de la « dantologie ». Cependant qu'ils se disputent sur des pointes d'aiguilles, le public cultivé, humain, éclairé, risque de se détourner d'une oeuvre qui lui parait écrite pour ces termites de l'érudition vaine et dont il ne saisit point (parce qu'on l'en détourne) le caractère de profonde humanité.


1964 ◽  
Vol 19 (5) ◽  
pp. 869-884 ◽  
Author(s):  
Charles H. Alexandrowicz
Keyword(s):  
De Se ◽  

Examinant, dans ses études sur l'histoire sociale et économique de l'Asie, le problème de l'équilibre entre l'Europe et l'Asie au XVIIIe siècle, J. C. van Leur écrit : « L'immense progrès technique du XIXe siècle a introduit l'élément exotique dans la littérature concernant l'Asie et a imposé en même temps une image d'états orientaux tombés en décadence et de despotismes anarchiques, mis en opposition avec la force motrice, la perfection et le libéralisme des états chrétiens de l'Occident. La littérature missionnaire et politique a appliqué cette image à tous les états, à commencer par la Turquie et la Perse jusqu'à la Chine et au Japon… Il y a lieu de se méfier de cette image de décadence projetée en arrière, du XIXe siècle vers le passé.


2020 ◽  
Author(s):  
Hiroshi Uemura
Keyword(s):  
De Se ◽  
Il Y A ◽  

L’exposition d’art dans des paysages est devenu populaire au Japon, avec la multiplication récente de festivals d’art locaux. Dans ces festivals, qui attirent chacun des centaines de milliers de visiteurs, coexistent des œuvres hétérogènes. Certaines sont des sculptures autonomes, d’autres des installations qui se fondent dans le paysage, et d’autres encore sont des œuvres de type « art relationnel ». Bien que ces œuvres in situ affirment leur lien essentiel avec le site naturel rural et avec le corps du spectateur — constituant un événement, une expérience, une rencontre éphémère —, les relations avec le site comme avec le visiteur sont complexes et ambigües. Il y a des œuvres in situ, mais parfois aussi in aliquo situ : des œuvres qui peuvent être installées n’importe où. Qu’est-ce qui attire les visiteurs dans ces expositions ? Quels sont donc la nature et le mérite de leur localisation ? Si les visiteurs apprécient de voir des œuvres dans ces paysages cela peut être en partie lié au principe japonais traditionnel d’expérience des lieux dit meisho-meguri, ou « pèlerinage vers des sites célèbres ». Cette pratique issue du Moyen Âge est associée historiquement au sacré. Aujourd’hui ce pèlerinage prend la forme du tourisme moderne mais conserve un sens traditionnel invisible car les visiteurs se déplacent à travers une série de lieux géographiques selon un jeu culturellement codé. Selon nous, dans le cas des visites d’œuvres d’art en zones rurales, l’appréciation des œuvres d’art participe à ce même jeu traditionnel de se déplacer physiquement dans une série de lieux. Cette dimension spirituelle implicite modifie à son tour la perception des œuvres. Ainsi on dira que la pratique japonaise de visiter ces expositions d’art in situ témoigne de la survivance d’une tradition, et constitue ainsi un système alternatif d’expérience esthétique.


Author(s):  
Isabelle Cassiers

Les résistances au projet de contrat de solidarité entre générations révèlent un malaise. Ce malaise semble toucher des questions bien plus vastes que celle des prépensions : n’est-ce pas l’évolution globale des relations entre le citoyen, l’État et l’économie qui inquiète une large fraction de la population ? Cette évolution comporte en effet un basculement : on quitte une logique d’État providence, on consolide celle d’un État social actif. Quels sont les causes et les enjeux de telles transformations ? Une prise de recul est salutaire. L’État providence, institué après la deuxième guerre mondiale, reposait sur un accord de solidarité sociale, sur un compromis entre travail et capital. Ce compromis, qui portait sur la gestion de la croissance économique et sur le partage de ses fruits, actait la primauté du politique sur l’économique. La concertation sociale, la sécurité sociale, l’extension des biens collectifs et les politiques économiques de soutien de la demande ont contribué, pendant vingt-cinq ans, à nourrir et à stabiliser une croissance vigoureuse et à étendre les mécanismes de solidarité sociale. La crise économique des années 1970 a mis les États-providence sous pression. Les redressements des années 1980 ont été opérés dans un contexte politique et doctrinal en nette rupture par rapport aux compromis sociaux antérieurs et ont conduit à des mutations dans les règles du jeu économique. Depuis les années 1990, la globalisation financière semble devenir la composante dominante d’un nouveau mode de régulation et restreindre le champ d’intervention des pouvoirs publics. Si la notion d’État social actif – inspirée de la troisième voie de Tony Blair - sous-tend les réorientations récentes de la politique sociale belge et européenne, il y a lieu de se demander en quel endroit l’État est actif et quels sont les points où il a renoncé à l’être. En considérant la globalisation financière comme une donnée, en acceptant comme inéluctable ou souhaitable la passivité dans certains registres de la politique économique, en concevant l’activation de la politique sociale comme une mise en conformité des personnes vis-à-vis des exigences du marché, l’État social actif ne contribue-t-il pas à consacrer la primauté de l’économique sur le politique ?


1988 ◽  
Vol 9 (02) ◽  
pp. 6-32 ◽  
Author(s):  
Simon Critchley

“Qu'est-ce qui cloche dans le système, qu'est-ce qui boite? La question est aussi boiteuse et ne fait pas question. Ce qui déborde le système, c'est l'impossibilité de son échec, comme l'impossibilité de la réussite: finalement on n'en peut rien dire, et il y a une manière de se taire (le silence lacunaire de l'écriture) qui arrête le système, le laissant désoeuvré, Iivré au sérieux de l'ironie.” Glas is a tour de force of Hegel scholarship. Although primarily concerned with the Philosophy of Right and the Phenomenology of Spirit, Derrida also offers detailed discussions of The Spirit of Christianity and its Fate, the First Philosophy of Spirit of 1803-4, the 1803 essay Scientific Ways of Treating Natural Law, the Lectures on Aesthetics and the introduction to the Lectures on the Philosophy of World History. In addition - and this list is not exhaustive - there are discussions of and references to the Logic, the Encyclopaedia, the Lectures on the Philosophy of Religion, the Differenzschrift, Faith and Knowledge, and abundant quotations from Hegel's correspondence.


1937 ◽  
Vol 8 (04) ◽  
pp. 451-462
Author(s):  
Henri Van Criekinge
Keyword(s):  
De Se ◽  

Les frets sont des prix de transport par eau, qui s’avèrent particulièrement sensibles à l’état général des affaires. Il importe, dès lors, de voir quelle signification peut être donnée aux frets maritimes et fluviaux dans l’analyse de la conjoncture générale. Ceci sera notre préoccupation première, mais elle ne sera pas exclusive. Tout en retraçant les oscillations des frets, il y a lieu de se demander ce quel’industrie et le commerce font ou devraient faire en présence de ces mouvements. Ceux-ci influencent fortement aussi toute l’économie des entreprises de navigation fluviale ou maritime. C'est dire que les relations entre les frets fluviaux ou maritimes et l'allure générale des affaires, l'offre des transports de l'industrie et du commerce et l'économie privée maritime et batelière seront examinées dans cet article, en vue de déterminer les tendances générales qui en découlent. Ce domaine était plein d'inconnues, car, jusqu'à présent, une étude d'ensemble de l'évolution des frets maritimes et surtout fluviaux n'avait jamais été entreprise.


2006 ◽  
Vol 9 (2) ◽  
pp. 122-133 ◽  
Author(s):  
Michel Tousignant ◽  
Doris Hanigan ◽  
Lise Bergeron

Résumé Le suicide chez les jeunes est un sujet de préoccupation grandissant. Les suicides réussis ne représentent pourtant qu'une faible portion de l'ampleur du phénomène. Une recherche menée auprès de 666 cégépiens francophones fréquentant quatre C.E.G.E.P.s du territoire de Montréal révèle que 21,2 % d'entre eux disent avoir déjà fait l'expérience d'idéa-tions suicidaires sérieuses. 12.2 % ont vécu ces expériences au cours des douze derniers mois. Il y a également 3,6 % de cégépiens qui avouent avoir fait une tentative de suicide au cours de la même période et 8,1 % au cours de leur vie. Plus de la moitié des cégépiens disent également avoir vécu des obsessions suicidaires comme une peur ou une envie de se jeter devant le métro. La séparation des parents et une mauvaise santé représentent les deux facteurs de risque les plus sérieux. Près de trois quarts des gens qui ont eu des pensées suicidaires sérieuses ont pensé à des plans ou s'en s'ont confié à leur entourage. La réaction de l'entourage fut rapportée comme positive dans la moitié des cas seulement. Une entrevue clinique auprès de 25 répondants a permis de constater que les ideations suicidaires déclarées ont correspondu dans la presque totalité des cas à une période très angoissante. Le fait de penser au suicide a eu en contrepartie quelques effets positifs en faisant prendre conscience de la possibilité d'un contrôle sur sa destinée.


2017 ◽  
Author(s):  
Truchon Karoline
Keyword(s):  
De Se ◽  

Au sein de nos sociétés contemporaines, le duo conceptuel de visibilité et d’invisibilité s’inscrit dans le lexique quotidien autant des individus, des organismes à but non lucratif que des organisations publiques et privées pour qui être visibles dans l’espace public et médiatique témoigneraient d’une acceptation sociale pour laquelle tout.e.s luttent (Aubert et Haroche 2011 ; Voirol 2005a ; Voirol 2005b). Peu théorisés, c’est comme si ces concepts « allaient de soi ». Or, comme le précisent Olivier Voirol (2005a, 2005b) et Andrea Brighenti (2010, 2007), la visibilité est une catégorie sociale qui permet de mieux comprendre les codes régissant les normes sociales et l’invisibilité sociale provoque, tel que le proposent Guillaume le Blanc (2009) et Axel Honneth (2005), une déshumanisation, voire un mépris social des personnes effacées par les regards de certains qui s’octroient, ou à qui on octroie, ce pouvoir de relégation sociale. Par ailleurs, la visibilité – et l’invisibilité – sont des résultats qui découlent de la visibilisation – de l’invisibilisation – qui constituent à leur tour des phénomènes également peu théorisés, mais pourtant féconds par leur opérationnalité et potentiellement générateurs de reconnaissance (Truchon 2016). La visibilité n’est pas synonyme de visualité ou de visible et ne peut être utilisée comme un concept descriptif qui tente uniquement d’expliquer ce qui serait perçu comme des pratiques défaillantes de différentes personnes ou divers groupes sociaux (Voirol 2009). D’emblée, la visibilité articule plutôt les relations de perception (aspect esthétique) et de pouvoir (aspect politique) (Brighenti 2007), relations qui forment des phénomènes ambigus car la production et la compréhension de la visibilité dépendent de contextes sociaux, techniques et politiques complexes parmi lesquels elle opère (Brighenti 2010). La visibilité, contrairement à une vision simpliste de celle-ci, n’est donc pas que composée d’éléments visibles : elle est également constituée par un amalgame subtil de relations qui mobilisent l’information, l’imagination et les intuitions des personnes et groupes présents pour lui donner chair autant dans un espace physique que psychique (Mirzoeff 2011). Ainsi, la visibilité est intrinsèquement une catégorie sociale car elle permet de mieux appréhender le social comme un phénomène autant matériel qu’immatériel (Brighenti 2010), catégorie sociale qui amène un défi théorique précisément parce que la visibilité (et l’invisibilité) sont utilisées comme des termes génériques pour rendre compte d’une multitude de situations (Voirol 2009). Cependant, quand la visibilité est théorisée, une des manières les plus courantes est de se saisir de celle-ci comme d’une exigence, voire d’une injonction, qui constituerait une nouvelle forme de pouvoir disciplinaire caractérisant la modernité. Si le modèle panoptique impliquant le regard du surveillant de prison qu’a popularisé Michel Foucault avec son ouvrage-phare Surveiller et punir (1975) est souvent évoqué pour marquer ce contrôle, le regard panoptique ne proviendrait plus que des personnes en pouvoir : il proviendrait également des personnes qui se soumettraient elles-mêmes à cette injonction de la visibilité, faisant de ces dernières des parties prenantes actives dans la construction de leur propose prison panoptique en permettant à cet impératif du voir/être vu de régir leur quotidien (Birman 2011). L’invisibilité sociale est un processus qui empêche de participer pleinement à la vie publique. Elle s’appuie sur une impression d’être relégué socialement et elle découle d’un sentiment d’inutilité et de la honte de se sentir ainsi (le Blanc 2009). Ultimement, la source de l’invisibilité sociale comme figure de désoeuvrement est l’exclusion, « car être exclus, c’est cesser de participer, ne plus avoir part à la multitude » (le Blanc 2009 : 186). Guillaume le Blanc décrit trois types de régimes d’invisibilité : 1) l’invisibilité de la mort par l’effacement définitif d’une vie souvent causée par des génocides ou meurtres ; 2) l’invisibilité par l’appropriation et la réification ou l’instrumentalisation en maintenant sciemment dans l’ombre des populations qui devraient être visibles afin d’exprimer leur désaccord avec le traitement qu’il leur est réservé ; et 3) l’invisibilité qui est un défaut de perception au sein duquel des personnes n’existent pas car jugés indignes d’être inclues dans le cadre de la perception. Chacun de ces trois régimes d’invisibilité possède ses logiques internes, mais celles-ci ne sont pas forcément inséparables l’une de l’autre (le Blanc 2009). S’inscrivant dans cette logique, Axel Honneth (2005) résume l’invisibilité par une propension à regarder « à travers » une personne, donc sans la voir, sans la reconnaître. Honneth distingue la connaissance (une identification cognitive) de la reconnaissance (une perception évaluative d’une personne, c’est à dire la représentation que l’on se fait de la valeur de cette personne). L’absence de gestes de reconnaissance suite à l’acte de connaissance résulte en une forme de mépris moral envers les personnes qui sont effacées du cadre perceptuel et relationnel. Bref, l’invisibilité se produit quand il y a absence de gestes qui « renvoient à un ensemble d’attentes normatives, dont dépend l’existence sociale des personnes dans des situations d’interaction. [Et] [c]ette absence signifie un déni de reconnaissance ou un mépris puisqu’elle nie aux sujets concernés toute affirmation de leurs qualités positives » (Voirol 2009 : 125). Plus précisément, « [ê]tre, c’est être perçu. Je ne suis rien si l’autre ne me perçoit pas. C’est l’autre qui, en me percevant, en me reconnaissant, me confère une existence » (Aubert et Haroche 2011 : 335). Au final, la visibilisation/l’invisibilisation sont des processus qui génèrent des résultats, la visibilité/l’invisibilité (Truchon 2016). Pour être efficace, la visibilité a donc besoin d’être elle-même visibilisée en imbriquant des aspects relationnels (entre individus, groupes et États), des aspects stratégiques (actions mises en place) et des aspects procéduraux (manières de concrétiser des actions tels que décidés par des individus, des groupes ou des États). La visibilité devient de ce fait même une catégorie « opérationnalisable » car la pratique de la visibilité est de facto un processus de visibilisation : la visibilité est le résultat de la visibilisation (Truchon 2014).


Keyword(s):  
De Se ◽  
Il Y A ◽  

Depuis que l'opinion publique s'est émue assez sérieusement des maux de la guerre pour chercher à les atténuer, on a étudié de plus près ses conséquences fâcheuses, et l'on n'a pas tardé à s'apercevoir qu'elle en avait de fort lointaines qui, pour ne pas être immédiates, n'en ont pas moins de gravité. On a reconnu aussi que, si parmi ces effets indirects il en est d'inévitables, d'autres peuvent être conjurés, au moins en grande partie, par des mesures préventives. —Il n'est pas douteux, par exemple, que, si l'on exigeait que le soldat, portât sur lui un signe de reconnaissance, permettant en cas de mort de constater son identité, le nombro, considérable dans toutes les guerres, des hommes disparus, c'est-à-dire dont le sort reste inconnu, ne diminuât beaucoup. Or, on sait combien d'intérêts sont compromis et combien de choses demeurent en suspens, tant que l'on n'est pas fixé sur la destinée des absents.— De même, au point de vue sanitaire, on a pu établir avec certitude que les inhumations, telles qu'elles se pratiquent le plus souvent sur les champs de bataille, engendrent des épidémies et, augmentent la mortalité, non-seulement des habitants de la localité, mais encore de ceux des pays voisins. La science a bien indiqué comment on devait procéder pour parer à ce danger, mais on n'a pas encore trouvé le moyen de se conformer à ses prescriptions. Il y a donc là une question pendante, dont nous devons dire quelques mots à l'occasion d'une brochure récente qui s'y rapporte.


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