La judiciarisation criminelle des violences envers les femmes : Vers un droit sensible aux victimes?

2021 ◽  
Vol 33 (2) ◽  
pp. 131-154
Author(s):  
Rachel Chagnon ◽  
Carole Boulebsol ◽  
Michèle Frenette

Les violences envers les femmes dont les violences sexuelles, la violence conjugale ou encore l’exploitation sexuelle ne cessent de faire la manchette au Canada. De plus en plus, on demande au système judiciaire d’apporter des solutions afin de contribuer à endiguer ce fléau social. Le présent article s’inscrit dans cette discussion en revenant sur une recherche menée auprès d’une cinquantaine de femmes victimes de violence et en analysant leur perception du système de justice pénale. Cette recherche, rendue publique en 2018, faisait état des principales critiques des femmes à l’égard du système ainsi que de leurs recommandations pour l’améliorer. Notre objectif général sera de voir si le système judiciaire parvient à se renouveler afin de mieux répondre aux attentes de ces victimes.

2004 ◽  
Vol 14 (1) ◽  
pp. 31-47 ◽  
Author(s):  
Gilles Rondeau ◽  
Guylaine Sirois ◽  
Solange Cantin ◽  
Valérie Roy

Résumé Des tables de concertation intersectorielle en violence conjugale sont en place au Québec depuis plus de quinze ans. La politique gouvernementale Prévenir, dépister, contrer la violence conjugale de 1995 a choisi la concertation intersectorielle comme instrument d’action privilégié en la matière. Le présent article présente le profil de ces tables dans les différentes régions du Québec. Ces tables sont composées à la fois d’organismes communautaires et d’établissements des réseaux concernés. L’analyse des données révèle le caractère répandu et hétérogène de la concertation entre les secteurs santé et services sociaux, sécurité publique, justice, éducation et autres.


Criminologie ◽  
2002 ◽  
Vol 33 (1) ◽  
pp. 73-95 ◽  
Author(s):  
Dominique Damant ◽  
Jo Bélanger ◽  
Judith Paquet

Résumé Bien qu'un nombre important de recherches, pourtant diversifiées, aient été réalisées auprès de femmes victimes de violence conjugale, les études portant spécifiquement sur les femmes qui ont recours au système judiciaire se font plutôt rares. Les écrits consultés ont permis d'identifier entre autres des facteurs facilitant le recours au processus judiciaire et des facteurs le freinant. Plus récemment, d'autres études ont porté de façon plus particulière sur les liens pouvant exister entre le fait pour une victime de s'engager dans le système judiciaire et son processus d'empowerment. L'étude qui est l'objet du présent article s'est intéressée de façon particulière au processus d'empowerment de femmes victimes de violence conjugale qui ont eu recours au système judiciaire. Elle porte sur l'analyse de 29 entrevues semi-dirigées avec des femmes victimes de violence conjugale, engagées ou non dans un processus judiciaire. Le paradigme que nous avons retenu pour l'analyse des données est le paradigme structurel. Trois caractéristiques généralement liées à la définition de la violence faite aux femmes ont déterminé ce choix : la violence est située dans un contexte de relations de pouvoir caractérisées par la domination ; le caractère discriminant de ces relations de pouvoir est lié au fait d'appartenir à un sexe plutôt qu'à un autre ; la dimension sociale et publique du problème de la violence est reconnue. Le modèle de l'empowerment tel que nous l'avions élaboré semble approprié pour l'étude de trajectoires de femmes victimes de violence conjugale et laisse présager que toute démarche d'aide peut aider les femmes à s'engager dans un processus d'empowerment. Nos données nous permettent également d'identifier des éléments qui facilitent ce processus : support émotionnel ou informationnel. Nous n'avons toutefois pas pu cerner des éléments spécifiques au système judiciaire, en tant qu'institution sociale, qui favoriseraient le processus d'empowerment. Toutes les répondantes ont identifié des facteurs aidants et des obstacles. Seul le discours de nature plus sociale des répondantes différencie celles qui ont complété le parcours dans le système judiciaire des autres répondantes. L'hypothèse que nous retenons à ce moment-ci est que le fait de mener à terme des démarches judiciaires est plutôt indicateur d'empowerment. Si ceci s'avérait juste, on devrait en conclure que quelles que soient les décisions prises par les femmes à toutes les étapes du processus judiciaire, celles-ci doivent être respectées. Par ailleurs, l'information donnée, tout particulièrement en maison d'hébergement, qui analyse la violence conjugale comme un problème social et qui cherche à développer un mouvement de solidarité entre les femmes, semble être un facteur important dans le processus d'empowerment identifié dans cette étude. Nous croyons que l'utilisation du modèle du processus d'empowerment que nous avons élaboré peut être un apport intéressant en ce qui concerne l'intervention auprès des femmes victimes de violence conjugale. Le modèle permet d'identifier l'étape du processus à laquelle la victime se situe et les besoins qu'elle manifeste (émotifs, cognitifs, comportementaux). On pourra alors lui proposer un type d'aide et d'informations plus pertinent à ses besoins. L'utilisation de ce modèle offre aussi l'avantage de comprendre qu'il n'est peut-être pas le moment de proposer à une femme d'entreprendre une démarche légale et qu'elle n'est peut être pas prête à persévérer en ce sens.


2010 ◽  
Vol 22 (2) ◽  
pp. 159-175 ◽  
Author(s):  
Dominique Damant ◽  
Catherine Lebossé ◽  
Simon Lapierre ◽  
Sylvie Thibault ◽  
Geneviève Lessard ◽  
...  

Le présent article fait état des résultats d’une recherche qui visait à documenter les expériences de la maternité des femmes vivant dans un contexte de concomitance de violence conjugale et de mauvais traitements envers les enfants. Les résultats présentent le point de vue de ces femmes, notamment en ce qui a trait à l’intervention des services de santé et des services sociaux avec lesquels elles ont été en contact.


2007 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 40-57 ◽  
Author(s):  
Christine Corbeil ◽  
Isabelle Marchand1

Depuis la fin des années 1980, l’efficacité théorique et mobilisatrice de la pensée féministe, fréquemment dépeinte comme « blanche » et occidentale, a été remise en cause notamment par des féministes afro-américaines, hispano-américaines et indiennes. À l’intérieur même des études féministes et du mouvement des femmes émerge donc un questionnement sur la capacité du féminisme à prendre en compte l’hétérogénéité des statuts sociaux et des expériences des femmes. En d’autres termes, le féminisme est remis en question quant à sa capacité à élaborer une analyse de l’oppression des femmes qui reconnaît les effets conjugués du sexisme, du racisme, du « classisme » ou encore de l’homophobie. Dans le présent article, nous exposons dans un premier temps les principales critiques émises par des féministes noires et d’autres issues de groupes minoritaires à l’endroit du mouvement des femmes. Dans un deuxième temps, nous mettons en perspective le point de vue de chercheures et de thérapeutes féministes américaines ayant renouvelé leur vision et leurs pratiques d’intervention à la lumière de ces critiques. Dans un troisième temps sera précisée la signification du concept d’intersectionnalité, tel qu’il émerge dans la littérature féministe et, dans un quatrième temps, nous examinons l’apport de ce nouveau paradigme à l’intervention féministe appliquée auprès des femmes victimes de violence conjugale. En conclusion, nous signalerons quelques-uns des enjeux et des défis que pose l’intégration de l’approche intersectionnelle à l’intervention féministe.


2017 ◽  
Vol 34 (1) ◽  
pp. 141-155 ◽  
Author(s):  
Annie Dumont

Même s’il est bien connu que le point de vue des personnes exposées à la violence conjugale dans l’enfance ou l’adolescence peut agir comme facteur de risque ou de protection, encore peu de recherches s’intéressent à la subjectivité de ces personnes et à leur façon de définir cette violence. Le présent article examine les quelques recherches qui se sont penchées sur le point de vue des personnes exposées à cette violence et sur ce que celle-ci représente pour elles. Une analyse critique de ces études fait d’abord ressortir que ces personnes ont une façon bien à elles de comprendre le phénomène, mais qu’il y a des nuances importantes, puisqu’elles ne constituent pas un groupe homogène ayant un parcours de vie et un point de vue totalement identiques. Par ailleurs, les études recensées comportent aussi certaines limites qu’il faudra surmonter dans les recherches futures afin d’approfondir les connaissances sur le point de vue des personnes exposées à la violence conjugale et de répondre de façon plus adaptée à leurs besoins spécifiques.


2021 ◽  
Vol 30 (2) ◽  
pp. 75-92
Author(s):  
Wesley Lim

Le présent article analyse le film Moi, Tonya (Craig Gillespie, 2018) en se penchant particulièrement sur la technique théâtrale d’adresse directe à la caméra. Cette méthode crée un mode d’agitation qui fluctue entre l’effet de distanciation de Brecht et l’empathie. L’utilisation de gros plans faciaux, de zooms et de travellings dans des espaces intimes suscite des émotions chez l’auditoire à travers un récit alternatif de Tonya Harding. Cependant, les scènes sapent continuellement la confiance ainsi développée à travers le témoignage contradictoire et la figure de Tonya désignant le téléspectateur comme étant son « agresseur ». Moi, Tonya s’attaque de façon agressive aux répercussions sociales et politiques à plus grande échelle de la violence conjugale dans les ménages de faible statut socioéconomique aux États-Unis, la consommation médiatique dénuée de toute critique et les structures capitalistes.


Criminologie ◽  
2009 ◽  
Vol 42 (2) ◽  
pp. 9-29 ◽  
Author(s):  
Natacha Brunelle ◽  
Chantal Plourde ◽  
Michel Landry ◽  
Annie Gendron

Résumé Dans le présent article sont exposés les résultats d’une étude sur la consommation de substances psychoactives au Nunavik. Le volet qualitatif de cette étude comporte 108 entretiens semi-dirigés auprès de jeunes, de parents, de leaders et d’Aînés de quatre villages. L’analyse de contenu thématique des résultats a mis en lumière différentes raisons et différents effets de la consommation au Nunavik du point de vue des participants. Parmi les raisons évoquées par les interviewés, on retrouve le plaisir, l’ennui et le manque d’activités, la « colonisation », l’adaptation (coping) à divers problèmes (pauvreté, abus, suicide) et la transmission intergénérationnelle. Sur la question des conséquences de la consommation, les effets sur la famille, dont la violence conjugale et la négligence envers les enfants, mais aussi les comportements déviants, incluant la conduite avec capacités affaiblies, les voies de fait et les délits lucratifs ont été évoqués. Ces résultats sont discutés à la lumière des connaissances actuelles sur les causes et conséquences de la consommation chez les Inuits et les non-Inuits.


2015 ◽  
Vol 26 (2) ◽  
pp. 97-110 ◽  
Author(s):  
Marianne Chbat ◽  
Dominique Damant ◽  
Catherine Flynn

En prenant appui sur la matrice du pouvoir de Collins (2000), le présent article rend compte des résultats d’une recherche portant sur les expériences de maternité de femmes autochtones et de femmes racisées en contexte de violence conjugale. Les résultats sont présentés et discutés à la lumière de la matrice du pouvoir de Collins.


2011 ◽  
Vol 57 (1) ◽  
pp. 31-48 ◽  
Author(s):  
Simon Lapierre ◽  
Isabelle Côté

À la lumière de développements récents dans le champ de la protection de l’enfance, il s’avère important d’examiner comment les différents acteurs dans le système de protection conceptualisent les situations de violence conjugale. Le présent article aborde précisément cette question, s’appuyant sur les résultats d’une étude de cas réalisée dans un centre jeunesse du Québec. La méthodologie qualitative combinait une analyse documentaire des politiques et des entrevues individuelles réalisées auprès de différents acteurs dans le système de protection de l’enfance, soit des intervenants sociaux, des cadres intermédiaires, des cadres supérieurs et un réviseur. Dans l’ensemble, les résultats de cette étude révèlent que tous les participants reconnaissent que les intervenants en protection de la jeunesse sont confrontés à des situations de violence conjugale dans le cadre de leur travail et que de telles situations peuvent nécessiter l’intervention des services de protection de la jeunesse, du moins dans certaines circonstances. Selon les données recueillies, ces circonstances relèvent principalement des conséquences pour les enfants et des capacités parentales de leur mère. Par ailleurs, les résultats présentés ci-dessous semblent indiquer que les différents acteurs dans le système de protection de la jeunesse ne mettent pas l’accent sur la violence des hommes et sur la victimisation des femmes, mais bien sur l’exposition à la violence conjugale et sur ses conséquences pour les enfants. Ils sont préoccupés par la situation des femmes dans la mesure où cela met en cause leur capacité à assurer la sécurité et le développement de leurs enfants. Les femmes victimes de violence sont donc perçues comme une partie du problème, voire même comme la source du problème.


2015 ◽  
Vol 21 (1) ◽  
pp. 137-160 ◽  
Author(s):  
Dominique Damant ◽  
Jeanne Bernard ◽  
Marianne Chbat ◽  
Catherine Flynn

Le présent article rend compte des diverses formes d’oppression linguistique que certaines mères racisées, victimes de violence conjugale, ont rencontrées sur le plan structurel et interpersonnel en contexte montréalais. Ces résultats sont tirés d’une recherche plus large portant sur les expériences de maternité de femmes autochtones et de femmes racisées en contexte de violence conjugale.


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