scholarly journals LES POINTS DE VUE DE PERSONNES EXPOSÉES À LA VIOLENCE CONJUGALE

2017 ◽  
Vol 34 (1) ◽  
pp. 141-155 ◽  
Author(s):  
Annie Dumont

Même s’il est bien connu que le point de vue des personnes exposées à la violence conjugale dans l’enfance ou l’adolescence peut agir comme facteur de risque ou de protection, encore peu de recherches s’intéressent à la subjectivité de ces personnes et à leur façon de définir cette violence. Le présent article examine les quelques recherches qui se sont penchées sur le point de vue des personnes exposées à cette violence et sur ce que celle-ci représente pour elles. Une analyse critique de ces études fait d’abord ressortir que ces personnes ont une façon bien à elles de comprendre le phénomène, mais qu’il y a des nuances importantes, puisqu’elles ne constituent pas un groupe homogène ayant un parcours de vie et un point de vue totalement identiques. Par ailleurs, les études recensées comportent aussi certaines limites qu’il faudra surmonter dans les recherches futures afin d’approfondir les connaissances sur le point de vue des personnes exposées à la violence conjugale et de répondre de façon plus adaptée à leurs besoins spécifiques.

2004 ◽  
Vol 14 (1) ◽  
pp. 31-47 ◽  
Author(s):  
Gilles Rondeau ◽  
Guylaine Sirois ◽  
Solange Cantin ◽  
Valérie Roy

Résumé Des tables de concertation intersectorielle en violence conjugale sont en place au Québec depuis plus de quinze ans. La politique gouvernementale Prévenir, dépister, contrer la violence conjugale de 1995 a choisi la concertation intersectorielle comme instrument d’action privilégié en la matière. Le présent article présente le profil de ces tables dans les différentes régions du Québec. Ces tables sont composées à la fois d’organismes communautaires et d’établissements des réseaux concernés. L’analyse des données révèle le caractère répandu et hétérogène de la concertation entre les secteurs santé et services sociaux, sécurité publique, justice, éducation et autres.


2012 ◽  
Vol 58 (1) ◽  
pp. 32-54
Author(s):  
Bernard Roy ◽  
Maria De Koninck ◽  
Michelle Clément ◽  
Éric Couto

Dans le cadre d’une recherche portant sur les inégalités de santé en milieu de vie de trois territoires de la région de Québec, la présence d’écarts appréciables est ressortie au sein de deux sous-populations : les familles monoparentales ayant de jeunes enfants et les hommes de 45 à 64 ans d’un quartier urbain. Devant ces résultats, l’équipe de recherche a élaboré une seconde étude afin de repérer les facteurs structurels et sociaux pouvant être en jeu dans la production de ces inégalités. Ce sont les résultats portant sur les hommes et découlant de cette seconde recherche qui sont discutés dans le présent article. Une approche par parcours de vie a été adoptée et les données recueillies ont été analysées chronologiquement et selon différents parcours de vie (famille d’origine, vécu scolaire, travail, parcours résidentiel). Les caractéristiques personnelles, les liens sociaux et les ressources sociosanitaires utilisées par les répondants ont également été pris en compte. Chacun des parcours présentés par chaque entrevue a aussi été caractérisé par la résilience ou la non-résilience selon une démarche consensuelle interjuge afin d’en dégager des facteurs de vulnérabilité ou de protection. L’article se conclut par une discussion établissant des liens entre les résultats obtenus et d’autres recherches qui se sont intéressées aux réalités vécues par les hommes.


Criminologie ◽  
2002 ◽  
Vol 33 (1) ◽  
pp. 73-95 ◽  
Author(s):  
Dominique Damant ◽  
Jo Bélanger ◽  
Judith Paquet

Résumé Bien qu'un nombre important de recherches, pourtant diversifiées, aient été réalisées auprès de femmes victimes de violence conjugale, les études portant spécifiquement sur les femmes qui ont recours au système judiciaire se font plutôt rares. Les écrits consultés ont permis d'identifier entre autres des facteurs facilitant le recours au processus judiciaire et des facteurs le freinant. Plus récemment, d'autres études ont porté de façon plus particulière sur les liens pouvant exister entre le fait pour une victime de s'engager dans le système judiciaire et son processus d'empowerment. L'étude qui est l'objet du présent article s'est intéressée de façon particulière au processus d'empowerment de femmes victimes de violence conjugale qui ont eu recours au système judiciaire. Elle porte sur l'analyse de 29 entrevues semi-dirigées avec des femmes victimes de violence conjugale, engagées ou non dans un processus judiciaire. Le paradigme que nous avons retenu pour l'analyse des données est le paradigme structurel. Trois caractéristiques généralement liées à la définition de la violence faite aux femmes ont déterminé ce choix : la violence est située dans un contexte de relations de pouvoir caractérisées par la domination ; le caractère discriminant de ces relations de pouvoir est lié au fait d'appartenir à un sexe plutôt qu'à un autre ; la dimension sociale et publique du problème de la violence est reconnue. Le modèle de l'empowerment tel que nous l'avions élaboré semble approprié pour l'étude de trajectoires de femmes victimes de violence conjugale et laisse présager que toute démarche d'aide peut aider les femmes à s'engager dans un processus d'empowerment. Nos données nous permettent également d'identifier des éléments qui facilitent ce processus : support émotionnel ou informationnel. Nous n'avons toutefois pas pu cerner des éléments spécifiques au système judiciaire, en tant qu'institution sociale, qui favoriseraient le processus d'empowerment. Toutes les répondantes ont identifié des facteurs aidants et des obstacles. Seul le discours de nature plus sociale des répondantes différencie celles qui ont complété le parcours dans le système judiciaire des autres répondantes. L'hypothèse que nous retenons à ce moment-ci est que le fait de mener à terme des démarches judiciaires est plutôt indicateur d'empowerment. Si ceci s'avérait juste, on devrait en conclure que quelles que soient les décisions prises par les femmes à toutes les étapes du processus judiciaire, celles-ci doivent être respectées. Par ailleurs, l'information donnée, tout particulièrement en maison d'hébergement, qui analyse la violence conjugale comme un problème social et qui cherche à développer un mouvement de solidarité entre les femmes, semble être un facteur important dans le processus d'empowerment identifié dans cette étude. Nous croyons que l'utilisation du modèle du processus d'empowerment que nous avons élaboré peut être un apport intéressant en ce qui concerne l'intervention auprès des femmes victimes de violence conjugale. Le modèle permet d'identifier l'étape du processus à laquelle la victime se situe et les besoins qu'elle manifeste (émotifs, cognitifs, comportementaux). On pourra alors lui proposer un type d'aide et d'informations plus pertinent à ses besoins. L'utilisation de ce modèle offre aussi l'avantage de comprendre qu'il n'est peut-être pas le moment de proposer à une femme d'entreprendre une démarche légale et qu'elle n'est peut être pas prête à persévérer en ce sens.


2008 ◽  
Vol 17 (1) ◽  
pp. 73-95 ◽  
Author(s):  
Donna L. Lamping ◽  
Lawrence Joseph ◽  
Bill Ryan ◽  
Norbert Gilmore

RÉSUMÉ Le présent article décrit les préoccupations psychologiques reliées au VIH dans un échantillon montréalais de 128 personnes atteintes du virus, qui ont participé à une enquête nationale plus large sur les besoins et les services en santé mentale en rapport avec cette infection au Canada. Nous avons examiné les problèmes psychologiques causés par le VIH à Montréal, en comparaison d'autres villes du Canada, et dans divers sous-groupes définis selon le sexe, l'âge, le diagnostic et le facteur de risque. Les résultats montrent que même si l'infection au VIH a de fortes et profondes incidences sur la santé mentale, il existe des différences dans les genres de préoccupations et de problèmes qui affligent des groupes particuliers de répondants montréalais. L'incertitude de l'avenir et l'incapacité de réaliser ses buts dans la vie, ainsi que des sentiments d'impuissance et de peur face aux conséquences neurologiques virtuelles du VIH, étaient des sources majeures de détresse psychologique. Les sentiments de dépression, d'anxiété et de colère, de même que les inquiétudes soulevées par une détérioration physique croissante, la douleur, le danger d'infecter autrui, la confidentialité et la situation financière, étaient des sujets d'angoisse prédominants parmi les sous-groupes étudiés. Les différences entre les répondants en termes de sources de revenu, d'âge et de sexe et, dans une moindre mesure, de diagnostic et de facteur de risque, étaient associées à des niveaux variables de détresse psychologique. Bien que les répondants de Montréal (et de Vancouver) étaient moins angoissés que ceux de Toronto et de Halifax, cette divergence semblait tenir principalement à des différences d'âge et de revenu. Les données de l'enquête pourront servir aux décideurs et aux planificateurs du domaine de la santé à mettre au point les services nécessaires pour répondre aux besoins psychologiques des adultes atteints du VIH.


2010 ◽  
Vol 22 (2) ◽  
pp. 159-175 ◽  
Author(s):  
Dominique Damant ◽  
Catherine Lebossé ◽  
Simon Lapierre ◽  
Sylvie Thibault ◽  
Geneviève Lessard ◽  
...  

Le présent article fait état des résultats d’une recherche qui visait à documenter les expériences de la maternité des femmes vivant dans un contexte de concomitance de violence conjugale et de mauvais traitements envers les enfants. Les résultats présentent le point de vue de ces femmes, notamment en ce qui a trait à l’intervention des services de santé et des services sociaux avec lesquels elles ont été en contact.


2007 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 40-57 ◽  
Author(s):  
Christine Corbeil ◽  
Isabelle Marchand1

Depuis la fin des années 1980, l’efficacité théorique et mobilisatrice de la pensée féministe, fréquemment dépeinte comme « blanche » et occidentale, a été remise en cause notamment par des féministes afro-américaines, hispano-américaines et indiennes. À l’intérieur même des études féministes et du mouvement des femmes émerge donc un questionnement sur la capacité du féminisme à prendre en compte l’hétérogénéité des statuts sociaux et des expériences des femmes. En d’autres termes, le féminisme est remis en question quant à sa capacité à élaborer une analyse de l’oppression des femmes qui reconnaît les effets conjugués du sexisme, du racisme, du « classisme » ou encore de l’homophobie. Dans le présent article, nous exposons dans un premier temps les principales critiques émises par des féministes noires et d’autres issues de groupes minoritaires à l’endroit du mouvement des femmes. Dans un deuxième temps, nous mettons en perspective le point de vue de chercheures et de thérapeutes féministes américaines ayant renouvelé leur vision et leurs pratiques d’intervention à la lumière de ces critiques. Dans un troisième temps sera précisée la signification du concept d’intersectionnalité, tel qu’il émerge dans la littérature féministe et, dans un quatrième temps, nous examinons l’apport de ce nouveau paradigme à l’intervention féministe appliquée auprès des femmes victimes de violence conjugale. En conclusion, nous signalerons quelques-uns des enjeux et des défis que pose l’intégration de l’approche intersectionnelle à l’intervention féministe.


Author(s):  
Mathilde Bigo

Cadre de la recherche :Les résultats exposés dans le présent article sont le fruit d’une recherche doctorale réalisée à l’université Rennes 2 et dont la thèse a été soutenue en 2015.Objectifs :Cet article interroge, dans une perspective genrée, les mobilités résidentielles des femmes âgées, en différenciant les mobilités qui se déroulent avant la mise en retraite de celles intervenant après la retraite.Méthodologie :En s’appuyant sur un échantillon de 21 femmes âgées de 62 à 91 ans habitant des communes littorales en région Bretagne, des analyses ont été effectuées concernant les évènements qui constituent des transitions dans le parcours de vie, pour comprendre les causes données aux mobilités résidentielles : temps libre, veuvage, maladie.Résultats :La mise en retraite est, pour certaines, l’occasion de renégocier les rapports de pouvoir au sein du couple, lorsque la vie maritale avait imposé de suivre les mobilités du conjoint. Pour d’autres femmes, seules, la mobilité résidentielle de retraite est une mobilité dépourvue de contraintes salariales et familiales. Pour autant, la mobilité résidentielle n’est pas toujours choisie. Elle peut, au contraire, être forcée par le manque de ressources financières lors du veuvage, par le besoin de se rapprocher des services, ou encore par un nécessaire réaménagement de l’architecture intérieure du logement.Conclusions :L’analyse des mobilités résidentielles des femmes à la retraite révèle que les rapports sociaux de sexe sont prégnants dans les modalités de choix résidentiel et que les caractéristiques de la ville, en plus de celles du bord de mer, sont largement structurantes dans le choix de résidence.Contribution :En croisant les problématiques liées au genre et à l’avancée en âge, et en les inscrivant spatialement, cette recherche en géographie sociale met l’accent sur la façon dont le nouvel espace de vie, à l’heure de la vieillesse, peut devenir ressource voire possibilité d’émancipation.


Author(s):  
M. Miszkurka ◽  
C. Steensma ◽  
S. P. Phillips

Introduction La connaissance des corrélats personnels et interpersonnels de la violence chez les aînés canadiens est limitée. Cette étude établit les corrélats de la violence actuelle et passée infligée par un conjoint ou un membre de la famille chez les aînés canadiens résidant dans la collectivité, en tenant compte des conditions défavorables dans l’enfance. Méthodologie Nous avons procédé à une analyse de régression logistique des données de base d’une étude longitudinale sur des personnes de 65 à 74 ans résidant dans la collectivité à Kingston (Ontario) et à Saint-Hyacinthe (Québec). La violence familiale a été mesurée avec l’outil d’évaluation du risque Frapper-Insulter-Menacer-Crier (FIMC) (Hurt-Insult-Threaten-Scream, HITS). Les rapports de cotes (RC) ont été établis avec un intervalle de confiance (IC) à 95 %. Résultats Dix-huit pour cent des sujets de l’échantillon ont déclaré subir de la violence de nature psychologique. Les femmes présentaient un risque plus élevé que les hommes de subir ou d’avoir subi de la violence de la part d’un membre de leur famille (violence actuelle : RC ajusté ¼ 1,83; IC à 95 % : 1,02 à 3,30) et de la part d’un conjoint au cours de leur vie (RC ajusté ¼ 2,48; IC à 95 % : 1,40 à 4,37). Les facteurs de risque accumulés au cours de la vie associés systématiquement à la violence actuelle et passée sont d’avoir été témoin de violence domestique dans l’enfance (violence au cours de la vie infligée par un membre de la famille : RC ajusté ¼ 9,46; IC à 95 % : 5,11 à 17,52) ainsi que des relations de mauvaise qualité avec le conjoint, la famille et les amis. Conclusion Notre recherche documente les conséquences à long terme de conditions défavorables dans l’enfance sur la violence conjugale et familiale au Canada. Nos résultats isolent certains facteurs évitables associés à la violence psychologique actuelle et passée chez les personnes âgées résidant dans la collectivité au Canada.


2021 ◽  
Vol 30 (2) ◽  
pp. 75-92
Author(s):  
Wesley Lim

Le présent article analyse le film Moi, Tonya (Craig Gillespie, 2018) en se penchant particulièrement sur la technique théâtrale d’adresse directe à la caméra. Cette méthode crée un mode d’agitation qui fluctue entre l’effet de distanciation de Brecht et l’empathie. L’utilisation de gros plans faciaux, de zooms et de travellings dans des espaces intimes suscite des émotions chez l’auditoire à travers un récit alternatif de Tonya Harding. Cependant, les scènes sapent continuellement la confiance ainsi développée à travers le témoignage contradictoire et la figure de Tonya désignant le téléspectateur comme étant son « agresseur ». Moi, Tonya s’attaque de façon agressive aux répercussions sociales et politiques à plus grande échelle de la violence conjugale dans les ménages de faible statut socioéconomique aux États-Unis, la consommation médiatique dénuée de toute critique et les structures capitalistes.


2021 ◽  
Vol 33 (2) ◽  
pp. 131-154
Author(s):  
Rachel Chagnon ◽  
Carole Boulebsol ◽  
Michèle Frenette

Les violences envers les femmes dont les violences sexuelles, la violence conjugale ou encore l’exploitation sexuelle ne cessent de faire la manchette au Canada. De plus en plus, on demande au système judiciaire d’apporter des solutions afin de contribuer à endiguer ce fléau social. Le présent article s’inscrit dans cette discussion en revenant sur une recherche menée auprès d’une cinquantaine de femmes victimes de violence et en analysant leur perception du système de justice pénale. Cette recherche, rendue publique en 2018, faisait état des principales critiques des femmes à l’égard du système ainsi que de leurs recommandations pour l’améliorer. Notre objectif général sera de voir si le système judiciaire parvient à se renouveler afin de mieux répondre aux attentes de ces victimes.


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