Nouveautés dans le syndrome des anticorps antiphospholipides en réanimation

Author(s):  
Marc Pineton de Chambrun ◽  
Alexis Mathian ◽  
Charles-Édouard Luyt ◽  
Alain Combes ◽  
Zahir Amoura

Le syndrome des anticorps antiphospholipides (SAPL) est une maladie auto-immune systémique définie par la survenue d’événements thrombotiques ou obstétricaux associés à la positivité persistante (au moins 12 semaines) d’anticorps antiphospholipides (aPL). Le SAPL peut conduire les malades en réanimation sous la forme d’un orage thrombotique, appelé « syndrome catastrophique des anticorps antiphospholipides » ou CAPS. Il a été défini comme la survenue en moins de sept jours d'au moins trois atteintes d'organes, de tissus ou de systèmes, liées à des thromboses microvasculaires prouvées chez des malades ayant des titres d'anticorps antiphospholipides élevés. Il a fait l’objet d’un consensus international avec élaboration de critères internationaux de classification. Les thromboses peuvent intéresser tous les vaisseaux et tous les organes. Lorsqu’elles sont microvasculaires, elles réalisent la forme typique du CAPS et ne peuvent être diagnostiquées que par la biopsie de l’organe atteint. La thrombopénie est le maitre signe biologique du syndrome. Elle est quasi constante, parfois profonde et souvent associée à une anémie sans réaliser fréquemment un syndrome de microangiopathie thrombotique. Il s'agit d'une maladie très rare, rendant quasiment impossible les essais cliniques randomisés. L’anticoagulation est le seul traitement à avoir été associé à une diminution de la mortalité dans plusieurs cohortes. Une triple thérapie associant une anticoagulation, une corticothérapie à forte dose et soit des échanges plasmatiques soit des immunoglobulines intraveineuses a été retenue comme le traitement de référence des malades graves. Le pronostic du CAPS reste sévère avec une mortalité à un an des patients admis en réanimation de l’ordre de 34 %. Compte tenu de la rareté et de la sévérité de ce syndrome, une prise en charge diagnostique et thérapeutique collégiale entre médecins intensivistes et internistes est indispensable.

2018 ◽  
Vol 27 (5) ◽  
pp. 461-474
Author(s):  
T. Urbina ◽  
C. Hua ◽  
E. Sbidian ◽  
S. Ingen-Housz-Oro ◽  
T.-A. Duong ◽  
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Les urgences dermatologiques nécessitant une admission en réanimation sont rares mais associées à une mortalité élevée et à de lourdes séquelles à long terme. Elles sont essentiellement représentées par les infections nécrosantes des tissus mous (également appelées : dermohypodermites bactériennes nécrosantes-fasciites nécrosantes [DHBN-FN]) et par les toxidermies graves que sont les nécrolyses épidermiques (comprenant le syndrome de Lyell ou nécrolyse épidermique toxique [NET], le syndrome de Stevens-Johnson [SJS] et le DRESS (drug reaction with eosinophilia and systemic symptoms)). Elles ont pour caractéristiques communes un diagnostic souvent difficile, la nécessité d’une approche multidisciplinaire et de soins paramédicaux lourds et spécifiques, imposant fréquemment le transfert dans un centre expert. Le traitement des DHBN-FN est médicochirurgical, associant un débridement chirurgical précoce et une antibiothérapie probabiliste à large spectre. La présence de signes de gravité locaux (nécrose, crépitation, douleur intense) ou généraux (sepsis, choc septique) est une indication d’urgence à l’exploration chirurgicale. Sa précocité est le principal facteur pronostique modifiable, les recommandations de thérapeutiques complémentaires (immunoglobulines intraveineuses, oxygénothérapie hyperbare, pansement à pressions négatives, ...) reposant à ce jour sur un faible niveau de preuve. L’élément essentiel de la prise en charge des toxidermies graves est la recherche et l’arrêt du médicament imputable, facteur essentiel du pronostic. Le SJS et le NET, en général associés à une ou plusieurs atteintes muqueuses, entraînent dans les formes les plus graves une défaillance cutanée aiguë. La prise en charge repose sur les soins de support (correction des troubles hydroélectrolytiques, prévention de l’hypothermie, prévention et traitement des épisodes infectieux, analgésie et anxiolyse, soins locaux). Les complications infectieuses et respiratoires sont les principales causes de décès à la phase aiguë. Aucun traitement spécifique n’a fait la preuve de son efficacité à ce jour. Le diagnostic de DRESS est difficile, et la prise en charge doit être multidisciplinaire. Sa gravité tient aux possibles atteintes viscérales associées (hépatique, rénale et cardiaque) qui justifient dans les formes graves d’une corticothérapie urgente.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S16-S16
Author(s):  
N. Franck

La psychoéducation a pour objectif de transmettre aux patients des notions concernant leur maladie et leur traitement, afin qu’ils puissent se les approprier et ainsi s’investir activement dans leur prise en charge en retrouvant une position d’acteurs. La psychoéducation s’apparente à l’éducation thérapeutique. Cette expression, qui a été retenue par la Haute Autorité de santé, désigne un processus continu d’apprentissage intégré à la démarche de soins, comprenant des activités organisées de sensibilisation, d’information, d’apprentissage, et d’aide psychologique et sociale. Elle est destinée à aider les patients et leurs familles à mieux comprendre leur maladie et leur traitement. Différents décrets et arrêtés fixent les modalités d’autorisation des programmes d’éducation thérapeutique du patient par l’Agence régionale de santé et les compétences requises pour les dispenser. Le terme psychoéducation va au-delà de l’éducation thérapeutique, en ce qu’il implique une démarche active de la part du patient. Les particularités cognitives et émotionnelles de la schizophrénie et la stigmatisation dont elle fait l’objet doivent être prises en compte. L’efficacité de la psychoéducation des patients et des familles a été mise en évidence par des essais cliniques contrôlés et plusieurs méta-analyses. De ce fait, elle doit être systématiquement proposée à tous les patients souffrant de schizophrénie, ainsi qu’à leur entourage familial. Elle est particulièrement utile dans le contexte de la réhabilitation psychosociale, qui vise à renforcer les ressources personnelles des patients.


Author(s):  
Yamina Ouarhlent ◽  
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Hanane Salhi ◽  
Hamida Laiadhi ◽  
Khadija Meklid ◽  
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Le TRALI syndrome (transfusion-related acute lung injury) désigne l’oedème aigu pulmonaire (OAP) lésionnel survenu après la transfusion de produits sanguins labiles (PSL). C’est une complication rare mais potentiellement fatale de la transfusion sanguine. Son incidence est sous-estimée. En 1951, des réactions post-transfusionnelles se manifestant par un oedème pulmonaire non-cardiogénique avaient été rapportées. En 1985 cette entité fut individualisée par Popovsky et désignée TRALI. Le TRALI était la principale cause de décès post-transfusionnels déclarés à la Food and Drug Administration des États –Unis en 2003. Tous les produits sanguins labiles contenant du plasma peuvent engendrer un TRALI, quant aux medicaments dérivés du sang, les immunoglobulines intraveineuses ont été incriminées et aussi les injections de cellules souches hématopoïétiques. L’étiologie repose sur 2 hypothèses : l’hypothèse des anticorps et l’hypothèse d’amorçage des neutrophiles. L’atteinte pulmonaire aigue par un accroissement de la perméabilité des capillaires qui peut entrainer un oedème pulmonaire. Le diagnostic est clinique et radiologique. Le TRALI est sous-estimé, il est important de mieux caractériser son incidence et son issue en hématologie et ce pour étudier les problèmes du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique et de sensibiliser à cette réaction les professionnels de santé et ce pour pouvoir réduire l’incidence en réservant les produits sanguins aux indications appropriées. Nous rapportons un cas de Trali survenu chez une patiente hospitalisée pour une leucémie aigüe lymphoblastique (LAL) et ce à la suite de transfusion de 2 concentrés plaquettaires (CUP).


2019 ◽  
Vol 10 (2) ◽  
pp. 89-93
Author(s):  
A. Warnant ◽  
T. Moumneh ◽  
P.-M. Roy ◽  
A. Penaloza

La douleur thoracique est un motif très fréquent de consultation aux urgences. Le diagnostic différentiel est large et regroupe diverses étiologies parmi lesquelles les syndromes coronariens aigus (SCA) qui sont à l’avantplan. L’exclusion d’un SCA demeure une priorité absolue pour l’urgentiste au vu de la morbidité et de la mortalité qui lui sont associées. Afin d’aider le praticien dans sa démarche diagnostique, plusieurs algorithmes ont été élaborés pour exclure et diagnostiquer efficacement un SCA. Ceux-ci intègrent des données cliniques, électrocardiographiques et le dosage de la troponine. Leur utilisation est relativement simple et a été validée dans plusieurs essais cliniques. Ils permettent d’écarter le diagnostic de SCA chez une proportion significative de patients, avec une marge d’erreur très faible. Le score HEART se montre supérieur aux autres scores existants, et son application en salle d’urgences permet d’orienter de manière adéquate la démarche diagnostique, afin de réduire les investigations complémentaires et d’accélérer la prise en charge. Afin d’exclure un SCA sans recourir au dosage de la troponine, la règle CARE a été proposée récemment avec des résultats prometteurs. Issue directement du score HEART, elle permet d’écarter très rapidement le diagnostic de SCA puisqu’elle se passe de dosage biologique tout en gardant un profil de sécurité semblable.


2019 ◽  
Vol 35 ◽  
pp. 46-50
Author(s):  
Vincent Laugel ◽  
Ariane Herson ◽  
Claire-Cécile Michon ◽  
Jean-François Malaterre ◽  
Sandrine Segovia-Kueny

Disposer de médicaments innovants pour soigner les maladies neuromusculaires marque incontestablement un tournant historique. Ce bond en avant scientifique suscite bien des interrogations éthiques, qu’elles concernent la prise en charge des patients, la participation aux essais cliniques ou encore le dépistage néonatal. Autant de pistes de réflexion ouvertes, en trois questions.


2006 ◽  
Vol 13 (suppl b) ◽  
pp. 10B-20B
Author(s):  
Kenneth R Chapman ◽  
André Cartier ◽  
Jacques Hébert ◽  
R Andrew McIvor ◽  
R Robert Schellenberg

CONTEXTE : Un nouveau traitement anti-immunoglobuline E (anti-IgE) contre l’asthme, l’omalizumab, a été approuvé au Canada.OBJECTIF : Passer en revue les données fondamentales et cliniques sur l’omalizumab et examiner le rôle possible de ce médicament dans la prise en charge de l’asthme au Canada.MÉTHODOLOGIE : Une recherche documentaire a été effectuée dans MEDLINE afin de repérer les études menées de 1960 à 2006 sur l’omalizumab. La recherche a également porté sur les résumés de réunions scientifiques récentes dans le domaine des maladies respiratoires et des allergies; par ailleurs, toute donnée non publiée a été demandée au fabricant. Après avoir revu et résumé les données, un comité mixte constitué de spécialistes des maladies respiratoires et des allergies a rédigé un ensemble de recommandations relatives à l’utilisation de l’omalizumab.RÉSULTATS : L’omalizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui se lie au domaine C epsilon 3 de la molécule d’IgE pour former des complexes immuns solubles qui sont éliminés par le système réticulo-endothélial. L’administration d’injections sous-cutanées espacées de deux ou de quatre semaines à la dose recommandée entraîne une diminution rapide des taux d’IgE circulantes libres. Lors de deux essais cliniques de phase III menés auprès de 1 405 adultes et adolescents atteints d’asthme modéré à grave qui recevaient des doses moyennes stables de corticostéroïdes en inhalation (CSI), l’omalizumab a diminué les taux d’exacerbation par rapport au placebo et a été associé à une amélioration des symptômes ainsi qu’à une épargne plus importante des corticostéroïdes. Dans un essai mené auprès de 419 patients atteints d’asthme grave non maîtrisé malgré l’utilisation de doses élevées de CSI et de la prise concomitante d’agonistes bêta-2 à action prolongée, les exacerbations graves étaient de 50 % moins fréquentes chez les patients traités par l’omalizumab que chez les sujets témoins. Des analyses rétrospectives ont permis d’identifier les caractéristiques des patients les plus susceptibles de répondre au traitement par l’omalizumab.RECOMMANDATIONS : L’omalizumab pourrait être envisagé comme traitement d’appoint dans les cas atopiques d’asthme grave non maîtrisé avec des traitements classiques par des doses optimales de CSI et un traitement d’appoint approprié (p. ex. : agonistes bêta-2 à action prolongée). En général, les patients sont classés en fonction de leur recours – traitement court et fréquent ou continu et oral – aux corticostéroïdes. Il ne faut amorcer le traitement qu’après avoir consulté un spécialiste pour confirmer le diagnostic et s’assurer que le traitement classique est optimal.


2021 ◽  
Vol 8 (2) ◽  
pp. 157-161
Author(s):  
Kamel Hamizi ◽  
◽  
Souad Aouidane ◽  

Contrairement à l'abstention-surveillance, la surveillance active est une modalité de prise en charge curative. Elle vise à retarder le traitement d'une tumeur peu agressive jusqu’au moment où elle le deviendra tout en restant dans la fenêtre de curabilité de la maladie. À travers une lecture de littératures, nous allons essayer de maitre la lumière sur la place et les modalités de la surveillance active, dans les groupes favorables des cancers de la prostate et de répondre aux questions suivantes : Pourquoi la surveillance active ? Pour qui ? Comment l’instauré ? et quand doit-on l’arrêter ? La majorité des essais, cliniques publiés s’accordent à dire, que la surveillance active est une attitude parfaitement adaptée aux patients du groupe favorable d’AMICO, voire même une partie du groupe intermédiaire bas risque. Les résultats en matière de survie globale et d’évènement métastatiques, sont similaires à ceux des patients traités d’emblée par chirurgie et ou radiothérapie, avec en plus moins de toxicité. La surveillance est basée essentiellement sur le dosage périodique du PSA, rebiopsie selon des protocoles propres à chaque équipe. La décision du passage aux traitements invasifs, sera conditionnée par la progression du score Gleason, selon des algorithmes dont certains, sont déjà validés à l’international. La surveillance active, doit faire partie intégrante des décisions de prise en charge des adénocarcinomes prostatiques localisés favorables. Cette attitude nous permet, d’éviter de surtraiter un grand nombre, de petites lésions non évolutives, tout en ayant la possibilité et les moyens, de rattraper les lésions qui progressent.


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