scholarly journals Le vieillissement au travail et en emploi : bilan synthèse des travaux récents

2002 ◽  
pp. 51-61
Author(s):  
Hélène David

RÉSUMÉ Ce bilan synthèse souligne la place marginale qu'occupent les travaux sur le vieillissement au travail et en emploi, malgré la centrante du travail dans les sociétés industrielles avancées et les conséquences importantes des conditions de travail et des itinéraires professionnels antérieurs pour la vie à la retraite. Le champ de la vieillesse et du vieillissement étant délimité à partir de critères d'âge et d'exclusion du marché du travail, le rôle du travail et de l'emploi en tant que facteurs structurants du processus de vieillissement est occulté. Les travaux sur cette question sont relativement peu nombreux, bien qu'en croissance depuis la dernière décennie. On peut les partager en trois grandes catégories, selon leurs objets d'analyse: 1) les analyses des statistiques sur la population active, 2) les études des politiques et pratiques des entreprises et de leurs effets sur la main-d'œuvre vieillissante et 3) les études sur différentes catégories de travailleuses et de travailleurs vieillissants. En conclusion, le peu d'influence de ces travaux de recherche sur les acteurs sociaux concernés est attribuée à la faible intervention de l'État dans la vie économique et dans les activités des entreprises privées.

2013 ◽  
Vol 88 (2) ◽  
pp. 197-229 ◽  
Author(s):  
Benjamin Fomba Kamga

L’objectif de cet article est d’étudier les différentiels de salaires entre les différents contrats de travail observés dans les entreprises formelles du secteur manufacturier camerounais en utilisant une technique économétrique qui traite les statuts contractuels comme une variable endogène, discrète et multinomiale. La particularité du marché du travail camerounais est prise en compte à travers le caractère écrit ou verbal du contrat de travail. Les données utilisées ont été collectées dans le cadre du projet sur « Les conditions de travail dans le secteur manufacturier camerounais » réalisée en 2006. Les analyses économétriques basées sur un échantillon de 1809 employés permettent de montrer que : (i) les contrats de travail constituent une base de la segmentation du marché du travail, (ii) le différentiel salarial entre les employés sous contrat verbal et ceux sous contrat à durée déterminée est expliqué par la différence des caractéristiques entre les deux groupes d’employés alors que le différentiel salarial entre les employés sous contrat à durée indéterminée et ceux sous contrat à durée déterminée est mieux expliqué par la précarité de l’emploi c’est-à-dire le fait d’être sur le marché secondaire.


2015 ◽  
Vol 70 (2) ◽  
pp. 353-380 ◽  
Author(s):  
Jacques Rouillard ◽  
Jean-François Rouillard

Notre article évalue la croissance des salaires réels des travailleurs au Canada du début du 20e siècle jusqu’à 2013, en considérant à la fois les salaires des travailleurs syndiqués et non syndiqués. Cette évolution est mise en relation avec la hausse de la productivité du travail afin de vérifier la théorie de l’économiste Robert Solow voulant que la croissance des salaires réels progresse au même rythme que la productivité du travail. Nous relevons l’évolution des salaires en trois temps selon les modes dominants de régulation des relations de travail : 1900-1939, 1940-1979 et 1980-2013. La première phase, celle du libéralisme, est marquée par la négociation individuelle des conditions de travail et l’amorce de la syndicalisation. La deuxième se situe dans la mouvance keynésienne et est caractérisée par le militantisme syndical et l’aide de l’État. La troisième, qui s’inscrit dans l’affirmation du néolibéralisme, voit le recul du syndicalisme et de l’appui apporté par les gouvernements. De notre analyse, il ressort que trois importants facteurs influencent la détermination des salaires : 1-la croissance économique ; 2-l’action de l’État ; et 3- le militantisme syndical. Notre recherche montre que les salaires réels moyens des travailleurs au Canada n’ont guère augmenté au-delà de l’inflation depuis les trois dernières décennies malgré un accroissement de la productivité du travail. Ce quasi-gel du pouvoir d’achat des travailleurs est notamment attribuable à des transformations du marché du travail, à l’érosion du rapport de force des salariés dans les entreprises et aux valeurs néolibérales qui s’imposent auprès des gouvernements. En revanche, les années antérieures se présentent sous un tout autre jour puisque les salariés profitent de la croissance économique et de la hausse de la productivité du travail. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, leur pouvoir d’achat fait plus que doubler, en même temps qu’ils peuvent bénéficier d’une réduction de leurs heures de travail et de nombreux autres avantages sociaux. Cet avancement est le résultat de la forte croissance économique, de la hausse du taux de syndicalisation et de politiques gouvernementales keynésiennes axées sur la stimulation de la consommation. De 1901 à 1940, les salariés profitèrent également du développement industriel, même si les rapports qui déterminent l’embauche et les conditions de travail sont surtout de nature individuelle basés sur les lois du marché. Au cours de cette période, l’action de l’État demeure marginale, mais des syndicats réussissent à imposer la négociation collective.


Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Laurence Jacquet ◽  
Bruno Van der Linden

Les négociations salariales dans le cadre de l’accord interprofessionnel 2003-2004 vont prochainement débuter. Ce numéro de Regards Economiques se penche sur les enjeux, les raisons et les modalités de la modération salariale en Belgique. 1.   Les enjeux Face à l’arbitrage entre salaire et emploi étayé ci-dessous, notre point de vue est qu’il faut davantage mettre l’accent sur le développement de l’emploi que sur la croissance des salaires. Cette priorité à l’emploi s’explique par le rôle de celui-ci dans l’insertion sociale et par le souci de sauvegarder une sécurité sociale efficace face au choc du vieillissement de la population et en présence de notre fort endettement public. Nous sommes bien conscients que l’emploi doit vérifier certaines caractéristiques pour être un vecteur d’insertion sociale. Même si nous n’abordons pas ces aspects ici, la négociation collective et la législation relatives aux conditions de travail sont donc essentielles elles aussi. 2.   Les raisons L’analyse d’un éventail de données statistiques livrent plusieurs enseignements. Primo, ils rappellent que le niveau du coût salarial en Belgique est parmi les plus élevés en Europe. Secundo, il semble bien que la croissance du coût salarial en Belgique ait pu effectivement être maîtrisée depuis l’entrée en vigueur de la loi de 1996 relative à la promotion de l’emploi et à la sauvegarde préventive de la compétitivité. Les coûts salariaux unitaires ont cependant progressé plus rapidement que dans les pays voisins, provoquant ainsi une détérioration de la compétitivité de l’économie belge. Tertio, les performances d’emploi de la Belgique s’améliorent mais demeurent extrêmement préoccupantes pour une série de groupes de la population (travailleurs moins qualifiés, travailleurs de nationalité non européenne, travailleurs âgés). Toutes les études disponibles pour la Belgique aboutissent à la même conclusion : le niveau macroéconomique de l’emploi varie négativement avec celui des coûts salariaux. Cette relation est la résultante d’effets tantôt positifs, tantôt négatifs. Cette conclusion pourrait donc s’inverser si les coûts salariaux baissaient fortement. On n’en est cependant pas là. La modération du coût salarial n’est certainement pas la panacée pour répondre à la situation préoccupante des groupes de population mentionnés à l’instant. La stimulation de l’offre d’emploi que cette modération favorise est cependant un complément indispensable à un ensemble de mesures structurelles bien coordonnées (relèvement des qualifications les plus basses, poursuite des actions ciblées sur des sous-régions particulièrement meurtries, abandon des freins à la mobilité des travailleurs, révision du profil salarial en fonction de l’âge ou de l’ancienneté, accroissement de l’écart entre revenu en emploi et revenu d’allocation en jouant sur la (para-)fiscalité, etc.). Les perspectives conjoncturelles peu brillantes pour le futur immédiat renforcent la nécessité d’une modération salariale. On sait en effet qu’en ces périodes assez déprimées sur le plan de l’embauche, les plus qualifiés vont davantage prospecter les marchés du travail où ils sont en quelque sorte "sur-qualifiés". Promouvoir une offre d’emplois dynamique dans tout l’éventail des qualifications est alors une manière de limiter ce phénomène dont seuls les plus qualifiés tirent un parti clair. 3.   Les modalités Depuis l’accord interprofessionnel de 1999-2000, la norme salariale est avant tout devenue "indicative". Elle est une recommandation des partenaires sociaux réunis au niveau national à l’égard des partenaires des négociations sectorielles et d’entreprise. Compte tenu des faits observés en Belgique depuis le premier choc pétrolier et des analyses réalisées depuis, il est fort plausible que se coordonner sur une norme, même fruste, est préférable à une absence de coordination. Pour que la modération salariale contribue le plus largement possible au développement de l’emploi, des aménagements complémentaires au système actuel nous semblent nécessaires. Ceux-ci se situent à trois niveaux. Pour favoriser la création d’emploi, il est primordial que les importants allégements structurels de cotisations sociales contribuent pleinement à la réduction du coût du travail. On recommande donc de maîtriser la croissance des salaires bruts afin que les baisses de cotisation structurelles allègent le coût salarial et stimule l’emploi. Cette maîtrise aurait une réciproque en ce sens que la réforme fiscale et les allégements de cotisations personnelles au bas de l’échelle salariale ne devraient pas être récupérées par les employeurs lors de la négociation du niveau des salaires bruts. Ces réformes pourraient alors pleinement jouer leurs rôles de soutien aux bas revenus et d’incitation à la recherche d’emploi et à la participation au marché du travail. L’indexation automatique assure tous les salariés contre le risque généré par des mouvements de prix et constitue à ce titre un mécanisme à préserver. Il faut toutefois souligner qu’en cas de hausse de prix des produits importés, l’appauvrissement collectif qui en résulte risque d’être aggravé par l’indexation automatique. Lorsque des biens importés qui ont un poids significatif dans l’"indice-santé" connaissent des hausses substantielles et durables de prix, il faudrait veiller à la suspension de l’indexation automatique des salaires sur ces prix et trouver d’autres modalités pour répondre à la dégradation de la situation socio-économique de certains groupes en présence de tels chocs. Tant la modération salariale que les allègements de la parafiscalité doivent faire l’objet d’une coordination au niveau européen. Sans une coordination forte au sein de l’UE, les dispositions prises au niveau de chaque Etat seront sous-optimales.


2018 ◽  
Vol 29 (1-2) ◽  
pp. 254-270
Author(s):  
Mircea Vultur ◽  
Jean Bernier ◽  
Marie-France Richard

Au cours des dix dernières années, au Québec, l’industrie des agences de travail temporaire a connu une croissance importante et le nombre de salariés qui transitent par une agence a augmenté progressivement. Une grande majorité de ces salariés (42 %) sont des jeunes de moins de 30 ans. Quelles catégories de jeunes font appel à des agences de travail temporaire et quel est le rôle de ces agences dans leur parcours d’insertion sur le marché du travail ? C’est à cette question que le présent article se propose de répondre à partir de l’analyse d’un matériau empirique composé de 40 entrevues réalisées auprès de jeunes de la grande région de Québec qui ont fait appel à une agence de travail temporaire au cours des deux années qui ont précédé l’entrevue.


2018 ◽  
Vol 29 (1) ◽  
pp. 19-22
Author(s):  
Richard Paré

Après l’arrivée des techniciens de la documentation sur le marché du travail, quelques employeurs soulevèrent le problème de leur motivation dans le cadre d’un cheminement de carrière. Ceci souleva la question suivante : « Y a-t-il chez le technicien de la documentation déjà sur le marché du travail un besoin d’études de premier niveau universitaire ? » Cet article rapporte les différentes étapes franchies par l’ASTED pour tenter de répondre à cette question. Malgré tous les efforts qui ont déjà été faits, il reste encore des obstacles à surmonter avant d’obtenir une réponse complète.


2021 ◽  
Vol 76 (2) ◽  
pp. 189-210
Author(s):  
Amira Dahmani

Ce travail cherche à appréhender les déterminants de la résilience du personnel soignant dans le contexte de la crise sanitaire Covid-19. Son but est d’accéder à une compréhension profonde des motifs, des forces et des processus à l’oeuvre dans la dynamique complexe de la résilience. Il paraît d’autant plus crucial de répondre à cette question qu’il semble y avoir des enseignements à tirer pour penser différemment les conditions de travail dans les hôpitaux publics. Plus particulièrement, dans le contexte pandémique actuel, le personnel soignant semble plus que jamais exposer aux risques psychosociaux et à un quotidien professionnel inédit et jonché de tensions. Les résultats de l’étude menée auprès du personnel soignant d’un hôpital public en Tunisie ont révélé que la résilience résulte de l’activation de prédispositions, de facteurs de protection et de ressources autant personnelles qu’interpersonnelles et socioculturelles. Cette recherche a révélé que la résilience n’est pas une réaction spontanée dans un contexte professionnel marqué par l’adversité et l’incertitude. Elle est le fruit d’un mix mettant en jeu les dispositions personnelles, la dynamique de groupe, le soutien social, la stabilité familiale, le style de leadership et les contingences situationnelles. De même, l’étude souligne que la résilience génère une réelle valeur ajoutée pour les patients, les soignants et la pratique des soins aussi bien sur le plan humain, sanitaire, éthique qu’économique. Elle montre que le développement de la résilience constitue une responsabilité partagée entre le personnel soignant, le système hospitalier, les autorités sanitaires, l’encadrement et les dirigeants des établissements de santé.


2018 ◽  
Vol 30 (2) ◽  
pp. 39-57 ◽  
Author(s):  
Denyse Baillargeon ◽  
Josette Brun ◽  
Estelle Lebel

Les auteures proposent une analyse du traitement médiatique du travail salarié des femmes mariées par le magazine télévisuelFemme d’aujourd’huiproduit et diffusé par la Société Radio-Canada, de 1965 à 1982. Leurs résultats montrent que cette question a été amplement débattue et que les animatrices et les journalistes ont fortement encouragé le « recyclage » des mères pour les habiliter à réintégrer le marché du travail. Si l’émission en arrive à être très critique par rapport aux diverses formes de discrimination dont les femmes sont l’objet sur le marché de l’emploi, son discours demeure néanmoins en phase avec les idées féministes libérales dominantes de l’époque dont l’objectif est une meilleure intégration des femmes aux structures sociales existantes, plutôt qu’avec le courant plus radical qui estime que l’égalité des sexes nécessite un changement des modes d’organisation sociale.


2007 ◽  
Vol 20 (1) ◽  
pp. 27-54 ◽  
Author(s):  
Isabelle Marchand ◽  
Johanne Saint-Charles ◽  
Christine Corbeil

En dépit du consensus social québécois sur l’égalité de fait à atteindre, l’histoire de l’émancipation des femmes reste à parachever. Sur le marché du travail, les échelons supérieurs des organisations, tant privées que publiques, demeurent la prérogative des hommes qui occupent, dans une proportion très élevée, les postes les plus influents dans la majorité des entreprises au Québec et ailleurs. Le présent article s’intéresse au phénomène du plafond de verre et, plus précisément, à la pérennité des facteurs qui contribuent à son édification au sein d’une culture organisationnelle donnée, soit les milieux de la gestion et des finances dans les entreprises privées au Québec. À la suite de l’évolution des valeurs sociétales en matière d’égalité des sexes en Occident, comment peut-on en effet expliquer le maintien de cet effet frontière au cours de la carrière ascendante des femmes cadres? Pour répondre à cette question centrale, les auteures proposent un exposé en quatre temps. Elles tracent d’abord un portrait de la présence des femmes dans les échelons supérieurs des organisations québécoises et canadiennes. Par la suite, elles mettent en évidence les principaux facteurs qui érigent le plafond de verre, puis elles décrivent brièvement les orientations théoriques et méthodologiques qui ont guidé leur étude. Enfin, elles présentent un bref aperçu des résultats préliminaires de recherche et esquissent quelques pistes d’analyse.


2005 ◽  
Vol 59 (3) ◽  
pp. 545-568 ◽  
Author(s):  
Evelyne Leonard

De nombreuses sources indiquent que l’emploi prend aujourd’hui une place croissante dans la négociation collective au sein de l’Union européenne. Il faut alors s’interroger sur le rôle que joue la négociation collective dans la régulation du marché du travail, ou plus précisément dans la création et la préservation de l’emploi, en termes de postes de travail, ainsi que dans la régulation des entrées et sorties du marché du travail. L’article traite cette question en examinant la nature des processus de négociation impliqués. Il tente de montrer en quoi les compromis portant sur l’emploi sont spécifiques, impliquent des relations particulières entre interlocuteurs sociaux et État, et constituent autant de tentatives de réguler conjointement les transformations actuelles du marché du travail.


2019 ◽  
Vol 19 (2) ◽  
pp. 76-79
Author(s):  
Ginette Gauthier ◽  
Monique Parent ◽  
Lise Lachance ◽  
Denis Plante

Les auteurs font une analyse de la situation actuelle du bibliotechnicien sur le marché du travail au Québec. En première partie, ils tracent l’historique des premières promotions en tenant compte des facteurs conflictuels, sans oublier les conditions salariales. La seconde partie se veut, avant tout, une description des plus objective des tâches actuelles remplies par les bibliotechniciens et des conditions de travail inhérentes à cette situation.


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