scholarly journals Démocratie participative et justice sociale

2007 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 164-175
Author(s):  
Luc Rabouin

Cet article aborde la question de la démocratie à partir de deux de ses points faibles, que nous considérons fortement reliés, et faisant partie des ambitions premières du projet démocratique : l’égalité politique et la réduction des inégalités sociales. Nous proposerons une vision alternative, celle de la démocratie participative dont de multiples expériences concrètes sont en émergence dans les villes un peu partout dans le monde. Nous montrerons comment cette démocratie peut réduire les problèmes d’inégalités politiques et sociales. Pour illustrer notre propos, nous utiliserons le cas du budget participatif (BP) de Porto Alegre au Brésil.

Théologiques ◽  
2018 ◽  
Vol 24 (1) ◽  
pp. 15-36
Author(s):  
Nicodème Kolani Bakimani

De nos jours, la poussée des mouvements extrémistes et des violences liées à la précarité et aux inégalités pose avec plus d’acuité la question de la justice sociale. Il importe que les chrétiens et tous les hommes militant pour un avenir paisible, réentendent la voix des prophètes bibliques, lesquels ont dénoncé et présenté les injustices sociales comme facteurs de ruine. Dans cette perspective, il est urgent de réécouter plus particulièrement la voix d’Amos qui, dans l’histoire de la religion biblique, a su démontrer, pour la première fois, que les injustices sociales sont des actes insensés et autodestructeurs. Bien que proclamé il y a plus de 2500 ans, son message est d’actualité pour notre monde marqué par des tractations entre des débiteurs essoufflés des créanciers impitoyables vivant dans la surabondance ; il nous rappelle que toute société infestée par des injustices et de profondes inégalités sociales s’engage dans un processus de dé-création.


2015 ◽  
Vol 40 (1) ◽  
pp. 153-170 ◽  
Author(s):  
Isabelle Ruelland

Le réseau public de services de santé mentale de la ville de Campinas dans l’État de São Paulo au Brésil est constitué de divers dispositifs de délibération impliquant des personnes utilisatrices. L’assemblée des usagers dans les centres d’attention psychosociale (CAPS) constitue un exemple clé de ce genre d’innovation participative fondée sur des principes de démocratisation et de justice sociale. Est-ce que l’assemblée des usagers comme dispositif délibératif institué agit sur les inégalités sociales de pouvoir et le rétablissement des personnes ? Il s’agit ici de rendre compte de certains résultats d’une recherche qui a pour objectif de saisir si de tels dispositifs agissent sur la démocratisation des rapports sociaux du point de vue des personnes utilisatrices impliquées, et comment. À partir d’une ethnographie organisationnelle de près d’un an dans un CAPS du réseau public de santé mentale de Campinas, il a été constaté comment les échanges créés au sein et en dehors de l’assemblée des usagers participent à l’émergence d’une forme de pair-aidance spontanée et informelle. Ce constat permet de réfléchir sur le rapport entre cette pair-aidance implicite et la circulation des personnes dans une pluralité d’espaces collectifs ouverts dans lesquels celles-ci peuvent partager des affects et critiquer librement au sujet des services reçus.


Author(s):  
Alexis Parmentier

Ce numéro de Regards économiques soutient que la législation de la protection de l’emploi en France obère les performances économiques tout en contribuant au développement des inégalités sociales. Ce pays se caractérise par des niveaux de protection de l'emploi très différents selon les types de contrats (Contrat à Durée Déterminée -CDD- et Contrat à Durée Indéterminée -CDI). En résulte une segmentation forte du marché du travail entre travailleurs «bien» protégés et «mal» protégés, sans que l'effet net sur l'emploi soit favorable. La solution envisagée par le gouvernement français d’introduire de nouveaux contrats de travail, le Contrat Nouvelles Embauches et le Contrat Première Embauche, ne vont pas dans le bon sens. Une réforme plus ambitieuse, construite autour d’un contrat de travail unique à droits progressifs, permettrait par contre de gommer certaines déficiences actuelles. Une réforme de ce type mériterait certainement d’être réfléchie en Belgique, où il existe de nettes différences de protection de l’emploi entre catégories de travailleurs (ouvriers et employés) et de contrats (CDD et CDI). Aux yeux de nombreux économistes, une législation contraignant fortement les décisions des entreprises en matière d’embauche et de licenciement constitue une explication potentiellement importante aux dysfonctionnements du marché du travail. L’appareil réglementaire français n’est, par exemple, pas en mesure de remplir correctement le rôle de protection des individus auquel il est destiné. Un clivage des situations sur le marché du travail se dessine depuis plusieurs années, certaines populations se voyant nettement protégées, d’autres étant exposées continuellement aux aléas conjoncturels. En outre, la détérioration de la situation des populations les plus fragiles réduit leur incitation à participer au marché du travail, ce qui contribue à la dégradation des performances économiques. Malgré des législations de la protection de l’emploi (LPE) quelque peu différentes, les systèmes français et belge sont caractérisés par des degrés de protection de l’emploi globalement élevés et subissent des dysfonctionnements de leurs marchés du travail analogues (cf. OCDE, 2004). Aussi, bien que notre analyse soit centrée sur la France, les réflexions avancées dans cette étude ont une portée générale et ont vocation à contribuer aux débats afférents à la nécessité et à la manière de réformer la LPE de pays caractérisés par un degré de protection de l’emploi élevé et des performances du marché du travail médiocres. En août 2005, le gouvernement français a cherché à répondre à la nécessité de réformer la LPE en introduisant le Contrat Nouvelles Embauches (CNE). Ce contrat, réservé aux petites entreprises, est régi par une réglementation à maints égards plus souple que les contrats de travail existants. Avec le Contrat Première Embauche (CPE), le gouvernement a cherché à étendre le CNE aux entreprises de plus de 20 salariés pour les jeunes de moins de 26 ans. Toutefois, cet accroissement de la flexibilité du marché du travail a suscité la crainte d’une détérioration des conditions de vie de la frange de la population concernée. Confronté aux importantes manifestations du mois de mars 2006, le gouvernement a alors dû renoncer à une mesure qui avait dans son esprit fait ses preuves en termes de création d’emplois. Selon le gouvernement, les 440.000 CNE signés entre août 2005 et mars 2006 (DARES, 2006), soit une embauche sur dix réalisée par les petites entreprises, témoignaient de l’efficacité de ce type de réforme. La présente étude montre pourtant que ces mesures ne constituent pas des moyens efficaces pour développer l’emploi et pour favoriser la justice sociale. Les mesures proposées semblent en effet trop timorées pour avoir des effets durables sur l’emploi. D’une part, les créations nettes d’emplois sont nettement plus faibles que le nombre de nouveaux contrats signés car une certaine substitution entre les nouveaux contrats et les contrats existants est inévitable. D’autre part, les nouveaux contrats ayant une durée limitée à deux ans, les entreprises seront incitées à les détruire avant de retomber dans le régime globalement plus protecteur des contrats actuels. En outre, ces réformes risquent d’accentuer la précarité ambiante des populations les plus fragiles. Les mécanismes sous-jacents étant présentés, notre analyse esquisse les modalités d’une réforme de la LPE alternative au CNE et faisant l’objet d’un relatif consensus (du moins dans ses grandes lignes) parmi les économistes : le Contrat Unique à droits Progressifs (CUP). Cette solution met en avant la nécessité d’accomplir un remaniement profond du système actuel, en particulier en cassant la dualité de protection engendrée par la coexistence de contrats dont le système de protection est différent.


2013 ◽  
Vol 54 (1) ◽  
pp. 9-27
Author(s):  
Jean-Marc Fontan ◽  
Pierre Hamel ◽  
Richard Morin

Les restructurations économiques et les nouvelles formes de régulation étatique qui accompagnent le processus de mondialisation de même que le phénomène de métropolisation qui prend de plus en plus d’importance ont transformé les agglomérations urbaines au cours des dernières décennies. Parmi les répercussions de ces transformations, deux ressortent grandement : l’accroissement des inégalités sociales et l’aggravation des problèmes environnementaux. Les actions collectives conflictuelles ont contribué à mettre au jour ces impacts et à soulever les enjeux de société qui y sont reliés. Nous présentons dans cet article les éléments de synthèse qui se dégagent du repérage d’événements conflictuels touchant aux questions de la justice sociale et de l’environnement entre 1980 et 2006 à Montréal. Nous distinguons deux types d’actions collectives : celles qui interviennent dans la ville en lien avec des problèmes généraux de société qui s’y manifestent et celles qui se concentrent sur la ville, c’est-à-dire sur le cadre de vie urbain, sur les équipements et les services de proximité ainsi que sur la gestion municipale. Nous nous intéressons aussi à la localisation de ces actions, et ce, en fonction de l’échelle des enjeux.


Author(s):  
Alexis Parmentier

Ce numéro de Regards économiques soutient que la législation de la protection de l’emploi en France obère les performances économiques tout en contribuant au développement des inégalités sociales. Ce pays se caractérise par des niveaux de protection de l'emploi très différents selon les types de contrats (Contrat à Durée Déterminée -CDD- et Contrat à Durée Indéterminée -CDI). En résulte une segmentation forte du marché du travail entre travailleurs «bien» protégés et «mal» protégés, sans que l'effet net sur l'emploi soit favorable. La solution envisagée par le gouvernement français d’introduire de nouveaux contrats de travail, le Contrat Nouvelles Embauches et le Contrat Première Embauche, ne vont pas dans le bon sens. Une réforme plus ambitieuse, construite autour d’un contrat de travail unique à droits progressifs, permettrait par contre de gommer certaines déficiences actuelles. Une réforme de ce type mériterait certainement d’être réfléchie en Belgique, où il existe de nettes différences de protection de l’emploi entre catégories de travailleurs (ouvriers et employés) et de contrats (CDD et CDI). Aux yeux de nombreux économistes, une législation contraignant fortement les décisions des entreprises en matière d’embauche et de licenciement constitue une explication potentiellement importante aux dysfonctionnements du marché du travail. L’appareil réglementaire français n’est, par exemple, pas en mesure de remplir correctement le rôle de protection des individus auquel il est destiné. Un clivage des situations sur le marché du travail se dessine depuis plusieurs années, certaines populations se voyant nettement protégées, d’autres étant exposées continuellement aux aléas conjoncturels. En outre, la détérioration de la situation des populations les plus fragiles réduit leur incitation à participer au marché du travail, ce qui contribue à la dégradation des performances économiques. Malgré des législations de la protection de l’emploi (LPE) quelque peu différentes, les systèmes français et belge sont caractérisés par des degrés de protection de l’emploi globalement élevés et subissent des dysfonctionnements de leurs marchés du travail analogues (cf. OCDE, 2004). Aussi, bien que notre analyse soit centrée sur la France, les réflexions avancées dans cette étude ont une portée générale et ont vocation à contribuer aux débats afférents à la nécessité et à la manière de réformer la LPE de pays caractérisés par un degré de protection de l’emploi élevé et des performances du marché du travail médiocres. En août 2005, le gouvernement français a cherché à répondre à la nécessité de réformer la LPE en introduisant le Contrat Nouvelles Embauches (CNE). Ce contrat, réservé aux petites entreprises, est régi par une réglementation à maints égards plus souple que les contrats de travail existants. Avec le Contrat Première Embauche (CPE), le gouvernement a cherché à étendre le CNE aux entreprises de plus de 20 salariés pour les jeunes de moins de 26 ans. Toutefois, cet accroissement de la flexibilité du marché du travail a suscité la crainte d’une détérioration des conditions de vie de la frange de la population concernée. Confronté aux importantes manifestations du mois de mars 2006, le gouvernement a alors dû renoncer à une mesure qui avait dans son esprit fait ses preuves en termes de création d’emplois. Selon le gouvernement, les 440.000 CNE signés entre août 2005 et mars 2006 (DARES, 2006), soit une embauche sur dix réalisée par les petites entreprises, témoignaient de l’efficacité de ce type de réforme. La présente étude montre pourtant que ces mesures ne constituent pas des moyens efficaces pour développer l’emploi et pour favoriser la justice sociale. Les mesures proposées semblent en effet trop timorées pour avoir des effets durables sur l’emploi. D’une part, les créations nettes d’emplois sont nettement plus faibles que le nombre de nouveaux contrats signés car une certaine substitution entre les nouveaux contrats et les contrats existants est inévitable. D’autre part, les nouveaux contrats ayant une durée limitée à deux ans, les entreprises seront incitées à les détruire avant de retomber dans le régime globalement plus protecteur des contrats actuels. En outre, ces réformes risquent d’accentuer la précarité ambiante des populations les plus fragiles. Les mécanismes sous-jacents étant présentés, notre analyse esquisse les modalités d’une réforme de la LPE alternative au CNE et faisant l’objet d’un relatif consensus (du moins dans ses grandes lignes) parmi les économistes : le Contrat Unique à droits Progressifs (CUP). Cette solution met en avant la nécessité d’accomplir un remaniement profond du système actuel, en particulier en cassant la dualité de protection engendrée par la coexistence de contrats dont le système de protection est différent.


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