Écrire en français en Amérique : de quelques enjeux
Résumé Dans l’espace francophone, les sentiments d’appartenance – ou de non-appartenance – à un ensemble donné sont autant de variables qu’il est nécessaire d’interroger si l’on veut comprendre le fonctionnement du littéraire dans une perspective pragmatique, soit celle qui met en relation la production des textes et le contexte de leur réception. Ces relations sont d’autant plus importantes que les littératures francophones sont les seules, en Amérique, à n’avoir pas renversé en leur faveur la dialectique du centre et de la périphérie. Dans ce contexte, la question de leur statut, ou si l’on préfère de leur désignation, ne saurait être éludée. Les littératures francophones ont été désignées tour à tour de littérature régionale, périphérique ou mineure. Mais le concept de littérature mineure, au sens que Gilles Deleuze et Félix Guattari lui ont donné, est un curieux amalgame de diverses réflexions de Franz Kafka concernant les littératures alors en émergence et sa propre situation d’écrivain juif vivant à Prague et écrivant en allemand. Cet article reprend et discute ce concept, ainsi que celui de petite littérature mis de l’avant par Kafka et ensuite par Milan Kundera, notion à laquelle il paraît nécessaire d’ajouter celle de littérature minoritaire de façon à mettre en évidence certains points communs, mais aussi certaines disparités dans les situations des littératures francophones d’Amérique.