Alimentation et croissance des jeunes enfants Peuls à Widou Thiengoly (Ferlo — Sénégal)

2016 ◽  
Vol 28 (3-4) ◽  
pp. 145-154 ◽  
Author(s):  
N. Sougou ◽  
G. Boëtsch

Cette étude est consacrée aux pratiques alimentaires, à la croissance et à la santé d'enfants vivant dans une zone sahélienne aride avec des conditions de vie semi-nomade et dans le contexte d'un processus de changement du mode de vie lié à l'implantation de la Grande muraille verte, projet de restructuration écologique. Pour cette étude, on s'est focalisé sur les pratiques de diversification alimentaire et leur impact sur les mesures anthropométriques de l'enfant. Étaient inclus dans l'étude des enfants âgés de 0 à 59 mois résidant dans la zone de Widou Thiengoly. Les mesures anthropométriques ainsi que l'âge de l'enfant ont été relevés chez 150 enfants, dont 149 enfants sont d'origine peule. Dans cette population enfantine, nous avons trouvé une relation entre l'état de nutrition et la pratique alimentaire de diversification. De manière générale, la pratique de la diversification alimentaire telle que préconisée par les politiques et normes au Sénégal diffère de celle observée à Widou. Ainsi, on note que l'aliment de diversification le plus utilisé est le lait de vache (67,5 % des enfants en reçoivent précocement) avec un âge moyen d'introduction de 6,81 mois. Par ailleurs, on note une introduction tardive et une sous-consommation des protéines animales (viande, poisson) et des fruits et légumes. Les populations ont des comportements alimentaires qui répondent à des codes culturels bien établis et ne suivent pas les recommandations normatives émises par les politiques de santé publique, sauf lorsque ces dernières intègrent les codes culturels locaux, ce qui est très rarement le cas. Ainsi, bien que la croissance des enfants de Widou se fasse sur une tendance linéaire, on note une prévalence élevée de malnutrition chez ces enfants de 25 %, taux qui est légèrement plus élevé que celui de la population sénégalaise du même âge. Les courbes de croissance des enfants de Widou se distribuent en deçà des courbes de croissance de l'OMS à l'exception de celles du périmètre crânien. Par ailleurs, on note que l'état de malnutrition de la mère n'impacte pas sur celui de l'enfant, ce qui n'est pas le cas des maladies digestives telles que la diarrhée, dont la survenue est fortement corrélée à celle de l'insuffisance pondérale (p < 0,01).

2007 ◽  
Vol 30 (3) ◽  
pp. 219-230 ◽  
Author(s):  
Carine Baxerres ◽  
Jean-Yves Le Hesran

Résumé La naissance d’un marché dit « parallèle » du médicament remonte aux débuts des années 1980. Depuis, il ne cesse de se développer dans les pays du Sud. Au-delà du problème majeur de santé publique qu’il constitue, il représente un mode de recours aux soins largement pratiqué par les populations. Il importe donc de décrire son fonctionnement et de comprendre le rôle qu’il joue auprès d’elles. Pour cela, durant la saison des pluies 2002, nous avons réalisé une enquête ethnographique (observations directes et participantes, entretiens semi-directifs et informels) auprès des vendeurs de médicaments d’une zone rurale sénégalaise où la disponibilité et l’accessibilité des médicaments distribués dans les structures officielles sont problématiques. La description détaillée des différents acteurs de la vente permet de comprendre l’organisation spécifique de ce marché parallèle qui propose un accès optimal des médicaments aux populations et, dans certains cas, des conseils thérapeutiques. Ce marché présente de nombreux avantages, tant économiques que culturels et sociaux, et s’adapte parfaitement au mode de vie des populations. Bien qu’elle constitue des risques sanitaires certains, il est primordial – lors de la définition de politiques de santé – de réfléchir aux atouts de cette offre de soins populaire.


Author(s):  
Taryn Orava ◽  
Steve Manske ◽  
Rhona Hanning

Introduction Les agences provinciales, nationales et internationales de santé publique reconnaissent l’importance des politiques en matière de nutrition en milieu scolaire, qui contribuent à instaurer des environnements sains respectant les recommandations en matière d’alimentation saine à l’intention des jeunes. Le soutien à l’échelle de l’école d’un mode de vie sain reposant sur les piliers de l’approche globale de la santé en milieu scolaire (milieux social et physique; enseignement et apprentissage; politique de santé en milieu scolaire; partenariats et services) a été positivement associé à des améliorations encourageantes des comportements des élèves en matière de santé. Notre étude a utilisé l’approche globale de la santé en milieu scolaire pour classifier, comparer et décrire le soutien à une alimentation saine lors de la mise en oeuvre de la Politique de l’Ontario concernant les aliments et les boissons dans les écoles (N P/P 150). Méthodologie Nous avons recueilli des données provenant d’écoles élémentaires et secondaires consentantes d’une zone peuplée de l’Ontario à deux reprises, en 2012-2013 (période I) et en 2014 (période II). Des représentants des écoles ont rempli l’enquête Planificateur des écoles en santé ainsi qu’un document d’analyse environnementale de l’alimentation, qui ont fait l’objet d’une attribution de scores et d’analyses de contenu. Le soutien de chaque école en faveur d’une alimentation saine a été classé comme relevant de la phase « lancement », « prise de mesures » ou « maintenance » du continuum des écoles en santé pour les deux périodes, et comme étant « élevé/en hausse », « modéré », « faible/en baisse » entre la période I et la période II par rapport aux piliers de l’approche globale de la santé en milieu scolaire. Résultats Ont pris part à l’enquête 25 représentants scolaires (8 écoles élémentaires et 17 écoles secondaires). La plupart des écoles sont demeurées dans la catégorie « prise de mesures » (n = 20) au cours des deux périodes, avec des niveaux divers de soutien aux piliers de la santé en milieu scolaire. Le milieu physique a fait l’objet du soutien le plus élevé (100% de soutien « élevé/en hausse »), le milieu social a fait l’objet du soutien le plus faible (68 % de soutien « faible/en baisse »). Seules deux écoles ont atteint la plus haute note (maintenance) au cours de la période II. Les soutiens respectant la N P/P 150 semblent avoir été influencés par l’adhésion de l’administration, le soutien des intervenants et la pertinence du contexte local. Conclusion Une aide supplémentaire est nécessaire pour maintenir une alimentation saine dans les environnements alimentaires des écoles ontariennes.


Author(s):  
Darren R. Brenner ◽  
Tiffany R. Haig ◽  
Abbey E. Poirier ◽  
Alianu Akawung ◽  
Christine M. Friedenreich ◽  
...  

Introduction La consommation modérée ou élevée d’alcool constitue un facteur de risque de mortalité toutes causes confondues et de cancer. Nous disposons de données transversales grâce aux enquêtes nationales, mais jusqu'à présent aucunes données sur la consommation d’alcool en Alberta n'étaient disponibles pour une grande cohorte prospective. Notre objectif est de définir, à la lumière des lignes directrices de prévention du cancer, les niveaux de consommation d’alcool des adultes ayant pris part à l’Alberta’s Tomorrow Project. Nous avons également analysé les liens entre la consommation d’alcool et certains autres comportements à risque, en particulier à risque élevé. Méthodologie Entre 2001 et 2009, 31 072 hommes et femmes de 35 à 69 ans ont participé à l’Alberta’s Tomorrow Project, une grande étude de cohorte provinciale. Des données concernant la consommation d’alcool dans les 12 derniers mois ont été obtenues pour 26 842 participants ayant répondu à des questionnaires autoadministrés sur la santé et sur le mode de vie. Nous avons effectué des analyses transversales sur la consommation d’alcool quotidienne et les lignes directrices de prévention du cancer en matière de consommation d’alcool en lien avec des facteurs sociodémographiques. Nous avons aussi examiné la prévalence combinée de la consommation d’alcool, du tabagisme, de l’obésité et de diverses comorbidités. Résultats Environ 14 % des hommes et 12 % des femmes ont déclaré consommer davantage d’alcool que ce que préconisent les recommandations en matière de prévention du cancer. Une consommation plus importante d’alcool a été rapportée chez les plus jeunes, les citadins, les personnes à revenu plus élevé et celles consommant davantage de viande rouge. En outre, le volume de consommation quotidienne d’alcool était positivement associé au tabagisme, tant chez les hommes que chez les femmes. De manière générale, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de correspondre aux profils comportementaux à risque modéré et élevé ainsi que de consommer quotidiennement de l'alcool. Conclusion Malgré les messages de santé publique à propos de l’impact négatif de la consommation d’alcool, une proportion considérable de participants de l’Alberta’s Tomorrow Project consommait davantage d’alcool que ce que préconisent les recommandations en matière de prévention du cancer. Des stratégies durables en faveur d'une consommation d’alcool à faible risque auprès de ceux qui choisissent de boire pourraient avoir une influence sur le risque de maladie chronique au sein de cette population.


2021 ◽  
Vol 47 (3) ◽  
pp. 174-180
Author(s):  
Margaret Haworth-Brockman ◽  
Yoav Keynan

Les Centres de collaboration nationale (CCN) en santé publique (CCNSP) ont été établis en 2005 dans le cadre de l’engagement du gouvernement fédéral à renouveler et à renforcer la santé publique à la suite de l’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Ils ont été mis sur pied pour appuyer l’application des connaissances en vue d’une utilisation plus opportune de la recherche scientifique et d’autres connaissances dans les pratiques, les programmes et les politiques de santé publique au Canada. Six centres composent les CCNSP, dont le Centre de collaboration nationale des maladies infectieuses (CCNMI). Le CCNMI collabore avec des professionnels de la santé publique pour trouver, comprendre et utiliser des recherches et des données probantes sur les maladies infectieuses et les déterminants de la santé associés. Le CCNMI a pour mandat de forger des liens entre ceux qui génèrent et ceux qui utilisent les connaissances sur les maladies infectieuses. À titre de premier article d’une série sur le CCNSP, nous décrivons notre rôle dans le courtage de connaissances et les nombreuses méthodes et produits que nous avons élaborés. De plus, nous illustrons comment le CCNMI a été en mesure de travailler avec la santé publique pour générer et échanger des connaissances pendant la pandémie du coronavirus de 2019 (COVID-19).


2019 ◽  
Vol 35 (8-9) ◽  
pp. 689-692
Author(s):  
Vincent Looten

La reproductibilité méthodologique fait référence à la capacité à obtenir exactement les mêmes résultats, en reproduisant le même protocole d’étude sur les mêmes données. Nous avons voulu évaluer la reproductibilité méthodologique des études publiées entre 2008 et 2017 dans la Revue d’épidémiologie et de santé publique, qui font appel à des données issues du système national des données de santé. Nos résultats suggèrent que seules 49 % des études portant sur ce système national pourraient être reproduites sans le recours aux auteurs initiaux. L’absence de partage systématique des programmes peut révéler un manque de préoccupation quant à la finalité de la recherche en santé publique. Il est difficile d’attribuer la responsabilité de ce manque de reproductibilité aux seuls chercheurs, et nous faisons donc l’hypothèse d’une inconduite éthique instituée.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 601-601
Author(s):  
D. Carmelo ◽  
S. Lamy ◽  
A. Charles-Nicolas ◽  
N. Pascal ◽  
L. Jehel

IntroductionLa suicidalité à l’adolescence est une question importante de santé publique, en termes de mortalité, de morbidité. Celle-ci est peu évaluée et quantifiée dans les en Martinique au sujet des adolescents. Notre objectif à travers de notre étude prospective exploratoire est de déterminer de la prévalence des tentatives de suicide chez les adolescents en Martinique consultant au CHUM.MéthodesNous avons inclus tous les adolescents âgés de 11 à 18 ans ayant réalisé une tentative de suicide en Martinique, admis sur les différents services d’urgences et de réanimations du CHUM, sur une période continue de 4 mois.RésultatsQuarante-trois tentatives de suicide ont été enregistrées au cours de cette période : 88,4 % des cas impliquaient des filles (avec une récidive sur la période d’inclusion), 58,1 % des jeunes ont utilisé comme méthode l’intoxication médicamenteuse volontaire, la majorité concernait des primosuicidants (60,5 %), près de la moitié des cas avait identifié un événement traumatisant, 34,9 % ont déclaré consommer de façon régulière une substance psychoactive enfin 72,5 % des situations ont fait intervenir le SAMU et 65,2 % de ces adolescents ont bénéficié d’une prise en charge hospitalière.ConclusionCette étude pilote permet de contribuer à la description de la tentative de suicide chez les adolescents, qui s’estimerait à 1 tentative de suicide tous les 3 jours, et confirme bien une problématique suicidaire touchant cette population spécifique dans ce département. Elle suggère par ailleurs la nécessité de renforcer l’offre de soins qui semble insuffisante à ce jour. Au vu des résultats de cette étude, l’implication forte du SAMU dans ce travail pourrait être un partenaire idéal dans le repérage de ces conduites suicidaires dans cette région.


2021 ◽  
Vol 47 (56) ◽  
pp. 266-274
Author(s):  
Erin E Rees ◽  
Rachel Rodin ◽  
Nicholas H Ogden

Contexte : Pour maintenir le contrôle de l’épidémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) lorsque les mesures de confinement seront levées, il sera essentiel de renforcer les mesures de santé publique alternatives. En ce qui concerne la surveillance, il sera nécessaire de détecter rapidement une grande proportion de tous nouveaux cas afin de pouvoir les isoler, et retrouver et mettre en quarantaine les personnes qui y ont été exposées. Nous présentons ici une approche mathématique qui peut être utilisée pour déterminer combien d’échantillons doivent être recueillis par unité de surface et par unité de temps pour détecter de nouveaux agrégats de cas de COVID-19 à un stade suffisamment précoce pour contrôler une éclosion. Méthodes : Nous présentons une méthode de détermination de la taille de l’échantillon qui utilise une approche de pondération relative. Compte tenu du fait que les résultats du test de diagnostic de la COVID-19 provenant de sous-populations ont contribué à détecter la maladie à un niveau de prévalence seuil pour contrôler l’éclosion, il s’agissait de 1) déterminer si le nombre prévu d’échantillons hebdomadaires fournis par la surveillance actuelle des infections virales respiratoires fondée sur les soins de santé peut fournir une taille d’échantillon déjà adéquate pour détecter de nouveaux agrégats de cas de COVID-19 et, dans le cas contraire, 2) de déterminer combien d’échantillons hebdomadaires supplémentaires étaient nécessaires à partir d’un échantillonnage volontaire. Résultats : Lors d’une démonstration de notre méthode à une fréquence hebdomadaire et à l’échelle des provinces et territoires canadiens, nous avons constaté que seuls les provinces et les territoires les plus peuplés disposaient d’un nombre suffisant de dépistages provenant des visites médicales en raison de maladies respiratoires pour détecter la COVID-19 à notre niveau de prévalence cible — qui doit être suffisamment élevé pour identifier et contrôler les nouveaux agrégats de cas. En outre, la détection de la COVID-19 est plus efficace (moins d’échantillons requis) lorsque la surveillance se concentre sur l’exigence de tests de dépistage de patients symptomatiques par les services des soins de santé. Dans les populations volontaires : plus les taux de contact sont élevés, plus le niveau de prévalence attendu est élevé, et moins il faut d’échantillons pour détecter la COVID-19 à un seuil prédéterminé. Conclusion : Cette étude présente une stratégie de surveillance ciblée, combinant des échantillons de surveillance passive et active, afin de déterminer le nombre d’échantillons à recueillir par unité de surface et par unité de temps pour détecter de nouveaux agrégats de cas de COVID-19. L’objectif de cette stratégie est de permettre une détection suffisamment précoce pour contrôler une éclosion.


2011 ◽  
Author(s):  
◽  
Ketty Balthazard-Accou ◽  

Les protozoaires du genre Cryptosporidium sont des parasites intestinaux qui infectent l’intestin d’un grand nombre de vertébrés. Ils engendrent une parasitose souvent opportuniste chez les sujets immunodéficients. Ces protistes cosmopolites se retrouvent dans différents types d’eaux, en particulier celles de distribution. L’oocyste est la forme de résistance et de dissémination du parasite dans l’environnement. Fréquemment impliquées dans des diarrhées aiguës ou chroniques de l’enfant et l’adulte, les cryptosporidies constituent un véritable problème de santé publique dans les pays en voie de développement. En Haïti, des oocytes de cryptosporidies ont été retrouvés dans les eaux de surface et dans les eaux destinées à la consommation humaine, y compris notre site d’étude, la ville des Cayes. Après une évaluation du niveau de circulation des oocystes dans l’environnement de notre site d’étude, nous avons cherché : (i) à identifier les sources de cette pollution par l’analyse des selles d’animaux en libre circulation dans la ville (ii) à comprendre la présence de Cryptosporidium dans l’aquifère de la ville par l’étude des propriétés du sol (granulométrie, essais de percolation en colonne, essais en statique) et donc les mécanismes de transfert des oocystes de la surface vers les eaux souterraines (iii) à évaluer le risque sanitaire pour la population. Sur les 129 prélèvements de selles de diverses espèces animales analysés, la présence de coproantigènes de cryptosporidie est notée dans 27 par l’utilisation de kits commerciaux et dont 17 ont été confirmés par la mise en évidence des oocystes par coloration. La taille des grains du sol est ≤2 mm. On note une absence d’oocyste dans les lixiviats obtenus des essais de percolation. Ce résultat serait dû à la qualité du prélèvement des échantillons du sol et à leurs traitements. Par contre, les essais en statique révèlent une adsorption sur les grains de sable des oocystes confirmée par l’observation en microscopie confocale. Quant à l’estimation du risque, nous avons défini 2 groupes dans la population exposée : immunocompétents et immunodéprimés. Il apparaît comme attendu un risque élevé pour les immunodéprimés. Les résultats de nos travaux, somme toute incomplets pour évaluer le réel impact de la circulation des oocystes sur la santé des populations exposées, ont cependant révélé l’ampleur du phénomène et permettent d’envisager des stratégies correctives afin d’améliorer la qualité de l’eau mise à la disposition des populations. Par exemple, les zéolites, matériaux naturels, sont d’excellents échangeurs d’ions et leur utilisation dans le processus de traitement des eaux contaminées par des oocystes peut probablement engendrer un niveau de rétention notable.


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