scholarly journals Éditions Verdier : un lieu, un projet, un trajet collectif

2021 ◽  
Vol 15 (1) ◽  
pp. 176-184
Author(s):  
Manet Van Montfrans

Verdier est une maison d’édition indépendante avec un siège social à Lagrasse, dans l’Aude, et une permanence à Paris. La maison est aujourd’hui co-gérée par Colette Olive et Michèle Planel. Ensemble avec Gerard Bobillier et Benoît Rivéro (qui quittera le groupe assez vite), elles ont été à l’origine d’une aventure éditoriale extra­ordinaire. Les titres (environ 700) du catalogue édité en 2019 à l’occasion des quarante années d’existence se regroupent en cinq grandes rubriques : littérature, sciences humaines, philosophie, art, architecture et cinéma, spiritualités. À la fondation de la maison en 1979, les éditeurs ont laissé derrière eux leur militan­tisme politique, sans pour autant renier leur volonté de contribuer à transformer sinon le monde, du moins les consciences. Le cata­logue témoigne d'une exigence sans faille ainsi que d’une extraordinaire ouverture au monde. Né en plein cœur des Corbières, Verdier a voulu se situer au croisement de différentes cultures. En font preuve les collections de traductions de plusieurs langues étrangères, dont l’arabe et l’hébreu. Le fonds comporte des textes fonda­teurs tels le Guide des égarés de Moïse Maïmonide, Les Batailles nocturnes de Carlo Ginzburg, Les récits de la Kolyma (2003) de Varlam Chalamov, mais il montre aussi l’émergence d’auteurs français importants, tels Pierre Michon et Pierre Bergounioux.  Comment une maison d’édition qui se caractérise par un fonds exigeant a-t-elle réussi à garder son indé­pendance sans faire de concessions ? Comment a-t-elle su survivre aux naufrages économiques, éviter d’être écrasée dans des reprises commerciales incer­taines ? Comment a-t-elle fait face à la transformation radi­cale de l’industrie du livre, c’est-à-dire sa fabrication, sa diffusion et sa médiatisation ? Ce sont les questions que nous avons posées à Colette Olive, dans le cadre d’un entretien visant à mettre en lumière le travail accompli durant une quarantaine d’années par cette maison d’édition singu­lière.

2013 ◽  
Vol 15 (2) ◽  
pp. 64-96 ◽  
Author(s):  
Anderson Araújo-Oliveira

Ayant comme toile de fond le double contexte de réformes mises en oeuvre au cours des dix dernières années au Québec (curriculadu primaire et de la formation initiale des enseignants), cette recherche visait à caractériser les pratiques d’enseignement en sciences humaines chez de futurs enseignants du primaire en contexte de formation en milieu de pratique. Pour ce faire, nous avons réalisé une double lecture des pratiques: une première lecture à partir de l’analyse des données recueillies par observation de ce que les futurs enseignants font en classe, et une deuxième lecture à partir de l’analyse des données recueillies par entretiens, avant et après l’action en classe, en s’attardant au sens qu’ils donnent à leur action. Les résultats laissent entrevoir que la perspective actuelle centrée sur la fonction critique et réflexive se reflète encore peu dans les pratiques des futurs enseignants et dans leur discours sur celles-ci. Même si les futurs enseignants sont conscients des nouvelles orientations officielles, ils les interprètent et les adaptent en fonction de plusieurs facteurs, parmi lesquels les pratiques de leur enseignant associé, les attentes d’autres formateurs, leurs expériences antérieures et leur degré d’aisance dans cette discipline.


2011 ◽  
Vol 36 (1) ◽  
pp. 59-77
Author(s):  
Francis Langevin

Sébastien Chabot (L’angoisse des poulets sans plumes et Le chant des mouches), Éric Dupont (La logeuse) et Christine Eddie (Les carnets de Douglas) campent une partie de l’action de leurs romans dans un Québec imaginé, dans des villages périphériques aux noms fictifs (Sainte-Souffrance, Notre-Dame-du-Cachalot et Rivière-aux-Oies). Cette « régionalité » est comparée, dans cet article, à l’étiquette attribuée entre autres aux écrivains français Richard Millet, Pierre Michon et Pierre Bergounioux. L’auteur montre que les enjeux de la représentation des régions, dans les productions québécoises abordées ici, se distinguent des enjeux de la « provincialité » souvent évoquée par la critique pour regrouper certaines productions romanesques contemporaines françaises. Si la question identitaire sociale et mémorielle (collective et individuelle) est un enjeu majeur des romans de Millet, Michon et Bergounioux, caractérisés aussi par leur registre sérieux qui en fait des « fictions critiques » (Viart), les Chabot, Dupont et Eddie font plutôt la part belle aux registres parodique (Dupont), carnavalesque (Chabot), ou encore à une tonalité « sentimentale » (Eddie), ce qui place ces romans québécois plutôt du côté de l’inventivité romanesque, en quoi ils s’apparentent davantage aux « fictions joueuses » (Blanckeman) des Jean Echenoz, Jean Rouaud, Jacques Roubaud, Antoine Volodine, etc.


2010 ◽  
Vol 45 (3) ◽  
pp. 11-23 ◽  
Author(s):  
Laurent Demanze

Résumé Sociologues et historiens de la famille décrivent la modernité comme la perte des communautés traditionnelles qui soudaient l’un à l’autre l’héritier et ses ancêtres. Pour s’inventer librement, l’individu moderne rompt les entraves du passé, mais cette libération est aussi vécue chez les écrivains contemporains avec culpabilité. Afin d’y remédier, ils font une place à la fois inquiétante et fondatrice aux spectres et aux revenants de la généalogie, qui étayent et disloquent la parole de l’héritier. C’est ainsi que Sylvie Germain et Jean Rouaud, Gérard Macé, Pierre Michon et Pierre Bergounioux sont des écrivains hantés. Ce sont autant d’héritiers dont les gestes reconduisent des vies antérieures, et dont les mots sont comme magnétisés par les parlures ou les inflexions des parents. Ces héritiers sont donc en quelque sorte à la fois dépossédés d’un passé familial qui n’est pour eux que ruines et deuil et possédés par ces êtres absents qui obsèdent leur conscience et parasitent leur parole. L’héritier est alors déchiré par la mélancolie, au point de se faire tombeau de ses ascendants. À travers la thématique spectrale, la littérature contemporaine analyse toute la situation ambivalente de l’individu contemporain, à la fois orphelin et parricide d’un passé familial, et les secousses inconscientes et linguistiques de cette perte.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S92-S93
Author(s):  
G. Monnier

La schizophrénie est une maladie mentale grave, dont la prévalence mondiale est estimée à 1 %. Malgré un manque d’études et de statistiques officielles, son existence en Afrique sub-saharienne est toutefois incontestable sur le terrain. De Devereux et al. [1] à Nathan et Stengers [2], nous verrons d’abord comment l’ethnopsychiatrie a conceptualisé différents modèles explicatifs de la pathologie mentale. Certains courants voient dans la schizophrénie une forme d’adaptation à la modernité en cours dans les pays occidentaux, alimentant ainsi la thèse d’une construction sociale de cette pathologie. Ces théories entendent analyser le rôle joué par la globalisation économique et culturelle dans l’émergence supposée de la schizophrénie en Afrique. Dans un deuxième temps, nous passerons en revue les statistiques épidémiologiques sur la santé mentale en Afrique de l’Ouest. La littérature internationale retrouve des disparités dans la répartition géographique de la schizophrénie (gradient Nord-Sud, urbanisation et migration [3] présentées comme facteurs de risque significatifs de développer la maladie, etc.). Nous confronterons ces données à celles que nous avons récoltées sur le terrain en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement au Bénin [4]. Enfin, il sera présenté quelques vignettes cliniques de malades schizophrènes rencontrés au Bénin, au cours du partenariat entre Smao et l’ONG Saint-Camille de Lellis. Leurs profils sont variés : de tous âges, issus de différents milieux socioéconomiques, urbains ou ruraux ; la symptomatologie présentée par les schizophrènes africains diffère-t-elle de celle observée en Europe ? Du désenchaînement à la réadaptation sociale, en passant par l’utilisation de médicaments psychotropes, nous verrons quelle prise en charge pourrait leur est proposée. Notre pratique clinique nous permet ainsi de questionner cette pathologie et sa prise en charge, et de reconsidérer les résultats des recherches menées dans le domaine médical, comme dans celui des sciences humaines et sociales.


Revue Romane ◽  
2013 ◽  
Vol 48 (1) ◽  
pp. 119-130
Author(s):  
R.-L. Etienne Barnett

Sociologists and historians of genealogical filiations invoke modernity as the dissolution of traditional communities that formerly, albeit oft tacitly, bound descendants to ancestors. So as to invent oneself spontaneously and without restraint, the modern figure breaks with the strictures of the past, forging a path toward liberation. This newly-minted “emancipation” gives way to a sense of discomfortable culpability among contemporary “scribes.” In quest of remedy, they fashion a space, at once disturbing yet inviting to the ghosts and spectres of primogenitors, a space that both supports and distorts the words of heir(s). In such an optic, Sylvie Germain (1954) and Jean Rouaud (1952), Gérard Macé (1946), Pierre Michon (1945) and Pierre Bergounioux (1949) are powerfully haunted writers. As beneficiaries/successors, their gestures recall past lives and their words replicate their parents’ inflections and manner of verbal discourse. They are, as such, dispossessed of a familial past that represents little but ruin and grief, yet possessed by those absent beings who intrude obsessively on their consciousness and speech. They are heirs torn apart by a melancholy that extends to the grave of their “predecessors.” Contemporary literature vies with this spectral theme to analyze the ambivalence occasioned by such haunting refrains: artistic victims, orphans and parricidal vestiges of a family past, significantly impacted by the unconscious and linguistic upheavals that accompany such compelling loss.


2018 ◽  
Vol 40 (2) ◽  
pp. 33-56 ◽  
Author(s):  
Joëlle Morrissette ◽  
Serigne Ben Moustapha Diédhiou

Le Québec accueille un grand nombre d’immigrants, et plusieurs d’entre eux s’intègrent comme enseignants dans les écoles, principalement à Montréal. Dans leur pays d’origine, ils ont été formés selon des conceptions et manières de faire souvent inspirées du modèle français valorisant la fonction de sanction et de sélection sociale de l’évaluation des apprentissages. Dans le cadre d’une recherche collaborative financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada en 2015-2017, nous avons accompagné un groupe d’enseignants migrants du secondaire formés à l’étranger dans une réflexion critique au sujet de leur récente intégration dans les écoles montréalaises. Des rencontres individuelles et de groupe auprès d’eux, mais aussi de leurs partenaires professionnels, ont permis de comprendre le processus interactif de (re)construction de leur savoir-évaluer dans ce nouveau contexte. S’ils se sont tous alignés sur les manières de faire locales, leur degré d’adhésion aux valorisations liées à l’évaluation a été modulé selon les réactions des autres membres de leur écologie professionnelle.


2000 ◽  
Vol 30 (3) ◽  
pp. 1-31
Author(s):  
Mathieu Albert

La présente étude vise à évaluer dans quelle mesure deux aspects de la stratégie déployée par les organismes subventionnaires (OS) canadiens et québécois en sciences humaines et sociales (SHS) pour faire face aux compressions budgétaires gouvernementales ont atteint leurs objectifs. Plus spécifiquement, nous avons vérifié si la mise sur pied et la consolidation des programmes de recherche orientée au début des années 90 ont permis aux OS en SHS de générer des revenus additionnels à ceux octroyés par les gouvernements, et comparer ces revenus à ceux générés en sciences naturelles et génie (SNG) dans le cadre de programmes équivalents. Nous avons également vérifié dans quelle mesure les professeurs en SHS ont transformé leurs pratiques de recherche afin de répondre favorablement à l'accroissement de l'offre de subventions de recherche orientée. Les résultats suggèrent que les programmes de recherche orientée n'ont pas véritablement générés de nouveaux revenus en SHS et, qu'en fait, ces programmes ont eu pour effet d'accentuer les inégalités économiques entre les SHS et les SNG. Pour ce qui est des professeurs, ceux-ci n'ont pas véritablement modifié leur pratiques de recherche dans le but de répondre à l'offre croissante de subventions de recherche orientée.


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